constatons qu’elle se relie à celle-ci sous un angle de 112° par un bourrelet massétérien extrêmement
fort, et qu’elle porte sur ses deux faces de robustes empreintes de muscles. Cette branche montante,
relativement mince, est, au contraire, remarquablement large. Si, prolongeant à peu près le plan alvéolaire
en arrière, on mesure transversalement la branche dans cette direction, on obtient pour sa largeur
le chiffre insolite de 0”,047. Cette largeur, à laquelle plusieurs observateurs ont été tout d’abord entraînés
à attacher une trop grande importance, ne s’est pas retrouvée sur les maxillaires fossiles de la même race,
dont le plus large atteint seulement 0“,043 (1); Ce développement, en rapport avec un volume considérable
des muscles élévateurs de la mâchoire, se présente donc comme un de ces traits de vigueur, tout
individuels, nombreux sur notre troglodyte, et qui ont déjà fait dire plusieurs fois qu’il était à la race
à laquelle il impose son nom ce que l’homme du Neanderthal est pour la race de Canstadt, une exagération.
La comparaison de la largeur transverse de la branche montante, dont il vient d’être parlé, aveç;
la largeur oblique mesurée du même point en avant à l’angle postérieur de l’os, prête à quelques considérations
intéressantes. Habituellement, dans nos races, on trouve un léger excédant en faveur de cette
dernière dimension, excédant qui tient à la fois au développement moindre de la branche montante en
largeur et à la présence d’un véritable angle de la mâchoire. Sur le n° 1 de Cro-Magnon, comme sur
les autres individus du même groupe ethnique, l’angle postérieur est arrondi, très-légèrement infléchi
en dehors, et la mesure oblique est sensiblement plus courte que la mesure transverse, elle atteint
0m,042.
L’apophyse coronoïde est forte, mais très-aplatie ; comme elle est en partie brisée, nous ne pouvons
rien dire de sa forme. Le condyle fait entièrement défaut, mais l’examen de la cavité glénoïde dans laquelle
il était reçu (pl. Y) montre que cette éminence était très-convexe, épaisse et large.
C râne de Cro-Magnon n° 3 (2)* jfigj 48 et 49). sgi La pièce capitale dont nous venons de donner une description
aussi détaillée et aussi complète que possible, se fait remarquer par l’ampleur de ses loges cérér-
brales, l’élévation relative de sa courbe antéro-postérieure, etc. Mais comme, tout en offrant une assez
grande hauteur absolue (diam. basilo-bregmatique 0“,132^îe crâne s’allonge considérablement, l’indice
vertical reste très-bas (65.39), de sorte que, à ne considérer que Ge rapport, il faudrait placer la race de
Cro-Magnon, aussi bien qu’un certain nombre d’autres, dans un groupe commun avec celle de Canstadt.
Nous sommes bien éloignés cependant des formes à la fois très-basses et très-allongées, caractéristiques
de cette dernière race : l’épithète de dolichoplatycèphale que nous lui avons réservée, ne doit donc pas
être prise dans un sens trop général, et si le caractère tiré de l’aplatissement est utile a introduire dans la
nomenclature pour désigner spécialement la race qui le présente au plus haut degré, il faut se garder de
lui assigner une importance plus grande dans une classification crâniologique (3).
Le crâne n° 3 de Cro-Magnon reproduit assez exactement les courbes antéro-postérieure, transverse
et horizontale du crâne n° 1, qui vient d’être étudié (4). Les figures 48 et 49 (pages 4.6 et 47) font- saisir
aisément les analogies générales et les différences secondaires des deux individus. On voit sur la
première de ces superpositions le front du n° 3 (B) s’élever au-dessus d’arcs surciliers de même forme,
suivant une courbe qui suit celle du n° 1 (A), en la débordant en avant et en haut. Le frontal plus haut,
■est en mêmetempf plus long (0m 148),, mais un peu moins large (diam. front, max. 120, min. 98). Ses
bosses latérales et son renflement temporal se présentent comme sur le crâne du vieillard, mais on ne
voit pas de bosse médiane et la voussure antéro-postérieure manque presque entièrement.
(1) Bull. Soc. (PAnthrop. de Paris, 2® série, t. VI, p. 385, 18711| | | E.-T. Hamy, Précis de paléontologie humaine, p. 277.
(2) Ge crâne porte le n° 2 dans la description de M. Prüner-Bey (Reliq. Âquit., p. 77), quoiqu’il soit catalogué au Muséum sous-le
xi° 3 de la série. % . . . . . . .
