française, de M. de Montigny, au Siam, sur les affinités des Siamois et des Annamites avec les Négritos
peuvent s’expliquer de la même manière. Ajoutons que M. Brocaa été conduit, de son côté, par l’étude
seule de l’indice nasal, à admettre un croisement des éléments mongoliques de la péninsule transgangé-
tique avec une population primitive congénère des Négritos ou, comme il les appelle,, des Mélanésiens
du Nord (1). Nous comptons revenir plus tard sur cette interprétation.
C’est également après avoir étudié lés Crânes'des habitants des Mariannes que nous nous efforcerons de
déterminer la part qui revient au type négrito dans l’ethnogénie de cet archipel. La population primitive,
probablement originaire des Philippines, doit avoir emprunté à ces îles quelques éléments noirs dont on
retrouve des traces encore aujourd’hui dans la caste inférieure des Mangatchans.
Signalons, en terminant, d’une manière tout à fait générale, les ressemblances qui existent entre les
Négritos et les petits Noirs brachycéphales d’Afrique, dont l’un de nous a signalé la présence au Bournou,
dans le Bénin et sur les embouchures du Fernand-Vaz, ressemblances que nous nous proposons d’exposer
en détail quand nous aurons décrit la crâniologie de ces petits Nègres, dont nous avons cru devoir faire un
groupe à part sous le nom de Nêgrilles.
Chapitre 1 Y. — îrace négrito-papoue.
§ 1. — H i s to r iq u e .
'Les populations néo-guinéennes, vues pourra première fois par- les navigateurs: portugais, au commencement
du xvi' siècle, sont connues depuis la malheureuse entreprise de.Griy&Ijs-(il.53.7!) pour appartenir
au tronc nègre (2); mais leur dualisme ethnique, entrevu peut-être par Dampier et par Forrest, n’est
établi que’"dépuisTr expédition française de Y Uranie (1819), qui a recueilli la première, dans l'archipel
des Papous, de sérieux matériaux d’étude.
Quoy et Gaimard, naturalistes de cette expédition,! se sont -en effet; procuré, suri lé seuil dut tombeau
d’un chef, dans la petite île de Rewak près Waigion, une-dérie déicrânesj bflrant-.ies?.deux:types:taès-
tranchés dont ces observateurs ont retrouvé les représentants dans la population de.cette dernière île.
L’une de ces races a été considérée par eux comme véritablementinègre jÉlautré leur a paru tenir le
milieu ehtré les Malais et les Nègres sous le rapport du caractère: de la physionomie, tandis que le crâne
avait li une forme qui le rapproche beaucoup de celui des Malais (3). ». Le premier de ces types appartient
positivement à la race dolichocéphale des Nègres mélanésiens que nous étudierons plus loin sous le
nom de race Papoua, mais le second qui, dans l’île où Quoy et Gaimard l’avaient observé, est altéré pat
des croisements fréquents avec les représentants de plusieurs races de la Malaisie; Se montre sur la grand|
terre et sur quelques îles plus orientales ou plus méridionales, avec des caractères qui la rapprochent
considérablement de làràcè négrito que nous venons dè faire connaître.
Nous décrirons „cette race soup le nom de Négrito-Papoue, en l’allant d’abord chercher, pour la dégager
de toute influence malaise, en dehors de la sphère d’action des peuples navigateurs de;c;ette race, c’est-à-
dire à l’intérieur des terres où ils n’ont jamais pénétré, ou dans quelques îles relativement éloignées
dans l’Est ou le Sud.
ouvert. D’ailleurs les dents inférieures sont verticales et le menton est bien marque, comme dans la planche du savant Anglais. Les
caractères qui distinguent ces deux mâchoires sont-ils le fait d’un métissage, ou sont-ils purement individuels ? C'est une question
que résoudront de nouvelles recherches » (A. de Quatrefages. Étude sur les Mincopies, etc., loc.,cit.,p. 239-240).
(i) P. Bboca. Recherches sur l’indicenasal (Beu. (FAnthrop.-, t. I, p, 23, 1872).
■ (2) D alrymple. Voyages dans la mer du Sud par les Espagnols et les Hollandais, trad. fr. Paris, 4774,, in-8°, p. 71.
(3) Quoy et Gaimard. Observations sur la constitution physique des Papous (Voy. autour du monde de i’Uranie et de la Physicienne.
