à ceux que l’on vient de lire et qui, s’il faut en juger par les spécimens de crânes Dahomeys moins choisis qui
sont en ce moment sous nos yeux, sont peut-être uu peu exagérés. Triés sans doute au milieu de quelques
centaines d’autres pièces, les crânes de la collection Davis fournissent probablement des maxima. Quoi qu’il
en soit, le parallèle auquel ils prêtent avec les deux groupes de Sénégambie que nous venons de nommer mérite
d’attirer l’attention des anthropologistes et pourra jeter quelque lumière sur Tethnogénie Guinéenne (1).
Crânes de Yoroübas. — Le Yorouba au nord-est du Dahomey est déjà l’un des sept bâtards Haoussas (2).
Mais l’influence de la race de ce nom y est à peu près nulle. Aussi voyons-nous les têtes des habitants conserver
le type nègre. M. J.-B. Davis a fait connaître quelques mesures prises sur cinq crânes des Yoroübas,
trouvés par M. Burton dans un terrain sacré près du palais du roi de Bénin (3). Ces crânes incomplètement
étudiés, et dont le sexe ne paraît pas avoir été déterminé d’une manière définitive, se montrent fort voisins
de ceux des Dahomans, dont nous avons plus haut emprunté au Thésaurus les principales mesures.
Crânes de Yéboüs, Éboes ou Ibos. —- Le même ouvrage renferme les premières données anatomiques
publiées sur les Yébous, Éboes, Egbos ou Ibos, qui habitent le Delta du Niger à l’est des Popos et des
Yoroübas. Des notions précises sur l’ethnologie de ces Nègres avaient été rassemblées par d’Avezac (4) qui
les avait consignées dans un volumineux, mémoire édité en 1845 par la Société ethnologique de Paris.
M. J.-B. Davis a publié des renseignements numériques sur quatre hommes et quatre femmes Yébous
dont il possède les crânes. La capacité moyenne est pour les uns de 1440cc, pour les autres de 1335°° les
circonférences horizontales mesurent dans la première série 0“,510, dans la seconde 0m,498. Les diamètres
sont de 0m,186 et 0m,135; 0m, 177 et 0m, 129 ; les indices horizontaux égalent par conséquent 72,58 et 72,65.
La hauteur, toujours un peu trop grande chez M. Davis, est de 0m,137 pour les hommes, 0“,136 pour les
femmes. Le front atteint des maxima de 0m,116 et de 0m,104, les largeurs de face (bizygom.) s’élèvent
à 0m,134 et 0“,125, enfin la courbe antéro-postérieure se décompose en frontale 0m,129 et 0m,127,
pariétale 0m,135 et 0m,134, occipitale 0m,109 et 0”, 111.
Il existe neuf autres crânes Éboes au musée de Nettley. Nous ne les connaissons que par le catalogue
de Williamson (5) qui nous les donne comme ovales, bien formés, et présentant une certaine atténuation
des caractères nègres, qui demeurent néanmoins bien apparents (6).
Crânes de Calabaris. — Dans un mémoire sur le Calabar, communiqué à la Société ethnologique de
Londres en 1846 (7), le voyageur anglais Daniell avait montré que les Nègres qui habitent entre les rivières
Bonny et del Rey sont de véritables Yébous, quoiqu’ils présentent « certaines déviations », assez marquées
front, max. 116; occ. max. 104; bizygom. 133; courb. front, tôt. 127; par. 126; occ. 108. L’indice céphalique des neuf hommes est
de 71,27, celui des cinq femmes de 73,59; l’indice commun égale 71,85.
(1) Les Barkonkas ou Mokas intercalés par Williamson entre les Papas ou Mahis et les Ibos, ne sont pas suffisamment décrits pour
qu’il soit possible de rien présumer de leurs caractères crâniens.
(2) H. B arth. Trad. cit., 1.1, p. 252-253. — Voy.plus haut p. 346, n° 7. — Le Kororofa, auquel appartiennent les Attans, dont le
musée de Nettley possède des pièces, fait aussi partie des bâtards Haoussas. Il semblerait, à lire les quelques lignes consacrées par
Williamson aux deux crânes d’Attans de la collection Clarke, que le type nègre soit loin de s’y accentuer comme chez les Yoroübas
de M. Davis. En effet le crâne Attan serait large et ovale, il aurait le front vaste, haut et bien arqué, l’espace interorbitaire étendu, le
nez aplati, la face dilatée, la région alvéolaire enfin fortement étalée (Williamson. Op. cit., p. 26).
. (3) J.-B. Davis. Thés. Cran., p. 205.
(4) D’Avezac. Notice sur le pays et le peuple des Yébous en Afrique (Mém. Soc. Ethnolog., t. II, 2° part., 1845).
(5) G. W illiamson. Op. cit., p. 28. — L’auteur fait remarquer que l’une de ces pièces a les arcs sourciliers très proéminents, ce qui
est rare chez les Nègres: qu’un autre est d’une épaisseur considérable; que quatre sur neuf ont des 'wormiens dans les lambdoïdes ;
que deux ont le sphénoïde entièrement séparé du pariétal par un processus temporal ; que sur un dernier enfin la frontale médiane est
demeurée visible, etc.
