RACES HUMAINES ACTUELLES,
nous reproduisons ci-dessus la norma verticalis déjà précédemment figurée (fig. 278), à côté de celle de
l’insulaire de Puynipet. Nous juxtaposons à ces dessins celui d’un Chamorro que Dumoutier a déterré
d’un ancien cimetière à Michia, sur l’île de Guaham et dont on peut voir le profil et la face dans l’atlas du
Voyage au pôle Sud (1). Ce crâne offre avec ceux de Puynipet une grande ressemblance (d.a.-p. 0m,186;
d. tr. 0m.139 ; d. bas.-bregm. 0m,142). Il est seulement de forme plus arrondie, sa face est plus massive,
son nez est un peu moins pincé, et son maxillaire supérieur beaucoup plus projeté en avant.
§ 3. — Comparaisons.
L’indice céphalique moyen des 296 crânes papouas des deux sexes que nous venons de passer en
revue est de 71,03. En ajoutant à ces têtes celles des 106 individus, hommes et femmes, plus ou moins
mélangés dont la description a été introduite dans le chapitre que nous terminons, 1 indice ne monte pas
au-dessus de 71,22. Les Papouas sont donc franchement dolichocéphales, et s’éloignent par conséquent
assez, à ce seul titre, des autres Nègres océaniens précédemment décrits, piour qu’il soit inutile d insister
sur les nombreux caractères moins importants qui les distinguent des Tasmaniens, des Négritos, etc.
Les différences sont moins accentuées, tout en restant cependant assez grandes, quand on compare les
Papouas à leurs voisins méridionaux du continent austral. La dolichocéphalie qui éloigne les Papouas des
Négritos les rapproche au contraire des Australiens, qui prendraient place très-près d eux dans une classification
fondée sur la morphologie crânienne. Ce n’est qu’après avoir abordé dans ses détails, au cours
du prochain chapitre, la crâniologie australienne, qu’il nous sera possible de constituer des comparaisons
utiles entre les deux races.
Nous ajournons également à plus tard l’examen des analogies qui peuvent exister entre les Papouas et
certains Nègres de l’Afrique orientale.. Madagascar, en particulier, posséderait encore aujourd’hui, suivant
quelques voyageurs, à la tête desquels il nous faut placer M. Alf. Grandidier, les débris d une population
qui se distinguerait des autres groupes ethniques empruntés au Mozambique, etc., par des caractères qui
la rapprocheraient des Papouas. M. de Froberville considère même quelques-unes des nations africaines
orientales qu’il a étudiées comme rappelant par leurs caractères « la race nègre de l’Océanie ».
Nous discuterons les opinions de M. de Froberville quand nous aurons étudié, en partie d’ailleurs à 1 aide
des matériaux qu’il a procurés au Muséum, l’ensemble des peuples noirs de l’Est africain que ce voyageur
désigne sous le nom d' Ostro-nègres, et qu’il a subdivisés entrois groupes d’après leurs affinités avec
les races qu’il nomme Guinéenne, Cafre-Béchuana et Océanienne (2).
Chapitre VII. — Races Australiennes.
Nous avons dû nous occuper incidemment, au cours du précédent chapitre, d’une petite tribu fixée sur
les îles du prince de Galles dans le détroit de Torrès, et dont les traits sont donnés par les voyageurs
comme intermédiaires à ceux des Mélanésiens que nous décrivions et des autres Noirs dont nous allons
maintenant parler. Si l’on dépasse vers le sud l’habitat de cette « colonie papouanisée » que l’on nomme
les Kowraregas (3) ; si, d’autre part, des îles Melville et Bathurst, on passe sur la terre voisine, on voit
disparaître presque aussitôt les caractères mélanésiens (4), et l’on se trouve ën présence des populations
de types bien différents que l’on désigne aujourd’hui d’un commun accord sous le nom d’Australiennes.
(d) Dumont d’-Urville. Voy. au pôle Sud et dans l'Océanie... Anlhrop., Atl., pl. 39, fig .l et 2.
(2) Serres. Rapport sur les races nègres de VAfrique orientale du sud de Péquateur observées par M. de Froberville (Compt. rend.
Acad. sc. T. XXX, p. 679, 1850),
(3) M. Jardine, dans un bon travail que nous aurons encore l’occasion de citer, signale chez les Goum koodings et les Goudangs de
la cote occidentale du cap York des traces manifestes de mélange avec les Kowraregas. (Jardiné. Description of lhe Neighbourhood
of Somerset. Cap York. Australia (Joum. of the Roy. Geog. Soc. of London, vol. XXXVI, p. 83, 1866).
(4) On devra aussi tenir compte de l’exception relative aux Indonésiens signalés par Earl à la t’erre d’Arnhem, et sur lesquels nous
reviendrons plus loin.
§ 1. — H i s to r iq u e .
