et en haut par une courbe fort oblique, et relativement courte (0m,120). Il est presque dépourvu d’arcs
surciliers à sa base, de dimensions médiocres en largeur (d. front, min. 0“,097; d. front, max. 0m,I08)et
sans saillies bien indiquées. Les pariétaux, de même longueur que le frontal, sont au contraire fort larges,
mais antérieurement aplatis, et leurs bosses, étalées, ne se peuvent que difficilement circonscrire, quoique
la courbure générale des os soit relativement assez accentuée à leur niveau. L’écaille occipitale large,
arrondie, sans détails ostéologiques bien accusés, est presque entièrement tournée du côté du là base du
crâne, qu’elle gagne par une courbe oblique et allongée. Les autres os de la voûte n’offrent de spécial
que l’existence d’un processus frontal aux deux écailles temporales du premier de ces sujets.
L’ossature de la face est modifiée d’une manière très remarquable : la racine du nez est extrêmement
large, et peu excavée ; les trous orbitaires sont grands et profonds ; le squelette nasal est
déprimé, l’ouverture des fosses nasales se montre basse et large, le plancher des fosses se continue avec
la face antérieure de Tintermaxillaire 'sans limite bien tranchée ; la distance de l’épine nasale antérieure
au bord alvéolaire s’allonge d’une manière insolite. Mais c’est surtout le prognathisme, qui offre
un type tout particulier. Dès l’espace interorbitaire, le squelette facial commençait à se porter
d’une manière sensible en avant et en bas, mais un mouvement de torsion transverse qui se manifeste
au niveau de la plus grande largeur faciale a pour résultat de ramener en bas et en arrière l’arcade
maxillaire en dilatant quelque peu les malaires (d. bizyg. 0m,129), qui sont comme projetés en bas et en
dehors, et dont l’angle inférieur devenu très saillant fait une sorte de bec au-dessous de chaque
pommette. Le profil facial prend par suite de la torsion que nous venons d’indiquer une sorte de convexité
très apparente ; la mandibule est relativement peu robuste, le menton fuit, et la branche montante est
fort inclinée sur l’horizontale.
Crânes de Kordofan (fig. 307). — Ces divers caractères, et ceux de la mâchoire supérieure en particulier,
se retrouvent fort accentués sur un crâne de Kordofan que nous avons sous, les yeux. Cette
tête est celle d’un esclave, mort au Caire, plus qu’adulte. La plupart des sutures de
la voûte sont en grande partie effacées ; mais elle a conservé bien apparente la
suture médio-frontale, grâce à la persistance de laquelle le front est relativement
moins étroit, tandis que l'espace interorbitaire, à peine déprimé,
atteint 0m,031. Les arcs sourciliers s’y accusent davantage, l’aplatissement
vertical est considérablement exagéré, surtout en arrière de la suture coronale,
l’allongement d’avant en arrière est un peu plus grand (d. a. p. 0“, 181), la
dilatation transverse des pariétaux est au contraire un peu moindre (d. tr. max.
0“,135), si bien que l’indice céphalique reste au-dessous de 7o (74.58). A la face la
convexité du profil est bien accentuée, le long des branches montantes et à la face
antérieure de Tintermaxillaire en particulier. Ce dernier a près de deux centimètres
de haut et les dents qui s’y implantent se dirigent en arrière et en bas, comme pour
ajouter encore à sa courbure. Les becs sous-malaires sont bien accusés.
Fig.. 307. — Crâne de nègre
de Kordofan (Mus. Hist.
..Nat. Don de M. Lefebvre).
M. le Dr Fuzier, médecin en chef à l'Ecole Polytechnique, a bien voulu nous communiquer deux autres
crânes du Kordofan, provénant de deux hommes, Ahmed et Abdallah, du bataillon égyptien qui tenait garnison
à la Yera-Cruz pendant la guerre du Mexique (I). Ces deux pièces offrent à peu près les mêmes propor-
(1) M. Fuzier, ayant remarqué que les Nègres et les mulâtres de la Martinique et de la Guadeloupe, qui forment la majeure partie
de nos compagnies de génie .colonial, ne contractaient point la fièvre jaune, si violente qu’elle fût à la Vera-Cruz en certains
moments, réclama avec instance, dès 1862, que la garnison de cette ville fût exclusivement composée de soldats noirs. Le vice-
roi d’Égypte ayant autorisé la levée d’un bataillon nègre pour cette destination, 446 hommes de diverses races noires de la vallée
du Nil vinrent en 1863 occuper la Vera-Cruz. 91 de ces hommes moururent en moins de quatre ans, un seul de la- fièvre jaune,
les autres du typhus, de dysenterie et de tuberculisation [Fuzier.'Résumé d’études sur la fièvre jaune observée àla Vera-Cruz pendant
les épidémies qui se sont succédé de 1862 à 1867. Spectateur militaire, 1877). M. Fuzier a pu conserver seize, de leurs crânes qu’il a
■tiens horizontales que.eelieiiiu Muséum dont nous venons de parler (d. a. p. 0”,184, d. tr. max. 0*,I3T,
ind. céph. 74,46) ; mais l'aplatissement vertical en est moindre (d. bas.-bregm.O“, 130) et les indices correspondants
égalent 70,65 et .94,88. Le front du premier, Ahmed, est court, bas,, régulièrement fuyant et
arrondi avec des sinus à peine dessinés. Le pariétal et l’occipital offrent tout l’ensemble de formesrésumé
plus haut à propos des Noubas proprement dits ; mais la face est moins tordue et plus franchement prognathe,
et le mm; moins déprimé, conserve néanmoins des proportions platyrrhiniennes (haut. 0",047 ;
larg. 0“,027 ; ind.:,nas:f 57,44). ,
Le second, Abdallah, présente des sinus plus marqués, (courts ;ét massifs. Il a les mêmes formes
crâniennes générales, mais sa face est plus pleine et plus grossière, les os propres du nez sont réduits en
■tous sens, et le ptofil nasal ne présente qu’une saillie, très-minime. Les orbites sont plus petits, les
pommettes.sont plus volumineuses, les mâchoires plus robustes, l’inférieure surtout est plus haute, plus
épaisse, et plus introversée aux angles.. Les dents sont grossesnt s’usent à plat,■surtout en avant.
