vingt-six) se montreront franchement dolichocéphales, et s’accumuleront en grande majorité (cinquante-
huit) sous les indices 70 à 73. Enfin, entre les sous-brachycéphales et les dolichocéphales, se placera une
série intermédiaire de dix crânes dont neuf ont l’indice 76, un dixième ayant l’indice 77, et qui sont par
consqéuent sous-dolichocéphales. La série de Kordo se comportera donc comme celles que l’on pourrait
former dans nos contrées, où des races brachycéphales et dolichocéphales se sont mélangées, et où l’on retrouve
juxtaposées les formes crâniennes originelles et celles qui en sont dérivées. A Kordo, l’élément dolichocéphale
prédomine énormément ; les mésaticéphales et les sous-brachycéphales ne constituent qu’une
faible minorité, grossie peut-être encore par quelques cas de synostoses prématurées ou de déformations
artificielles. A* la Nouvelle-Calédonie aussi la prédominance appartiendra aux dolichocéphales. Là comme
ici, nous constaterons qu’ils se sont mêlés à un autre type susceptible d’être assez facilement isolé, et nous
pourrons distinguer le produit intermédiaire qui est résulté du croisement.
L’élément surajouté à la Nouvelle-Calédonie est un élément polynésien. M. Meyer s’est chargé, nous
l’avons déjà dit, de démontrer que le type sous-brachycéphale de Mysore ne saurait avoir été emprunté
à l’une ou l’autre des populations malaises qui fréquentent la Mélanésie occidentale. Or, cet élément
nègre spécial offre avec celui qui a fait l’objet des descriptions qu’on vient de lire de telles analogies, que
nous nous croyons autorisés à juxtaposer l’un et l’autre.
Ces analogies se tirent de l’examen des figures, et de l’étude des chiffres annexés au Mémoire de
M. A.-B. Meyer (1). Les planches III et 1Y des Mittheilungen du Musée zoologique royal de Dresde représentent,
réduits au quart et sous cinq aspects différents, deux des crânes sous-brachycéphales dont il était
question plus haut. L’un de ces crânes, très-probablement masculin, fort asymétrique (n° 166), paraît devoir
sa morphologie anormale à une soudure prématurée dans la coronale. Tout déformé qu’il est, il rappelle
cependant assez bien, par ses courbes et celles de ses mesures qui sont comparables aux nôtres, lés
têtes que nous avons précédemment examinées. Son profil et sa vue de face rappellent surtout ceux du
crâne n° 2jle la collection Wise. Son diamètre antéro-postérieur est de 0m,172, son diamètre transverse
de 0“,13S. Ce sont presque les mensurations des crânes de Stockholm. La circonférence horizontale est seulement
un peu plus étendue (0m,501), et comme la hauteur est en même temps un peu plus élevée, la capacité
crânienne se trouve sensiblement augmentée (1450 centimètres cubes). Les courbes antéro-postérieures
s’étendent proportionnellement à cette ampliation, la frontale (0,1295) et la pariétale (0m,125) s’allongeant
un peu, tandis quel occipitale ne change pas (0m,1155). La face est fort endommagée et M. A.-B. Meyer
n'a pu y mesurer avec précision que le diamètre bijugal, qui est seulement de 0“,122. Ce crâneMe Kordo
présente donc la réduction de la face sur laquelle nous appelions l’attention en décrivant les crânes du
Musée de l’Institut Carolin. L’examen des figures, quelque insuffisantes qu’elles soient, confirme ce rapprochement
et permet de saisir en outre l’existence d’un grand nombre de traits communs à ce crâne et
au n° 2 de Wise, dans 1 ossature des os propres du nez, des maxillaires supérieurs et des malaires.
Le second crâne sous-brachycephale de 1 atlas de M. Meyer (n° 97) reproduit sur une moindre échelle
tous les caractères du premier. Sa noima verticalis, symétrique cette fois, rappellerait parfaitement
celle de nos Négritos, si l'orientation était la même que celle que nous avons adoptée (2). C’est un petit
crâne de femme de 1170 centimètres cubes de capacité, et de 0m,461 de circonférence horizontale. Il est
long de 0m, 162, large de 0,132, son indice est par conséquent de 81,48. Ses courbes antéro-postérieures
mesurent 0", 119 pour le frontal, 0,125 pour le pariétal et un peu plus de 0m,100 pour l’occipital. On remarque
au-rdessus de 1 angle lambdatique, entre les pariétaux, deux os wormiens relativement assez volu- 1 2
(1) A. B. Meyer. AnthopologischeMittheilungen, etc., p. 71, 74, 80, 82, et pl. m , IV. -N o u s aurions désiré vivement que cette partie
de notre travail fût plus complète, et l’un de nous a tenté à deux reprises d’entrer en relations avec M. Meyer pour en obtenir des
renseignements plus explicites que ceux qu’il a publiés. Les deux lettres sont demeurées sans réponse.
