quefois fort remarquable ; nous ne pouvons que renvoyer aux publications spéciales et surtout à la note
que M. Boban vient de publier sur les idoles de Lestanzuela, dans le Musée Archéologique ( I).
§ 2. — L a crâniologie depuis la Renaissance jusqu'à nos joixrs.
Cette course un peu rapide à travers les collections d’art que nous a laissées l’antiquité, nous a permis
de constater quelle plus grand nombre des peuples, parvenus à un certain degré de civilisation* ont
possédé la notion de variations physionomiques placées sous une influence ethnique dont ils ne se
rendaient peut-être pas un compte bien exact. Ces variations n’étaient point chez eux l’objet d’une étude
vraiment scientifique, mais les artistes avaient compris leur importance, et s’efforçaient de les reproduire
dans leurs oeuvres. C’est là la première période de la crâniologie ethnique, celle que nous appellerons
la période artistique, quoique ce soient encore des artistes, et de grands artistes, qui inaugurent la période
suivante ou période scientifique proprement dite, dont il nous reste à esquisser l’histoire, depuis le milieu
du XVe siècle jusqu'à nos jours.
Le premier de ces maîtres est Luca délia Robbia, l’un des rénovateurs de la sculpture en Italie, qui
sut rendre du premier coup à cet art presque toute sa valeur ethnographique. Puis viennent Durer, qui,
dans ses études sur les proportions de l’homme, décompose la tête en diverses parties dont il cherche le
balancement harmonique et disharmonique et détermine pour la première fois quelques-unes des
caractéristiques du nègre (2); Bernard Palissy, qui le premier propose, sous une forme humoristique,
d’appliquer à l’étude du crâne les instruments de précision, compas, règle et sauterelle (3); enfin N. de
Nicolay, qui rapporte de ses voyages Ja première collection importante de portraits exécutés d’après,
nature dans des contrées lointaines (4). .
Le xvie siècle fait en outre accomplir de grands progrès à l’anatomie descriptive en général, et à celle
de la tête en particulier. Bérenger de Carpi,' Goiter, Ingrassias, etc., donnent une précision de plus en
plus grande à l’étude des os crâniens et faciaux ; Fallope détruit de fond en comble la théorie des formes
anomales de Galien (5). Vésale (6) reconnaît que le crâne humain est. sujet à des variations de formes
assez étendues : « Les têtes des Génois, dit-il, et plus encore celles des Grecs et des Turcs expriment l’image
d’un globe ; » et plus bas : « Les Germains sont remarquables par leur occiput comprimé et leur tête
élargie;... les Belges ont la tête plus oblongue, etc. » Mais.il attribue exclusivement cette morphologie
à des manoeuvres pratiquées sur le nouveau-né, et au décubitus que les usages locaux lui imposent. Enfin
Spigel se crée à l’aide de quatre lignes idéales un type crânien qu’il qualifie de bien proportionné (caput
proportionatum), et qui lui sert de point de départ pour une classification, la première par ordre de date
en crâniologie (7). Pour que les parties s’harmonisent, dit cet anatomiste, une tête doit présenter quatre
lignes égales. La première, que nous appellerons faciale, part du bas du menton et aboutit au haut du front.
La seconde ou occipitale s’étend du vertex à la première vertèbre cervicale. La troisième ou frontale s’étend
de l’une des tempes à l’autre. La quatrième enfin va des apophyses mastoïdes jusqu’au point le plus
élevé du sinciput. Si ces quatre lignes sont égales entre elles, la tête est bien proportionnée, ronde et
(1) Boban. Antiquités mexicaines (Musée Archéologique, publié par M. Am. de Caix de Saint-Amour. T. I, p. 45-51, 1875).
(2) Les quatre livres d’Albert DUREE, Peindre et Geometrien très excellent, De la proportion des parties et pourlraict des corps humains,
trad. fr. de L. Meigret. Paris, 1557, in-f°. (L’édition originale est de 1525.)
(3) , B ernard P alissy. OEuvres complètes. Bd Cap. Paris, 1844, in-12,.p. 99. Le mémoire original a été publié en 1563.
(4) Les quatre premiers livres des navigations et pérégrinations Orientales de N. DE NICOLAY, Dauphinois, seigneur d'Arfeuille,... avec
les figures au naturel, tant d’hommes que de femmes, selon la diversité des nations. Lyon, 1568, in-f°, avec pl. — La Bibliothèque du
Muséum de Paris possède un exemplaire mis en couleur de ce rare et curieux ouvrage.
(5) Gr. F allopii Explanatioin lib. Galeni de ossibus c. xm. Venetiis, 1570, in-4°, p. 24 etsqq.
(6) And. Vesalii De corporis humani fabrica, lib. I, cap. 3.
(7) Spigel. De humani corporis fabrica, lib. I, cap. vm. Venetiis, 1627, in-f°, p. 17.
