d’osselets anormaux. On observe à la face du même sujet une anomalie dont nous n'avons pas encore
rencontré d’exemple ; nous voulons parler d’une dépression profonde et étroite correspondant à peu
près au trajet du trou sous-orbitaire. L’autre face est remarquable
par une atrophie presque complète des os propres du nez,
comparable à celles que nous ont offertes les Négrilles précédemment
décrits. Le dessin ci-joint représente le buste, réduit au
quart, d’un Nègre du Soudan occidental, le tirailleur Algérien
Feradj ben l’Haribi, moulé au Muséum. Cette figure donne une
idée fort exacle des traits propres à la race (1).
Crânes de Soudaniens Orientaux (fig. 315). — Nous réunissons
sous ce nom onze crânes d’individus mâles du Soudan égyptien,
morts soit au Caire, soit à la Vera Cruz (2), et qui sont déposés au
Muséum de Paris, au Musée de Caen, et dans la collection particulière
de M. le Dr Fuzier. Ces derniers sont tous donnés comme
provenant de Nègres du Darfour.
Si l’on compare (tabl. XXXI) les moyennes fournies par ces
onze têtes de Soudaniens orientaux avec celles que vient de nous
donner la série de sept têtes de Soudaniens de l’Ouest, on constate
Fig. 312. — Buste de Feradj-ben-l’Haribi, Nègre du
Soudan occidental (Mus. Hist. Nat., 1/4 grand.}.
Dans le Soudan oriental les traits propres à la race s’adoucissent quelque peu ; la dolichocéphalie
s atténue (ind. céph. 71,66) parce que la longueur (d. a. p. 0m,180) diminue et surtout parce que l’aplatissement
qu’il n’existe d’un groupe à: l’autre que des différences fort
minimes.
temporal est moins accentué (d. tr. max. 0m,129 ; bitemp. 0m,124, etc.). Les dimensions
verticales restent les mêmes, ou bien peu s'en faut. Tous les autres traits céphaliques susceptibles d’être
rigoureusement comparés se montrent presque complètement identiques d’une série à l’autre. Les proportions
de la face sont même absolument égales (3). Mais le prognathisme est un peu plus accusé (4) tandis
que les angles mandibulaire et alvéolo-mentonier offrent des degrés d’ouverture qui diffèrent assez sensiblement.
Van der Hoeven, G. Sandifort (5) et M. Ecker (6) ont fait connaître deux crânes du Darfour déposés
aux Musees de Leydeet de Fribourg, M. Welcker en a mesuré plusieurs autres dispersés dans quelques
collections étrangères. Ces diverses pièces ne s’écartent guère de celles que nous venons d’examiner.
Crânes de Nilotiques (fig. 315). — Les rives du Haut Nil et des grands lacs dont ce fleuve sort sont
(1) Feradj était un Nègre robuste, dont l’indice céphalique dépassait un peu 73 sur le vivant (d. a. p. 0“ ,194; d. tr. 143), ce qui
l’eut ramené à 71 sur le crâne sec. Il avait les bosses frontales saillantes et infantiles, les pommettes modérément développées,
le nez large et aplati, les lèvres épaisses et déroulées, l’inférieure surtout, le menton un peu fuyant, enfin les masses musculaires des
joues et des tempes fort volumineuses.
(2) "Voyez plus haut p. 342.
(3) M. Spengel vient toutrécemment de donner les chiffres de trois Fouriens du Musée de Goettingue (n°* 300-302). Ces crânes, dont
la provenance détaillée n est pas connue, seraient peut-être des crânes métis de Nouba et de Fourien. Ils sont intermédiaires, en effet,
à plusieurs égards à ceux de ces deux peuples. Ainsi leur indice est de 74,73, leur capacité crânienne atteint 1338; le diamètre bregma-
tique égale 129, etc., etc.
(4) Mesures des mandibules de onze Soudaniens orientaux; diam. bicondyl. 96; biangul. 91; écartement des 2e* mol. 43, des
canin. 21 ; dist. angul. symph. 86; branche mont. haut. 49; larg. transv. 38, obliq. 38 ; branche horizont. haut, symph. 35, 2° mol. 27 ;
épaiss. symph. 15, 2* mol. 15; angle màndibul. 110°; alv. ment. 80°.
(5) J. Van der Hoeven. Bijdragen tôt de Natuurlÿke Geschiedenis van den Negerslam. Leiden, 1842, in-4°, z. 30. — Bien longtemps
avant la publication que nous venons de citer, Seetzen avait décrit brièvement deux Soudaniens de l’Est, Abdallah et Hassan,
Bergous ou Mobbas (Annal, des Voyag., 1« sér., t. XIX, p. 154,1812 ; t. XXI, p. 145, 1813).
