Fubfooz, h’ 1 . Ce type mésaticépbale, quelque bien caractérisé qu’il se présente, est toutparticu-
lièrement difficile à. observer dans sa descendance. On a déjà vu que les autres crânes préhistoriques
globuleux que nous connaissons de la Belgique ou de la France du Mord, s'ela écartent complètement.
Nous n avons que quelques pièces à lui comparer dans nos séries du.bassin de la Seine, et nulle part, en
Allemagne, en Suisse, etc., on n’a tenté de faire rentrer dans son type un seul crâne ancien ou moderne.
Les Parisiens modernes que nous en rapprochons sont en fort petit nombre. Nous n’insistons pas sur
leur description qui nous .entraînerait trop loin sans grand avantage. Mais nous croyons devoir décrire
avec quelques détails plusieurs pièoes anciennes, qui démontrent, à notre sens, la grande extension vers
le sud du premier type de Furfooz pendant les temps néolithiques.
La première et lapins complète est celles qu’a découverte M. Paul Gervais, dans la grotte sépulcrale de
Baillargues (Hérault),, en 1863 (1), et queice professeur a figurée dans son ouvrage sur \’Ancienneté de
thomme. La découverte faite par M. Julien, dans la grotte rouge d’Aldène (2), autorisait à admettre que
la première race de Furfooz avait fleuri dans les Corbières à une époque fort ancienne’. Nous la retrouvons,
seulement, un peu modifiée, à Baillargues, dans la même région;) pendant l’âge de la pierre polie!
Le seul crâne de cette station susceptible d’être étudié avec quelques détails, un crâne de femme encore
jeune, rappelle, par ses dimensions et ses proportions générales, celui de l’homme mésaticépbale
de Furfooz. Son diamètre antéro-postérieur, qui ne peut être qu’évalué fort approximativement, devait
être à peu près le même que celui du fossile belge ; le diamètre transverse maximum égale 0™,139 et l’indice
oscille autour de 79. L’aplatissement bregmatique si remarquable du Crâne de Furfooz'se reproduit
sur celui de BailIargueSien s’exagérant encore; le diamètre vertical dépasse àpeitfe 0”,i20, et l’indîclSoï-
respondant descend à 69 environ. Les seules différences’'de quelque importanïêf quü nous tfouvîàfas^à
relever entreles deux crânes, consistent dans un plus grand développement du front moins fuyânt'ef jiluir
lisse,-qui est en rapport uvec le ’seie du sujet,’ dans l’incurvation pluè *prdnoncéS’des pari’étauxagÀ;
arrière, et dans l’absence de la rainure interpariétale quiconstitue, sans doute, chez l’homme de FurfBbll
un trait individuel.
La face; autant que l’on en peut juger après les nombreuses ' fractures qu’elle a éprouvéès;“ ësï! Un-
peu plus longue que celle de l’homme de la Lesse; le nez est plus haut et un peu plus étroit;’ Tinter-
maxillaire est plus court, mais les orbites et les pommettes demeurent identiques. Lés dents encore ‘ëif*
place à la mâchoire supérieure, la canine droite, les quatre prémolaires, 'deux premières iMsémo lin res
et une seconde, sont saines et un peu usées. Nous retrouvons Sur la mâchoire inférieure garnie ëttfcdfe de
dix dente notre carie 'dentaire de Moulin-Quignon et d'Aürignac; deux grosses molaires, « m o n d e 1
gauche et la troisième droite, sont atteintes profondément vers leur centre. Ces grasses molaires’ sOfit
toutes pentacuspides, et « deuxième égale -la première en volume. Le maxillaire sur lequel elles sont
implantées se fait remarquer par l’arrondissement et l’introversion de son angle postérieur et la sâillie
des-lignes myloïdiennes. Le développement relatif de la branche montante dans lé sens de la largeur
établit seul une différence sensible avec les mandibulesi qui dominent à Furfooz et Be retrouvent dans)’
les : autres stations que nous'avons précédemment étudiées. Ce maxillaire rappel le, en somme, la mâ-
choire d’Aldène figurée dans notre atlas (pl. XII, fig. 2).
M. Paul Gervais s’est montré disposé à rapprocher du crâne de Baillargues, et par conséquent du n" 1
de Furfooz; un autre crâne féminin provenant de la caverne néolithique de Miâlet (Gard) et conservé’
Congr. Internat. et XAnthrop. prilmt., 6" «ession. Bruxelle», 1872, p. 5 8 4 .® M. Virchow semble disposé, de son cdé ù ran- S E r r “ T>“T T Be,geS Prlmi“,i’ P’ “*> * m e r BUSSehMel (Archi,: fàr RM
(1) P. Gervais. Op.cit.,-p. 43 et 115, et pl. VIII, fig. 2.
(2) Voyez plus haut, p. 115.
RACES HUMAINES FOSSILES DE FURFOOZ, DE LA TRUCHÈRE, ETC.
dans les collections de la Faculté des Sciences d& Montpellier (1). Nous ne pouvons pas nous rattacher
à cette opinion : la tête deMialet est, en effet, sous-dolichocéphale, et ses caractères faciaux ne s’éloignent
pas moins que ceux de son crâne des types dont nous poursuivons l’étude.
