Ces deux têtes ne diffèrent par aucun caractère important des têtes de race Papoua pure. Après avoir
superposé, par exemple, les vues de profil et de face, de ce n° 3 et du crâne de Doréï de la planche XVIII,
on n’arrive à saisir entre elles que des différences toutes secondaires-et individuelles.
Nos crânes de l’Arfak, loin de se montrer d’ailleurs organisés moins favorablement que ceux de leurs
voisins du bord de la mer, ainsi qu’on pourrait le conclure du texte de Lesson, sont au contraire plus
volumineux (cap. cr. 1335cc), et tout à là fois un peu plus longs (d. a.-p. 0,185), plus larges (d. tr.
max. 0m,129) et plus hauts (0m,134) que ceux que nous connaissons des tribus Mafoors. La morphologie
générale du crâne et de la face(l) est tout à fait la même, et les anomalies relevées plus haut se présentent
de nouveau (2).
Si nous ajoutons aux trois pièces de notre collection le crâne de Warnasi, rapporté des mêmes montagnes
par M. d’Albertis au musée de Florence, et celui de la collection Wise, que l’un de nous a étudié
au musée de l’Institut Carolin de Stockholm, nous
verrons les avantages que nous venons de signaler
s’accentuer encore en faveur des montagnards. La
comparaison des mesures de ces cinq pièces, inscrites
à la cinquième colonne du tableau XXV ci-après, avec
celles de la première colonne du même tableau, mettra
en relief toutes ces petites différences. L’examen
des colonnes 2 et 6 semblera par quelques points
contredire le précédent, puisque certaines dimensions
des crânes féminins de l’Arfak se montreront inférieures
aux dimensions correspondantes chez la femme Papoua
; le lecteur s’expliquera cette contradiction apparente,
lorsque nous lui aurons appris que l’une des
deux pièces qui ont contribué à fournir les chiffres de
Coll. Lesson et Garnot, n°* 2 et 3).
notre colonne 6, a appartenu à une jeune fille qui n’avait pas encore complètement terminé sou évolution.
Cette colonne donne, en effet, les mensurations moyennes d’un crâne de femme Alfourôu adulte donné
par Wise à Retzius, et qui ne démentent, en aucune façon, ce que nous venons de dire des crânes masculins
de la même provenance et celles du crâne de jeune fille, figuré par Dumoutier dans l’atlas anthropologique
du voyage de Y Astrolabe et de la Zélée (3), dont les dimensions sont sensiblement réduites
(d. a.-p. 0m,166, d. tr. max. 0m,l 18, d. bas.-bregm. 0m,l 18), et qui rappelle tout à fait celui queM. de Baër a
publié dans ses Crama selecta. Nous figurons ci-après (fig. 252) la norma verticalis de cette pièce intéressante.
On peut en rapprocher la tête du jeune sujet, de sexe et d’âge indéterminés, provenant de l'intérieur
du pays vers Doréï, dont* les mesures sont consignées au tableau I de la première publication de
M. Swaving sur la crâniologie de l’archipel Indien (4). Les diamètres antéro-postérieur et transverse 1 2 3 4
(1) Nous complétons les mesures de ces pièces en donnant icMes chiffres qui se rapportent aux mâchoires inférieures de deux d'entre
elles. Diam. bicondyl. 103; biangul. 96; écartem. des 2e mol. 48, des canin. 23; dist. angul. symph. 89; branche mont. : haut. 49, larg.
transv. 39„obliq. 35 ; branche horizont. : haut, symph. 34, 2® mol. 28; épaiss. symph., 15, 2° mol. 14 j angle mandib. 106°, alv.
ment. 83®.
(2) Le crâne n° 2 a un petit wormien dépendant de l’écaille temporale dans la fontanelle antéro-inférieure droite, le n® 3 offre la
môme anomalie en plus grand du même côté, et quelques petits groupes de wormiens dans la lambdoïde et les deux fontanelles
inférieures et postérieures. Le n® 2 présente une toute petite dent surnuméraire, soudée à la face postérieure de la dent de sagesse
supérieure gauche.
(3) Dumont d’Ürville. PI.XXXIII, fig. 3 et 4.
(4) G. Swaving. Eerste bijdrage tôt de Kennis der Schedels van Volken in den lndischen Archipel (Natuurkundig Tÿdschrifl voor
Nederlandsch Indië. D. XXIV, tabl. Z, 216).
sont à très-peu près les mêmes (d. a.-p. 0m,166, d. tr. 0“,121), et l’indice céphalique est seulement un
peu plus élevé (72,89 au lieu de 71,08); la circonférence médiane totale s'élève de 0m,469 à 0m,480, et
l’horizontale de 0m,463 à 0m,475. Les dimensions des faces n’offrent que des différences minimes (1).