Zoologie, p. 4). Paris, 1824, in-4». — Cf. Ann. Sc. Nat. T. VII, p. 40, 1826. ., ,
La plupart ides; voyageurs, depuis .Tasman (1) et Dampier (2) jusqu’à Earl et Beccari (3)*s ont appelé
l’attention sur l'existence, en bien des points de la côte nord-ouest de la Nouvelle-Guinée, de populations
mélangées, dans, lesquelles l’élément, malais joue un rôle plus ou moins prédominant. M. de Bondyck-
.Bastiaansefe par exemple, qui a fait treize fois: le voyage: àq]®‘ côte d’Outanata, observe « qu à partie du
détroit de la Princesse-Marianne, en.remontant vers le nordy » la population nègre « se mélange graduellement
de Céraméens, de Javanais et d’autres races originaires de diverses parties du grand archipel
d’Asie (4).jgjÉPulorAdi, Pulo-Karas, Kapaor, Pulo-Sabiïda,' la baie du Triton, etc., sont autant de points I
où s'exerce l’influenceides insulaires .de Goram, de Céram ou dêMacassar. A Sorong, petite île du détroit
J e Galevo, entre Salwattiret lS grande terre, M. Beccari signale l’existence d’un village peuplé de musulmans
de Ccram, de Gilolo et de Ternate, mêlés intimement aux Papouas de la côte voisine (S). Guébé,
Waigioùiet ses dépendances, Aiou, Baba,-etc., présentent un semblable mélange®). Les Malais s'étendent,
à l’est, jusqu’au Port-Doréi, à l’entrée du golfe de Geelwink, jusqu’à Sao, Saba et même Waro-
pin (%). Ils y sont toutefois déjà très-clair-semés, et M. A.-B. Meyer vient de-montrer que leur action
est à .peu près nulle à Mysore, la plus grande des îles de l’archipél de Guillaume-Schouten, à quelque
distance vers l’orient (8).
Ce n’est donc pas dans les localités maritimes du nord-ouest de la Nouvelle-Guinée que nous irons
chercher les renseignements qui nous aideront à décrire notre race Négrito-Papoue. Nous les demanderons,
avec Wise (9),. etc.., aux populations de l’intérieur, que les récents voyages des naturalistes italiens
commencent à distinguer sous le nom de Karons, ou aux groupes insulaires comme ceux de Mysore et
du détroit de Torrès (10), où l’élément sous-brachycéphale ou mésaticéphale ne pourra plus être attribué
à l’intervention des Malais.
§ 2. — Description.
Les Orang-Karons ou K a r o n i s occupent,'sur la carte la plus récente de la Nouvelle-Guinée, la chaîne
de montagnes parallèle à la côte septentrionale de la grande presqu’île nord-ouest, et qui sépare cette côte
du bassin de Wasamson, découvert l’an dernier par M. O. Beccari (11). C est de cette région, à laquelle on
étendait primitivement le nom d’Arfak, aujourd’hui localisé aux environs du Port-Doréi, que Wise, d’Édim-
bourg, avait obtenu les crânes offerts par lui à Retzius, et que nous décrirons tout d abord sous le nom de
Karons, qui leur est propre.
Cranes de Karons (fig. 217 et 2 18 ). ^ Les trois pièces de Wise, que Retzius a fait connaître sous le
(1) A.-J. Tasman. Journal or Description of a Voyage from Batavia for mocking Discoveries of the Unknown South Land in the Year
1862, trad. angl. (Burney. A Chronological History of the Voyages and Discoveries in the South Sea or Pacific Ocean), part. I ll, p. 109.
London, 4813, in-4°.
(2) Dampier. Voyage am terres australes ap. Coll, de Voy., éd. cit., t. V, p. 82.
i ;(3|G.-W. E arl. Op. cit., p. 10. — Ö. B eccari. Cosmos de G. Cora, 1.1, p. 17, t. II, p. 401, etc. 1873-1874.
(4) J.-H. de Bondyck-B astiaansee. Voyages faits dans les Moluques, à la Nouvelle-Guinée et à Célèbes. Paris, 1845, in-8°, p. 25.
(5) O. B eccari. Appunti etnografici sui Papua (Cosmos de G. Cora, t. II, p. 400, 1875).
(6) Forrest. Voyage aux Moluques et à la Nouvelle-Guinée sur la'galère la Tartarean 1774, 1775 et 1776, trad. fr. Peris, 1780,
in-4°, p. 80, 88, 98, etc. — Freycinet. Voy. autour du monde sur les corvettes l’üranie et la Physicienne, Historique, t. Il, p. 3, 8,
47, etc. Paris, 1829, in-4°.
(7) F orrest. Op. cit., p. 116-119. — Dumont d’Urville. Voyage de l’Astrolabe. Hist.{ t. IY, p. 605. Paris, 1832, ih-80,.—_’qtc. •
(8) A .-B . Meyer. Ueber hundert fünf und dreissig Papua-Schädel von Neu-Guinea und der Insel Mysore (Mittheilungen aus dem
K. Zoologischen Museum zw Dresden. Dresden, in-4°, 1875, p. 62*63).
(9) A. Retzius. Coup d'oeil, sur l’état actuel de l’ethnologie au point de vue de la forme du crâne osseüx (Trdd. cit., Bâti. Univ. Arch,
sc. phys. et nat., 5® série, t. V il, p. 164, I860).
(10) A.-B. Meyer. Op. cit. — Voy. au Pôle sud et dans l’Océanie sur les corvettes l’Astrolabe et la Zélée. Anthropologie. Atlas, pl. 16,
1847, in-f4 et relation manuscrite de Dumoutier.
(11) G. Cora. Carta originale dplla baia diGeelvink e del littorals N.-O. della Nuoua Guinea (Cpsmos de Turin, U III. tav. 3, 1875).
Quatrefaoes et Hamy.