Un troisième crâne féminin trouvé à Camiros, aussi dans l'île de Rhodes, mais moins ancien puisque le
tombeau où il s est rencontré datait du sixième ou du septième siècle avant l’ère chrétienne, s’est montré
mésaticéphale à 79,67, ce qu’il faut attribuer au sexe. Ce dernier crâne figuré dans la planche LXXX1Y
de notre atlas est complet, ou bien peu s’en faut ; nous en donnons ci-dessous les principales mesures
(1).
C rânes de Galates . — Le nom de Galli ou Galatæ doit s’appliquer plus particulièrement et presque
exclusivement aux populations guerrières qui se sont les premières trouvées,
au nord de l’Italie, en rapport avec Rome, qu’elles ont prise l’an 390 avant
notre ère (2). Localisés d’abord sur les deux versants des Alpes, les Galates
avaient pénétré vers le vii8 siècle avant J.^C. dans l’est de la Gaule, où les tu-
mulus du premier âge du fer de la Côte-d’Or nous ont parfois gardé leurs restes (3).
C étaient des tribus du môme groupe qui peuplaient un peu plus tard les
vallées de la Marne, etc. Les crânes des cimetières gaulois de Saint-Étienne
au Temple, etc., mesurés par M. Broca, se sont montrés seulement un peu
moins accentués dans leurs caractères.
Le tumulus de Minsleben, près Wernigerode (Saxe Prussienne), que certaines
particularités archéologiques semblent rattacher à la même époque, à fourni sept
crânes fort analogues, nous dit-on, à ceux de nos Gaulois de la Marne et des
Vosges (4). C est au même type qu’il faut aussi rattacher les crânes des tombeaux
d Hallstadt. En revanche, on devra bien se garder de confondre avec lés
Fig. 463. — Crâne de Franc
Ripuaire de Wasselonne (Bas-
Rhin). (Mus. Hist. Nat. Coll,
de Mor/et).
crânes gaulois ceux que l’on a exhumés deMarzabotto et de Villanova. Suivant M. Nicolucci, l’indice de-
ces crânes est de 79,19, et leurs caractères les rapprochent des Bolonais actuels (5).
C rânes de F rancs, de Germains, e t c . (pl. XCVIII, XCIX et C, et dans le texte fig. 463). — L’identité
ethnique des Galates des tumulus- et des Germains, des Francs, etc., des cimetières de là période mérovingienne,
signalée par quelques archéologues, par M. Al. Bertrand en particulier, a été récemment mise
en évidence de la façon la plus complète, grâce au concours, dé l’anthropologie. En comparant aux
observations qu’il avait pu faire sur les ossements des grands tumulus bourguignons celles qu’il avait depuis
longtemps recueillies dans les cimetières francs du nord de la France (6), l ’un de nous s’est trouvé
■ta des données précises, IS crânes modernes et montre que ceux-ci sont plus courts (d. a.-p. 177), pins larges (d. tr. 140), mais de
même hauteur que cenx-la. L'indice céphalique moyen des Grecs modernes serait donc de 79,09. Le Muséum de Paris ne possédé
que deua crânes grecs modernes, rapportés de l’ile de Crête, par Gustave Mourens en 1867; leur indice céphalique est de 81,59. - - :
(1) Principales mesures du crâne féminin de Camiros. Cap. crân. 1475“ ; cire, horiz. 518™; d. a.-p. 182 • d. tr. mas. 145- d.
‘’’ (O?’«'*"!; 180i ”1'". 96 ; H” b- 101; bizyg. 155; haut, face, 84 ; nez, long. 51 ; ïarg. 24;orh. haut. 34; laig. 38.
w A l. Bertrand. Celtes, Gaulois et Francs, lettres au docteur Paul Broca (Rev. d’Anthrop., t. III, p. 423,1878).
