et là largeur oblique de sa branche montante atteint seulement 0m,026. En revanche, son épaisseur
est considérable, 0”,017, au niveau de la seconde grosse molaire; les lignes myloïdiennes sont bien dessinées
et la dépression sous-maxillaire profonde; le bourrelet prémassétérien est fort saillant. La branche
montante, plus oblique que nous ne l’avons vue précédemment, forme avec la branche horizontale un
angle qui dépasse 120°.
Le maxillaire inférieur, qui porte le n° 6 de la collection d’Aurignac (pl. II, fig. 9), petit comme le précédent,
mais plus bas, plus grêle et plus mince, n’est remarquable que par l’usure profonde des deux
grosses molaires qu’il porte, leur tendance à l’égalité de volume, la présence de quatre cuspides seulement
à leurs couronnes et la carie dentaire de la première. C’est la première fois, dans le cours de cette
révision des pièces anatomiques attribuées aux races humaines fossiles, que cette maladie se présente à
notre examen. Nous ne saurions dire jusqu’à quel point elle est ici caractéristique. Mais, comme le cas
d’Aurignac n’est pas isolé, que plusieurs autres dents appartenant à des sujets mieux caractérisés au
point de vue ethnique que celui-ci, sont atteintes du même mal, il nous semble qu’il est permis d’utiliser
dans une certaine mesure un trait qui, joint à plusieurs de ceux qui ont été détaillés ci-dessus,
engagera l’anatomiste à rapprocher bien plus la pièce en litige de celles qui restent à décrire que de
celles, quelles qu’elles soient, qui ont été passées en revue précédemment.
L’examen de la mâchoire supérieure, ou plutôt de la portion de voûte palatine figurée sous le n° 9 de
notre planche première, dont les proportions minuscules ne sont pas moins frappantes que l’exiguïté
des mandibules qu’elle accompagne, appuie encore la manière de voir que nous venons d’indiquer. Par la
courbe de son arcade qui décrit un quart de cercle’,'elle diffère profondément de la;pièce qui lui est
juxtaposée ; et si celle-ci a appartenu, comme il est probable, à un homme à la face allongée d’avant en
arrière, latéralement aplatie, etc., nous avons de bonnes raisons pour penser, comme M. Prüner-Bey, que
la mâchoire supérieure d’Aurignac provient d’un individu qui rentrait dans l’un des types plus ou moins
brachycéphales qui vont être étudiés dans les pages suivantes.
Nous avons dans la collection d’Aurignac un certain nombre de dents des deux mâchoires, que leur
volume porte à rattacher de préférence aux petits maxillaires dont il vient d’êtré parlé. Elles n’offrent
d’intéressant à remarquer, outre ces proportions plus ou moins-exiguës, que l’usure des couronnes d’une
partie d’entre elles et la profonde carie latérale dont une grosse molaire supérieure nous montre un
deuxième exemple.
Maxillaire inférieur dés Ey z ie s . — Le fragment de maxillaire inférieur trouvé par Edouard Lartet
et H. Christy dans la grotte des Eyzies (1), n’ajoute rien à ce que vient de nous apprendre la collection
d’Aurignac. Tout ce qu’en ont dit les auteurs de sa découverte, c’est qu’il est « rapportable à un individu
de petite taille». Il n’offre d’ailleurs aucun caractère anthropologique important à signaler.
Fragment de Lourdes (fig. 110);^— Nous ne faisons que mentionner un petit fragment de crâne trouvé
dans la grotte de Lourdes par MM. Alph. Milne-Edwards et Edouard Lartet. Le seul détail intéressant
que montre cet os à cause de sa date relative; est fourni par sa suture coronale dont nous parlons ici,
très-finement denticulée. On sait que dans l’opinion de quelques naturalistes, de M. Schaaffhausen en
particulier, l ’homme fossile aurait toujours les sutures simples. Nos dessins et nos descriptions du chapitre
précédent ont déjà répondu à cette assertion, mais il serait difficile d’invoquer contre l’hypothèse
que nous combattons, un argument plus concluant que celui fourni par le débris du crâne de Lourdes,
dont nous donnons ci-après la figure.
