Les crânes néolithiques découverts à Ilinkelstcin (Hesse-Rhénane), par M. Lindenschmit (1) et décrits
par M. Ecker (2), reproduisent les mêmes formes étroites et allongées. L’indice céphalique de l’homme
égale 71,81 (d.-a.-p. 0m,188; d. tr. max. 0m, 135); celui de la femme s’élève à 76,24 (d.a.-p. 0m181 ; d.
tr. max. 0m,138).
Certains crânes des palafittes de Suisse, ceux de Biel et de Mörigen en particulier, rentrent dans le
même type (3) auquel semblent se rapporter également .les têtes rencontrées dans quelques tombes très
anciennes de Bohême, dont M. Weisbach-a fait connaître les caractères et donné les figures (4).
M. le comte Zawisza a exhumé de la couche néolithique de sa célèbre grotte du Mammouth une voûte
de crâne offrant des proportions tout à fait analogues (5). Enfin M. Inostrantseff possède diverses pièces
du même caractère, trouvées en 1879 avec des restes d’industrie de la période
néolithique aux abords du lac Ladoga.
Crânes de Romains (pl. LXXXIV, fig. 1 et 2, et dans le texte fig. 461). —
MM. His et Rütimoyer rapportaient le crâne de la palafitte de Biel dont il vient
d’être question, ainsi qu’un certain nombre d’autres crânes moins anciens de la
Suisse, à un type commun désigné par eux sous le nom de type de Hohberg et
qu’ils ont considéré comme romain, en s’appuyant principalement sur les affini-
,tés que présenteraient ces diverses pièces avec le crâne d’un prétorien publié
par Blumenbach. Or, ce dernier s’écarte très notablement des véritables Romains
du Latium dont un beau mémoire de M. Nicolucci nous a récemment fait
connaître la conformation céphalique. Ces derniers, bien loin d’être dolichocéphales,
comme celui .de la collection Blumenbach (d.-a.-p. Om,l 91 : d.tr. Om,l 39 ;;
Fig. 461. — Crâne de Romain de
Boulogne-sur-Mer (Mus. Hist.
Nat. Don du Mus. de Boulogne).
ind. côph. 72,77) sont mésaticéphales à 78,26 (6). Us reproduisent, d’ailleurs, très habituellement les
traits si particuliers que la statuaire attribue le plus souvent aux Romains, et dont M. Ch. Röchet a exposé
le détail dans un intéressant travail .publié par la Société d’Anthropologie de Paris (7). Le crâne romain
est caractérisé, d’après M. Röchet, par son profil montant verticalement d?abord, pour devenir hobas.
bregm. 133; ind.céph. 75,00; 70,74 ; 94,32; front, max. 124; min. 98 ; biorb. ext. 104; bizygom. 141 ; haut. fâc. 94; nez, long.
53; larg. 27; orb. haut. 32; larg. 38. — L’indice céphalique des 30 crânes néolithiques suédois mesurés-par M. von Düben, est
de 74,3. (vos Düben. Sur les caractères crdniologiques de l’homme préhistorique en Suède (Congr. Internat d’Anthrop., etc. 7° sess.
Stockholm, 1874. p. 690.) * •
(1) L. Lindenschmit. Das Gräberfeld am Hinkelstein bei Monsheim (Rheinhessen), einer der ältesten Friedhöfe des Rheinlandes (Archiv
für Anthrop. Bd, III, s. 101-125, taf. I, N, 1868).
(2) A. Ecker. Einige Bemerkungen über die Skeletreste aus den im vorstehenden Aufsatz beschriebenen Grabstätten beim Hinkelslein
unweit Monsheim und bei Oberingelheim (lbid., p. 127. taf. III, IV).