(6) Al. E cker. Op. cil., p. 20. — Le crâne de Darfour dont nous parlons ici est celui d'ont il a été déjà question plus haut p. 345,
et que nous supposons provenir d’un Kangara.
généralement habitées par des Nègres que l'on peut grouper tous ensemble sous le nom de Nilotiques. Ces
Nègres, mélangés parfois d'éléments supérieurs empruntés principalement apx races arabe, berbère,
éthiopienne et nouba (t), ne diffèrent point cependant d’une manière sensible des Soudaniens de l’Est
dont il vient d’être question. _ . 7
On commence à les rencontrer en Égypte, où l’esclavage en a transporté un grand nombre ; mais leur
habitat normal ne dépasse guère vers le Nord les limites méridionales de la Nubie.
Les Nubiens proprement dits ne sauraient être séparés, des Éthiopiens avec lesquels ils. ont des affinités
bien plus étroites qu'avec les Nègres. Nous-renvoyons à plus tard leur étude, et nous commençons de
suite le rapide examen des documents que l'on possède en assez petit nombre sur la crSniologie des riverains
du Nil Bien et du Nil Blano, des grands lacs, etc. (2). " * ' ,i4!
m .™ ,» de Foungis. — C’est au mémoire de M. Ecker que nous nous adresserons encore pour connaître
la morphologie céphalique des premiers Nègres vrais que l’on rencontre eniremontant le Nil. Les Foungis
habitent le Sennaar, et p8rl®SUlièrement-les rives du NÉiBIéu, 12° lat. La collection Bilhara, publiée
par M. Ecker, contient un crâne de vrai Foungi provenant du Djebel-Cul, d o n ||u peut rapprocher deux
autres têtes de Nègres du FazoglffresU-dire de Djebelawis, H Foungis des montagnes,, et un crâne
de Hamadja, du Djebel Dûl, entre le Fazogl et le Bertât * |c ü ë i i l i s également par ce-médecm.
Fig. 313. — Crâne d’Abdallah,
Nôgrede Tombouctou
(Soc. d'An-
throp. Coll. Broca).
(Mus. Hist. Nat. Coll.
Borg St-Vincent, n- 3).
Fig. 315. —Grânede Nègre
Dinka (Mus. Anlrop.
Nas. di Firense. Coll.
Ori).
du Soudan oriental (Mus.
Hist. Nat. Coll. Prisse
d’Avesnes, n° 1).
Ces quatre têtes.prises ensemble donnent des chiffres presque identiques .à ceux que nous ont-fournis
les onze Soudaniens orientaux précédemment mesurés. Leur capacité moyenne est de 1,315 centimètres,
leur circonférence horizontale mesiire 0* 498 ;:]|s diamètres horizontaux égalent <T,181 et 0",130 et
l’indice que l’on en tire, 7 1,82, ï e s t supérieur que de seize!lmillièmes> à g u i dejlfi série soudamenne.
Les courbes frontale (0“,124) et pariétale|r,125) ne l'emportent l’une et l’autre que d’un-millimètre
'ïiir- les courbes correspondantes des Soudaniens orientaux ; la, différence est un peu plus marquée pour
la courbe occipitale (0“,114). L’indice nasal est presque semblable (54,92), l’écartement des pommettes
est identique (0m,110), etc.
(1) B arth. Op, d i., pass. — Bdrton. Voyage aux grands lacs de l'Afrique Orientale (Tour du Monde, H, 3°7, 186°). — pbke. es
Sources du Nil. Ed. fr., Paris, 1865, in-8®, chap. VIII. - Hartmann, op. cil., p. 445, taf. VII, X e t Die Ni a , p -
tul. 7, — etc.
(2) Voy. plus haut p. 336. H i- « cm „ „ muiifi.
(3) Un autre crâne de la même collection, originaire du Sennaar, sans indication spéciale, atteindrait 1 indice 76,3 ( . • P- > >
d tr 0™ 142), mesurerait 0m,515 de circonférence horizontale, et cuberait 1390“ (Al . Ecker. Catalog, cil., p. 3~). ■ c er n a pas
e n devoir donner cette pièce dans sa monographie des Nègres t a N.-E. Elle a en effet les Iraitsdidèçls t e gens du Sennaar, melange
d’Arabes Baggaras, d’Éthiopiens, et de Nègres Foungis et Dinkas. — Cf. R. Hartmann. Op. cit., taf. VI,