du plancher des fosses nasales au lieu du bord un peu émoussé qu’on observe habituellement, enfin
le volume relatif des délits demeurées en place et nous renverrons pour les autres traits du visage
à notre tableau XIX.
- Cr â n e s d e N égr ito s d e l ’In d e . — Les Mincopies, dont.le paragraphe précédent a fait connaître assez
complètement la conformation crânienne, sont aux yeux d’un grand nombre d’ethnologistes les seuls
Nègres qu’il y ait aujourd’hui aux Indes. Cette opinion, empruntée sans doute au témoignage négatif de
quelques écrivains du commencement du siècle, ne tient aucun compte des observations postérieures de
Traill, de Cunningham, de Newbôld, de Logan (1), et d’un certain nombre d’autres voyageurs qui ont rencontré
au Kamaon, dans les Yindhyas, les Ghâttes, etc., des populations que leurs caractères extérieurs
permettaient de rapprocher vraisemblablement des Négritos.
Les descriptions de ces auteurs sont malheureusement très-sobres de détails crâniologiques. Traill ne
s’attache pas à décrire ses Rawatset ses Dôms; Cunningham cite très-peu de chose desKholi ou Chumang.
petits noirs, quelquefois laineux, du pied de l’Himalaya. Newbold se borne à dire que les Chenchwar qui
habitent lâ partie occidentale de la continuation
des Ghâttes, entre le Pennaar
et la Kistna, ont les traits petits et animés,
les mâchoires plus développées et
plus proéminentes que celles de la. généralité
des Hindous, le nez plus plat,
.les narines plus élargies, la taille inférieure
à celle des Telougous leurs voisins,
etc., et place ces petits Noirs entre
les Telougous et les Jakuns de la Péninsule
Malaise, et a certains égards entre
les Hindous et les, Nègres Papouas (2).
Logan enfin, quia prouvé, en coordonnant
un grand nombre de renseignements
imprimés ou inédits, l’existence
dans la péninsule cisgangétique d’un
élément spécial qu’il qualifie, vaguement
de Tourano-Africain ou d’Africo-Papua (3) et qui lui paraît représenter « les restes d’une r formation archaïque
du caractère nègre le plus décidé, dont les livres Tamouls ont d’ailleurs conservé le souvenir >>(4) ;
Logan, disons-nous, n’a pas pu serrer de plus près la diagnose ethnique. Ces populations noires qu’il
rapproche tantôt des Nègres africains orientaux, tantôt des Papouas et même des Simangs (5), Négritos
de Malacca dont il sera question plus loin, se présentent cependant le plus souvent dans ses textes avec
les principaux caractères propres à ces derniers (6). 1 2 3 4 5 6
(1) G. Busk. Op.,cit., p, 207.
(2) G. W. T raill. Statislical Sketch of Kamaon (Asiatic Researches, vol. XVI, Calcutta. 1828, in-4°, p. 160). — N ewbold. The Chenchwar,
a wild tribe inhabiling lhe Foresls of lhe Easlern G hauts (The Joum. of the Roy. Asiat. Soc. of Great Britain and Ireland, vol. ."VIII, p. 272,
1846)-ïpj;J. R. Logan. Ethnology of the fndo-Pactfic Islande (TheJoum. of lheind. Archipel and East. Asia, vol. VII, p. 25, 1853).— Etc.
(3) Id. Ibid., p. 24,28.
(4) Id. Ibid., p. 25.
(5) Id. Ibid., p. 23.
(6) Ce sont ces « malheureux petits Tamarias » voisins des JHô. les Surah, noirs comme jais et courts de taille, répandus dans un
espace de deux cents milles depuis les montagnes méridionales du bassin du Ganjam le long du versant oriental des Ghâttes jusqu’au
Godavery; les Ghensuar, Chenchwar de Newbold dont il reproduit les textes, et qu’il considère comme la continuation probable des
Surah ; quelques populations des Ghâttes occidentales, parmi lesquelles les Katadis décrits par Vaupell lui semblent les plus nigritiquês.
M. J. Campbell est plus affirmatif. Le type physique général des aborigènes les plus purs est pour ce
savant.ethnologue V$elui qui est ordinairement'conn»icomme Négrito..».Ils,sont petits, chétifs.et tres-
noirs, leurTuce SsUgrge.et plate,, leurs lèvres sont épaisses .et très-proémineutes,. leur nez est large, leurs
narines,*»!,dilatées, leur barbefest rare, leurs cheveux sont abondants èt emmêlés, quelquefois frisés, et
Même laineux. LesOraons de Jushpore.tes JCaurs, ïeursivoisins, les fibenchwar déjà nommés, les Gonds,
sauvages des forêts à l'est du Wyngunga, les Koors et les Rhîls étudiés,par le major Keatinge et le capitaine
Probyn, les Chermars du Malabar, enfin les; Nagadees des montagnes de Kodagherry sont pour
M. J. Campbell les,.principauxreprésentants Indiens de,la race.(l). 11 ne nous apprend malheureusement
rien de leur ostéologie..
