sont étendues les variations de cet os dans une même race. En comparant les descriptions plus ou
moins détaillées que nous avons données, et en examinant les mensurations consignées au tableau
n° YIII, on voit en outre que, des différentes caractéristiques qu’elles énumèrent, quelques-unes seulement
sont à peu près constantes.
Comme nous en trouvons plusieurs réunies sur le maxillaire inférieur exhumé par Crahay du limon
deSmeermass (1), et conservé au Musée de Leyde, nous plaçons ici une courte description de cette pièce,
en réservant, toutefois, sa détermination définitive. Le maxillaire inférieur de Smeermass nous a été
obligeamment communiqué par M. le professeur Boogard, directeur du Musée anatomique, où; ïl est
déposé (2). Cette mâchoire est entière, mais ne possède plus que trois dents en place, la deuxième prémolaire
et la première molaire gauche, et la seconde molaire droite. La première molaire était tombée
pendant la vie, et son alvéole s’était complètement résorbé. Comme sur les mandibules de
la Madelaine (p. 55), de Bruniquel, d’Engihoul, etc., comme sur un certain nombre de dents
isolées recueillies à Aurignac, à Massat (%. 79), à Goyet, etc., la première grosse molaire
que nous examinons porte cinq cuspides, la seconde n’en présente que quatre. Ce caractère
que nous avons déjà relevé sur des pièces de notre première race quaternaire (3) et que
nous retrouverons encore dans notre prochain chapitre, avait frappé l’attention de M. Prü-
ner-Bey qui, s’en rapportant trop facilement aux affirmations de plusieurs anatomistes contemporains,
a cherché à établir un contraste entre les molaires pentacuspides de l'Européen
primitif et celles des habitants actuels de nos contrées qui n’auraient habituellement que quatre tubercules.
Cette dernière assertion que l'on, trouve dans plusieurs ouvrages classiques, n’est pas exacte. L’un
de nous a relevé sur une trentaine de têtes d’étude le nombre des cuspides des grosses molaires (4). Sur
cinquante et une premières grosses molaires, vingt-neuf étaient pentacuspides. Sur cinquante secondes
grosses molaires, quarante-quatre avaient quatre tubercules, dix seulement en portaient cinq. Les premières
grosses molaires ont donc un peu plus souvent cinq cuspides que quatre et la différence que M.
Prüner-Bey a indiquée est bien moins radicale que ne pouvaient le faire croire les textes de nos anatomistes
descriptifs.
L’arcade dentaire de Smeermass présente un autre caractère plus exceptionnel, et sur la valeur duquel
le petit nombre de cas qui nous sont tombés entre les mains nous empêche d’être fixés. Nous voulons 1 2 3 4 5
parler de la double cavité que présentent les alvéoles de ses deux canines, double cavité en rapport avec
une racine assez profondément bifide. On a vu par divers passages des chapitres précédents qu’il n’est
pas rare de rencontrer chez les hommes fossiles une compression remarquable de la dent canine en
travers (5). Les faces latérales se creusent même dans quelques cas d’un sillon plus ou moins profond.
La bifidité de la racine de la dent canine est le résultat d’une compression latérale plus accusée
encore, et dont nous n’avons pas jusqu’ici encore relevé d’exemple. Nous retrouverons à plusieurs reprises
cette disposition anatomique, qui n’est pas d’ailleurs extrêmement rare, avant de quitter le chapitre
consacré à la race de Cro-Magnon.
Il nous reste à faire remarquer, à propos de la mandibule de Smeermass, que les diverses mensurations
auxquelles elle se prête, l’écartent peu du plus grand nombre de celles qui figurent dans notre tableau
VIII : que les branches horizontales divergent en interceptant un angle de moins de 60° ; que la
ligne mentonnière forme avec l’horizon un angle de 70° environ; que le menton lui-même est carré
(1) Ch. L yell. Vancienneté de Vhomme prouvée par la géologie. Trad. fr. Paris, 1864, ia-8°, p. 357.
(2) II porte le ri° 45 de la collection.
(3) "Voyez plus haut, p. 25.
(4) E.-T. ELvmy. Note_ sur quelques ossements humains découverts dans la troisième caverne de Goyet, près Namèche (Belgique). (Bull.
Soc. cCAnthrop. de Paris, 2a série, t. Vin , p. 429. 1873.)
(5) Voyez plus haut, p. 49, 57, etc.
