Nous ne voyons pas qu’il y ait lieu d’attribuer à cet argument une bien grande importance* une projection
considérable des arcades sourcilières pouvant augmenter l’angle presque autant que le ferait un
redressement considérable de la face, et M. Martin n’ayant donné aucun renseignement sur sa manière
de mesurer l’angle facial dont il parle. Les autres indications numériques* d’ailleurs absolument hors
d’usage, fournies par le voyageur anglais, ne diffèrent guère de celles que l’on pourrait prendre de la
même façon sur les plus grandes des têtes que nous venons d’étudier. Elles semblent seulement indiquer
une acrocéphalie plus considérable (1).
Crânes d A ustraliens de la Péninsule n York. — L extrémité nord du Queensland, et les environs du
cap York en particulier, sont oocupés par des indigènes qui ne durèrent de ceux de la Terre d’Arnhem, dont
de Sydney).
Fig. 289. — Crâne d’Australien
d’Adélaïde {Mus. Roy. Coll, of
Surg. N° 5331).
il vient d’être question, par aucun caractère important. Jukes, Mac-Gillivray et surtout MM. Jardine et
Haran ont donné sur les tribus des Goudangs, des Goumkodings, des Yadaigans et des Oundoumayas,
fixées au nord de la riviere Kennedy, des détails intéressants (2), mais presque exclusivement ethnographiques.
La morphologie céphalique de ces sauvages n’ëst connue jusqu’à présent que par les quelques
chiffres donnés par M. Krefft dans le travail cité plus haut*
Le Muséum de Sydney, que ce savant a longtemps administré, possède plusieurs crânes Australiens
venus du cap York, et deux de ces pièces, l’une masculine, l’autre féminine, à ce qu’il semble, figurent
dans le tableau qu’il a publié en tête de ses Australian Vertebrata (3) ; malheureusement les dimensions
qu’il leur assigne sont très-probablement en partie inexactes (4), èt l’étude attentive du tableau
met en lumière des résultats en contradiction absolue avec tous cèux que l’on a publiés en Europe (5). 1 2 3
(1) Le Musée des chirurgiens d’Angleterre à Londres possède un squelette complet de la même région, trouvé à Cygnet Bay, dans
le King Sound, et rapporté par sir George Grey [op.cit., vol. ï, p. 257). Nous savons seulement par le Catalogue de M. Owen que
le crâne, inscrit sous le n° 5285, se fait remarquer par l’articulation directe de ses temporaux et de son frontal, et la petitesse de ses
paroccipitaux (R. Owen. Catal. cit., p. 822).
(2) J. J ardine. Description of the Neighbourhood of Somerset, Cape York, Australia (Joum. of the Roy. Geogr. Soc., vol. XXXVI,
p. 80, 1866).— T. J. H aran, Contributions à la Géographie médicale, Somerset, Cap York, Australie Septentrionale (trad, fr., Arch, de
Méd. navale, t. X, p. .330, 1868).
(3) G. Krefft. Australian Vertebrata, recent and fossil (Catalogue of the Natural and Industrial Products of New South Wales forwarded
to the Paris Universal Exhibition of 1867. Sydney, 1867, in-8°, p. 92).
, (4) Le crâne de femme, par exemple, aurait 5 po. £ de large pour 6 po. | | de long, soit un diamètre transverse de 0m,139 pour un
diamètre antéro-postérieur de O”,! 74, et par conséquent l’indice peu vraisemblable de 79,88. Peut-être est-cé 5 po. A qu’il faut lire, lé
diamètre transverse serait alors de 0m,13l, et l’indice de 75,28. Le diamètre vertical est donné comme de 0“,139, leâ indices dè
hauteur seront, en admettant notre correction, 79,88 et 106,10. Les diamètres de l’homme sont 0“,188,0m,139,0m,144, et les indices
73,93, 76,59 et 103,59.
• (5) On trouve, dans le tableau cité, des indices céphaliques horizontaux montant à 79,53;- 81,60; 83,33 et même 86,62, indices
que jamais de vrais crânes Australiens n’ont donnés entre les mains d'observateurs exercés.
Une troisième tête de la péninsule d’York, mais dont la provenance détaillée ne nous est pas connue,
entrée depuis lors dans les collections du même établissement, a été photographiée et moulée, et le
Muséum d’histoire naturelle de Paris en possède un plâtre et cinq épreuves, à l’aide desquelles nous
allons nous faire une idée de cètte remarquable pièce.
