correspondante des hommes fossiles de la Vézère. Fort peu de voussure médiane, des bosses beaucoup
moins distinctes, et par conséquent l'aspect pentagonal moins décidé, toutes les courbes adoucies, un occipital
à la fois plus large et moins aplati dans la moitié inférieure de son écaille, une base moins vigoureusement
sculptée, sont les seules particularités que nous ayons à mentionner en parlant du crâne.
Toutes les sutures en sont encore ouvertes, sauf les coronales inférieures. Nous retrouvons l’application de
la loi sur les anomalies d’ossification posée par l’un de nous, en examinant la suture lambdoïde où l’on
ne compte pas moins d’une douzaine de petits os wormiens.
Quant à la face, dont il ne reste qu’un peu moins de la moitié et dont le profil ci joint donne un contour
mutilé, elle est surtout remarquable par une moindre projection alvéolaire. Dans la norma veriicalis
(fig. 75), le maxillaire fait une fois
moins de saillie que celui de l’homme
âgé de Cro-Magnon. Les deux angles
faciaux supérieur et moyen
sont d’ailleurs séparés, dans les deux
observations, par un même intervalle
de 8°, le supérieur est de 80° et le
moyen en mesure 72°. Cette face est
large par rapport au crâne, et l'ensemble
de la tête ne mérite guère
moins que ceux dont il vient d’être
parlé, l’épithète de disharmordque.
L’indice orbitaire est bas (73, 80),
pindice nasal intermédiaire à ceux
de Cro-Magnon et de Solutré.
Dans ce sujet, comme dans plusieurs
de ceux qui viennent de défiler
sous les yeux du lecteur, la mâchoire
inférieure est bien plus éloignée de
celle de notre pièce type que la mâchoire
supérieure. Elle a du Péri-
gourdin fossile l’usure spéciale des dents, l’arrondissement de l’angle mandibulaire, et quelques autres
traits moins apparents; mais sa minceur relative, la gracilité, l’étroitesse, surtout l’inclinaison de sa branche
montante sur l’horizontale, l’auraient sans doute fait classer d’autant plus volontiers ailleurs, si on l’eût
trouvée seule, qu’elle manque de symphyse et qu’on ne peut par conséquent se faire aucune idée ni de son
profil mentonnier ni du degré de divergence de ses branches horizontales. Tout ceci montre bien que les
caractéristiques véritablement importantes sont peu nombreuses pour la mâchoire inférieure, et que les
diagnostics différentiels basés sur l’examen de pièces aussi mutilées que celle-ci sont nécessairement risqués.
Rappelons en terminant que l’un de nous a depuis longtemps, à propos d’une mandibule deverihe
célèbre et dont il sera question plus loin, témoigné une certaine défiance pour ce genre de déterminations
(1).
C râne d’Engis, n° 2 (fig. 63 et 76). — On sait déjà, par quelques lignes d’un précédent paragraphe,
que le crâne devenu célèbre sous le nom de crâne d’Engis, prend place, par ses proportions et ses
formes, entre les deux crânes dolichocéphales de la série de Solutré. Ce résultat, tout récemment
‘ (1) A . de Quatrefages. Note sur la mâchoire inférieure découverte par M. Boucher de Per thés dans le diluvium d'Abbeville. (Gompt.
rend. Acad. Sc., t. LYI, p. 784. -1863.)
acquis, est venu confirmer ceux que l’étude attentive de cette fameuse pièce avait déjà donnés en 1870.
Avant d'entrer dans le détail de ces comparaisons, analysons brièvement les opinions émises depuis
Schmerling sur le principal fossile humain de sa remarquable collection.
Nous ne reviendrons pas sur les impressions personnelles du célèbre paléontologiste (1), qui sont résumées
en tête de ce chapitre (2). Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire,; le premier qui ait fait connaître en France
la découverte d’Engis (3), a montré plus de réserve que Schmerling dans ses appréciations. A l’époque, éloignée
déjà, où il visitait Liège, il était autorisé à écrire que « à l’égard des formes spéciales des ossements
d’Engis il y a peu d’inductions certaines à produire »
que « de beaucoup plus grandes différences existent
; il était d’ailleurs bien plus scientifique d’observer
entre les divers échantillons de variétés bien carac-
;c: f.
Fig. 76. — Norma veriicalis du crâne d’Engis, (E) comparée à la
irma verticalis moyenne (G) des trois crânes de la figure précédente.
térisées, qu entre le crâne fossile de Liège et celui d’une de ces variétés choisie pour terme de comparaison
» que d'émettre, vingt-sept ans plus tard,, l’opinion qu’il occupe le milieu entre l’Australien
et l'Esquimau » . De cette dernière opinion publiée par M. Ch. Vogt (4) à la théorie esquimoïde de
M. Prüner-Bey il n’y a qu’un pas; M. Huxley s’est bien gardé de le franchir.
Après avoir fait preuve, en établissant les affinités du Néanderthal avec un des types australiens, d’un
excellent sens anatomique, le savant professeur anglais a su se défendre à propos du crâne d’Engis d’exagérations
regrettables. Au lieu de pousser bien loin les comparaisons et les ressemblances, il est même
revenu d’un premier diagnostic, un peu risqué malgré les précautions oratoires dont il était enveloppé.
(1) Schmerling. Recherchessur les ossements fossiles découverts dans les cavernes de la province de Lièqe.Lièse 1833 in-4° t I n 60
(2) Voyez p. 44. • = - ’
(3) Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. Lettre sur les ossements humains provenant des cavernes de Lièqe. CCompt. rend. Acad Sc
VTI. p, 13. 1838.) r •: ' • •'
(4) G. V ogt. Leçons sur l’homme. Ed. cil., p. 390.