correspondant à toute la région cérébelleuse. Notre planche V rend fort bien I’aspeot tout spécial de cette
surface'osseuse couverte d’empreintes musculaires des plus robustes qui sont en rapport avec un développement
très—considérable des muscles de la nuque. Au milieu de ces aspérités, entre deux condyles
à double surface articulaire, s’ouvre, tin trou occipital de moyenne largeur (O”, 029) mais bien allongé
(O”,036). Le reste de la base du crâne présente les mêmes caractères de sauvage énergie, signalés déjà
sur l’occipital ; toutes ses apophyses sont fortes, toutes ses empreintes musculaires nettes et profondes, et
les trous vasculaires et nerveux y sont largement ouverts.
Ce vaste crâne dont M. P. Broca n’évaluait pas à moins de 1590 c. cubes la capacité totale (I), et dont
le développement principalement antéro-postérieur se répartit également vers les deux pôles céphaliques,
repose sur une face dont les dimensions transversales l’emportent au contraire d’une manière frappante
sur les dimensions verticales. Celles-ci rentrent dans les moyennes ordinaires; la hauteur totale
de la face, du point sus-orbitaire aux bords des alvéoles incisifs, èst 'de 0”,091, et la distance comprise
entre la racine du nez et l’épine nasale inférieure est de (T,051. Mais le diamètre byzygomatique,
qui mesure la largeur maxima de la face, atteint 0",143 ouiO",I44. Or ce chiffre,' exceptionnel chez
les brachycéphales à l'ossature faciale la plus accentuée, n’a jamais été observé, Suivant M. Broca, sur
une tête dolichocéphale. Aussi M. Prüner-Bey, frappé des contrastes que présentaient ce crâne allongé
d’avant en arrière, et cette face transversalement dilatée, disait-il qu’il y avait défaut d’harmonie entre
l’une et l’autre, et qualifiait-il de disharmonigue la tête que nous décrivons. Gette expansion transversale,
qui fait descendre Yindice facial (2) à 63, s’accuse simultanément dans les régions supérieure et moyenne
de la face. Les apophyses orbitaires externes, robustes et massives, sont projetées fortement en dehors,
de façon à produire un diamètre bi-orbitaire externe de O”,116. La distance interorbitraire est faible
(0m,0235), mais la largeur des orbites est prodigieuse. Ces ouvertures qui ont la forme de rectangles très-
allongés, aux angles à peine atténués et qui sont inclinées de haut en bas, de dedans en dehors et un
peu d’avant en arrière, de façon à ce que leurs axés transversaux forment un angle de 156 degrés, atteignent
en largeur le chiffre tout exceptionnel de 0- ,43 à 0m,44. Leur hauteur étant, au contraire, très-
faible (0“, 027 et 0", 028), l’indice orbitaire est à son minimum, 61 environ.
Nous retrouvons la même exubérance de largeur dans l’étendue relativement considérable qui sépare
les deux trous sous-orbitaires (0", 063),-les articulations externes du maxillaire supérieur, les os malaires,
etc. ■
Le nez, en harmonie avec la courbe générale de la voûte crânienne, contraste avec les orbites et les
pommettes. Sa racinè est profonde, le dos légèrement déprimé à sa base se relève aussitôt et se porte si’
fort en avant que dans la vue de la base (pl. V), son extrémité dépasse un peu le bord des alvéoles inoi-
sifs, et ce nez saillant est long, mince, étroit dans son ensemble et dans ses diverses parties, et rentre à
tous égards dans le groupe que M. Broca a récemment désigné sous le nom de leptorhinien. Son indice est
de 45,09 (3). v
Dans toutes les régions que nous venons de parcourir, le squelette de la face s’est montré presque vertical,
mais au-dessous des fosses nasales il se porte très-obliquement en avant, en même temps qu’à la
dilatation bizygomatique succède brusquement de haut en bas un rétrécissement bien marqué de l’arcade
maxillaire, L angle, facial de Camper s’ouvrait de 83 ou 84°, l’angle alvéolaire n’est plus que de
75° environ. Cette, diminution est en rapport avec un prognathisme alvéolaire, que l’absence, si rare (l) *3
(l) P. B roca. hoc. cit.', p. 372.
t(2) Nous rappelons que notre indice facial est le rapport en centièmes de la hauteur de la âtce (du point sus-orbitaire au bord
alvéolaire) à sa largeur (diam. bizygomat. max.).
(3) P . BmckHacherches sur l’indice nasal (Revue d’Anthropologie, t. T, p. 30, etc. 1872).