A u tr e s c r â n e s A l fo u r o u s d e l a N o u v e l le -G u in é e . — Le mémoire souvent cité déjà de M. de Baer (2)
contient la description de cinq crânes Alfourous de la Nouvelle-Guinée,'recueillis par Cl. Peitsch, pro-^
bablement au voisinage de la colonie fondée par les Hollandais en 1828 sur
la côte nord-ouest de cette grande terre, et appartenant, en ce cas, aux indigènes
des montagnes, que Salomon Muller désigne sous le nom de Mai-
rassis (3).
Ces cinq crânes, pris ensemble (4) et sans distinction de sexes (5), donnent des
moyennes qui se chiffrent de la manière suivante. Leur circonférence horizontale
atteint 0m,523, leur diamètre antéro-postérieur moyen est de 0m, 182,
leur diamètre transverse de 0“,137, et l’indice qui résulte de la comparaison
de ces deux dimensions égale 75,27. Le frontal maximum a 0“,112, le frontal
minimum 0“,096, le bizygomatique 0m,133. Les courbes frontale, pariétale,
Enfin, le diamètre vertical se montre trois fois supérieur au transverse et deux t lfouro*u (Mus.Hist. Nat. Coll.
c Dumoutier, n» 79).
fois lui est inférieur, mais l’emporte en somme sur lui de ,0m,002(0“, 139). Comparé
au diamètre longitudinal, il donne l’indice 76,37, et l’indice 101,45 si on le rapporte au diamètre
transverse.
Les diamètres correspondants des six Arfakis adultes que nous avons mesurés (6) sont les suivants :
antéro-postérieur, 0m,185; transverse maximum, 0m, 130 ; basilo-bregmatique, 0m,134, et leurs indices se
chiffrent par 70,62, 72,70 et 102,93. Nos crânes Arfakis sont donc un peu plus allongés, et surtout moins
larges, sensiblement plus dolichocéphales conséquemment, et les dimensions verticales ayant diminué un
peu moins que les transverses, les indices correspondants se trouvent un peu plus élevés.
Si, pour se faire une idée plus exacte des proportions générales du crâne Alfourou Néo-Guinéen, l’on
combine les deux séries qui viennent d’être mises en présence, et que l’on ajoute aux données numériques
ainsi obtenues celles que fournissent les quelques autres crânes authentiques (7) dont il a été fait des descriptions
suffisantes (8), on constatera que le diamètre antéro-postérieur de quatorze Alfourous, pris
ensemble, est environ de 0“, 184, et que leurs diamètres transverse et vertical égalant respectivement
(.1) On trouvera dans le catalogue déjà cité de M. Bleeker sous les nos 54 et 55 les mesures de deux autres crânes de jeunes Alfourous
de Nouvelle-Guinée. L’un des deux, un enfant, mesure 0m,140de long sur 0m, l l l de large (ind. céph., 79,28) et 0m,131 de hauteur
maxima. L’autre atteint 0m,155 d’avant en arrière, 0m112 dans le sens transversal, 0“,14I enfin dans le sens vertical (ind. céph., 72,25).
(2) G.-E. de B aer. Cranta selecta, p. 10-14.
(3) S. Muller. Op. cit., p. 70, etc.
(4) M. de Baër avait cru devoir isoler, ponr des raisons assez spécieuses, une de ces têtes des quatre autres, et étudier à part ce
crâne à titre de métis d’Alfourou et de Papoua.
(5) M. de Baër, qui avait donné de ses trois Papouas une diagnose complète au point de vue du sexe et de l’âge, ne fournit aucune
de ces indications essentielles à propos de ses Alfourous. L’étude attentive du texte nous fait fortement soupçonner la coexistence
de sujets des deux sexes dans cette série.
(0) Nous excluons naturellement de' ces moyennes le crâne de jeune femme (fig. 252).
(7) Nous ne pouvons considérer comme tels les quatre crânes décrits au catalogue du Musée Vrolik sous la rubrique Alfourous.
Le premier est d’un Papoua, tout semblable à ceux de Rawak, nous en avons déjà parlé plus haut (p. 215) ; le second vient de
Bencoolen, Sumatra, o(i il n’existe de noirs mélanésiens que des descendants d’esclaves importés de l’est avant l’abolition de la traite,
et dont l’origine est habituellement inconnue. Le troisième est étiqueté Papou, et vient de Batavia. Rien ne prouve enfin que le
quatrième, qu’on donne comme Alfoerees, soit plutôt un Alfourou Mélanésien qu’un de ces Alfourous, de race Indonésienne, encore
très'-nombreux aux Moluques, etc.
(8) Ces pièces sont au nombre de trois, l’une appartient à M. B. Davis (n® 686 de sa collection), les deux autres sont déposées au
Musée de l’hôpital militaire de Weltevreden, et ont été mesurées par M. Swaving (op. cil., tab. VII).
Quatrefages et H amy.
H
iI
34