Les mesures moyennes de cés deux pièces remplissent la troisième colonne du tableau qui suit (d). La capacité
est sensiblement plus considérable que celle des Toungouses proprement dits (75cc en plus), ce qui
tient principalement à l’ampliation de la courbe antéro-postérieure. La courbe transversale est aussi plus
élevée, mais les diamètres horizontaux diminuent l’un et l'autre, le transverse un peu plus que l’antéropostérieur,
de manière à produire un indice céphalique de 79,23 au lieu de l’indice 80 calculé chez les
Toungouses.
La face voit, en même temps, s’atténuer là plupart de ses caractères; ses dimensions verticales diminuent
principalement, ce qui abaisse l’indice facial (67,40 au lieu de 72,79) et augmente lündice nasal qui,
de 49,05 devient 51,92. Toutefois l’indice orbitaire monte au lieu de descendre, fce qui tient manifestement
à l’influence Chinoise ; de 87,18 qu’il était chez les deux Toungouses du Muséum, il devient 92,30 (2).
Crânes de Kalmouks (2b type, (pl. LXIII, fîg. 1 et 2). -r- Le Muséum d’Histoire naturelle possède, sous
le nom vague de Kalmouk, deux crânes de Sibériens, l’un rapporté « du désert des Kalmouks » par De l’Isle
au milieu du dix-huitième siècle, l’autre recueilli au Val-de-Grâce par Serres en 18 14 . Ces deux crânes
ressemblent beaucoup soit au Toungouse atténué, soit au Mandchoux de Gehol, dont il était question plus
haut. Les mesures de ces deux pièces combinées remplissent la colonne 4 de notre tableau XLÏ.
Crânes de Ghiliaks (pL LXJf, fîg. 1 et 2, et dans le texte, fig. 383). ■—Les Ghiliaks, dont les relations
ethniques avec les Toungouses ont été très diversement appréciées, présentent une morphologie céphalique
assez voisine de celle de ces peuples, à en juger, du moins, par les deux seuls crânes connus recueillis
dans leur pays. La première de ces têtes Ghiliakes, trouvée par M. Weber dans une forêt au voisinage du lac
Kizia, province du Trans-Amour, en plein pays Ghiliak par conséquent, fait partie du Musée Davis.
M. Prüner-Bey, qui l’a le premier décrite en 1867(3), lui attribue «une forme de transition, de passage entre
le crâne Mongol et celui de l ’Amérique boréale, » c’est-â-dire l’Eskimo. M. Prüner-Bey fonde cette
opinion, que Schrenck semble d’ailleurs partager, sur l’allongement proportionnel de la voûte, l’aplatissement
du squelette nasal, le développement dans tous les sens, et surtout dans le sens vertical, des os
maxillaires supérieurs, etc. Rappelons en passant que ces divers traits se rencontrent aussi chez les
Toungouses. Nous avons vu que celui de Goettingue a pour indice 76,16 ; celui que le général Korsakoff
a „donné au Muséum de Paris mesure 0“,054 de distance orbito-alvéolaire, 0m,002 seulement de moins
que le Ghiliak du Kizia, etc., etc. Ce sujet nous paraît donc pouvoir prendre place au voisinage des autres
Toungouses à côté desquels Pechtchourow, Permekin et Sabir (4) rangent, sans hésiter, les Ghiliaks (5).
(U I*es mesures du crâne Mandchou de la Société des amis des sciences de Moscou s'écartent médiocrement de cette moyenne. Voici
les principales : Cire, horiz. 500 ; d. a.-p. 173; tr. 140; bas.-bregm. l30; ind. céph. 80,92; 75,14; 92,85 ; front, max. 111 ; min. 90;
biorb. ext. 402; bizygom. 131 ;orb. larg. 40; haut. 35; nez larg. 25; haut. 54. (A. Bogdanow. Op. cil., p. 82.)
(2) Voir pour plus de détails le tableau ci-joint. Les métis/ issus du croisement des Chinois et des Mandchoux, offrent un type assez
particulier. Nous en avons étudié deux spécimens fort semblables, l’un à Stockholm dans la collection Retzius, l’autre au Muséum
de Paris, où Eydoux l’a déposé. Voici les moyennes de ces deux pièces : Cap. cràn. (de celui de Paris seul) 1640 ; cire, horiz. 523““ ;
d. a.-p. 180; tr. max. 149 ; bas.-bregm. 135; front max. 117; min. 92; biorb- ext. 103; bizygom. 133; haut. tot. face 100 ; orbite
larg. 37; haut. 36; nez larg. 26; haut. 53. Le musée des Chirurgiens de Londres possède deux crânes trouvés aux environs de
Pékin, par M. Dill; ces crânes supposés Chinois paraissent avoir le même type général que ceux dont il vient d’être question»
(F lower. Cat. 'cit:, p. 115.)
