M. Huxley a décrit et figuré (1) une troisième tète dont la morphologie est tellement accusée qu’il a cm'
pouvoir émettre des doutes sur sa provenance, quoiqu’elle portât dans la collection Sedgwick l’étiquette
« New Zealand ». Cette pièce, dont nous avons le moulage sous les yeux et dontles cinq figures ci-jointes
font connaître les divers aspects
(fig. 273 à 277), serait impossible
à distinguer de i la plupart de celles
que l’on recueille en Mélanésie, et
tout particulièrement dans l’archipel
des Nouvelles-Hébrides. Sa
longueur (d. a.-p., 0“, 192) et son
étroitesse (d. tr. max., Gm,122) en
.(- •font, pour l'auteur anglais, Vextrême
individuel de la dôlichocé-
phalie (ind. céph., 63,34), et la
hauteur proportionn elle de son diamètre
basilo-bregmatique(0“, 138):>
qui fait monter l’indice de largeur-
hauteur à 113,11, permet de la
présenter comme un type de l’hyp-
sisténocéphalie la mieux caractérisée.
Nous n’insisterons point sur la
morphologie faciale, qui rentre
dans les descriptions que nous
avons données précédemment.
Les trois pièces dont nous venons
de parler ne sont point les j
seules qui attestent l’existence d’uh
type franchement papoua à la Nouvelle
Zélande. Le Muséum de Paris
contient deux têtes préparées,
rapportées de cet archipel par Freycinet
(2) et par Lesson, et dont la
chevelure laineuse rappelle complètement
celle des Mélanésiens
purs. Plusieurs musées étrangers,
Fig- 275- . , ; • ■ Fig. 27;6. _
Fig. 273. Crâne du Papoua Néo-Zélandais de M. Huxley,vu de profil (J/jgr. nat.) — Fig. 274. Le
-même, vu deface. — Fig. 275. Le même, vu d'en haut. — F ig. 276. Le môme, vit par derrière.
— Fig. 277. Voûte palatine (Coll. Sedgwick. Mus. Chir. d'Angleterre).
parmi lesquels nous citerons celui de la Porte de Hal, à Bruxelles, possèdent des pièces semblables, et
nous reproduisons ci-dessus d’après Hamilton Smith (3) le portrait d’un Maori noir du même type, le chef
Te Kewiti. Cook a vu au cap Bret des naturels plus foncés que ceux qu’il avait rencontrés précédèm-
(U Th- Huxley. On two ividely contrasted forms ofthe human cranium {The Journ. ofAnat. and Physiol., vol. I, p. 60-77. 1867).
(2) L. de F reycinet. Voy. aut. du monde... sur les corvettes l’Uranie et la Physicienne. Eût. T. II, p» partie, p. 909, et AÜ pl 107
1829, in-44. • ’
(3) H amilton Smith. Op. cit., pl. XX. Il est remarquable que toutes ces têtes négroïdes portent des tatouages indiquant un rang plus ou
moins élevédans la hiérarchie insulaire. Ces faits sont en contradiction avec les assertions de quelques-uns des écrivains cités plus
haut sur la position sociale tout à fait inférieure qu’auraient toujours, suivant eux,les noirs. Du Petit-Thouars avait remarqué que
les chefs qu’il avait vus à la Nouvelle-Zélande étaient à la fois plus noirs et plus grands que les autres indigènes (Voy. autour du
monde sur la frégate la Vénus. Hist. T. III, p. 39. Paris, 1841, in-8*).
ment (1), et nous nous étions demandé, étant donné surtout le texte de Crozet, qui s’applique aux mêmes
parages, si la population de la baie des Iles ne devait point ce teint plus sombre à une prédominance
locale des1 noirs. M. Cheeseman, dans le but de nous aider à résoudre ce problème, a récemment envoyé
au Muséum de cette partie d’Ika-Na-Mawi une collection considérable de crânes, qui renferme en effet
plusieurs individus chez lesquels il n’est point trop malaisé de démêler un certain nombre d’altérations du
type dans le sens mélanésien. Une de ces pièces surtout se fait remarquer par un prognathisme qui a tout
à fait la forme de celui des Papouas.
