qui veut dire infidèle, a été imposé à tous les Noirs des côtés orientales d'Afrique par les navigateurs
arabes (1), mais on ne le donne plus guère aujourd’hui qu’à ceux qui vivent au Sud de la capitainerie
générale de Mozambique. Ces Nègres s’appellent eux-mêmes Bantous, ce qui signifie les hommes (2),
On divise ces Bantous en trois groupes principaux,-les Bantous proprement dits, ou vrais Cafres à l’Est,
les Béchuanas au Centre, et les Ova-Hereros.à l’Ouest (3). C'est surtout des premiers que se sont occupés
jusqu a présent les anthropologues,: dont les travaux n’ont d’ailleurs porté, pour la plupart,
que sur ces Noirs considérés en général. Weber, G.Sandifort, Vimont, Prichard, Knox, Carus et surtout
Van der Hoeven ont décrit ou figuré des crânes Cafres • (4)- Il en existe dans lès collections d’Europe
une quarantaine au moins, qui portent pour étiquette ce seul mot sans plus de détails (5)> En comparant
les observations prises sur ces pièces, on voit que les auteurs qui lés ont fait connaître se sont montrés
surtout frappés de; certaines atténuations qu’elles présentent, par rapport à celles de Guinée qu’ils avaient
pu observer (6). •
L examen des six crânes Amakosas que nous- avons sous le s , yeux va nous mettre en mesure de
déterminer avec quelque rigueur l’ampleur moyenne des variations signalées par nos prédécesseurs.
Crânes d Amakosas. — Ces crânes qui appartiennent au groupe le plus important des Bantous proprement
dits, ont été procurés au Muséum de Paris par Delalande, et par MM. le duc de Luynes et le
docteur Versfeld. Celui que nous devons à ce dernier voyageur est étiqueté»Stellenbosch, les, quatre
têtes de Delalande ont été recueillies sur le champ de bataille de Graham’s Town en 1818 (7). ..
Ces Amakosas (8), tous du sexe masculin, sont volumineux (cap. crân. 1555, cire, horiz. 0“524. Tous
leurs diamètres sont agrandis, le transverse gagne surtout en importance, et il résulte de son développement
relatif que l'indice moyen s’élève à 73,99 (d. a.-p.0m,187, d. tr. max.0“,138), un peu plus.haut par
conséquent que chez la plupart des Nègres étudiés dans les paragraphes qui précédent. L’hypsisté-
nocéphalie, si commune chez ces derniers, disparaît chez nos Bantous, dont le diamètre basilo-breg-
matique est un peu plus petit que le transverse. Les courbes sont plus avantageuses, dans la partie
antérieure, où le front se :relève et se dilate supérieurement. Les fosses temporales sont bien moins
aplaties, et l’occipital se montre généralement moins saillant et moins détaché. Les détails de i’ossature
crânienne s’accentuent en même temps, les arcs surciliers prennent plus de-relief et la base est plus
nettement ciselée. A la face, le nez se relève, les pommettes s’àêcùsent, les mâchoires sont moins prognathes,
la proclivité symphysairg de la mandibule tend à disparaître, l’angle mandibulaire n’a presque
plus de talon, et la branche montante, plus droite, gagne sensiblement en largeur. Les clents sont
généralement belles et saines, garnies d’un émail robuste, et admirablement plantées.
(1) Cf. W aitz. Op. cit-, Bd. Il, s. 347, u. ff.
(2) Cf. A. Hovblacque, Bantou ou Abantou ? (Rev. d’Anthrop., t, V, p..249,1876).
(3) Livingstone distinguait nettement les Cafres des Béchuanas, mais subdivisait ces derniers en deux branches : orientale, Ba-
soutos,. etc.,: et occidentale, Bakalaharis (Explorations dans l'intérieur \de l’Afrique Australe, trad. franç. Paris, 1859, in-8, p. 228).
(4) G. Sandifort. Tab. Cran., IV. — Vimont. Atl. cit., pl. CXVI, fig. 2. — Weber. Op. cit., taf. XVII, XVIII. — Prichard.
Op. cit., vol. I et II, pass. — KmxrOp. cit., p. 88 et 240. Cards. Atlas der Cranioscopie, taf. VII. — Va» der Hoeven. Besçhouwing
van eenen Kafferschedel (Tijdschr. v. Nat. Gesch .IV d., s. 266,1837) et Bijdr. tôt de nat. Gesch. van der Negerstam. Leiden, 1842,, in-4°,
bl. 41-48, pl. H, III.
(5) Nous en comptons quatre ou cinq au Muséum de Paris ; celui du Collège Royal des chirurgiens d’Angleterre en contient aussi
cinq, le Musée de Nettley, huit. Van der Hoeven en possédait huit, Vrolik,deux; M. Davis en a neuf, M. Fritsch en a décrit trois,
Morton et M. Schaaffhausen, chacun un. Nous laissons de côté ces Cafres sans provenance précise, comme nous avons omis de
parler des nègres indéterminés dont les crânes abondent dans tous les musées anatomiques.