Les Oraons sont les plus connus de ces: noirs, grâce à une bonne monographie du colonel Dalton. Ils
habitent lest monts Rajmahal, les- monts de Palamow, les hautes terres de Jushpore, les environs de
Lohardegga et surtout le plateau de Chota-Nagpore. M. Dalton leur attribue un front bas, mais généralement
peu fuyant, un nez aplati; et large, des mâchoires, saillantes,, etc. (%!»»,
On peut en rapprocher les Djangal ou Bandra, aborigènes de l'Amarïantak auxquels M. Louis Rousselet
a aussi donné le nom moins bien choisi de Hô (3). Le portrait
et la description que M. Rousselet a tracés de 1 un de
ces sauvages (4) laissent peu de doutes, nous semble-t-il, sur
l’identification que cet ethnologue propose. La tête est arrondie,
le front bas,, le nez aplati; le prognathisme est exclusivement
alvéolaire, les pommettes n’offrent rien d’exagéré,
le maxillaire inférieur est très-développé, surtout dans
ses branches montantes et le profil en est légèrement
fuyant. C’est en somme un véritable Négrito et la figure du
crâne de l’Até reproduite ci-dessus (fig. 190) s’adapterait
presque sans difficulté à celle de ce sauvage de l’Amar-
kantak (5).
Parmi les. tribus’ désignées sous le nom commun de
Gounds, et dont plusieurs vivent au voisinage des Djangal c
dont nous venons de parler, il s’en trouve, comme l’ob- Fig. 20,9. — Profils de Boda, jeune Ghond de Schagpour (A)
I , „ , . • . . . . . . . * , .. comparé à celuid'une femme mincopie lB) et d’une femme serve M. Campbell, quelques-unes qui participent de la A6t£ (C) (>/»gr. Nat.),
nature nigritique de ces derniers. Aux hypothèses, d’ailleurs
fondées, que tirait.cet ethnologue des récits de MM. Keatinge et Probyn nous sommes en mesure de
Il croit retrouver lés traces du sang nègre chez les Bhils, les Kuli du Guzerate, etc. et rattache au même groupe les Rawats et les
Doins dé Traill, et' les Chumang, Chumas et Kholi de Cunningham que nous avons ci-dessus mentionnés (J. R. Logan. Op.cit,,
(î) J . Campbell. '77« Ethnology of India (Journ. of the Asiat. Soc. Suppl. Number, vol. XXXV. Part. I I , 1866. Calcutta, 1867, in-8°,
d ! lton. The kols of Chota-Nagpore (Transact. ofthe Elhnol. Soc. of London. New Sériés, vol. VI, p. 1-41, 1868). La descrip tion
de M. Dalton ne laisse guère de doutes sur la place des Oraons demeurés purs dans la classification ; l’aigumentation de Crawfurd ne
nous parait pas en avoir diminué sensiblement la valeur (J. Crawfcrd. On the supposed aborigines of India as distinguislied from in-
civilised inhabitants. Ibid., vol. VI, p. 65,1868). On peut voir au frontispice du bel ouvrage de M. Dalton (E. T. Dalton, Descriptive
Ethnology ofBengal. Calcutta, 1872, in-4») le portrait d’ühe Oraonne debout, offrant à peu près tous les traits d’une femme né0rilb.
(3) Ce nom appartient depuis longtemps à un autre peuple dont Tickell a donné la description dans le tome IX du Journal de Ir
Société Asiatique du fienyaie.H jc f . L atham. Descriptive Ethnology, vol. Il, p. 419, 424. Loudon, 1859, in-8. — Dalton. Op. cil.,
(4) L. R ousselet. Sur un négrito des forêts de l'Inde Centrale (Bull. Soc. d'Anthrop., 2* série, t. VII, p. 619,1872. ■ - I d. a eau
des races de l’Inde Centrale [Revue d'Anthrop., t. II, p. 380, 1873]).
' (5) Nous n’appuierons pas sur les caractères extérieurs que M. Rousselet a fait connaître. Disons toutefois qu ils concordent assez