(3) Pruner-Bey. Description d’un crâne de Ghiliak et note sur les Ghiliaks [Bull. Soc. d’anthrop. de Paris, 2° sér., t. IT, p. 579, 1867). —
Cf. J.-B. Davis. Account of the Skull of a Ghiliak (Mem. read before the Anthrop. Soc. of London, vol. 111, p. 366-367 et pl.).1
(4) Prüner-Bey. Loc. cit., p. 574.
(5) Nous rattachons provisoirement aux Toungouses une partie des populations de la côte Nord-Ouest, désignées par les Russes
sous le nom de Koloches (pl. XLVII, fig. 3 et 4, et dans le texte fig. 381), et qui se donnent à elles-mêmes le nom de Thlinkith.
Holhberg. Ethnographische Skizxen über die Völker des Russischen Amerika. 1 Abth. Die Thlinkithen (Act. Soc. Scient. Fennicæ,
t. IV. Helsingfors, 1856.) Les Koloches, dont il existe en Europe un certain nombre de crânes déposés dans les Musées de
S.-Pétersbourg, Helsingfors, Goettingen et Leyde, appartiennent à divers types. Les uns (et ce ne sont pas les moins nombreux) ofirent
avec les Toungouses d’étroites analogies, les autres tendent vers les Américains circonvoisins, entre autres vers les fîaïdas de
l’archipel de la Reine-Charlotte, qui les touchent vers le Sud. Quelques-uns sont déformés à la façon des Kaniagmioutes de
Le crâne de femme Ghiliate (1) que M. Bogdanow a fait récemment connaître,
Section Sibérienne Orientale de la Société de géographie de Saint-Pétersbourg,
ment les caractères que met en évidence chez 1 homme la colonne 6 du tableau
ci-joint (2 )|^ g
Crabes d'Aih| | ( p1. LX1V, fig. '3 ef 4, et dans le texte fig. 384). — Les Aïnos,
aujourd’hui cantonnés dans le Nord de Yéso, à Sakhalien ou Karafto, et sur
quelques-unes des Kouriles: méridionales, mais dont l'extension ancienne était
bien plus considérable, se présentent aux voyageurs sous des traits fort divers.
On peut cependant dégager de l’examen des sujets qui figurent dans les collections
photographiques éditées au Japon (3), des types bien distincts. Un de ces
types est assurément mongolique avec ses pommettes saillantes, ses yeux bridés,
etc.; un autre offre au contraire la physionomie moscovite,presque aussi.accen-
F
Kodiak. En moyenne les dix crânes de Pétersbourg et celui de Goettingen, dont nous avons les moulages
au Muséum de Paris, donnent les mensurations suivantes ; Cire, horiz. 529““ ;d. a.-p. 184 ; d,
et qui appartient à la
atténue considérable-
?ig. 384. - Crâne d’Aïno (Mus.
Coll. Chir. d'Angl. 1/4 grand,
nat.).
tr.l52;ind.céph. 82,97 ;bas.-brçg. 134; front, max. 122; min. 96 ; biorbit.’ext. 111; bizygom. 145;
haut. fac. 100- orbit. lar*. 41 ; haut. 38; nez larg. 25; haut. 54. Ces dix crânes se décomposent en Sitka Kwans(2) et Stakhines (8).
Il existe un autre crâne de Sitka à*Leyde ; Sandifort (Tab. Cran., tab. XIII), l’a publié sous le nom-fte Schügagane, qu’avait déjàemployé
Blumenbach en éditant la première pièce venue de ces régions. Il rentre dans la variété rdiccçiürcie, dont il était question plus haut
(d. a.-p. 170 ; d. tr; 146 ; d. v.ertical. 133, etc.).
Le deuxième Schitgagane de Blumenbach offre, par rapport au premier, dont les -mesure» sont comprises dans îes moyennes que
l’on vient de lire, des variations non moins grandes que celles qui ont été signalées un peu plus haut. Il est plus long, plus étroit,
dolichocéphale à 75^60 d’indice;.et sa.face se rétrécit quelque peu (cap. crân. 1225; cire, horiz. 505; d. a.-p. 179; d. tr. 135; vertical
2,133 ; bizygom. 134, etc.)...