(6) Barrow était allé jusqu’à trouver que le Cafre se rapproche de l’Européen par son crâne et par sa face.
(7) Delalande. Précis d’un Voyage au Cap de Bonne-Espérance (Mém. Mus. Hist. Nat. t. VIII, 1822).
(8) M. Fritsch, qui a consacré à ces Bantous un important chapitre de son beau livre, sur l’ethnologie Sud-Africaine, les nomme
constamment Ama Xosas (G. Fritsch. Die Eingeborener Süd Afrikas. Breslau, 1872, in-4°, p. 6,118). Dans les anciens documents,
ils portent quelquefois le nom de Magoses.
La. colonne I du tableauXXXV ci-après donne le détail-desmesures de nos crânes Amakosas, et l’on
trouvera dans la note ci-dessous les chiffres des maxillaires inférieurs de quatre d'entre eux (I).1 2 3 4 5 6 7
Les crânes Amakosas des- musées étrangers sont seulement -au nombre de-cinq. L'une de ces
têtes, de la colfetiôn Van der Hoeven, appartient à une des Tractions les plus importantes du groupe,
céllë’des Amangquikas (2) et semble .l'emporter, un qoeu par -ses formes sur celles dont nous venons de
parler. Des quatre autres, une qui provient, comme celle de Delalande, d’un champ de bataille, près
Graham’s Town, diverge en sens inverse de notre petite série. ’
Uiie autre*,aûssi de la tribu Ngika,-est-presque identique à nos Amakosas (3): Un quatrième crâne, qui
vient de Graham'sTown, offre encore lé mêmètype. Enfin ce que dit M. Williamson du crâne de Magambo,
fils.du célèbre cheflslatnbre, place cette pièce remarquable à peu de distance ‘de celles que nousvenons
de passer en revue, dont elle paraît d’ailleurs atténuer encore les traits (4).
- .Crahes n’AMATEMBousi — Les.Amatembous, Matimbas des anciens voyageurs, proches parents des
Amakosas, au nord-est desquels ils s’étendent, leur ressemblent étroitement. Huit crânes représentent
cette puissante tribu’(5) dans les collections européennes. Van der Hoeven a fait connaître brièvement
celui qui portait le n" lS3:desa collection. Le peu quil dit de là morphologie décrite pièce, beux des
chiffres qu'il donne; qui sont comparables aux nôtres, tout cela- concorde aveePobservation sur le vivant
d’après laquelle on classe habituellement les Amatembous, à proximité de lents voisins occidentaux (6)
M.- ■Frifajoh-adécrit deux autres de ces Bantous dans Sa monographie des'races de l’Afrique australe.
Ces deux Amatembous, exhumés à Colesberg, et déposés dans les collections de Berlin, oh nous avons
pulesvoir, sont dolichocéphales à 72, 87 (d. a.-p. 0“,188, d. tr. 0”,137); leur hauteur est un peu inférieure
à leur largeur. Leur circonférence horizontale est de 0“,520, leur capacité, de 1460“. Les autres dimen-
(1) Mesures des maxillaires inférieurs de quatre Amakosas. Diam. bicondyl. 99, biangul. 95 ; écart, des 2e* mol. 46, des canines
21; dîst. angul. symph. 96 ; branche mont. haut. 47, larg. transv. 42, obliq. 38 ; branche horiz. haut, sympb. 35,28 mol. -26 ;
épaiss. symph. 15,28 mol. 16 ; angl. mandibul. i09°,, alv.-ment.^8°. jjg
(2) Les Amangquikas (Van der Hoeven écrit Gaika) sont une des fractions les plus importantes des Amakosas. Avec les Ama-
danges et les Amambalous, ils constituent le tiers, environ de la. nation (70,000 lu sur 240,000); Les Amagcalekas*- formant un
second tiers. Les Amàdhlembes sont au nombre de 55,000 environ, les Gqunukwebis au nombre de 15,000 (G. Fritsch. Op. d t., p. 7).
Nous ne savons rien de ces tribus en particulier. .
(3) Principales mesures : Gap. crân. 1525. Girc. horiz. 0“ ,520, d. a.-p. 0“ ,188, d. transv. max. 0m,l38, bas.-bregm. 0m,134. Nez
larg. 0“,026, haut. 0“,046, ind. nas. 56,52, orb., larg. 0m,039, haut. 0“ ;036, etc.' (Flowers Cat.-cit., p. 244).
(4) G. W illiamson. Op. cit., p. 37.
(5) M. Fritsch admet qu’ils sont au nombre de 90,000. v:
• (6) Sa circonférence horizontale mesure 0“,505, ses diamètres sont 176 et 134, mais comme Van der Hoeven prend pour point de
départ de son diamètre antéro-postérieur l’articulation fronto-nasale, le premier est sensiblement trop petit; et l’indice fourni par
sa comparaison avec le transvérse est beaucoup trop forte. Le diamètre vertical, pris aussi par une méthode spéciale, atteint 0m,140.
Quatrefages et Hamy. v 48