(3) His et Rötimeyer. Crania Helvetica, s. 21 ; tab. II, taf. G. V, 1 et 2. — H. Dor. Notiz über drei Schädel aus den Schiocizefisehen
Pfahlbauten. Bern, 1873, in-4°. — Le crâne de Biel, décrit par MM. His et Rütimeyer a l’indice 72,0 (d. a.-p. 193““ ; d. tr. 139) celui
de Mörigen publié par M. Dor a l’indice 71,8 (d. a.-p. 174““ ; d. tr. 125). Les crânes de Nidau'sônt mésaticéphales à 78,2 ; un autre
crâne du sleinberg de Mörigen est sous-brachycéphale à 82; celui de Meilen atteint l’indice 83,2 ; celui de Pfeidwald, l’indice 83,8
(Cran. Helvet. A. sp. B. 1 et VII).
(4) A. Weisbach. Vier Schädel aus alten Grabstätten in Böhmen (Archiv für Anthrop. Bd. II. s. 285-306, 1867). — Les crânes dont
il est question dans ce mémoire sont au nombre de quatre, et proviennent de Kojelitz près Melnik, de Saaz et de Schallan. Leur
dolichocéphalie se traduit par un indice moyen de 71,89 (d. a.-p. 185““ ; d. tr. max. 133). Nous renvoyons au mémoire de M. Weisbach
pour l’étude des autres caractères que cet anthropologue a décrits avec le plus grand soin.
(5) Quelques mesures de la voûte du crâne de la grotte du Mammouth. Cir. horiz. 512““ ; d. a.-p. 182 ; d. tr. max. 130 ; ind. céph.
71,56; front, max. 118; min. 1Q2; biorb. ext. 106. Ce crâne a conservé sa suture médio-fronlale.
(6) Quelques mesures de 44 crânes de Latins anciens, d’après M. Nicolucci. Gap. crftn. 1525*°; cjrc. horiz. 532““ ; d. a.-p. 184 ;
d. tr. max. 144 ; d. bas.-bregm. 136 ; ind. céph. 78,26 ; 73,91 ; 94,44. Les mêmes chiffres deviennent chez 19 femmes : 133SC0 ; 505in“ ;
176; 138; 130; 78,41 ; 73,86 et 94,20. M. Nicolucci a trouvé sur 44 crânes do Latins modernes : 1513e®; 523”“ ; 183 ; -143; 134;
doù se tirent les indices 78,14 ; 73,22 et 93,70; sur 19 femmes modernes de pays latin : 1312'*; 491““ ; 173; 135; 127 ; avec le
indices: 78,03; 73,41 ; 94,07. M. Nicolucci conclut à la permanence du type ancien «chez les habitants actuels du. Latium,)»
(G. Nicolucci. Anlropologia del Lazio. Napoli, 1873, in-4°).
(7) Ch. Röchet. Essai d’une monographie du t y p e du Romain ancien .(Mém. ■ Soc. d’Anthrop. de Paris, t. III, p. 127-145, 1868).
rizontal et redescendre ensuite dans une direction à peu près parallèle à la première, et par sa vue de
face sublriangulaire, au front large, plat et peu élevé, aux pommettes larges mais mal circonscrites, au
menton anguleux. Les arcs surciliers sont parfois fortement prononcés, les orbites sont relativement écartés,
le nez est droit, enfoncé à sa racine, le maxillaire supérieur n’offre point de prognathisme, l’inférieur
est souvent bien détaché en avant et carré des angles qui sont quelquefois fortement extroversés.
Ces caractères sont ceux qu’assignent aux vrais Romains la plupart des auteurs qui ont fait connaître
le crâne de cette race. Les crânes d’Arpino, de Pompei, de la Cruccaj que nous avons étudiés au
Muséum de Paris, diffèrent peu de ceux de la collection Nicolucci (1). Il n’en est pas de même des
crânes dits gallo-romains, brito-romains, ou de ceux que l’on trouve associés à des restes de l’occupation
romaine en Algérie, en Tunisie, etc. Le Muséum d’histoire naturelle de Paris possède un grand nombre
de ces pièces qui présentent parfois le type Romain pur, comme le montrent les figures 1 et 2 de la
planche LXXXIV, mais qui, le plus souvent, appartiennent à de tout autres types, et ne présentent entre
elles aucune homogénéité. Nous laissons pour le moment de côté ces séries, quelque intéressante qu’en
soit l’analyse ; leur examen nous entraînerait trop loin (2).