Le crâne, avec des dimensions absolues sensiblement plus considérables que celui du Bijnelombo qui
nous a servi de type, n’en diffère presque point par ses dimensions relatives. Ses diamètres sont de
Qm,198, 0m,134 et 0m,140 pris sur le moulage que nous avons en main, et les indices fournis par ces
mesures égalent 67,67; 70,70, et 104,47. Sa circonférence horizontale totale monte à 0m,533, la
médiane à 0m,545, la transverse àOm,442. Les formes crâniennes que ces courbes circonscrivent sont
d’ailleurs les mêmes que nous avons plus haut décrites, et la tête affecte les mêmes rapports avec celles
du Port Essington, que présentaient les crânes féminins de Camp in Heaven comparés à celui de la
baie Raffles. La face, plus développée en tous sens, est surtout plus large (d. biorb. ext. 0m, 119, bizygom.
0"',144, etc.), et l’on voit l’indice orbitaire descendre à 76,74 (larg. 0,043, haut. 0,033), et le nasal monter
à 62 (larg. nez 0m,031, long. 0m,050). L’arcade dentaire, de forme trapézoïde allongée, se projette à tel
point en avant, que la projection faciale monte à0m,040 ; les angles faciaux sous-nasal et alvéolaire égalent
respectivement 79° et 63°.
Crânes de Yarras Roren et Ouaren des environs de Rockhampton. — Les tribus Yarras des environs
de Rockhampton, divisées en Roren et Ouaren, ont été l’objet de recherches attentives de la part d’un
résident français établi à Müllerville, M. Thozet, que la science a eu le malheur de perdre il y a quelques
mois et qui avait recueilli j pour les Musées de Paris et de Lyon, des collections anthropologiques et
ethnographiques fort précieuses, chez ces indigènes si mal étudiés jusqu’alors.
Le Catalogue de M. Krefft, mentionné plus haut, donnait seulement les diamètres de trois crânes de sexe
indéterminé, déposés dans la galerie d’anthropologie du Muséum de Sydney, et recueillis l’un à la montagne
des Pins, à l’ouest de la baie Shoalwater, les deux autres vers Rockhampton. Ces trois crânes sont
dolichocéphales purs; deux sont hypsisténocéphales (d. a.-p. 0m,188 et 0m,177; d. tr. max. Ô“,134 et
0m,131; d. bas.-br. 0m,149 et 0m,134; indices du premier 71,27; 79,25; 111,19 ; du deuxième 74, 01 ;
75,70; 102.21) ; le premier semble même exagérer considérablement dans ses dimensions verticales la
conformation habituelle à ses congénères. Un troisième crâne au contraire, si les mesures en sont exactes,
serait sensiblement moins haut que large, et reproduirait par conséquent le phénomène de l’inversion
des indices qui nous avait frappé déjà en étudiant les crânes des femmes Papouas dans notre dernier
chapitre. M. Krefft ne dit malheureusement rien du sexe de cet individu.
Mais nous savons que la prépondérance du diamètre transverse sur le basilo-bregmatique n’est pas
commune chez les Australiennes de pure race. Il est surtout bien rare de rencontrer comme ici une supériorité
de près d’un centimètre en faveur de la largeur ; aussi nous demandons-nous si la pièce du Musée
de Sydney, sur laquelle les renseignements plus précis font défaut, n’appartiendrait pas à la seconde race
dont nous avons dit précédemment quelques mots, etdont on a signalé l’existence en Queensland. Quoiqu’il
en soit d’ailleurs, voici les diamètres de cette pièce (d. a.-p. 0m, 187 ; d. tr. max. 0m,138 ; d. bas.-bregm.
0m, 131), et les indices qui y correspondent (73,79 ; 70,05 ; 94,92).
Tous les crânes Yarras, au nombre de six, que Thozet s’était procurés et que nous avons personnellement
étudiés, rentrent dans le type décrit plus haut. Deux têtes masculines appartenant, l’une au Muséum de
Paris, l’autre au Muséum de Lyon (2), offrent des faces presque exactement égales à celles des hommes de la
terre d’Arnhem, et des crânes qui ne diffèrent de ceux de cette même région que par un peu moins de
volume (1265e0), un peu plus de largeur et un peu moins de hauteur absolue, quelque diminution dans les
(1) Les crânes de la péninsule d’York qui sont au Musée dés chirurgiens de Londres n’ont point encore été Séparément décrûs.
(2) Ce dernier nous a été très-obligeamment communiqué par le directeur, M. le Dr Lortet.