Cr â n e s d e Papouas Mic r o n é s ïe n s (pl. XXIII, fig. 3 et 4, et dans le texte fig. 279 et 280). — Padilla,
Clin et Cantova au dernier siècle, et de nos jours Morrell, Lesson , Kittlitz, Jaurès, MM. Lütke, Jacquinot,
Semper, Kubary, ont tour à tour signalé l’existence, dans un certain nombre d’îles de la Micronésie, d’individus
présentant à divers degrés des traits nigritiques (2).
Nougouor, Lougounor, Sonsorol, Sataoual, Hogoleu, Namoulouk, Kousai et surtout Puynipet ou
Fig. 278.. — Rawak (Mus. Hisl.
Nat. Coll. Quoi/ et Gaimard,
n? ! !
Fig. 279. — Métaranim de Ppy-
nipet. Carolines ((Wws.fliit.iVaL
Coll. Jaurès et Liautaud. N° 1).
Fig. 280. — Michia de Guaham,
Mariannes (Mus. Hist. Nat.,
. Coll. Dumoutier, N° ).
Fig. 2 8 ^ 5 Rawak (Mus. Hist. Nat.
Coll. Quoy et Gaimard, N°6).
Ponapi, sont les terres qui ont été citées comme renfermant plus spécialement des Nègres ou des Mulâtres
plus ou moins bien caractérisés.
Il n’existe de documents positifs que sur cette dernière terre. Jaurès et Liautaud ont pu s’y procurer trois
crânes au moment du passage de la Danaïde, en 1842. Deux de ces pièces, provenant de la tribu de
Métaranim, montrent des traits manifestement nigritiques. La plus complète est représentée dans notre
planche XXIII, et l’on peut aisément constater, par la comparaison avec celles qui la précèdent dans l’Atlas,
qu’elle offre avec plusieurs d’entre elles, avec celles de Kanala et Lifou en particulier, de grandes affinités.
Les profils crâniens antéro-postérieur et transverse égalent à peu de chose près ceux de cette dernière
(cire, horiz. 0m,527; transv. 0m,443; antéro-post. 0m,526; d. a.-p. 0“, 187 ; d. tr. 0m, 137; d. bas.-bregm. 0m, 141 ;
ind. 73,26; 75,40; 102,91); et la face ne diffère sensiblement de l’une à l’autre des deux pièces que par
l’indice nasal qui est faible à Puynipet (long. 0,050; larg. 0,022; ind. 44), comme il l’est à Kanala, et
dans les autres localités étudiées ci-dessus, où des croisements ont eu lieu entre Mélanésiens et Polynésiens.
La vue d’en haut montre les régions postérieures du crâne légèrement aplaties d’arrière en avant.
La forme ainsi produite rappelle ce que nous avons remarqué sur l’une des têtes de l’île de Rawak, dont
(1) J. Cook. Rec. cit. T. III, p. 147.
(2) Lettres édifiantes. T. VIII, p. 240 et suiv. Lyon, 1819, in-8°. —- Lesson. Voy. de la Coquille, Zool. T. I, l r0 part., p. 79. —
Freycinet. Voy. cit. T. II, p. 93. — Ltjtke. Voyage autour du monde... sur la comité le Séniavine, dans les années 1826, 1827, 1828
et 1829. Édit. Fr., Paris, 1835. T. H, p. 25. — D. de Rienzi. Op.cit. T.'II, p. 83, 117, 118, 127. — H. Jacquinot. Op. cit. — F. von
K ittlitz. Denkwürdigkeit einer Reise nach dem russischen Amerika, nach Mikronesien und durch Kamtschatka, Gotha, 1858, in-8°. H . II,
Absch. Xm. — W aitz. Op. cit. Bd. V, s. 50. — Etc.