de t Astrolabe en 1827; elle provient d'un homme, dans la force de l’âge, mais dont toutes les sutures
crâniennes sont encore ouvertes.
Deux particularités la distinguent, à première vue, de toutes celles que nous avons examinées jusqu’à
présent : la réduction de ses dimensions en travers et l’élongation de sa circonférence médiane
antéro-postérieure due principalement à son développement relativement considérable dans le sens
vertical.
M. J.-B. Davis, frappé de la coexistence des deux mêmes caractères sur un certain nombre de têtes
mélanésiennes qu’il étudiait en 1866 (1), avait imaginé de créer pour les crânes combinant ainsi une étroitesse
remarquable avec un notable développement en hauteur une subdivision spéciale, l'hypsisténocèphalie.
Toute tête, à la fois très-étroite et très-élevée, est devenue depuis lors hypsisténocéphale pour le savant
crâniologue, qui a malheureusement négligé de préciser les limites dans lesquelles doit se circonscrire le
caractère sur lequel il insiste. L’étude de ses travaux ne fait rien connaître de précis à cet égard ; pourtant
les propositions qu’il émet sont fort exactes et, si le terme qu’il emploie ; est difficilement acceptable, la
distinction à laquelle ce mot correspond et sur laquelle M. Bertillon a depuis lors justement insisté (2),
doit être maintenue dans la science sous certaines réserves. Il reste à lui trouver un point d’appui, que
va nous fournir la comparaison des diamètres et des indices céphaliques.
Dans toutes les races étudiées jusqu’ici la hauteur du crâne se montrait constamment inférieure à sa
largeur. Une seule fois, dans un cas de métissage dont nous nous efforcions de distinguer les agents formateurs
, nous avions constaté la prépondérance du diamètre basilo-bregmatique sur le diamètre
transverse maximum, prépondérance qui nous semblait d’ailleurs dépendre de l’intervention d’un élément
ethnique spécial (3).
Les têtes dites hypsisténocéphales offrent presque constamment, au moins dans le sexe masculin, cette
dernière proportion. Leur diamètre vertical est supérieur au transverse. Or, c’est dans ce renversement
des rapports des diamètres que nous croyons trouver la caractéristique positive de l’hypsisténocépha-
lie de M. J.-B. Davis. Toutes les fois que le diamètre basilo-bregmatique l’emportera sur le transverse
maximum, et que par conséquent l’indice de hauteur-largeur sera supérieur à 100, le crâne pourra donc
être considéré comme hypsisténocéphale. L’immense majorité des crânes de Papouas mâles adultes sont
dans ce cas, et celui qui nous sert de type et à la description duquel nous revenons, après cette digression
nécessaire, en est un exemple frappant.
Au-dessus d’arcs surciliers, assez bien indiqués, quoique peu saillants, son frontal monte, d’abord en
suivant un plan un peu oblique qui s’arrête au niveau de la bosse médiane placée relativement bas, puis
en décrivant une courbe à peu près régulière jusqu’au bregma situé à 0", 135 au-dessus du bord antérieur
du trou occipital. Peu allongé (courbe front, tôt. 0m,120), cet os est en même temps fort étroit (d. fr. min.
0“,090 ; d. fr. max. 0m,107), et le développement en hauteur que nous venons de signaler est loin d’établir
une compensation à 1 ampliation médiocre de la loge frontale dans les deux autres sens. Les bosses sont
faiblement accusées ; la bosse médiane, un pëu plus visible que les latérales, s’étale en une légère voussure
qui se suit jusqu’à la sagittale; les lignes temporales sont assez bien indiquées et la portion de frontal
située en arrière d elles est très-peu saillante. Ces derniers traits se poursuivent sur les pariétaux dont
l’élévation et l’aplatissement latéral, qui sont fort remarquables (d. tr. max. 0m,127), frappent d’autant plus
1 oeil de 1 observateur qu ils s’accompagnent d’un allongement dans le sens antéro-postérieur (courbe par.
0 ,134) qui dépasse ce que nous avons vu chez les Nègres décrits dans les précédents chapitres. Le profil
ni1™5' ? KyK\ ° ^ ï Bl Bl 0 t M Inhabilants ° f cerlain oroups of Islande in DXJU.V, etc., p. b, îoob, m-4°). Vu Western Pacific (.Nat■u urk. Verhandel’,
(2) Bertillon, op. cit., p. 268-269.