Crâne n° 1 du trou du frontal a Furfooz (Belgique) (pl. VIII, IX et fig. IH). — Il nous tarde d’arriver
à la description de pièces moins insuffisantes que celles qui viennent d’être passées en revue.
(I) U Ancienneté de l’homme, etc. Appendice, p, 158-159.
Tout qe que nous ont appris les débris qui viennent de passer sous nos yeux, c’est qu’aux temps quaternaires,
à cÿl^.dea hommes fossiles dont le type a été préqisé dans le chapitre précédent, d’autres hommes
<mt-vécu,^caractérisés, semble-t-il, par le faible.,volume, ;de leurs os, par une forme plus arqondie de
Fig. 112. — Le crâne de, Furfooz, n° .2, vu de
profil,-' d’après une photographie. (Mus. Roy,
, d 'ffist.N a t. de Belgique, à Bruxelles, n" 2224.)
Fig. 110.— Fragment de crâne, montrant
une suture très-compliquée,
etcommençant.à s’oblitérer, trouvé
dans la grotte de Lourdes, par
MM. A.'Milne-Edwards’etEd. Lartet.
(Mus. Hist. Nat, Grand, nat.)
Fig. 111. — Le crâne de Furfooz, n" 1, vu de pro-,
fil, d’après une photographie. [Même Musée
, n»^2Ç.),; -,
leur crâne, et par certains caractèrës faciaux dont il est encore difficile d’apprécier l’importance, Les
crânes presque entiers que la science doit aux ‘recherches de M. Édouard Dupont, permettent de substituer
à ces données un peu vagues la description de’deux, types de races profondément différents de
ceux dont nous avons terminé l’exaiSen (I).
Le Trou dii Frontal, de Furfooz, a servi aux funérailles d’une tribu demi-sauvage,, lorsque les grands
animaux quaternaires avaient complètement disparu. A ce moment les races humaines étaient déjà bien
mélangées, eh Belgique comme en France. La race de Cro-Magnon, dont Engis, Éngihoul, Goyet, et
peut-être le Trou la Martina, de Pont-à-Lesse, avaient été les stations septentrionales, existait encore; le
crâne n° 3 du Trou du Frontal, dont nous avons parlé, sémbïé le démontrer. Mais des races nouvelles,
dont l’existence en Belgique ne s’était pas encore révélée, avaient apparu à côté de la précédente;
et, bien probablement, les deux groupes ethniques avaient contracté d’étroites alliances. Elles sont principalement
représentéés dans la série de Furfooz par les têtes presqueTcomplètes n° 1 et n° 2 du mémoire
de M. Dupont, que nous allons décrire avec de grands détails, d’après les originaux déposés au Musée
d’Histoire naturelle de Bruxelles.
Le crâne n° \ , un crâne masculin encore jeune, diffère de peux qui ont été décrits dans les précédents
chapitres, par un grand nombre de caractères, parmi lesquels se place en première ligne la mésaticé-
phalie qui s accusé par la réduction relative de toutes les mesures antéro-postérieures (d. a. p. 174, in.
166), réduction portant spécialement sur sa moitié antérieure. La courbe frontale totale reste au-dessous
de 0 ,113 et 1 horizontale préanriculaire mesure seulement 0“,215, tandis que eus deux courbes se chiffrent
par 0m, 128 et 0”,240 sur les crânes Français modernes de même indice.
Cette loge cérébrale antérieure, réduite ainsi d’avant en arrière, est en même temps peu développée
dans le sens de la hauteur. Au-dessus et en arrière d’arcs surciliers petits, mais dont le croissant est
bien dessiné, et que sépare une glabelle légèremént saillante, la ligne du front mdnte très-régulièrement
(4) Ed. Dupont. Élude su r VEthnographie de l'homme de l’âge d u renne dans les cavernes de la vallée de la Lesse, ses caractères, sa race,
son industrie, ses moeurs. (Br. in-8°, avec pl. Extr. dés Mém/Acdd. Roÿ. de Belgique, 1867, p'. 7 et suiv'.)' ' ”
Quatrefages et Hamy. ’ ' j . '