céphaliques, considère comme anormales toutes celles qui diffèrent de l’ovale (1). Quant aux naturalistes,
aux géographes, etc., ils admettent avec tant de crédulité les récits les plus étranges et les plus invraisemblables
sur les races exotiques (2), qu’il n’y a que rarement à tenir compte de leurs descriptions,
sauf en ce qui concerne les caractères extérieurs, taille, couleurs, etc.
Seuls, les documents artistiques nous révèlent chez les Grecs des connaissances étendues sur la constitution
du crâne et de la face, dont ils n’ont cependant représenté que deux types bien caractérisés, Retzius,
Gratiolet, M. Nicolucci, qui ont étudié au point de vue de la conformation céphalique la statuaire grecque (3),
y ont reconnu la forme dolichocéphale, chez les Apollon, les Vénus, les Grâces, les Muses, etc., et la forme
brachycéphale attribuée à Hercule, à Silène,
etc. Miltiade, Eschyle, Sophocle, Euripide,
Démosthènes, Périclès, Aristote sont
du premier type, Socrate appartient au second.
Ces deux formes de tête distingueraient, suivant
Retzius, l’Hellène dolichocéphale et le
brachycéphale Pélasge. Les divinités rustiques,
satyres, faunes, etc., représentées
comme un élément mythologique primitif et
A étranger à la race Hellénique, sont de ce derijgk
ü*er lyPe 9ue Grèce, dédaigneuse de tout
fjà ce 9U* n es^ pas elle-même, attribue du même
coup à tous les peuples quelle qualifie de
barbares (4). Des traits courts, ramassés et
rendus souvent repoussants par une expression
brutale ou sinistre, sont ordinairement
donnés par les artistes aux Scythes, aux Col-
chidiens, aux Phrygiens, etc. On s’étonne de
voir paraître les Égyptiens sous des dehors
si contraires à la réalité, comme cela se remarque
dans une peinture de vase publiée par
Millingen (5) et qui représente Busiris châtié
par Hercule, et on se croit, avec non moins
de raison, le droit d’être surpris de ce que
les Perses, que les Grecs avaient vus de près
Fig. 166 et 167 — Petits vases grecs avec types ethniques de l’époqi
successeurs d'Alexandre le Grand {Mus. du Louvre.)
cependant, paraissent si faiblement caractérisés dans les bas-reliefs du temple de la Victoire Aptère à
Athènes, surtout si l’on compare ces bas-reliefs à ceux de Persépolis (6).
L’auteur de l’article auquel nous empruntons ces renseignements estime qu'il faut descendre «jusqu'à
,s(l) Galeni, De ossïbus liber, cap. i, Venetiis apud Juntas, 1525, in-f°, Cl. I, p. 40-41, etc.
(2) Cf. Fabricius, Dissertatio critica de hominibus orbis nostri incolis, specie et ortu avito inter se non differentibus... Hambunr 1721
in-4°, cap. ii. >
(3) R etzius, Elkmlyùche Sdirifim, s. 88, 139. - Cr. W. E owards, Des earacOres physiologiques des races humaines considérées dans
leurs rapports avec htstoire (Mém. Soc. Ethnologique, t..ï, p. 97 et suiv., 1841). — Bull. Soc. d’Anthrop. de Pans t I p 306 1860 —
G. Nicolucci, SulV antropologia délia Grecia. Napoli, 1867, in-4®, p. 67. H IBM ISm^W H SBE9 B * * * > » , 1 B, p. 226. Paris, W jp -lfr . I l* * , de nous a insisté à «verses
reprises sur les'consideratioilfc decette nature lftM.mm.ms, Rapport sur les progrès de il Anthropologie. 1867, p. 483: Leçons sur les
races Métisses (Revue des cours scientifiques. 1871, p. 776).
(5) Millingen, pl. 28.
