royal de Berlin, dix crânes enfin tirés d’un abri sous roche découvert à Aknanh, île d’Ouoga, dans les
humagin, par M. Pinart, et exploité par lui d’abord, ensuite par M. Dali et par ses compagnons (1).
Toutes les pièces, tant anciennes que modernes, que nous venons d’examiner offrent, avec des différences
sexuelles plus ou moins accusées, la morphologie crânienne et faciale dont les traits principaux sont
visés dans la courte description qu’on a pu lire un peu plus haut. Un certain nombre d’entre elles sont
malheureusement déformées, les unes allongées (2 ), les autres raccourcies par un aplatissement
pariéto-occipital souvent asymétrique. Il serait, par conséquent, sans intérêt de donner la moyenne
générale de là collection de têtes aussi peu comparables. Disons seulement que les indices horizontaux,
les seuls dont nous ayons les éléments pour la série tout entière, vont de 70, 76 à 95,67.
Ce sont les Aléoutes anciens, pêcheurs (fishing période de M. Dali) ou chasseurs [later huntingperiod du
même ethnologiste), qui se déformaient ainsi la tête; aussi laisserons-nous en dehors de nos recherches
les séries formées dans les abris sous roche des archipels Aléoutiens pour ne comprendre dans les
moyennes calculées ci-dessous que les Aléoutes actuels (3).
C r â n e s d e T o u n g o u s e s (pl. XLIV, fig. 3 et 4, et dans le texte fig. 380). — Les Toungouses, qui occupent
sous les noms de Toungouses proprement dits, Lamoutes, Daouriens, Ghiliaks, etc. (4), la plus grande
partie de la Sibérie orientale depuis l’Iénisséi jusqu’à la Kolyma et la mer d’Okhotsk, ont donné leur nom,
nous 1 avons déjà dit, à 1 une des subdivisions importantes du groupe de races réunies sous le nom de
mongoliques.
Blumenbach (5), qui a le premier étudié leur crâniologie, ne les distinguait point des vrais Mongols.
La pièce qu il avait en main et que nous connaissons par la planche XYI des Décades, texte correspondant
de Blumenbach et le catalogue récemment publié des collections de Goettingue, était cependant
remarquable, comme celle que nous figurons, par un aplatissement général ayant pour résultat de réduire
les rapports de hauteur-longueur et de hauteur-largeur, l’un à 67,89 l’autre à 84,18.*Ces deux rapports
égalent chez les Mongols vrais 76,13 et 88,74. La face de ce Toungouse était en même temps plus
large (d. bizyg. 0m,145) et plus massive et reproduisait, par conséquent, la morphologie qui avait frappé
Pallas (6). Les mêmes caractères sont très manifestes sur la pièce que nous publions et qui a été offerte au
Muséum de Paris par le général Korsakoff (7). 1 2 3 4 5 6 7
(1) Deux de ces crânes sont au Muséum de Paris. On en trouvera les mesures détaillées, mises en regard de celles des cinq crânes
Aléoutes dOunalaskha de Mertens, à la fin de la description.de la caverne d’Aknanh publiée par M. Pinart (A. Pinart. La caverne
d’Aknanh, ile d’Ounga, archipel Shumagin, Alaskha. Paris, 1875, in-4°, p. U).
(2) On a découvert, à plusieurs reprises, aux îles Aléoutiennes, dans d’anciennes sépultures, des sujets déformés à un très haut degré
suivant un type qui, loin d être celui que présentent certains Aléoutes, quelques Koloches, une partie des insulaires de Kadiak
(pl. XLV1I, fig. 1 et 2, et dans le texte fig. 379), c’est-à-dire verticalement aplati en arrière, se montre, au contraire, extrêmement
allongé et aplati horizontalement. Le mode de déformation'mis en usage parait avoir été assez analogue à l’un de ceux que nous
trouverons plus tard sur le continent Américain. M. Otis nous a adressé en 1871 la photographie d’un sujet déformé (n® 507 de
son catalogue), exhumé par M. le Dr Minor d’une caverne d’Ounaska. La longueur, la largeur et la hauteur maxima sont représentées
par 195mm, 138 et 122. Sur un crâne d’Aléoute déformé de la même façon, mais à un moindre degré, qui nous vient de la collection
Dumoutier, nous trouvons pour diamètre 195mm, 139 et 126. Deux dépressions transverses sont fort apparentes en avant et en arrière
du sommet de 1 écaille frontale, ce qui donne au crâne des analogies avec celui des Aymaras.
(3) Une première série comprend quatre pièces trouvées à Amaknak par M. Dali;, nous reproduisons les mesures données par cet
auteur: Cap.crân. 1385“ ; cire, horiz. 504mm. D. a.-p. 178; d. tr. 142; ind. céph. 79,66 ; d. vertic.? 129; front, max. 110; bizyg. 138.
Une seconde série comprend les huit crânes de Mertens et de Wossnessenski, déposés au Muséum de l’Académie des sciences de
S.-Pétersbourg, et le crâne de Tchaïka de la collection Pinart au Muséum de Paris, fournissant les chiffres suivants: Cire, horiz.
(509mm; d. a.-p. 175; d. tr. max. 143, d. bas.-bregm. 125; ind. céph. 81,71; 71,42; 87,41; d. front, max. 112, min. 94 ; biorb.
ext. 105, bizygom. 135; haut, face 93; orbit. larg. 40; haut. 36; nez, larg. 25; haut. 52.