Crânes d’Hellènes (pl. LXXXIV, fig. 3 et 4, et dans le texte fig. 462).— C’est encore à M. Nicolucci que
nous devons les notions les plus complètes sur le type céphalique des anciens Hellènes. Dans un mémoire
publié en 1867 sur l’anthropologie de la Grèce, il a groupé la meilleure partie
des documents connus sur les caractères crâniens des habitants de ce pays, et
en a ajouté un bon nombre d’autres demeurés jusqu’alors inédits. Avec Retzius,
Williamson, etc., M. Nicolucci montre que les Hellènes de l’antiquité sont dolichocéphales
(d. a.-p. 0m, 182, d. tr. max. 0m, 138 ; ind.-céph. 75,82); que leur
crâné, de forme régulièrement ovale, est un peu moins haut que large; que la
face, habituellement surmontée d’arcs surciliers assez bien dessinés et d’un front
relativement très droit et parfois très élevé, est elle-même d’un orthognathisme
parfait. Ses dimensions transversales n’ont rien d’excessif ; les orbites sont de
proportion moyenne, la racine du nez. se montre habituellement quelque peu
enfoncée et l’on ne rencontre presque jamais cette continuation ininterrompue
des profils du nez et du front, si remarquable dans un certain nombre
Fig. 462. — Crâne de Grec ancien
de Camiros (Mus. Hist.
Nat. Coll. Salssmann).
d’antiques et qui n’était probablement qu’une exceptioif consacrée par les artistes.
Nous n’avons pu étudier que trois crânes helléniques, d’origine très nettement établie. Deux
appartiennent à la période dite carienne et remontent au dixième siècle avant notre ère; le premier a
été recueilli à Messa-Vouno, Théra (Santorin) par M. de Cessac; le second provient d’un tombeau fouillé
par M. Auguste Salssmann à Lindos (Rhodes). Ces deux crânes sont très dolichocéphales; leurs diamètres
égalent, -en moyenne, 0“,188 et 0ro,132, et l’indice céphalique qui se tire de la comparaison est de
70,21. La face du premier, en partie conservée, rappelle très exactement celles dé quelques-unes des
pièces publiées par M. Nicolucci (3).
(1) Principales mesures de six crânes romains d’Arpino, etc. Cire, horiz. 508““ ;d. a.-p. 180 ; d. tr. max. 139; d. bas.-bregm. 129;
ind. céph. 77,22; 71,66 ; 92,88 ; front, max. 118; min. 95 ; biorb. ext. 104; bizyg. 129 ; haut, face 88 ; nez, long. 51 ; larg. 24 ; orb.
haut. 34; larg. 38.
(2) Les Roumains que leurs origines rattachent, en partie du moins, à la race romaine, en ont conservé quelquefois le type tout à fait
pur. M^Koperuiçki a offert en 1867 au Muséum de Paris, trois crânes roumains représentant à son sens les divers aspects de la
population du pays. L’un de ces crânes passerait aisément pour un crâne de vrai Romain; un second montre le même type quelque
peu atténué ; le troisième se rétrécit et s’aplatit tout ensemble et tend à prendre une morphologie bien différente. Voici les mesures
moyennes de ces trois pièces: Gap. crân. 1380°*; cire, horiz. 506““ ; d. a.-p. 176; d. tr. max. 139; d. bas.-bregm. 132; ind. céph»
78,97; 75,00; 94,96; front, max. 118; min. 97; biorb. ext. 104; bizyg. 130; haut, face 90; nez, long. 54; larg. 26; orb» haut. 33;
larg. 30 ; M. Weisbach a consacré au crâne Roumain une monographie détaillée à laquelle nous renvoyons nos lecteurs.
(3) G. Nicolucci. Suit' Anthropologia delta Grecia. Napoli, 1867, in-4°. — L’auteur juxtapose aux 26 crânes anciens sur lesquels
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