Le Musée de l’Armée des États-Unis possède un crâne de femme trouvé à Ozuzkoi, près Sitka (cap. cràn. 1270« ; cire, horiz. 487““ ;
d. a.-p. 162; d. tr. 149; ind. çéph. 91,97; vertic. ? 123 ; bizyg. 131), et deux crânes Stakhines dont un fut celui d’un medicine man
(cap. cràn. 1560«; cire! horiz. 541““ ; d. a.-p. 188; tr. 153; ind. céph. 81,38; vertic.? 134; bizyg. 145). L’autre est largement déformé
|d a.-p. 174 ; d. tr. 164 ; ind. céph. 94,79). A ces Stakhines se rattachent les crânes du Fort-Tongas du Musée de l’Armée des États-
Unis, dont un seul assez bien conservé pour que M. Otis en ait pu donner quelques mesures (cap. cràn. 1710«; cire, horiz. 539““ ;
d. a.-p. 188; d. tr. max. 152 ; ind. 80,85; vertical (?) 137. (Otis. Loc. cit., p. 26-27.)
Les Shimshyans ou Chimmesyans, voisins des Thlinkiths, au Sud-Est desquels ils habitent le territoire situé entre Milbank-Sound
et Observatory-lnlet, sont un mélange de Koloches et de Chippewyans (Alex. Anderson. Notes on the Indian tribes of British
North America and the Northwest Coast, in The Historical Magazine, vol. VIH, p. 74, March 1863), un grand groupe de tribus Indiennes dont
nous examinerons plus loin les caractères céphaliques. Sur cinq crânes masculins de Shimshyans, que nous avons étudiés, trois
recueillis par Scouler, pendant son voyage de 1824 à 1826, appartiennent au Muséum de Paris. Les deux autres ont fait partie de la
collection Tolmie, et sont aujourd’hui au Musée Davis; le Muséum en possède des moulages depuis 1843. La capacité crânienne des
trois pièces de Scouler est en moyenne de 1445. Les dimensions moyennes des cinq pièces prises ensemble sont les suivantes: Cire,
horiz. 524““ ; d. a.-p. 181 ; d. tr. 145; ind. céph.80,11 ; bas.-bregm. 133; front, max. 118 ; min. 95; biorbit. ext. 118; bizygom. 140 ;
haut, face 99 ; orbit. larg. 40; haut. 36 ; nez larg. 26; haut. 52. H H '
Un crâne de Shimshyan fait partie de la collection Morton, où l’on voit également deux crânes de Naas ou Nasses, tribu qui
habite à l’Est des Shimshyans ie bassin de la rivière du même nom (Morton. Loc. cit., p. 72), et que l’on range dans le même
groupe ethnique. Voici ce que M. Aitken Meigs dit de ces trois pièces : « Le crâne Chimseyan est long et bas, avec un occiput
modérément plein et arrondi. La région coronale est plate et triangulaire, étroite au front entre les processus angulaires externes, a
partir desquels elle va s’élargissant jusqu’au grand diamètre inter-pariétal : les protubérances pariétales sont très proéminantes. Les
deux crânes Naas sont des têtes fongues, ovales, aux occiputs pleins et proéminents. » (A. Meigs. Observations upon the crantai Forms
ofthe American Aborigines. Philadelphie, 1866, br. in-8°, p. 15.)
(U Principales mesures du crâne de femme Ghiliak du Musée de la Section Sibérienne Orientale de la Société de géographie de
S.-Pétersbourg: Cire, horiz. 482 ;d. a.-p. 172;d. tr. 135; d. bas.-bregm. 120; ind. céph. 78,48; 69,76; 88,88; front, max. 100 ; min. 85;
biorb. ext. 92; bizygom. 127; orb. larg. 38; haut.36; nez larg. 24; haut. 57. >-
(2) Les crânes de Kourganes du gouvernement de Tobolsk auxquels nous avons fait allusion un peu plus haut (p. 405) devront peut-
être prendre place dans la classification à proximité du groupe Toungouse que nous venons d’étudier. Voici les principales mesures
publiées sur ces crânes par M. Bogdanow. Cire, horiz., 537 ; d. a.-p. 187 ; tr. max. 147 ; bas.-bregm., 140;ind. céph. 78, 60 ; 74,86;95,
23 ; front, max., 121 ; min. 99 ; biorb/ ext. 112 ; bizygom. 145 ; haut, face » ; nez. haut. 57, larg. 29 ; orbite haut. 34, larg. 41, etc.
(A*Boodanow. Kourgannie Tcherêpa Tarskago Okrouga Tobolskoi Goubemie (Antrop. Material. Tch. 2,V. 3, c. 36. Moskva, 1879,m-4.)
(3) Le Muséum de Paris eà possède une belle suite due à M. de Berthemy, ancien ambassadeur de France au Japon.-
Cf. Anoutchine. Mâterialg dla Àntropoiogie 'Vôstotchnoi Asie, I, Plerria Ainow. Moskva, 1876, in-4°. Tab. 1, II.