(3) Par exemple, les tumulus du bois de la Perrouéo, à Auvenay, nous ont conservé divers squelettes'mutilés, décrits par un de
nous en 1876 (E T. Hxuv, Note sur les ossements humains du bois de la Ferreuse à Auvenay, Côte-d’Or (Bull. Suc. Se. de Semer,
- 1- ,nnée' 1S,6> p. C1"72>-Les deux crânes, en partie mesurables, de cette collection ont l’indice moyen 74 87 :
■ <*) Les sept crânes du tumulus de Minsleben, que M. A. de Priederich a fait connaître, offrent éh moyenne, suivant cet auteur ïnt'u MÊÊÊÉËMÊmlËm “ ™ do 77 <A”. FaiEDERicu. Cranta Germanisa Uartagoaensia. Besehreibang ■
Sehadel ans emen Toitenhûgel bel Minsleben in dur Orafsehafl Wernigerode. Nordhausen, 1865, uass.).
(5) M. Nicolucci classe les uns et les autres dans la race ombrienne (Nicolucci. Sut Orani rcmenuli nelle necropoli di Marzabollo e di
Villanova nel Bolognese, br. in-8; s. I. n. d.).
(?) M. Broca a recueilli un certain nombre de moyennes, sur 87 crânes mérovingiens des grandes nécropoles de Chelles, etc. Voici I
quelques-uns de ses chiffres. D. a.-p. 185; d. tr. max. 142; d. bas.-bregm. 131; ind. céph. 76,75; 70,81 ; 92,25 ; front, max.116;
min . 95, biorb. ext. 103 ; bizyg. 129, etc. - Ces Mérovingiens de l’Ile-de-Prance sont .déjà quelque peu altérés par lès croisements
avec la population préexistante. II n'en est pas de même en Normandie, ni en Picardie. L’un de nous a donné au Congrès du
Havre 1 indice moyenne des crânes mérovingiens trouvés dans la Seine-Inférieure, indice qui se chiffre par 73,54. Le même rapport,
étudie sur 19 crânes d hommes et 5 crânes de femmes recueillis dans les cimetières mérovingiens du Boulonnais, égale 71,28 pour
les premiers cl /G^S pour les seconds. f ' J S R t l ' ' ,.Æ> '
frappé des ressemblances étroites que présentaient les deux séries et s’est cru en droit de'conclure à la
communauté d’origine des Galates de Bourgogne et des Francs Saliens, Ripuaires, etc. (I).
Les nombreux crânes mérovingiens, recueillis en Picardie, en Normandie, dans l’île de France; la
Champagne, la Lorraine, l’Alsace (2), la Bourgogne, la Suisse romande, etc. (3), affectent exactement les:
mêmes formes , que les crânes galates. Les crânes anglo-saxons sont identiques à ceux des Francs, des
Burgundes, etc. On connaît,des pièces toutes semblables provenant du Wurtemberg, des bords du Rhin,
de la Saxe,et de;la ThuriDge, du Hanovre, du Mecklemb.ourg et du Holstein, des bassins de l’Oder et de la
Wechsel, de la Poméranie et du duché de Posen . Nous ne pouvons que renvoyer aux descriptions étendues
qu’en ont tracées MM. Al. Ecker, Kollmann, Hôlder, Wiedèrsheim, Virchow, etc, (4).
C rânes de F risons, de Hollandais, e t c . — L’élément ethnique qui prédominait ainsi dans une
grande partie de l’Europe centrale à l’époque des grandes invasions, a été graduellement absorbé par la
population préexistante dans une grande partie de la France, de l’Allemagne du Sud, etc., mais il a persisté
dans , le nord de ce dernier pays et dans les régions Scandinaves, et semble présenter aujourd’hui en
Frise le maximum d’intensité de ses caractères crâniologiques. Nous avons déjà cité quelques chiffres
qui montrent la dolichocéphalie se substituant graduellement à la brachycéphalie lorsque l’on s’élève vers
la Baltique et vers la Mer du Nord, M. Virchow, dans un fort long mémoire consacré à la question frisonne
(5), a publié d’autres séries de chiffres pris sur divers crânes de Brême, d’ Ankum, de Münster, etc (6).
