dans le dernier âge de cette période, et que les sépultures de Solutré qui renferment des crânes rela-?
tivement globuleux sont aussi de la fin de l’âge de pierre paléolithique, si elles ne, sont pas plus récentes
(1). Presque en même temps M. Eug. Bertrand découvre, à Clichy, dans un niveau plus inférieur
que celui qui contient les brachycéphales, le crâne allongé et aplati décrit dans cet ouvrage (2). La
question de préexistence est dès lors tranchée définitivement en faveur des dolichocéphales de la race
de Canstadt. Les brachycéphales viennent en seconde ligne, antérieurs aux hommes de la race de Cro-
Magnon comme nous allons le voir à Paris, ou leurs contemporains comme à la Truchère (3).
En groupant tous les documents que nous venons de mentionner, nous allons former un ensemble
beaucoup moins homogène que ceux des précédents chapitres, mais dans lequel il nous paraît peu
prudent, dans l’état actuel de nos connaissances, d’établir avec sécurité des subdivisions précises. Nous
ne pouvons qu’indiquer les opinions que nous a suggérées leur étude, espérant que de nouveaux progrès
de notre science mèneront à différencier plus complètement les divers types que nous rapprochons
aujourd’hui sans les confondre.
§ 2. — Description.
Nous allons décrire les types fossiles humains qu’il nous reste à faire connaître dans l’ordre de leurs
indices céphaliques, en commençant par le mésaticéphale de Furfooz (4), en étudiant ensuite le sous-brachycéphale
de la même station, puis les brachycéphales de plus en plus accentués de Grenelle supérieur,
Nagy-Sap (o) et la Truchère.
Nous consacrerons auparavant quelques lignes à l’examen de quelques fragments dont la détermination
est encore douteuse, mais qui ne sont pas dénués d’intérêt.
F ragments de Clichy (fig. 108 et 109). — Ce sont d’abord la moitié droite d’un frontal et le centre de
1 écaille occipitale trouvés par M. Reboux en 1866 dans une couche de terrain quaternaire inférieur, à
quelques décimètres au-dessus du crâne de Clichy, dont la description a été donnée dans un chapitre
précédent (6), et beaucoup plus anciennement déposés par conséquent que les ossements de Grenelle que
nous avons ci-dessus publiés.
Le demi-frontal (fig. 108 et 109), épais de 0m,007 à 0“,008, d’une structure très-dense et tout à fait lisse,
est remarquable par sa verticalité relative, l’effacement de ses bosses et son peu de courbure transversale.
Il est haut et un peu plat, modérément large (diam. frontal minimum 0“,100) en bas, mais s’évasant
considérablement en haut. La région temporale du frontal est renflée au point de regarder presque directement
en avant, et ce trait an a tom iq u e , combiné avec ceux qui se tirent des courbures sus-indiquées, donne
de suite l’idée d’un crâne globuleux. La suture médio-frontale, visible dans toute son étendue, n’est fermée
que vers le milieu de son trajet, et dans une étendue qui correspond seulement à un centimètre de
longueur. Les arcs surciliers sont à peine marqués, les sinus fort peu excavés, à petites cellules multiples
(1) Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, 2« série, t. VIII, p. 825, 827, 845.1873.
(2) Voyez plus haut, p. 19.
(3) Prüner-Bey. Description du crâne de la Truchère. (Arch. du M u s é u m cFHist. nal. de Lyon, t. I, p. 67. Lyon, 1873, in-4°.)
(4) Ed. Ddpont. Sur les crânes de Furfooz. (Congr. Internat. d’Anthrop. et d ’A r c h . préhist., 6® session. Bruxelles, 1872, p. 555.)
(5) F. Luschan. Die Fvnde von Nagy-Sup. (Mitlheilungen der Anthrop. Gesellsch. in Wien, n? 9, 1872).
(6) Les deux pièces s’étaient trouvées mêlées dans un même lot d’ossements trouvés par M. Reboux dans le terrain quaternaire
de Clichy, et parmi lesquels figuraient les deux fragments de maxillaire inférieur décrits page 25 et dessinés planche II.
C est même la rencontre simultanée de ces deux pièces qui avait engagé l’un de nous à décrire les mâchoires comme venant
de sujets brachycéphales et à étendre cette brachycéphalie aux mandibules de la Naulette et d’Arcy, avec lesquelles l’une des
mandibules de Clichy a tant de rapports. (Hauy. Précis de Pal. hum., p. 216.) Il résulte de nouveaux renseignements que ces pièces,
rencontrées à des profondeurs peu différentes, mais en des points éloignés de la même carrière, n’ont entre elles aucun lien
nécessaire.