(6) Deux crânes d’Eboes, un de chaque sexe, provenant d’individus pendus pour meurtre à Liberia, figurent dans la collection
Morton à Philadelphie. La femme a uu angle de 75° et une capacité crânienne de 1412“ . Nous ne connaissons de l’homme que
son angle facial 74°. Morton signale sur ce dernier « la grande obliquité de l’ouverture orbitaire * ■ et la « petitesse inusitée de l’apophyse
mastoïde. » [Cotai, cit., p. 95.)
(7) W . F. Daniell. On theNatives ofOld Callebar, West Coast of Africa [Journ. of Ethnol. Soc. of London, vol. I, p. 210-224, 1848).
pour permettre de les distinguer de leurs voisins. MM. Smith et Turner ont relevé sur une collection
de huit crânes recueillis au Vieux Calabar par M. Robb et déposés au Musée anatomique de l’Université
d’Édimbourg (1) des indications numériques qui rapprochent en effet ces Nègres de ceux dont nous venons
de parler. Les trois hommes avec leur circonférence moyenne de 0m,508, leurs diamètres de 0m,179
et 0“,130 qui donnent pour indice 72,62, leur largeur de face enfin égale à 0“, 132, sont tous proches
voisins des Eboes; les quatre femmes rappellent presque exactement nos Ashanties (d. a.-p. 0",169,
d. tr. 0“,124, ind. céph. 73,35* cir. horiz. 0“,482;jlârg. face 0”,1I8).
La Société d’anthropologie de Paris a reçu de M. Gannal quatre crânes de Calabars provenant des tribus
Fig. 326.—Crâne do Nègre
de Gabinnda [Mus. Hist.
Nat. Coll. Schoelcher,
n® 9).
Fig. 327.. — Crane de N&gre
Adouma (Mus. Hist. Nat.
Coll. Savorgnan et Ballay,
n®2).
Fig. 328. — Crâne de Bakalet
(Mus. Hist. Nat.Coll. Aubry-
Lecomte, n°8).
Fig. 329. — Crâne de Fan
{Mus. Hist. Nat. Coll.
Miry, n° 1).
de Briche, Bricame et Acanchas (2), un peu plus gros et un peu plus raccourcis que ceux du Musée d’Édimbourg.
Ces têtes ont fourni les moyennes de la colonne 6 du tableau XXXIII ci-après. Leur identité avec
celles des Popos, etc., que nous leur juxtaposons, ne paraît pas contestable.
Crânes de Batanga et de M’Bengas.B - Au delà de l’estuaire du Niger, la côte guinéenne se dirige
droit au sud et prend le nom de Biafra. C’est la première section de la Guinée Inférieure; les Nègres qui
l’habitent, juxtaposés aux mésaticéphales que nous avons essayé de dégager plus haut de la masse nigri-
tique sous le nom commun de Congos, voient s’altérer leur type général dans le mêmeijsehs que celui des
Popos et des Calabars au contact des Haoussas méridionaux.
Un Batanga, par exemple, de la collection Davis, par son ampleur relative, sa mésaticéphalie (ind.
céph. 77,40), le développement de sa face en travers (d. bizyg. 0“, 137) se rapproche plus des Congos que
, des Nègres proprement dits. Un M’Benga, de Corisco, qui présente, dit M. Davis, «bon nombre de caractères
européens, » a l’indice 75. Mais un autre crâne de mêmë provenance (3), que le Muséum de Paris
doit à M. le sénateur Schoelcher, est, tout à fait nigritique. Long, rétréci (ind. céph. 71,73), sensiblement
plus haut que large, etc., il rappelle volontiers les Kroumans, etc. (4).
(1) J.-A. Smith et Turner. Observations on some Negro Crania from Old Calabar, West Africa [The Joum. of Anat. and Physiol.,
vol. I ll, p. 385-389,1869). ,i
(2) C’est assurément à cettë fraction des Calabars qu’appartient le crâne décrit par M. J.-B. Davis sous le nom d’Aftassa de la rivière
Nun, embouchure du Niger (Thés., p. 207) et qui vient de l’expédition de Baikie. Nous transcrivons ici les mesures de cette pièce:
cap. crân. 1410°°; circ. horizi-515; d. a.-p. 182; tr. max. 134; vertical (max.) 134; front, max. 114; occ. max. 109; bizygom. 142;
courbe front. 129; par. 126; occ. 106. — Il existe à Nettley quatre crânes de Colabars ou Karabas, ainsi que les nomme Williamson,
ils n’ont pas été décrits.
(3) Il est remarquable, comme celui de la collection Davis, par sa mutilation dentaire. On a abattu, en effet; sur l’un comme sur l’autre
l’angle interne des incisives supérieures.
(4) Principales mesures du crâne de M’Benga. Cap. crân. i 500; cire, horiz. 509; d. a.-p. 184; tr. 132; bas.-bregm. 141 ; front, max.,
109 ; min. 97; biorbit. ext. 109; bizygom. 129 ; haut, face 87 ; orbite, larg. 40; haut. 35; nez, larg. 27 ; haut. 49.
QUATREFAéiiâ BT ÜÀIIV. **