grosses molaires sont visibles au dehors. La plus grande partie des caractères énumérés plus haut,
inclinaison en dedans du bord dentaire, convexité de la branche horizontale, dépression sous-maxillaire
inclinaison de la branche montante, arrondissement et introversion de l’angle mandibulaire, torsion du
condyle, se constatent sur la mâchoire de Mesnières, toutes les molaires sont pentacuspides. Quant à la
face qui l’accompagne, elle ne présente pas de caractères bien remarquables; elle est large pour sa
hauteur, et présente des indices en rapport avec l’âge du sujet. Le front est bien développé, le nez sail^;
lant, l’orbite haute et large, etc.
Nous ne savons rien des ossements d’adultes que l’on a dit avoir été trouvés à Mesnières avec l’enfant
dont nous venons de parler (1).
Ma x il l a ir e in f é r ie u r d e l a r o u t e d e l a Ch a um iè r e (pl. XII, fig. 1, et dans le texte fîg. 117).— Une autre
mâchoire du même type a été recueillie par M. Reboux à une profondeur de 5 mètres dans les alluvions
anciennes de la route de la Chaumière, à Paris. Elle était accompagnée de deux morceaux d’occipital et
de pariétal remarquables par la complication de leurs sutures et par une déformation toute spéciale. Le
fragment de Lourdes figuré page 105 et plusieurs de nos planches ont déjà fait voir que M. Schaaffhausen
allait trop loin en 1867,. en refusant aux crânes préhistoriques des sutures aux engrenages complexes (2).
L’étude du fragment de crâne de la Chaumière nous montre, outre ces complications, un mode particulier
de déformation que nous devons brièvement faire connaître. Une dépression transversale de la largeur de
près d’un doigt coupe horizontalement l’occipital au-dessous de l’inion et le pariétal entre sa bosse et son
bord temporal, et fait penser aussitôt à ces déformations artificielles par pression exercée d’avant en
arrière que pratiquent encore certaines peuplades sauvages de l’Amérique et de l’Océanie (3).
Revenons à notre maxillaire inférieur. Sa dentition correspond à la neuvième année; les incisives permanentes
sont sorties, les premières prémolaires de remplacement n’affleurent pas encore. Comme les
maxillaires qui viennent d’être décrits, celui-ci se distingue par l’inclinaison de sa branche montante,
l’arrondissement de l’angle postérieur, l’augmentation d’ouverture de l’angle alvéolo-mentonnier (120°)
produite à la fois par une moindre saillie du menton et par une certaine proclivité du bord alvéolaire, où
les incisives s’implantent un peu obliquement. Ces divers caractères sont d’ailleurs modifiés par le jeune
âge du sujet.
La molaire de lait et la première grosse molaire encore en place, sont toutes deux pentacuspides,
comme on peut le voir dans la figure H 7 (4). On remarquera que la molaire de lait présente des traces
d’usure assez sensibles-, reproduisant jusqu’à un certain point le phénomène présenté par la petite
mâchoire décrite dans le second chapitre de ce livre (5).
(1) Boucher de Perthes a parlé, dans ses Antiquités celtiques et antédiluviennes (t. III, p. 500 et suiv.), d’un fragment de mâchoire
trouvé à Menchecourt avec quelques dents, en avril 1863, à un niveau inférieur à celui où gisaient des fragments de rhinocéros de
boeuf et de cerf. Cet os, qui appartient au Muséum d'histoire naturelle, vient d’un jeune sujet probablement masculin. 11 est trop mutilé
pour pouvoir être l’objet d’une détermination ethnologique. Tout ce qii’on peut affirmer, c’est que son angle postérieur et ce qui
reste de la branche montante ne ressemblent aucunement aux parties correspondantes des mandibules que nous venons de décrire.
L’angle porte un talon très-accusé, comparable à celui de certaines pièces de la race desÇro-Magnon, mais la branche montante est
fort inclinée. La dent de sagesse pointe hors de l’alvéole, elle a quatre tubercules, comme les deux secondes grosses molaires
inférieures trouvées au même endroit. M. Boucher de Perthes a encore rencontré à Menchecourt deux autres molaires, celles-ci de
la mâchoire supérieure ; ces deux dents sont également tétracuspidès.