11 semble résulter des renseignements ainsi fournis par l’anatomiste berlinois, qu’en même temps que
le crâne s’allonge, chez ces populations du Nord, il tend à.s’aplatir, comme M. Welcker l’avait autrefois
remarqué. C’est en Frise et dans les îles du Zuyderzée que cette dernière disposition s’accentuerait
au plus haut degré, suivant M. Virchow. Les crânes des îles d'Urk, Schokland, Marken, étaient célèbres à
ce point de vue particulier : les chiffres de M. Virchow (7) sont venus confirmer ce que l’on savait depuis
longtemps de leur allongement'relatif (ind. céph. 77) et de rabaissement de leur courbe antéro-postérieure.
Ces traits et un certain nombre d’autres moins remarquables se rencontrent aussi chez les Frisons de
l’Ostergau, du Westergau et de la Hollande nord. L’extension de ce type ethnique se limite d?ailleurs assez
vite dans la direction du sud, car les séries de crânes recueillies à Rijp et à Amsterdam sont mésaticé-
phales à 81,2 et 81,0 et la population de la Zélande se montre franchement brachycéphale avec l’indice
84,95. Les indices de hauteur se relèvent en même temps que les indices de longueur-largeur (8). !
Crânes d’Ibères, de Basques, d ’A quitains | | | - Si les crânes dont il vient d’être question se rattachent
jusqu’à un certain point par la forme générale de leur voûte au type de Neanderthâl, ainsi qu’on l’a déjà
plusieurs fois fait observer, ceux qu’il nous reste à faire connaître pour en avoir fini avec les races d’Eu-
: â i) î^ T . ,Hamt. Op.-efoJp8è&." • ...
. (2) Deux crânes de Francs Ripuaires. trouvés à Wasselonne (Bas-Rhin) par le colonel de Morlet en 1863, donnent les-chiffres suivants
: Gap.'crân. « ; cire, horiz. 523mm; d. a.-cp. .186 ; d. tr. max. 138; d. bas.-bregm. 127 ; ind. céph. 74,19; 68,27; 92,02; front,
max. 118; min. 96; biorb. ext. 104; bizyg. 130; haut, face, 91; nez, long. 51 ; larg. 27; orb. haut. 35; larg. 39.
(3) Les Mérovingiens de Suisse, ou Helvéto-Burgundes, sont dits appartenir au type de Bel-Air, par MM. His et Rülimeyer; c’est
en effet, dans le grand cimetière de Bel-Air, près Lausanne, fouillé parTroyon, quë se sont trouvées les plus remarquables des pièces,
à l’aide desquelles ce type a été constitué, type qui ne diffère en aucune façon dé celui des Ripuaires, des Saliens, etc.*
-1,(4) M. Ecker. Cranta Germaniae meridionalis occidentalis. Freiburg, 1865, hix-40. —- Hôlder. Beiträge sur Ethnographie von Wurtemberg
(Archiv für Anthrop. Bd II. s. 68, 1867).|H Kollmann. Schädel aus alten Grabstätten Bayerns. — W iedersheim. lieber den
Mädelhofener Schädelfund in Unterfranken (Archiv für Anthrop. Bd. VIII. s. 225-237, 1875). — Cf. Verhandl. der Berliner Anthrop.
Gesellsch. 1872, s. 79; 1873, s. 139 ; 1876, s. 32, 210, etc., etc.
(5) R,. Virchow. Beiträge zur physischen Anthropologie der Deutschen, mit besonderer Berücksichtigung der Friesen (Abhand. der
Konigl. Akad. der Wissenschaften zu Berlin. 1.876, }n-4°, .s. 1 -4— 3.90).
(6) R. Virchow. Loc. d t. s. 109; etc.À
(7) J. van der Hoeven. Cat. cit. p. 13. — J.-B. Davis. Thés. Cran. p. 104. — A. Sasse. Sur les crânes des Fnsons (Rev. d’Anthrop.,
t. 111, p. 633-633,187:4). — R:. Virchow. L oc. cit. s, 155 u. ff. — Id. Verhandl. der Berlin. Anthrop. Gesellsch. 1874. s. 24.
(8) À . Sasse. Loc. cit., et Schädel aus dem Nordholläiulischen Wesfi'iesland (Archiv für Anthrop. Bd. IX, s. 1-24,1876, in-4°)