HISTOIRE DE LA CRANIOLOGIE ETHNIQUE,
n&tùrelle : s’il s'établit une inégalité et que, par exemple v la; ligne faciale. s’allonge, la tête sera dite
longue; si cette ligne .se raccourcit, elle sera dite courte; si la frontale devient pins longue relativement la
tête sera large; si'c ’éét l’occipitale,, on aura la tête aaminée. Il cite les Moscovites comme exemple de
têtes larges* les Macfocéphales.d'Hippocrate-comme type de têtes longues ; la tête Germaine est courte,
la Génoise et la Belge sont acuminées#). La cause de ces variations morphologiques n est.point autre
d'ailleurs pour Spigel que celle que Vésale leur avait assignée. L'aplatissement artificiel de la face chez
l'enfant donne naissance'à.là tête, large Moscovite, au même titre que les bandelettes serrées autour de la
tête allongent le crâne des Macrocéphales, et développent la tête du Belge et du Génois.-C’est ce que
Spigel appelle-l’influence régionale;, il croit devoir ajouter quelques motséur lünfluenceMe Valimenlatan,
<le ralione vie'tWi sans toutefois appuyer sur le rôle qu’il ^ attribue en passant;
Les idées de Spigel ^paraissent pas avoir trouvé d'écho, sa tentative demeure isolée; Les-premières
luttes du polygénisme et du monogénisme se livrent sur un terrain complètement étranger à l'anatomie
ethnique (3|p-et les; premiers essais de classifioqtion se produisent sans tenir compte de la morphologie
céphalique (ât). Ce n’est que bien plus tard, sous l’influence de Camper et de Blumenbach que se constitueront
de véritables écoles anthropologiques dont les- derniers représentants vivent encore auprès de
nous. Nous n’avons à- signaler, jusqu’à l’époque de çes deux maîtres, que des tentatives isolées et des
observations de détail.
L'èrddes grands voyages scientifiques n’a pas encore commencé, quoique les renseignements sur
certaines' racés exotiques prennent, plus de netteté sous la plume des Quiros,des Dampier, des Frezier,
dés* Lafitan, des Bosman, etc., etc. Riolan fils dissèque, pour la première fois, « un more » et constate
(I) So-u-igeu, dans ses Commmtmes sur Théophraste, liv. V, parle déjà de ce caractère des Génois « qui naissent tous
et une tancé la Thersite, . parce qu'ils ont aplati à la mode des Maures « leurs aïeux, . la tête de leurs entants pendant quils
^ p u r e s t su r les'progrès récents de la géographie que s’appuie Paracelse (PM m fU * sagacis lib. I, cap. 11), pour affirmer la H
trine polygéniste aussi bien que la descendance simienne de l'homme et de l'Etbiopien eu particulier, qui intervient alors pour la
première lois dans- la science (T. Bukovsuu. The hislorg of aathropolog, W m . read hefore the Anthrop Soc of
355, 18631). La discussion s’est continuée sur le même terrain avec Haie (M. M R M j j M B B i i l M i
I W W l according ta the light Of nature. London, 1677, in-P), et l’anonyme d'Oxford [Tu,, Essaye sent » a Me | H B | mHÊÊÊÊm L. P.M. A. London,1695, in-Sq.La grande querelle de LiPeyrère «d o s e s adversaires sur les Preadatmdes
est exclusivement thêelogique (îranuto.«* sise Ere,eitatio super versibus 12,13, Ucap. oE p sl.S . Paul,ad B ».anos Sgsema t a ! -
gienm « IB18BW11M 1655. in-4°. - Gt. Humes. Mo» eus B B somnii que S. Script»roe pradest» Ü M M I ünponéré canote est quidam Anonymes ante Adamum pmmum hommes fause m
muhdà. Lugd.-Batav., 1656, iu-12. - Pvnuus. Sesponsio eoeetastiea a i iraetatum, tncerfo «»clore, nuper edUum cm Ululas Ptaudamta.
Lugd.-Batav., 1656, iu-lS— Famicius. Dissertai» crilic» de hominibus 0rhis nosiri incolis, speoro ci oriu oerio .nier se non i,fereaUtm.
Ed. Bendyshe, tac. pii., p. 37- 420, etc. ,, puisse leur' donner le nom de classifications, reposent
(3) Les classifications anciennes des races humaines, si tant est que J on puisse leur uuuuei ƒ
toutes sur la notion de coloration de la peau. Les Chinois, à une époque fort ancienne, admettaient déjà 1 existence d hommes de cinq
couleurs.,, Les Chinois, dit le P. Amyot, croient et ont toujours cm que, dans l’espèce humaine, il y a des individus g m i B i
ut c’est la différence qu’ils mettent entre les hommes de ces couleurs différentes, qu’ils-appellent les cinq figures (Oa-ta9 eu Smg).
Ces cinq figures sont la figure violette pile, Tsing, la figure tirant sur le jaune, noam, la figure couleur de chmr blc la figu. a blanche,
H j la figure noire, Hé. (I.s P. Auiot. Vantiquité des Chinois prouvée par les monuments [Mémoires concernant ! pierre, tas sciences,
les arts, les moeurs, les usages, etc., des Chimie, par les missionnaires de Pékin, 1.11, p. 175. Paris, 1875, rn-4 ]). Cettçctesiiiçation,
qui laisse de côté un grand nombre de types ethniques, est, comme celle des Livres Saints, essentiellement locale. Lep Chinois anciens
n’ont eu effet distingué nettement les unes des autres que les populations de . l’Asie Orientale, et celles de 1 Indo-Chme eu particulier,
dont les annales de l’Empire du milieu montrent les relations fréquentes dès la plus haute antiquité avec la .Chine, malgré
son isolement. La distinction des trois groupes des Noachides est. certainement fondée bien plus sur la notion de couleur que sur toute
autre. 0n retrouve cette notion dans le Targum de' Palestine, oeuvre rabbiniquel du.1« siècle avant notre ère (Bmarsm, op. et.,
n. 345)-dans le De Unioerso , t Immense de G. Bruno (Ie.„ p;.-355), etc>Bemier„dontM. Bendyshe.en Angleterre, M. de Lens en
France (Bbudyshs, op. cil., p. 357 et 360-364. L. * Le»s, Documents inédite oupc» connus sur François Drnner, W. m-S-, Angers
1878, p. 44-49), ont remis en lumière In'classification dans ces derniers temps, s’est soustrait le premier à ces influences et a donné
•une certaine importance aux caractères de la physionomie sans tenir compte toutefois de la morphologie cépha ique t e que pige
l ’avait comprise.