(2) Schaaffhausen. Sur la forme primitive du crâne humain, (fiorigr. Internai. d’Anthrop. et d’Arch. Préhist. 2°sess. Paris, 1867, p. 413.)
(3) Nous croyons devoir réserver notre opinion sur l’état fossile de ces pièces de la Chaumière, médiocrement altérées dans leur
composition, à patine terreuse et sillonnées d’empreintes de racines. Elles pourraient bien avoir été trouvées dans quelque alluvion
remaniée et bien moins ancienne. '
(4) Je n’avais pas en mains de pièces de comparaison suffisantes, lorsque j'ai émis, en 1870 (Paléontologie humaine, p. 213, etc.),
l’opinion que ces débris et d’autres semblables, qui seront décrits plus loin, auraient appartenu à des dolichocéphales. L’étude attentive
de la plupart des ossements humains quaternaires aujourd’hui connus, celle en particulier que j’ai faite à Bruxelles des collections
que l’on doit à M. Dupont, m’a amené à reconnaître les analogies intimes que présentent les maxillaires inférieurs dont il va être
question avec ceux de Furfooz, dont le principal appartient, on vient de le voir, à un crâne sous-brachycéphale. (E. H.)
(5) Voyez plus hautp. 26.
Ma x il l a ir e in f é r ie u r d e l a G rotte Rouge d ’A l d è n e (A u d e ) (pl. XII, fig. 2 ) . — Cette mâchoire dont la
date, sans être bien déterminée, pourrait remonter à l’âge des animaux éteints, rentre dans le même
type que la précédente, comme on peut s’en assurer
en examinant notre planche XII. Découverte par
M. J. Jullien en 1860, presque à la surface d’un
dépôt rougeâtre pulvérulent qui contenait des restes
d’Ursus speloens (1), elle a été figurée, mais d’une façon
peu satisfaisante, dans l’atlas qui accompagne le
livre de M. Gervais sur l’ancienneté de l’homme (2).
L’auteur de cet ouvrage n’a guère signalé que l’un
des caractères mentionnés dans les pages qu’on vient
de lire, l’obliquité du bord postérieur de la branche
Fig. 117.— Partie du maxillaire
Fig. 118. — Canine du trou du
montante (3). Tous les autres traits relevés dans nos
inférieur de la Chaumière,
Frontal & Furfooz, d’après
avec molaires pentacuspides,
une lithographie publiée par
descriptions précédentes accompagnent cependant
grand, nat. (Muséum Hist.
M. Dupont (4), grand, nat.
Nat. de Puris.)
(.Mus. Bruxelles.)
celui que M. Gervais a spécialement observé.
Le menton est seulement un peu plus massif, la branche horizontale est moins convexe, l’inclinaison en
, dedans du bord alvéolaire moins accusée, l’introversion de l’angle et la torsion du condyle sont moins
considérables, mais tout le reste de la description s’applique à merveille, et la comparaison des chiffres
inscrits aux colonnes 8 et 9 du tableau ci-dessous montre combien peu diffèrent les dimensions de ces
deux os si ressemblants par leur morphologie. La mâchoire de la Grotte Rouge ne porte que trois dents,
deux secondes molaires à quatre tubercules et une dent de sagesse petite et pentacuspidée. Les autres
alvéoles sont tous ouverts, et en rapport avec une dentition généralement peu volumineuse.
T a b l e a u XII.
M a x i l l a i r e s in f é r i e u r s de F u r f o o z , e t c .
(1) Bull. Soc. d'Anthrop. de Parts, 2° série, t. I, p. 403, 1866.
(2) P. Gervais. L'Ancienneté de l'homme et la période quaternaire. Paris, 1867, in—i° . Pl. VllI, fig. 3.
(3) Id. ibid. p. 100.
(4) Ed. D upont. Op. cit., pl. I l , fig. 4.