(2) Toutes les figures de M. Meyer sont orientées suivant la méthode de M. Von Iherin".
mineux. D’autres grands wormiens horizontalement dirigés occupent les fontanelles antéro-inférieures et
suppléent à la brièveté du sphénoïde. Ce qui reste de la face est de faible volume, étroit et bas tout ensemble,
et nous croyons y retrouver quelques-uns des caractères morphologiques tant de fois mentionnés déjà.
Les deux autres crânes non figurés, ajoutés aux précédents, amènent la moyenne de la petite série
ainsi constituée au voisinage de celle du Dr Wise. La capacité crânienne commune devient 1,341 ; le
diamètre antéro-postérieur moyen est 0™, 172; le transverse correspondant à 0m,139, et la moyenne des
indices égale 80,61. Le diamètre bizygomatique atteint O“,124, etc., etc.
Crânes de Toüd, détroit de T orrès (fig. 220 et 221).— Nous ne connaissons, en dehors de la zone où
s’exerce l’influence malaise, dans le nord-ouest de la Nouvelle-Guinée, que les crânes examinés dans les
pages précédentes qui puissent être considérés comme appartenant complètement au type actuellement
à l’étude. Encore avons-nous observé qu’une de ces têtes, le n° 1 de Wise, était déformée à la
façon de celles dont on a pu lire la description dans le chapitre m ci-dessus. Les autres pièces plus ou
moines brachycéphales de la terre ou des îles des Papous sont altérées de la même manière dans leur morphologie
ou représentent le produit des métissages que nous étudierons plus loin.
L’intérieur de la grande terre est plus inconnu encore que celui de la péninsule septentrionale, où nous
avons pu faiblement pénétrer, grâce aux pièces des musées de Stockholm et de Rome. Nous nous poserions
la question de l’existence des Négritos Papous dans ses montagnes sans pouvoir la résoudre, si l’anthropologie
d’une des tribus de la rive nor.d du détroit de Torrès, assez complètement faite par les naturalistes
de Y Astrolabe et de la Zélée, n’avait pas montré l’existence parmi ses membres de quelques individus différant
énormément des Papouas vrais par toute leur morphologie céphalique.
Cette tribu est celle qui occupait la petite île Warrior ou Toud au moment où la dernière expédition de
Dumont d’Urville franchissait si péniblement par un dangereux canal le détroit de Torrès. Dumoutier,
Hombron et M. H. Jacquinot ont recueilli sur la tribu de Toud nombre de renseignements ethnologiques
variés, et notamment douze crânes aujourd’hui déposés dans les galeries du Muséum de Paris. De ces
crânes les uns constituaient de belliqueux trophées suspendus dans les huttes et devaient provenir de
quelque population de la grande terre voisine; les autres venaient des sépultures et représentaient
par conséquent la tribu de Toud ou l’une de celles qui l’avaient précédée sur cet îlot. C’est parmi
ces derniers que se placent les crânes sur lesquels nous voulons attirer l’attention. Dumoutier distinguait
vaguement deux types parmi les insulaires qu’il avait sous les yeux, et remarquait qu’à ces deux
types appartenaient respectivement d’une manière assez uniforme les individus des deux sexes qu’il examinait.
Les têtes osseuses de Toud montrent, en effet, entre la plupart des hommes et des femmes, des
différences qui ne peuvent pas être imputées exclusivement au sexe. Tous les crânes masculins que leur
état permet de supposer provenir de trophées, et la plupart de ceux qui ont été retirés des tombeaux,
appartiennent nettement à la race qui sera décrite plus loin sous le nom de Papoua. Deux crânes de
femmes sur trois sont au contraire d’un type qui se rapproche singulièrement de l’un de ceux de la
collection Wise. Enfin le produit de ces deux facteurs se décèle par des caractères intermédiaires que
nous ferons plus loin connaître, et dont les figures 1 et 2 de la planche XVIII de notre atlas peuvent dès
à présent donner une idée fort exacte.
Nous avons fait représenter l’un des crânes féminins de Toud dont il vient d’être question ; il suffira
d en superposer le profil (fig. 221) à celui du crâne n° 1 de la collection Wise représenté ci-dessus (1) pour
reconnaître qu’il ne s’en écarte que par des caractères secondaires qu’on peut mettre sur le compte de la
différence des sexes, tels que le moindre volume (cap. crân., 1260 centimètres cubes, circonf. horiz. 0“,46),
1 atténuation des parties saillantes en général, ares surciliers, protubérance occipitale, apophyses mas-
(1) Voyez plus haut, fig. 217, p. 203.