p
Une partie du temporal est conservée sur cette pièce. Son apophyse mastoïde, cassée à son extrémité,
nous paraît n’avoir pas été longue et son orifice auditif externe est haut et étroit.
Nous terminons en appelant une fois encore l’attention sur la texture grossière et 1 énorme épaisseur
des os crâniens dans la race fossile qui nous a si longtemps arrêtés. Sur le crâne de Clichy cette rudesse
du tissu osseux est telle, que, malgré toutes les indications qu’on vient de lire, des doutes se sont élevés
sur le sexe de l’individu exhumé par M. Eug. Bertrand (1). Quant à l’épaisseur, nous avons déjà dit qu elle
était de 0m, 015 au niveau du pressoir d’Hérophile. Vers les bosses frontales et entre les bosses pariétales
et la suture sagittale, nous avons trouvé en plusieurs points le chiffre élevé de 0m, OH, qu atteignent
également, on l’a vu plus haut, les crânes de l’Olmo et d’Eguisheim.
Tableau I
MESURES DES CRANES
MASCULINS FÉMININS
g s ■ PPi 1g3 1 f ip §<4
STÆNGENÆS
M. miéson.
l’olmo
M. Cocchi j
CLICHY
nobis
I Antéro-postérieur maximum il 200 s I 200' 196 204 204 ?
co I iniaque » » » 196 1 U m » 188 »
“ J Transverse maximum » » » 144 » 147 147 145 138?
§ J Frontal minimum 1 eSI I 92 92 1Ó6’ 90 » 110 .J i ■
a I Frontal maximum 120? 122? 121 122 w m » » 126 »
\ Biorbitaire externe » 1.05 : 108 122 103 ■ 114 , 117 » >*
Distance interorbitaire 28 » 29 30 22 21 1 *
/ g ƒ . / cérébrale 115 110 101 90 » a » » »
l i t Frontale < sous-cérébrale 22 25 32 43 , « » » » » '
g \ J ( totale 137 135 133 133 , 124 » » 129 »
g { g, 1 Pariétale mm 124 122 119 , » f .î c ? » 8 134?
1 » » 1 m » » » » »
1 s ^ Occipitale j céréWleas(i » 1 » » » » » 1 ■ap-'
l Horizontale totale » » » v.5?0 . » 550 556 »
Epaisseur maxima 10 11 9 ■' 0,5 ” l ii
Indice céphalique ■ 1 KI 1 07,0,.
2° De la face.
Les seuls caractères faciaux qui aient pu être déterminés sur les têtes dont la description précède, sont',
on Fa vu, ceux qui appartiennent aux voûtes orbitaires et à la racine du nez. M. Cocchi, en effet, n’a
presque rien pu dire du fragment d’os malaire qui accompagnait le crâne de l’Olmo, totalement soudé,
dit l’auteur, avec l’apophyse maxillaire, solide, vigoureux et semblant correspondre par sa forme à une
face quelque peu projetée en avant et en haut (2). Quant aux os maxillaires incrustés dans le bloc du
musée du Puy étudié par M. Sauvage, nous avons déjà dit qu’ils sont trop sérieusement contestés pour
pouvoir servir à reconstituer la face de l’homme fossile dont nous terminons la trop incomplète description
(3).
Tête du Loess de Mæstricht. — Nous avions un moment espéré que la découverte faite à Maëstricht 1 2 3
(1) Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, 2e série, t. HI, p. 331-409. 1868.
(2) I. Cocchi. Op. cit., p. 70.
