
 
        
         
		tées l’une et l’autre de cinq tubercules. Nous remarquons enfin que la seconde est un peu plus grosse que  
 la première.  On se  rappellera  que  cette disposition,  tout  à  fait exceptionnelle  chez l’homme  européen,  
 concorde  avec les proportions relatives  des  alvéoles du maxillaire  inférieur de  la Naulette. 
 La  seconde mandibule  de Clichy(pl.  II, fig.  7 et  ci-dessus fig. 23) est d’un enfant de sept à huit ans.  
 Trouvée  par M. Reboux  dans  la  même  couche  que  la précédente,  cette  pièce  est remarquable par son  
 profil  mentonnier  qui  rappelle  celui  de  la  mâchoire  d’Arcy,  par  l’effacement  de  ses  tubercules gèni-  
 inférieurs, et par  l’état de  sa canine  et de ses molaires  de  lait,  tellement usées, malgré  le jeune âge  du  
 sujet, que  l’étude des cuspides y est devenue  très-difficile (1). 
 Maxillaire  inférieur  de  Goyet. — Presque tous les  caractères  ci-dessus mentionnés  se  retrouvent  
 plus  ou  moins  adoucis  sur  d’autres  pièces  d’un  âge postérieur. M. Dupont avait  depuis  longtemps  fait  
 ressortir ces analogies à propos de la mandibule n# 6 de la grotte de l'âge du renne qu’il a nommée Trou du  
 Frontal. Nous  avons eu l’occasion, dans un récent voyage en Belgique, de  constater  une semblable  atténuation  
 des  traits du  maxillaire  de  la Naulette  sur  une  mandibule  du  deuxième niveau  ossifère  de  la  
 troisième  caverne  de Goyet (âge  du mammouth). Cette  pièce,  qui  porte  le n°  2220  de  la collection  des  
 cavernes  du Musée  d’histoire naturelle  de Bruxelles, se compose  de  la  plus grande partie  de la branche  
 horizontale. Malheureusement  elle  a  été  roulée  et  fortement  empâtée  de  stalagmite,  et  quelques-uns  
 de  ses caractères sont devenus impossibles à constater. 
 Aussi épaisse  à  la symphyse que  celle  de  la Naulette (0“, 015),  la mâchoire  de  Goyet  s’amincit dans  
 la moitié  postérieure  de  son  arc horizontal où,  vers la seconde  grosse molaire, elle  ne mesure plus que  
 0”,013 et demi. 
 Les mesures  de hauteur font  défaut partout, le  bord  alvéolaire  ayant  été complètement rasé sur toute  
 sa longueur,  et la face externe entamée au-dessous de  ce bord par le roulis. 
 Le profil  symphysaire rappelle surtout celui  de  la petite mâchoire  de  Clichy (pl.  II,  fig.  7) auquel  on  
 ajouterait le bec mentonnier de  la pièce de  la Naulette, légèrement atténué. La face linguale de la symphyse, 
  semblable à cette  dernière dans sa moitié inférieure, en diffère dans  le reste par la présence d’une  
 très-courte  apophyse géni-supérieure surmontée d’un petit trou.  Cette face  interne  est  très-proclive,  ce  
 qui  donne  à croire  que la région alvéolaire qui  fait défaut, était inclinée assez  fortement en avant. 
 En ce  qui  touche  aux  alvéoles,  nous  retrouvons  les  particularités  signalées plus haut,  et  notamment  
 l’obliquité de la seconde prémolaire. Puis, à  titre  de différence, ayant une certaine importance, nous constatons, 
   en  terminant,  l’existence  d’un  seul  trou  dentaire,  comme  à  Clichy,  alors  que  les  deux  pièces  
 d’Arcy et de la Naulette en montrent deux, ainsi qu’on l ’a vu  dans les pages qui précèdent. 
 Dans son  ensemble et  par un grand nombre  de  détails, la pièce de  Goyet rappelle donc d’une manière  
 frappante la mandibule  de  la Naulette; mais,  par  certains  côtés  particuliers,  elle  atténue  les  singularités  
 morphologiques de  cet os. 
 Nous  avons  déjà  fait  cette  remarque  en  décrivant  le  maxillaire  inférieur  d’Arcy-sur-Cure,  et  nous  
 disions, quelques lignes plus haut, que M. Dupont avait constaté sur la mâchoire n° 6 du Trou du Frontal  
 quelque  chose  de  semblable.  Ce  dernier observateur,  entraîné  par  l’exemple  de M.  Prüner-Bey, avait  
 même  tout d’abord  regardé  l’os mandibulaire  de  la Naulette comme présentant l’exagération  d’un type  
 qui prédomine  à Y âge du  renne  en Belgique,* type auquel  il  se  rattacherait par  des  formes de  transition  
 semblables à celles que nous venons de  détailler (2). Mais il  est revenu  de  cette  détermination  dans  son 1 2 
 (1) Notre plancheII contient encore une  pièce  du quaternaire parisien (fig.  8),  de  la Chaumière, de la môme  collection  Reboux.  