(3) Voyez plus haut, p. 183.
sagittale continue la courbe frontale, en s’infléchissant à peine dans son tiers postérieur. D’ailleurs l’on ne
trouve non plus à signaler au delà des bosses, assez bien détachées et placées sur l’insertion des temporaux
à égale distance des bords antérieur, supérieur et postérieur, rien de brusque dans la convergence postérieure
des courbes latérales.
L’écaille occipitale prolonge, sans aucun ressaut, les profils des pariétaux ; sa portion cérébrale est
manifestement renflée, et l’extrémité postérieure du grand diamètre crânien (d. a. p. 0”, 180) y tombe
à 0m,020 seulement au-dessous de l’angle du lambda. La portion cérébelleuse, un peu moins globuleuse,
est néanmoins encore voussée d’une manière notable, et la région, prise en masse, se développe assez
vers le bas, pour que les condyles viennent occuper à peu près le même plan horizontal que les apophyses
mastoïdes. Les lignes courbes supérieures n’ont qu’un trajet fort court, mais elles se montrent
remarquablement épaisses, et la protubérance externe s’en détache à peine. Les autres insertions musculaires
sont bien accusées, comme d’ailleurs toutes celles de la.base. Les sutures sont peu compliquées,
et n’offrent d’anomalies que la présence de trois wormiens, dont un assez volumineux (0m,011 sur 0,022)
dans les lambdoïdes. Les temporaux et les sphénoïdes ne présentent de remarquable que leur aplatissement
qui semble vouloir enchérir encore sur celui des pariétaux (d. bitemp. 0m,118, d. biauricul.
0m, 109, d. bimast. 0m,098).
Cette étroitesse générale, combinée avec l’allongement dont nous avons tout à l’heure donné la mesure,
assigne au crâne de Doréi une dolichocéphalie des plus accentuées; son indice céphalique égale 71,55.
Voici donc enfin un exemple de cette dolichocéphalie véritable, qui a si longtemps passé pour une des
meilleures caractéristiques des races nègres et qui pourtant avait fait presque constamment défaut dans
les chapitres qui précèdent (1).
L’indice de hauteur-longueur est de 74,44, et le rapport centésimal de la hauteur à la largeur monte
à 105,51, offrant, comme on le voit, un bon exemple de ce renversement des proportions dont nous faisions
tout à l’heure la caractéristique numérique de l’hypsisténocéphalie.
Il nous reste à décrire la face de notre Papoua. Cette face n’offre rien de bien remarquable dans ses
proportions générales. Elle est cependant un peu plus haute (0m,093), et un peu plus étroite (d. bizyg.
0m,123) que ne l’étaient en moyenne celles des races précédemment étudiées. La réduction en largeur
n’est cependant pas proportionnelle à celle que nous avons constatée sur le crâne dans les dimensions
correspondantes, et d’ailleurs le peu d'amplitude du front, l’aplatissement et l’enfoncement des fosses
temporales, etc., donnent aux arcs zygomatiques certain aspect de développement transverse, qui ne
va pas cependant jusqu’à suggérer l’idée d’une disharmonie (2).
Le lozange facial est assez bien accusé ; les apophyses orbitaires sont relativement volumineuses, divergentes,
leur écartement externe mesure 0m,102; les orbites ont une forme carrée un peu allongée
(haut. 0m,034, larg. 0m,040, ind. orb. 85,00), et sont à peine inclinés l’un par rapport à l’autre. Les
os malaires, déprimés vers leur angle frontal, présentent, de profil, une inclinaison modérée en dehors
et en bas, tandis que dans la norme verticale on voit les pommettes assez pleines, dirigées directement
en dehors, et s’infléchissant brusquement pour se porter en arrière. La racine du nez est médiocre, les
os propres, de surface moyenne, offrent un profil légèrement concave, relevé du bout, et la voûte qu’ils
forment avec les maxillaires supérieurs au-dessus de l’ouverture piriforme se redresse sensiblement en
son milieu, par une légère torsion des branches montantes de ces derniers. La hauteur du nez étant de
0m,05f et sa largeur de 0m,027, l’indice égale 52,94. Le bord antérieur du plancher des fosses nasales est
tout à fait mousse, l’épine nasale est petite, et le prognathisme, déplus en plus accusé, du haut en bas
de la face, projette en avant l’arc maxillaire^ au point où le montre notre figure 243. La proclivité al-
(1) Voyez cependant plus haut, p. 230 et 232.
(2) Voyez plus haut, p. 48.