mier point où il apparaisse avec des caractères permettant facilement de le reconnaître, est situé dans cette
même vallée de la Meuse dont dépend la station de l’âge du renne du Trou du Frontal. M. Liénart a exhumé
cette année d’un puits, funéraire néolithique à Cumières près Verdun sept crânes humains (1), dont
plusieurs offrent de grandes analogies avec celui de Furfooz. Nous avons étudié et mesuré avec spin toutes
Fig. 141. — Crâne de Boulogne-sur- Fig. 142. — Crâne de Presie, n° G. Fig. 143.— Crâne d’Orrouy, n° 3. Fig. 144. — Crâne de Presle, n°JL
mer, n° 1. (Mus. Hist. Nat.) (Mus. Hist. Nat.) (Mus. Soc.d’Ânthrop. de Paris.) (Mus. Hist. Nat.)
Norma verhcalis comparée des crânes de Furfooz, de Presle, de Meudon, d’Orrouy et de Boulogne-sur-mer. (*/* 9r‘ nat.)
ces pièces sur lesquelles nous aurons plus tard à revenir. Nous retrouvons le même type crânien dans certaines
allées couvertes des environs de Paris, à Meudon, par exemple, à Vauréal et à Presle (Seine-et-Oise).
Une dizaine de crânes de ces trois sépultures possèdent la conformation spéciale que nous avons décrite).
On peut voir ci-dessus la norma verticalis de trois de ces, crânes (fig. 138, 142 et 144). Nous aurions voulu
donner leur profil en les superposant, mais les courbes antéro-postérieures se suivent de trop près, et à
l’échelle adoptée par nos figures, elles n’auraient pas été suffisamment distinctes.
Nous avons dessiné, à côté des crânes de Presle et de Meudon, trois crânes de la grotte funéraire
d’Orrouy, qui pour nous rentrent dans le même groupe. Ces pièces, étudiées isolément en 1864 par
M. Broca et M. Thurnam, qui n’ont point cherché alors à leur assigner une place dans un groupe
ethnique quelconque (2), ont en commun avec celles dont nous venons de parler et quelques autres
encore de la même station, l’effacement des arcades sourcilières, le front bas, étroit et fuyant., les bosses
pariétales rejetées en arrière, la courbe brusque du tiers postérieur des pariétaux, l’occiput verticalement
aplati, enfin la dépression sus-mastoïdienne sur laquelle M. Broca a beaucoup insisté dans la note sus-
(1) Ces crânes sont actuellement au Musée de Verdun. Ils ont été présentés au Congrès des Sociétés savantes â la Sorbonne en avril
dernier 1874 et M. Ménard vient d’en donner une petite description illustrée (L’homme de Cumières'pendant l’époque néolithique, br.
in-8. Verdun, 1874, p. 24, et pl. m et iv).
(2) P. Broca. Sur les crânes d’Orrouy. (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, t. V, p. 718-722, 1864.) — Cf. Ibid., t. V, p. 59 et Thurnam. Op.
cil., p. 486 et suiv.
RACES HUMAINES FOSSILES DE FURFOOZ, DE LA TRUCHÈRE, ETC.
mentionnée. On remarquera que la norma verticalis de toutes ces pièces (fig. 139,140,143) offre des formes
constantes très-caractéristiques et met en évidence tout à la fois le faible développement du front
qui, comme l’observaient les auteurs que nous avons cités, est celui des dolichocéphales, l’amplitude des
pariétaux, qui est considérable et augmente un peu le chiffre de l’indice (1) céphalique, enfin l’aplatissement
de l'occipital, qui disparaît presque quand le crâne est horizontal. .
Tous ces caractères se retrouvent sur une tête de la station néolithique des Hautes-Bornes, découverte
par M. Roujou. Ils se montrent enfin, aussiaccusés que possible, sur un crâne exhumé des argiles bleues
du bassin de Boulogne-sur-mer, où il gisait à 14 mètres de profondeur avec un poignard de bronze appartenant
incontestablement à l’âge de ce nom. Nous avons fait figurer (fig’.' 145) cette dernière pièce malheureusement
incomplète. Le lecteur ne peut
pas manquer d’être frappé de la ressemblance
étroite que ce crâne de Boulogne présente avec
le n° 2 de Furfooz, dont il répète jusqu’aux
moindres détails. Les autres têtes ne diffèrent
du crâne fossile belge que par le volume, dont
l’augmentation, parfois considérable, a pour
résultat de dilater en travers les pariétaux et
de faire monter l’indice céphalique, qui peut
devenir franchement brachycéphale, sans que
les formes ethniques du crâne soient autrement
modifiées. Nos séries sont évidemment
trop insuffisantes pour qu’il nous soit possible,
en nous appuyant sur leur examen, de nous
élever à des considérations d’un ordre plus général.
Mais si des observations plus nombreux
ses et semblables à celles que l’on vient de relever venaient s’ajouter aux nôtres, il serait permis de voir
dans ce développement des lobes cérébraux un résultat de la culture de la race, résultat comparable à
celui que M. Nicolucci tirait de la comparaison des pièces d’Isola del Liri et de Cantalupo (2), ou mieux
encore à ceux que les comparaisons instituées par M. Broca ont permis de saisir dans notre population
parisienne, depuis le moyen âge (3).
Nos observations personnelles sur la permanence du second type de Furfooz se bornent au court exposé
quedfon vient de lire, et nous nous serions crus autorisés à limiter aux régions circonscrites que nous
venons de parcourir, la race bien caractérisée que nous étudions ici, si quelques faits recueillis à
^étranger n’étaient venus indiquer sa présence dans le midi de l’Europe pendant les temps préhistoriques
et montrer du même coup combien soiit encore insuffisants les documents que nous pouvons mettre en
oeuvre sur la distribution géologique des races humaines primitives.
Nous avions dû passer sans transition à Baillargues et à Lombrives, pour suivre 1 extension du premier
type fossile dela Lesse, le second ne fournit en ce'moment aucun témoin de sa présence entre le bassin
delà Seine et celui du Var, entre ce dernier et la vallée du Tage. C’estau Camp Longde Saint-Cézaire(Alpes-
(1) Sur seize crânes d’Orrouy dont on peut prendre les diamètres et l’indice céphalique, il y a trois dolichocéphales vrais, avec
un diamètre antéro-postérieur moyen de 184 millimètres, un diamètre transverse de 132 millimètres et un indice moyen de 71,86.
Les treize autres crânes se groupent en une série ascendante continue depuis la mésaticephalie jusqu a .n e yc p a ie vraie,
sans qu’il soit possible d’y faire de coupe rationnelle. Le diamèlrc antéro-postérieur moyen de ces treize tôles a 179 millimètres, leur
diamètre transverse moyen est de 145, et la moyenne des indices céphaliques égale 80,76»
P); Voyez plus hau t, p. 64.
(3) P. Broca. Sur la capacité des crânes parisiens des diverses époques. (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, t. III, p. 0 , .)