(3) Voir plus haut, p. 16, n. 1.
par M. Van Binckhorst van den Binkhorst allait permettre de oombler une si regrettable lacune. Spring,
en effet, dans son Mémoire sur les races humaines préhistoriques de la Belgique (1) avait parlé de la trouvaille
de ce'naturaliste dans le.Mm de la Meuse, au mois de novembre 1860, en des termes qui nous
avaient inspiré un. vif désir d’avoir cette tête entière en communication. Suivant Spring, la tête de-
Maëstricht avait les arcades surcilières , très-foitel, rapprochées de la ligne médiane, et. le front bas et
étroit; la suture coronale sty trouvait de; plusieurs pentimètrés plus em arrière que de coutume, la face
en était bien-sdéveloppée/iles orbites grands, ovales, qbliques, etc., etc. (â). Malheureusement, M. Van
Binokhorst a bien véùlu nous dire, ali.congrès de Bruxelles; que cette tête, qui pouvait être intéressante
au point de vue anatomique, ne présentait oojnme pièce quaternaire aucune authenticité. Elle lui avait
été vendue; et il a toute raison de croire qu’il a été trompé sur le gisement.
Crame de Forbes’Qüabry (Gibraltar), (.fig. 18 19).;^- La description tout à fait/insuffisante de Spring
laissait le champ libre à bien des Hypothèses. A la supposer Authentique cette face bien développée dont
parlait l’anatomiste belge, présentait-elle seulement ce grand’développement en avant que M. Schaaff-
hausen avait attribué i priori à son homme primitif, lorsqu’il calculait sur la voûte dû Neanderthal un
angle faoial’dont les données lui faisaient nécessairement défaut (3)? Était-elle en outre développée dans
le sens vertical, comme l’obliquité en arrière et eü bas des Apophyses, orbitaires externes sur les pièces
décrites plus haut nous portait 'à'le penser? La découverte de; Forbes’Quarry à Gibraltar trancherait
ces questions, s’il était bien démontré que le crâne trouvé dansla gangue compacte et adhérente, dont
M. G. Busk l’a dégagé, est bien contemporain dè ceux dont, on vient de détailler les caractères. Mal-
heureuseihent le gisement de Forbes’Quarry ne contenait pas-de fossiles, caractéristiques, et la date de
ce curieux crâne reste indéterminée (4). Tout ce qu’on peut en dire c’est qu’il remonte à une époque
très-réculée et qu’il parait, en tous cas, beaucoup plus ancien que oeüx de Genista-Cave et de Judje-Câve
iGibraltar) que l’on rattache aidé, période néolithique.
Quoiqu’il en soit, la tête de Forbes’Quarry comparable, dans toutes ses formes crâniennes, aux calottes
osseuses dont il vient d’être parlé dans les paragraphes
précédents, présente une face dont les caractères
anatomiques très-spéciaux doivent être ici même
détaillés avec soin à titre de renseignements (fig. 18
et 19).
Quelques lignes suffiront pour le crâne. Détruite
dans une certaine étendue, encroûtée par une gangue
très-adhérente en quelques points, la voûte crânienne
Fig. 18. —- Crâne de Forbes’Quarry
n’a pas pu être rigoureusement mesurée. Mais il est
(Gibraltar), (tiw de profil, d’après
évident qu’elle est très-dolichocéphale. La cavité en
une photographie). .
est peu volumineuse, les parois en sont assez robuste pour que, sur le pourtour dè la perte de substance,
Fig. 19.^ Le môme (t’u
de face. Mus. Coll. Roy.
dès chir. de Londres).
l’épaisseur des pariétaux s’élève à 0”, 009 et demi. L’occipital est saillant en arrière, et l’écaille
temporale décrit une courbe surbaissée. Les arcades surcilières forment sur le profil une saillie considérable;
l’apophyse orbitaire externe est extrêmement développée, et au-dessus d’elle le front se rétrécit
bien vite et s’élève très-obliquement en-arrière des énormes arcs dont il est séparé par une dépression
bien accusée. Ce frontal étroit, bas et fuyant, rappelle exactement ceux de Brüx et du Neanderthal. Au-
dessous de ce front dont la description nous est déjà familière, s’ouvrent séparées par un espace interor-
(1) Spring. Les hommes d'Engis et les hommes de Chauvaux. (Bull. Acad. Roy. de Belgique, t. XVIII, p. 491-492. 1864.)
(2) Idem. Op. cit.
(3) Voy. Hdxley. Trad. cit., p. 283.'
(4) B roca. Remarques sur lés ossements des cavernes de Gibraltar. (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, 2e se ss., t. IV, p. 155.)