Mais nous allons retrouver dans une autre caverne néolithiqueà Lombrives (Ariége) une pièce qui va nous
fournir, comme celle de Baillargues, des points de comparaison sérieux. Le crâne de femme de Lombrives,
demeuré jusqu’à ce jour inédit, et qu’il ne faut pas confondre avec ceux de l’homme et de l’enfant décrits
par MM.Yogt et Garrigou en 1864 (2), présente, en effet, de nombreux caractères communs avec celui de
Baillargues. Les courbes de profil de ces deux têtes sont fort semblables, la seconde est seulement un peu
plus courte ; ses diamètres antéro-postérieur et transverse diffèrent très-légèrement de ceux du crâne n° 1
de Furfooz, et elle n’estguère moins déprimée dans le sens vertical que celle de Baillargues, son diamètre
basilo-bregmatique ne dépassant pas 0“, 121. L’indice orbitaire, le seul que donne la face malheureusement
mutilée, est de près de 87. La mâchoire inférieure reproduit, d’une manière frappante, les formes propres
au premier type mandibulaire de la Lesse.
Nous connaissons de la même région quelques autres mâchoires plus ou moins anciennes, qui ont la
même morphologie et dans l’examen détaillé desquelles il serait trop long d’entrer ici (3). M. Prüner-
Bey a rattaché au même type mandibulaire une mâchoire trouvée à Hyères, par le duc de Luynes, dans
des sépultures anciennes d’une époque indéterminée (4). Ce type mandibulaire se rencontrerait encore
plus loin, vers le sud, s’il faut en croire Falconer, qui a fait présenter à la Société d’Anthropologie de
Paris le dessin d’une mâchoire de l’âge du bronze trouvée dans une caverne à Gibraltar (5) et offrant
une grande ressemblance avec celle de Moulin-Quignon.
A ne prendre que quelques-uns des caractères propres à cette dernière pièce, et par conséquent à celles
de Furfooz que nous en avons rapprochées, les termes de comparaison seraient bien plus abondamment
répandus. Si l’on ne tenait compte que de l’introversion de l’angle mandibulaire, ou de l’inclinaison
du bord postérieur de la branche montante, il faudrait élargir beaucoup le cercle de nos observations,
et y comprendre par exemple, avec M. Prüner-Bey, certaines pièces de Gentoud, de Tharros, etc. (6),
avec les auteurs de cet ouvrage diverses mandibules de Billancourt, d’Argenteuil, un maxillaire inférieur
d’Esthonienne, etc; (7).
Mais l’un de nous a depuis longtemps montré (8) que chacun des détails qui ont fixé l’attention des
anatomistes sur la mâchoire de Moulin-Quignon, au moment de sa trouvaille, peut se rencontrer isolément
dans les races actuelles les plus différentes. Et comme sur les mandibules dont nous venons de
mentionner les provenances et sur un certain nombre d’autres, que nous aurions pu citer, nous ne voyons
apparaître qu une partie des traits dont l’ensemble seul est caractéristique de la race, nous croyons devoir
seulement les mentionner en terminant ce rapide examen.
F urfooz, n° 2. — Le sous-brachycéphale de Furfooz est un peu moins rare que le mésaticéphale pendant
les temps néolithiques, mais son aire d’habitat ne se circonscrit pas beaucoup plus nettement. Le pre-
(D P. Gervais. Op.cit., p. 115 et pl. VIII, fig. 1.— Cette figure laisse beaucoup à désirer aussi bien que celle du crâne de Baillargues
à laquelle 1 auteur la compare. Il serait peu prudent de tirer du seul examen de la planche qui renferme ces deux pièces des conclu ■
sions quelconques sur leurs rapports.
(2) C. Vogt. Leçons sur l’homme. Trad, fr., Paris, 1865, in-8°, p. 501. — Garrigou. Sur les crânes de la caverne de Lombrives. (Bull, Soc.
d'Anthrop. de Paris, t. V, p. 924-939, 1864.)
(3) P. Gervais. Op. cit., p. 110.
(4) Pruner-Bey. Anciens crânes des types ligure et celtique. (Bull. Soc. d'Anthrop. de Pam, I. M, 461, 1865.)
(5) Id. Sur la mâchoire humaine de Gibraltar. (Bull. Soc. d'Anthrop. de Paris, t. V, p. 62, 1864.)
(6) Id. ibid., t. IV, p. 304, 323, 1863; t. VI, p. 104, 1865. — Cf. Ibid., t. IV, p. 248, 1863, — elc.
(7) E. T. Hamy. Op. cit., p. 218. — A. de Quatrefages. Sur trois tètes d’Esthoniens. (Bull. Soc. d Anthrop. de Pam, 2° série,.!, I,
p. 285, 1866.)!%
(8) A. de Quatrefages. Op. cit. (Gompt. Bend. Acad, Sc., t. LVI, p. 78, 1863.)