Les premiers renseignements, bien vagues d’ailleiirs, que l’on possède sur les habitants du continent
Austral, ont été fournis par Torrès (1), dans le rapport sur ses découvertes, adressé de Manille au roi
d’Espagne le 12 juillet 1607. Mais il faut descendre jusqu’à Dampier pour lire une description quelque
peu précise des caractères physiques des indigènes de ce continent (2), jusqu’à Parkinson pour en rencontrer
un portrait quelque peu ressemblant (3) et jusqu’à Blumenbach pour trouver des renseignements exacts
sur leur conformation céphalique (4). Les deux crânes, dont le célèbre anatomiste de Goettingue analysait
avec justesse à la fin du dernier siècle les traits les plus importants, lui avaient été envoyés par Joseph
Banks (5). Ils venaient de l’une ou l’autre des tribus établies vers Botany-Bay, sur cette côte orientale que
Look venait de faire connaître, et où allait bientôt se fonder la colonie anglaise-appelée à jouer plus tard
dans le monde oriental un rôle si important.
Ce premier voyage de Cook a été le point de départ des études de tout genre auxquelles donne lieu
depuis un siècle le continent australien (6). Les livres et les mémoires consacrés à ce pays forment aujourd
’hui toute une bibliothèque spéciale, et nous sommes obligé de renoncer à faire l’énumération complète
des seuls ouvrages même où l’anthropologie descriptive tient une certaine place. Nous nous bornerons à
mentionner les noms de Phillip, Collins, Grant et Tuckey (7); de Péron; de Flinders (8); de Lesson et
Garnot (9); dé Oxley (10); de Field (11); de King (12); de Dumont d’Urville et de ses collaborateurs;
de Cunningham (13) ; de Scott Nind (14), Dawson (15), Sturt (16), Irwin, Wedge (17), MitË
| Une traduction anglaise de ce rapport, due à Alexander Dalrymple, a été insérée par Burney dans son Essai chronologique,
(op. cit., vol. II, p. 467. London, 1806, in-4°), et réimprimée par M. Major dans ses Early Voyages to. Terra Australis (p. 31-42.
London, 1859, in-8°). Le texte espagnol vient seulement d’en être publiée par M. J. Zaragoza (Descubnmientos de los Espanoles en
el Mar del Sur y en las costas de la Nueva Guinea (Boletin de~la Soc. Geograf. de Madrid. T. IY, p. 12-27,1878).— Cf. E. T. Hamy. Commentaires
sur quelques cartes anciennes de la Nouvelle-Guinée pour servir à l’histoire de la découverte de ce pays par les navigateurs espagnols.
(Bull. Soc. Géogr., 6e sér., t. XIV, 1877).
(21 Dampier. Trad, cit., t. IV, p. 133.
(3) Parkinson. A Journal of a Voyage to the South Seas in H. M. S. the Endeavour. London, 1773, in-4°, pl. XXVII.
(4) J.-F. Blumenbach. Op.cit. Dec. Ill, tab.XXVII, p, 13. Dec. IV, tab. XL, p. 15. Gottingæ, 1795 et 1800,in-4°.
(5) C’est aussi de Banks que Brugmans reçut le crâne de môme provenance dont Sandifort a dit quelques mots dans son Museum.
v(6) J. Cook. Coll, cit., t. I ll et IV, pass.
■ (7) Phillip. The voyage of Governor... to Botany Bay. London, 1790, in-4°. — Collins. Account of the Colony of New South Wales.
London, 1802, 2 vol. in-8°. — Grant. Narrative of Voyage to New South Wales. London, 1804. — Tuckey. Voyage to Port Phillip.
London, 1805.
(8) Flinders. A Voyage to Terra Australis, etc. London, 1814, 2 vol. in-4°et atl.
(9) Lesson. Considérations générales sur les îles du grand Océan et sur les variétés de l’espèce humaine qui les habitent ( Voy. de la Coquille,
Zool., t. I, p. 106). —Lesson et Garnot. Mémoires sur les Tasmaniens, sur les Alfourous et sur les Australiens (Ann. Sc. Nat.,
t. X, p. 149).
(10) Oxley. Journal of two Expeditions into the Interior of New South Wales. London, 1820, in-4°.
(11) Barron Field. On the Aborigines of New Holland and van Diemens’ Land(Geographical Memoirs on New South Wales. London,
1825, in-8°). •
(12) King. Narrative of a Survey into the Intertropical and Western Coasts of Australia, performed behoeen the years 1818 and 1822.
London, 1827, 2 vol. in-8-.
(13) Cunningham. Two years in New South Wales. London, 1827, 2 vol. in-8°.
(14) Scott Nind. Description of the Natives of King George's Sound (Swan Rivet' Colony) and adjoining Country (The Journ. of the Roy.
Geogr. Soc., vol. 1, p. 21, 1830)/^.
(15) Dawson. The present State of Australia and of its Aborigines. London, 1831, in-8°.
(16) Ch. Sturt. Two Expeditions into the Interior of Southern Australia during the years 1828, 1829, 1830 and 1831. Loudon, 1833,
2 vol. in-8°. — Id. Narrative of an expedition into the Central Australia. London, 1849, 2 vol. in-8°.
(17) Irwin. State and Position of Western Australia. London, 1835, in-80.—Wedge. On the Country around Port Phillip. South Australia
(The Journ. of the Roy. Geogr. Soc., vol. VI, p. 419, 1836).
Quatrefages et Hamy.