DEUXIÈME RACE HUMAINE FOSSILE OU RACE DE CRO-MAGNON.
ment observée d’ailleurs (1) d’une épine nasale inférieure bien accentuée, rend encore plus frappant sur
la vue de profil. La direction presque verticale des alvéoles corrige, il est vrai, en partie, cette proclivité
apparente. L’arcade maxillaire est, avons-nous dit, le siège d’un rétrécissement assez considérable pour
que la voûte palatine de la large face qui vient d’être décrite, soit à peine supérieure en dimension à la
moyenne (larg. 37, long. 52). Cette voûte est surtout remarquable par son peu de profondeur et par une
colline longitudinale (pl. Y), qui résulte de l’épaississement des lames palatines dans leur moitié interne.
Le relief médian formé par cette voussure est si considérable que les moitiés latérales de la voûte sont
réduites à l’état de rigoles irrégulièrement creusées de chaque côté de cette sorte de crête antéro-postérieure.
On ne voit plus dans ces alvéoles, en partie détruits par le temps, que la racine interne de
la deuxième molaire du côté droit, si bien usée jusqu’au collet qu elle a été séparée des deux autres
racines de la même dent. Remarquons que la surface d’usure est oblique de haut en bas, de dedans en
dehors et d’arrière en avant.
Le maxillaire inférieur diffère aussi profondément que les autres os faciaux de la pièce correspondante
étudiée précédemment dans la race de Canstadt. Loin de tendre au parallélisme, ses branches horizontales
divergent au point d’intercepter entre elles un angle de 60° environ. Son épaisseur considérable
n’a cependant rien d’extraordinaire, si l’on songe à la force peu commune de l’individu auquel elle a
appartenu : elle mesure 0m,017 à la symphyse, aussi bien qu’au niveau de la seconde grosse molaire. La
hauteur symphysaire de l’os (0m,037) l’emporte encore sur celle qu’il atteint au niveau de la deuxième
grosse molaire ((F,033), mais cette différence se réduit à 0m,004.
La face externe de cette mandibule est rugueuse, accidentée, percée d’un trou dentaire unique et de
dimension ordinaire; ses fossettes mentonnières sont profondes et se montrent en rapport, comme les
autres empreintes musculaires avec la vigueur toute particulière du sujet. Elles circonscrivent un menton,
massif et proéminent en avant, dont le profil; loin de M r en arrière et en bas à partir du bord alvéolaire,et
de se recourber en dessous en forme de bec, comme on l’a vu dans notre première description, détermine,
au contraire, avec ce bord une ligne mentonnière qui coupe l’horizontale sous un angle de 62 à 64a
(angle alvéolo-mentonnier). Ce menton saillant, légèrement asymétrique (pl. IV), est en même temps
triangulaire. On dirait d’une abrasion qui aurait fait à la symphyse une perte de substance assez grande-
pour que la mandibule se terminât par un triangle presque isocèle, à base large, et dont les angles inférieurs
bien arrêtés donnent aux contours horizontaux de l’os un aspect que rend mal l’épithète de carré
que l’on a employée (2).
La face interne est concavo-convexe à la symphyse et porte des apophyses géni très-fortes. Les lignes!
myloïdiennes y sont bien dessinées, moins nettement toutefois que sur les pièces décrites dans le chapitre
qui précède.
Les cavités alvéolaires, toutes ouvertes encore, quoique généralement peu profondes, sont en rapport
avec des dents d’un volume médiocre, mais elles sont trop brisées pour permettre d’établir quoi que ce
soit de précis à l’égard du volume relatif, de la direction, etc. de la plupart des ostéoïdes qui y étaient
implantés. On peut cependant constater que les incisives et les canines étaient latéralement comprimées-
et projetées un peu obliquement en avant, que les molaires avaient des dimensions normales et que la
dent de sagesse, au moins à gauche, était plus petite que les autres et ne portait que deux grosses racines.
L’existence d’une branche montante, presque complète (pl. III, IV) du côté droit (3), permet d’ajouter
quelques caractères à ceux que fournit l’examen de la branche horizontale, la seule étudiée jusqu’ici. Nous-
(1) E.-T. Hamy. De l’épine nasale antérieure dans l’ordre des primates. (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, 2e série, t. IV, p. 21, etc.)
(2) Prüner-Bey. Op. cit. (Reliq. Aquit., p. 77.)
(3) Nous avons déjà dit que toutes nos planches, dessinées au diagraphe directement sur la pierre pour p lu sse fidélité, sont
venues renversées. Tout ce qui est en réalité à droite, se montre donc à gauche sur nos dessins, et réciproquement*
Quatrefages bt Hamy. 7