 Nous remarquons  sur ce maxillaire  supérieur l’usure  considérable de  l’incisive moyenne,  l’obliquité  du  second  alvéole prémolaire,  
 enfin l’allongement d’avant en arrière,  combiné  avec le peu d’étendue  des  dimensions  en largeur, qui permet de  rattacher ce débris  
 à une race dolichocéphale. 
 (2) E d. Dupont.  Op. cit.  — P runer-B ey. Discussion sur la mâchoire humaine de la Naulette (Bull.  Soc.  (FAnthrop. de Paris, 2e  sé rie,  
 t.  I, p.  584.1867). 
 Tableau  II 
 NAULETTE ARCY 
 CLICHY  
 n°  1  n" a   
 ïr  (j'eane) 
 GOYET 
 Hauteur symphysaire 31 28 »  » . 
 —  à la 2e molaire 22 24 ^ 2 ( f !  » » 
 Epaisseur à la symphyse 45 45,5  | »  44,5 45 
 à la 2e molaire 46 47 45  44 (?)., 
 dernier ouvrage (1), et nous  reconnaissons avec lui, que  les  ressemblances invoquées par M.  Prüner-Bey,  
 entre un type de l’âge du  renne de  Furfooz  et celui  que nous étudions ici, étaient mal  interprétées. De  
 nouvelles  recherches,  portant  sur  un fort  grand  nombre  de  pièces jusqu a présent  négligées  dans  la  
 comparaison  des  races primitives  de  l’Europe, nous  ont amené, en  effet, à  considérer,  au contraire,  les  
 mandibules de l’âge  du  renne,  de  la période néolithique,  etc., qui reproduisent  partiellement les caractères  
 des mâchoires  fossiles  comme  des  pièces ataviques  que  l’on rencontre  çà  et là  dans les  grandes  
 séries  anatomiques européennes, où se  retrouvent disséminés ou confondus tous les  types ethniques  qui  
 se sont succédés  dans nos  contrées depuis les  temps  paléontologiques. 
 § 3. —  Comparaisons anatomiques. 
 Les observateurs qui  ont, les premiers, étudié le  type le plus accentué  de  la  race dont nous venons de  
 décrire les  débris malheureusement  clair-semés  dans les  diverses  collections européennes,  ces  observateurs, 
  disons-nous, s’étaient évidemment exagéré la valeur des caractères qu’ils avaient signalés:  tels que  
 l’obliquité  et  l’aplatissement  du  front,  la  saillie  énorme  des  arcs  surciliers,  la  configuration  des  os  
 pariétaux  ou  des  orbites,  etc.  Ces.formes  qualifiées  d’extraordinaires,  d'uniques,  par  M.  Schaaffhausen,  
 l’avaient porté à  considérer  l’homme  du  Neanderthal  comme  présentant  « une  conformation naturelle  
 inconnue jusqu’à  ce jour,  même  chez  les  races les  plus  sauvages (2) ».  Toutefois, il se  contentait  d’en  
 faire un  type  ethnique  tout  à  fait  à part. M. King(de  Galway),  beaucoup moins  réservé,  créa l’espèce  
 homo  Neanderthalensis,  ajoutant  même  qu’il  se  sentait  « incliné  puissamment à  croire  que  cet  être  est  
 non-seulement spécifiquement, mais génériquement distinct  de  l’homme (3) ». 
 Le parallèle institué plus haut entre le crâne du Neanderthal et les  autres crânes masculins d’une part,  
 de l’autre, entre cette même pièce  et les pièces féminines  correspondantes,  a démontré,  espérons-nous,  
 que  ce  singulier  individu  exagérait  seulement  les  caractères  anatomiques  communs à  tout  un  groupe  
 humain. 
 Les idées toutes théoriques d’ailleurs de M. King, discutables peut-être au moment où elles voyaient le  
 jour,  ne nous paraissent plus, à l’heure actuelle,  susceptibles d’arrêter longtemps l’attention  des  naturalistes. 
  Quant à l’opinion si absolue  de M. Schaaffhausen,  un  rapide examen des  documents  anatomiques  
 ramassés avec tant de zèle dans diverses contrées  de l’Europe  depuis quelques années, nous permettra de  
 la ramener à sa juste valeur. 
 Il résulte,  en effet,  de l’enquête que  nous avons  établie,  que  si  les  individus  se rattachant à notre race  
 de Canstadt,  sont  peu  nombreux au milieu  de  nos  populations  actuelles,  la loi  de l’atavisme fait  néan- 
 (1) E d.  Dupont.  Les  temps préhistoriques  en Belgique.  Vhomme pendant les âges de  la pierre dans  les  environs  de  Dinant-sur-Meuse,  
 2« éd. Bruxelles et Paris,  4872,  in-8°,  p.  401 et fig.  40 et 44. 
 (2)  Trad. dans H uxley.  Ed.  cit., p.  274-282.  — Gf.  Congrès International <FAnthropologie, etc.,  2e sess., Paris,  4867,  p.  440 et 416. 
 (3) King.  The reputed fossil man ofthe Neanderthal.  (Quart.  Joum. of Science. Janvier, 4864, p.  96.)