(3) Cf. Bertiix1#-. Rev. d'Anthrop., 1.1, p. 268 et 269, 1872.
{4) Reliq. Aquitan., C. pl. IV, fig. 1 et 2.
La courbe sagittale qui continue celle du front est comme celle-ci relativement élevée en avant, ce qui
tient à une sorte de voussure partielle, qui mesure sur la suture 0m,04 de long. Au-delà de cette saillie,
le contour descend plus brusquement que dans le n° 1; la ligne qui le représente, d’externe devient
interne, et aboutit bientôt à un méplat qu’interrompt plus bas une saillie lambdoïdienne considérable,
causée par un refoulement de l’occipital séparé des pariétaux par un groupe de sept os wormiens, cinq
grands et deux petits, affectant dans leur ensemble la forme d’un triangle rectangle de 0m,04 sur 0m,05.
Cette multiplication postérieure des points osseux coïncide de nouveau (l)avec la séparation bien plus
complète des pièces osseuses normales en arrière. Sur la pièce que nous décrivons, l’oblitération antérieure
est seulement moins complète, ce qui est en rapport avec l’âge moins avancé du sujet. Les os sont
d’un tissu plus dense et serré, très-épais au front, où ils n’atteignent guère moins de 0“,01, un peu
moins massifs aux pariétaux qui mesurent cependant jusqu’à 0m,008. Leur face externe, est lisse, leur
face interne n ’offre à considérer que des nervures pariétales larges et profondes, et quelques trous de
Pacchioni. Fort peu de circonvolutions apparaissent sur le moule intracrânien.
Nous n’avons rien à dire des voûtes orbitaires et des apophyses qui les encadrent, que nous n’ayons
déjà remarqué à propos du premier crâne de Cro-Magnon. Ce sont les mêmes formes avec des dimensions
un peu moins considérables. La mandibule incomplète qui accompagne ce crâne mutilé ne se compose
que de deux branches horizontales (2); tous les caractères de la mâchoire inférieure du n° I s’y
retrouvent atténués. Remarquons en terminant, que le trou mentonnier est double du côté droit.
Crâne de Cro-M agnon n° 4. — Il y avait dans la sépulture de Cro-Magnon avec les deux hommes dont
nous venons de décrire les crânes, et une femme dont il sera question plus loin, un quatrième individu
qui n’a laissé que quelques débris, parmi lesquels se trouvent diverses parties de voûte crânienne, un
fragment de maxillaire supérieur et un morceau de mandibule;
Le principal débris de crâne correspond aü bregma. En avant se montre un fragment de frontal,
remarquable, comme celui du n° 2, par sa grande épaisseur (0m,005) et par la profondeur et l’étendue des
sillons dessinés par les veines diploïques antérieures au-dessus de leur point d’émergence. Les deux
fragments de pariétaux unis au frontal par une articulation fort simple, presque complètement oblitérée
à sa face interne et effacée déjà en certains points de sa face externe, sont joints l’un à l’autre par une
suture de complication moyenne, et dont il est évident que l’oblitération s’effectuait d’avant en arrière,
comme sur les crânes précédemment décrits (p. 47 et 51).
Un petit fragment de temporal porte une cavité glénoïde de même forme que celle du n° \ , mais un
peu plus allongée transversalement, et un commencement de zygoma projeté en dehors. Sur un très-petit
morceau d’occiput se montre une protubérance externe, plus accusée que nous ne l’avons vue dans
notre premier sujet.
Enfin un maxillaire supérieur gauche réduit à sa région palatine porte une épine nasale de dimension
moyenne, à laquelle aboutit un bord tranchant circonscrivant nettement le vestibule nasal et au-dessous
de laquelle les alvéoles incisifs se projettent quelque peu en avant. La voûte palatine assez allongée
est peu profonde (0m,006 à 0m,007), et seulement un peu arquée en son milieu, sans présenter toutefois
la voussure du n° l .
Trois dents, la deuxième prémolaire, la première et la seconde molaires sont encore implantées dans
1 arcade, remarquables par leur force relative, par l’épaisseur de leur émail et l’usure de leur couronne,
dont la hauteur au-dessous du bord alvéolaire se réduit à 0m,007. Cette usure, dont nous retrouverons
plus loin bien d’autres exemples, présente une forme tournante toute spéciale. Sur la seconde grosse
molaire l’usure est plus marquée en dedans ; sur la première elle est beaucoup plus grande en dehors ; mais
(1) Voir plus haut, p. 47.
(2) Cf. Reliq. Aquit., C. pl. III, fig. 2 et 3.