Crabes de Takaj.Cs. — Le pays de Takalé, Tequelé, Teguellèy; au sud du Kordofan, est aussi habité
par des Noubas; mais ces derniersjont été soumis,dly a des siècles, par une tribu Foungie, voisine des
Chellouks, et présentent aujourd’hui fréquemment des traits qui rappellent ceux de leurs vainqueurs (lglp.
M. Ecker, dans le mémoire préoité, a fait connaître deux crânes de Takalés (2)v l'un de jeune sujet,
l’autre d'adulte. Celui-ci est long (d. a.-p. O», 179), étroit, (d. tr , max. 0“,128),dolich||ëphale à 71,50,
en outre bien plus haut que large, et presque en tout semblable à un crâne de vrai- Soudanien. La face
s’harmonise au crâne, sans offrir cependant un prognathisme aussi accusé que nous le; trouverons plus tard
sur les Nègres proprement dits. Le jeune sujet offre des mêmes caractères, avec des variations qui
correspondent à oelles que nous avons été amenés .à;placer ci-dessus sous l’influence de l’âge.
Çrahes de Gaulas. Hcailliaud (dty.donne les Ahbits ou Ahbdsdes montagnes dq|Bertha, au sud du
Fazogl, comme des Noubas venus de l'Ouest. Çes Nègres, dont de fréquents métissages ont modifié les
caractères, le plus souvent d’ailleurs dans un sens-favorable (4), sont un des anneaux de la chaîne qui relie
aux vrais Noubas une partie des peuplés Gallas ou Ormas. Ceux-ci, qui semblent pouvoir être rattachés
en partie, comme le veut Spekei(5); à la race que nous étudierons plus tard sous le nom d£ffgjij Kouschite
ou Éthiopienne, semblent aussi, pour une part non moins importante, offrir avec‘'leswiNoubas des
affinités étroites (6).
mis avec beaucoup d’empressement à notre disposition. Les deux pièces du Kordofan dont il est ici question, celles du Darfour, etc.-,
dont il sera parlé plus loin, font partie de cette précieuse série.
(1) On peut se rendre compte dans une certaine mesure des variations énormes que présentent les Nègres Takalés dans leu r physionomie
en comparant les figures 1, 2,3, 5 et 6 de la planche XL11I du Die Nigritier de M. Hartmann.
(2) Al. E cker. Op. cit., s. 12.—M. Trémaux, qui a pénétré assez loin dans le Soudan oriental, a rapporté des photographies d’habitants
du Takalé du Bertha, du Fazogl, du Dar Nouba, etc.; malheureusement les épreuves en sont peu nettes, et ne se présentent point de façon
à être aisément comparables. Aussi est-il impossible de se rendre un compte exact des traits essentiels à chaque groupe. La femme
Nouba de la planche XXXVIII est seule assez nettement venue; son type nous a paru rentrer dans celui que nous venons de décrire.
ɧi F r. Gailliaud. Voyage à-Méroé, au Fleuve Blanc, etc. Paris, 1826,' in-8®, t. II, p. 274.
(.4) Gailliaud les représente, en effet, sous des traits beaucoup plus flatteurs que ceux que l’on prête à leurs congénères de l’Ouest.
Nous avons dans les collections du Muséum le buste, moulé sur nature, d’un de ces Noirs, Séid Enkess, qui fut longtemps un des
modèles les plus appréciés des artistes de la capitale [Bull. Soc. Ethnol. de Paris, 1847, p. 51) et qui offre un type des plus élevés. Il
est vrai que Séid était très probablement fils d’un Abyssin marié au Bertha. On peut voir, au bas de la planche XXH1 du bel ouvrage
de M. Hartmann déjà cité plus haut, le profil d’une tête de femme Bertha (fig. 5) dont les courbes paraissent se rapporter au type
crânien des Noubas purs.
(5) J. H. Speke. Les Sources du Nil, trad. fr„ Paris, 1865, in-8°, p. 214.
(6) Une tradition abyssine rapportée par M. Burton (R. F. B urton. First Footsteps in East Africa or an Exploration ofHarur.
London, 1856, in-8°, p. 99) représente les Gallas comme descendus d’une princesse d’Abyssinie, donnée en mariage à un esclave de
la contrée au sud de Gurague, à un Nègre, par conséquent. Elle aurait eu sept fils, qui seraient devenus autant de puissants voleurs
et de fondateurs de tribus ;.leurs descendants auraient pris le nom de Gallas, de celui de la rivière Gala, en Gurague, où ils auraient
gagné une victoire décisive sur leurs cousins les Abyssins. Suivant d’autres, les Gallas seraient issus de Metcha, Karaiyo et Tulemo,
trois fils d’un empereur d’Éthiopie et d’une esclave.