(6) F landin et Coste. Voyage en Perse. Paris, 1840.-1841,, in-f°,. pl. 122-124, 135 152, eic.
une époque et jusqu’à un pays où l’esprit hellénique était profondément modifié » pour trouver le souci
de ce que nous entendons par la vérité historique ou plutôt ethnographique. Les monuments ethnographiques
sont, en effet, fort rares dans l’art Grec, antérieurement à Pompéi et à Herculanum. Nous en avons
cependant rencontré quelques-uns dans les collections du Louvre. La petite bouteille dont nous venons
de donner la figure et qui représente la tête d’un nègre (fig. 167) appartient, suivant M. Ravaisson, à
l’époque des successeurs d’Alexandre, aussi bien que celle que nous lui juxtaposons, et dont le type Grec
le plus pur a fourni le sujet (fig. 166)>;»i; •
Les Grecs, dans tous les étrangers n’avaient vu que des barbares et les avaient tous figurés, sans
acception de pays, d’une manière à peu près identique. Pour les Romains, l’étranger est presque
toujours un vaincu dont la figure est appelée à orner les monuments triomphaux, véritables pages
d’histoire où les nations mises sous le joug sont
représentées avec des types encore un peu conr
ventionnels et par trop uniformes, mais cependant
beaucoup plus vrais que ceux que l’art Grec
avait généralisés (1). Nombreuses sont les sculptures
romaines consacrées aux Gaulois, aux
Germains, aux Daces, etc. Nous reviendrons dans
la suite sur les principales en étudiant rapidement,
au point de vue de leur conformation céphalique,
ces divers peuples anciens. Il nous
suffit pour le présent de placer sous les yeux du
lecteur la figure d’un de ces monuments (fig. 168)
conservé au Musée du Louvre. L’examen de ce
groupe suffira pour donner une idée exacte de
l’anthropographie romaine, et pour montrer l’intérêt
spécial qui peut s’attacher à ses oeuvres (2).
L’Égypte dont les conceptions ethnologiques,
longtemps mal interprétées, commencent à nous
apparaître avec plus de clarté, l’Égypte mettait
les autres nations au-dessous de son peuple, mais
n , . .. , , , . .. . Fig. 168. — Gaulois 'défendant sa maison, bas-relief romain enchâssé dans elle leur taisait place, SOUS la direction et SOUS le socle de la grande Melpomène du Musée du Louvre.
la protection des Dieux nationaux, dans le ciel
inférieur (3). Les artistes furent par là même autorisés à donner à la représentation des étrangers les mêmes
soins qu’à celle de leurs compatriotes. Ils avaient pour la reproduction de la figure une aptitude toute
spéciale, et l’on peut dire que dans leur oeuvre immense chaque tête est presque un portrait, en donnant
à ce mot son sens le plus général. Les caractères généraux propres à chacune des races du genre
humain ont été saisis avec un tact extrêmement remarquable..
Les deux auteurs de cet ouvrage ont visité ensemble les principaux monuments de l’ancienne
Égypte en 1869, et n’ont pas été moins frappés que leurs très - nombreux devanciers de la perfection
(1) Les Étrusques ont aussi laissé des monuments anthropographiques intéressants dans leur naïveté un peu primitive. Nous
aurons l’occasion d’y revenir à plusieurs reprises dans la suite de ce livre. Citons pourtant dès à présent la curieuse collection de
portraits funéraires en terre cuite rassemblés par Gampana et déposés aujourd’hui au Musée du Louvre.
(2) Le type Romain lui-même a été étudié dans les monuments par "W. Edwards (Op. cil., p. 42 et suiv.), et plus récemment par
M. Ch. Rochet (Essai d’une monographie du type du Romain ancien, d’après des études faites pendant un séjour à Rome sur les sculptures
antiques et sur lapopulation (Mém. Soc. d’Anthrop. t. III, p. 127, 1869).
(3) F. Chabas, Études sur l’antiquité historique d’après les sources Égyptiennes. Paris, 1873, in-8° p. 93.