RACES HUMAINES FOSSILES DE FURFOOZ, DE LA TRUCHÈRE, ETC.
juxtaposées et communiquant largement entre elles. La racine du nez est beaucoup moins déprimée que
nous ne l’avons vu jusqu’à présent. Elle est large (interorbitaire 0m,028) et plate, et ce qui reste des os nasaux
décrivant un profil concave, appartient à un nez peu saillant et relevé à son extrémité. L’orbite est carrée,
du moins son angle interne et supérieur est un angle droit, l’apophyse orbitaire externe, solide quoique
mince et de dimensions moyennes, est projetée directement en dehors et en bas, de façon que le diamètre
correspondant égale 0m,i 10 ; sa direction donne a supposer
que la face qu’elle surmontait devait être relativement large.
L’occipital, qui correspond au frontal dont on vient de lire
la description et dont il partage d’ailleurs les caractères physiques,
est, comme ce premier os, développé verticalement, sans
presque de courbure, dans la partie centrale de l’écaille qui
nous est seule parvenue. La protubérance occipitale externe
est presque nulle, et ce que l’on voit des lignes courbes et des
empreintes musculaires qu’elles enceignent est bien peu mar-
quéi Par tous les caractères qu’il présente, cet os diffère, comme
le frontal, des pièces similaires des races dolichocéphales, et
son peu de convexité dans le sens antéro-postérieur, son profil
taillé à pic, autorisent à supposer qu’il a appartenu à un brachycéphale
assez bien caractérisé. Les mêmes observations s’appliquent à un deuxième occipital réduit,
comme celui-ci, à sa protubérance, et plus aplati encore dans le sens transversal.
Fragments d’A ürignac (pl. II, fig. 9, 10, 11). — La coexistence d’une race brachycéphale, indéterminée
d’ailleurs, avec les races dolichocéphales ci-dessus décrites, dans le bassin de Paris, à l’époque quaternaire,
ressort avec quelque doute de la trouvaille dont nous venons de donner le détail. La race de
Canstadt reste toujours la plus ancienne; mais une race au crâne plus ou moins globuleux paraît être
intervenue, dès la fin de l’âge des animaux éteints, dans le peuplement de notre pays. Est-ce la même
dont certains débris humains de petite taille, trouvés à Aurignac, aux Eyzies, etc., nous ont conservé la
trace? C’est ce que nous ne nous croyons pas en mesure de décider.
On était moins réservé, il y a très-peu d’années, tout fragment d’os de la tête ayant de faibles dimensions
passait alors facilement pour avoir appartenu à un sujet brachycéphale. M. Prüner-Bey, par
exemple, invoquait encore en 1868 l’exiguïté relative de la mâchoire d’Arcy tout autant que sa forme
pour l’attribuer à un individu de ce type (1). Et nous savons que cet anthropologiste a trouvé un certain
nombre d’imitateurs. Dans sa pensée, le raisonnement qui l’avait amené à faire de l’homme d’Arcy-sur-
Cure un brachycéphale, devait également s’appliquer à celui d’Aurignac (2) dont il avait étudié le fragment
de mandibule représenté par la figure 10 de la planche II de notre atlas. Ce débris, ainsi que les
deux autres dessinés fig. 9 et 11, a été rapporté d’Aurignac par M. Lartet avec des fragments de crâne
tout à fait indéterminables, la mâchoire dont nous avons parlé (3) et un grand nombre d’os plus ou moins
incomplets du tronc et des membres.
Il se compose delà moitié postérieure de la branche horizontale gauche avec une petite partie de la
branche montante, brisée un peu au-dessus de l’angle postérieur. L’arcade dentaire porte encore la
seconde et la troisième grosse molaire, toutes deux fort usées, et à peu près d’égal volume. Toutes les
proportions de cette mandibule sont exiguës, sa hauteur au niveau de la seconde molaire est de 0m,025,
(1) Pruner-Bey. Sur la mâchoire d’Abbeville. (Bull. Soc. d Anthrop. de Paris, t. IV, p. 303. 1863.).
(2) Idem. Ibid.
(3) Voir plus haut, p. 59.