(4) Les Yukagires de la Kolyma, dont nous ne connaissons point la morphologie crânienne, sont aussi identifiés par M. de Middendorf
aux Toungouses. (A. van Middendorf. Op. eit., p. 1410,1.1.) '4 ^
(5) J. F. B lumenbach. Dec. ait., p. n - 12, r ' ' ‘ v>' ’ ■’# i ,, >■ -,
(6) Cf. Pallas. Trad. cit. T. IV.
(7) Il n en saurait être de même des crânes Toungouses du Musée de l’Académie des sciences de S.-Pétersbourg, dont C. E. de
Les quatre crânes Toungouses mesurés par M. Bogdanow sont déjà bien moins typiques avec leurs
indices verticaux 70,16 et 90,00, leur bizygomatique ne dépassant plus 0",I40, la hauteur de pommette
tombant à 31, etc. (1).
Le Muséum de Paris possède sous lé nom de Toungouse le crâne d’un second sujet, plus long, plus étroit
et plus aplati, et dont la face surtout présente des atténuations très frappantes dans la région maxillaire supérieure;
c’est en combinant ces deux observations quelque peu disparates, nous en convenons volontiers.,
que nous avons formé les moyennes de la colonne 2 du tableau qui suit, tableau bien insuffisant, nous
n’en doutons point, à faire connaître la morphologie Toungouse, mais dont les relations avec ceux qui se
rapportent aux groupes ethniques les plus voisins n’échapperont à personne (2).
Nous analysons ci-dessous les données numériques relatives aux Toungouses fournies par Blumenbach (3)
et par Wyman (4). Les crânes Toungouses du musée de Berlin, auxquels fait allusion M. Welcker (5), ne
sont pas encore publiés, nous n’en avons donc rien à dire. Quant au crâne de Daourien, placé par
M. Spengelà côté du Toungouse de Gilgekirsk, il en sera parlé brièvement plus loin.
C r a k e s d e M a n d c h o u x (pl. LXIII, fig. 3 et 4, et dans le texte fig. 380), — La puissante nation de
Fig. 380. — Crâne de Toungouse Fig. 381. — Crâne de Koloche Sta- Fig. 382. — Crâne de Mandchou
(Mus. Hist. Nat. Coll. Korsakoff, khine {Mus. Acad. , Sc. Péters- de Gehol (Mus. Hist. Na:., Coll.
N® l). bourg, Coll. Mertens). Martin, N° 5).
Mandchoux (Mand-Shu), q ui s ’e s t em p a r é e d e la C h in e , il y a u n p eu p lu s .d e d eu x s iè c le s , n ’é ta it p r im itiv
em e n t q u ’u n e trib u d e la r a c e T o u n g o u se (6).
Les n om b r eu x é lém e n ts é tran g e r s q u ’e lle s ’e s t in c o rp o r é s o n t tr è s p r o fo n d ém en t a lté r é s o n ty p e p r im itif:
Des d eu x crân es rap p ortés p a r l e D' E rn . Martin d e so n v o y a g e en Man d ch ou r ie , l’u n tr o u v é à Moukden
e st C hinois p r esq u e p u r ; l ’au tr e r e c u e illi-à G eh ol affecte, au con tra ir e , d e s fo rm e s a ssez p a r ticu liè r e s.
Baër signale bien l’élongation (ind. céph. 94,30), mais qu’il rapproche des crânes Chinois pour leur développement en hauteur. Seraient-ce
des Mandchoux que ce savant anthropologiste aurait eus sous les' yeux?
(1) Principales mesures des quatre Toungouses de Moscou : Cire, horiz. 501““ ; d. a.-p. 181 ; d. tr. 141 ; d. bas.-bregm. 127; ind.
77 90 ; 70,16 et 90,00; front, max. 112; min. 95 ; biorb. ext. 109 ; bizygom. 133; orbit. larg. 38 ; haut. 34 ; nez, larg. 26 ; haut. 57.
(A. Bogdanow) Op. cit., p. 416.)
(2) Mesures d’un maxillaire, inférieur de Toungouse: Diam. bicondyl. 96, biangul. 84; écart, des 2“ mol. 52; des canines 29;
dist. angul. symph. 80; branche mont. haut. 54; larg transv. 34; obliq. 38; branche horizont. haut, symph. 28; 2° mol. 26 épaiss.
symph. 14; 2e mol. 13; angl. mand. 104°; alv.-ment. 77°.
(3) Principales mesures du crâne Toungouse de Gilgekirsk du Musée de Goettingen : Cap. crân. 1500“ ; cire, horiz. 539 ; d. a. -p. 193 ;
d. tr. 147 ; d. vertical? 125 ; bizygom. 146 ; courb. front. 127 ; par. 124 ; occ. 121.
(4) 'Wyman, dans la notice citée plus haut, a donné quelques mesures d’un crâne Toungouse, qui fait partie du Musée de Zoologie
comparée de Cambridge. Cette pièce a pour diamètres horizontaux 190mm et 148, pour indice céphalique, par conséquent, 77,89; sa
circonférence horizontale atteint 538, les courbes frontale, pariétale et occipitale mesurent 130, 125 et 119, enfin le bizygomatique
s’élève à 148. (Wyman. Op. cit., p. 23.)
(5) H. "Welcker. Kraniolog. Mittheilung., p. 134.
(.6) Cf. Prichard. Op. cit., -vol. IV, p. 299-300.