à la façon de celui de Cro-Magnon (1), quoique moins caractérisé. La branche montante est remarquable
par l’angle relativement peu ouvert qu’elle forme avec l’horizontale (105° à 106°), par la brièveté de son
apophyse coronoïde, le peu de profondeur de sa cavité sigmoïde, la force et surtout la largeur de son
condyle. Nous avons déjà eu l’occasion de mentionner un certain nombre de fois ces quelques caractères
dans le cours de ce trop long paragraphe.
T a b l e a u Y
C r â n e s m a s c u l in s de l a r a c e d e C r o -M a g n o n
MESURES
C R A N E
CRO-MAGNON LAUGERIEBASSE
s » o ^
j *■
SOEUTRÉ
i 6
n° 1 n° 3 a - , n° 4 a . » n° 9 a . r
Capacité crânienne approchée. 1590 j 1530? 1500? 1480?
Projection antérieure............... 106 1 » » » » » » 93 97
'r 1 ~ postérieure . . . . 107 ; ,» » » O » . » » 1 101 98 » »
■ i Antéro-postérieur maximum . 202 - 202 » ' - 195 184 » 187 191 •188 186 v 197 190
=- | ' iniaque. . . 199 190 1 * ]*- " » » 188 176 '176 184 185
1 Transverse maximum . . . ... 149 151 140? 146 138 140? 140 142 142 134 138, 134 i
M l — bitemporal.............. 141 ü . » » » » 132 | 137 . 130 » »
g J — hiauriculaire. H 122 .» i » » >» 118? 119 123 123 » »
m \ — bimastoïdien. . . . 108 » 1 i». 1 •» H » » 110 . .». . 108 106 ' » »
O i — frontal maximum . 126 122 > 118? • ». 118? 105 1 122 117 118 118 118
1 — — minimum . 103 97 . » 97? 94 93?' 92' 93 Too! M Ë 97 } 98?
1 ■— occipital maximum 104 108? 110? » ». » 112 m m 105 ' : ' »; 107
f ■
Vertical hasilo-bregmatique. . 132 * 133 8 133 H 132? s #
1 1 Horizontale totale.................... 568 565 ■ 1 ! 550? 1 1 •» : 520 542 520'. 513 540 525
1 • ^ ’• préauriculaire. . . 272 » » [: "•.» » » . » . 247 235 246 » »
1 — . postauriculaire. . . 296 ,» 1 290? » » » » 295 285 ; 267 » »
'' 1 Transverse totale................. 463 » » » » » 4ô8 433 436 428 » »
j j j — sus-auriculaire.. . 330 306? 300? 1 • f ß ; 320 312 300 . 295 ” g 8
ö 1 „
Frontale cérébrale . . . . . . . 121? 124 » 115 1 » 107 99 103 110 i 108
I f — totale. . ..................... 145? 148 1 135 . » » 122 130 121 126 136 136
[ s Pariétale . .................................. 133? 133 130 125? 130 » 120 125 ' 128? 133 137 139
i Occipitale cérébrale.................. 70 76 1 68 70 72 69 » 76
\ I — cérébelleuse.............. 57 » 56 » ■ ■» » 157 48 » 54
Longueur du trou occipital . . 36 » » » 37 » 37 » 30 33 ■> »
Largeur — 29 » » » 28 » 30 » .25 27 » »
Ligue naso-basilaire.................. 104 » » » 95? » » 100?' 1Ö0 ‘ » » »
Circonférence médiane totale . 545 » » » » » . » » 508 11 » »
/ Frontal sous-cérébral.............. 10° , » 1 » » » » ‘8° 10° 11° ■ » 12°
i — cérébral i. 49° » « » • » » » 53° 46° 49° 51°
Pariétal......................................... 60° » 64° i » » » 64° 68°? 61° 60° 1 / § 33° » 35° » » » » 38° 38°? . 38° ». ■ 41°
< — cérébelleux................. 30° » . 30° . » .» .» 9 26° 24° 27°
I Coronal......................................... » 52° ? » » » » » 56° 66° 6. ° » *
« r in Sphénoïdal. . . .• . . .•. . . . . » B 1 » » 1 • ».. » 11 H » ” *
M Longueur 100 | largeur. . . . 73,76 74,75 » 74,87 75,00 » 74,86 74,34 75,53 72,04 70,05
i I — 1 hauteur.. p&Ss 65,34 » ■ » •. » 72,28 » » » 70,74 70,96 ‘ »
% ä Largeur 100 1 hauteur. . KRB 88,59 » » » 96,37 » ■ » » 93,66 98,50 » »
11 “ Fron to- parié tal........................ ... 69,11 64,25 * 66,43 68,11 66,42 65,71 65,49 70,42 70,89 70,28 73,13
(1) Voyez plus haut, p. 49.