Cr â n e s d ’A u s t r a l ie n s d e l a r iv iè r e H u n t e r . — Les Australiens du bassin supérieur de la rivière
Hunter ne sont connus que par deux têtes offertes en décembre 1865 à la Société d’anthropologie de
Londres par le docteur Atkinson, un des membres de cette association (1). S’il fallait en croire M. Carter
Blacke, ces crânes différeraient, par leur type, des autres pièces recueillies jusqu’à présent en Australie (2).
Les mesures que M. Goyard a bien voulu prendre pour nous ne mettent pourtant point en évidence de
caractères bien spéciaux. Les diamètres et leurs rapports, les courbes, les angles, tels que M. Goyard mous
les a fait connaître, ne s’écartent point des moyennes prises sur les nombreuses pièces qui nous ont
passé par les mains. Par exemple le diamètre antéro-postérieur moyen est de 0m,l 79, le transverse maximum
de 0,127, l’indice céphalique égale par conséquent 70,94, etc. (3).
Cr â n e s d ’A u s t r a l ie n s d e s N o u v e l le s -G a l l e s d u S ud e t d e s e n v ir o n s d e S y d n e y e n p a r t ic u l ie r . —
Les collections anthropologiques n’ont pas été toujours recueillies avec le même soin que celles dont se
sont enrichis, dans ces derniers temps, les musées spéciaux, et un bon nombre de pièces importantes ne
portent malheureusement, dans les dépôts publics et privés où elles reposent depuis de longues années,
que des mentions géographiques tout à fait vagues. C’estainsi qu’au Musée des Chirurgiens, dans les collections
Brooke, Hodgkin, au Musée de Sydney, à Berlin, à Vienne, à Heidelberg, etc., bien des pièces, dont il
serait plein d’intérêt de connaître la provenance détaillée, sont simplement étiquetées Australie. D’autres,
un peu moins indéterminées dans leur origine, sont données comme des Nouvelles-Galles du Sud.
Plusieurs têtes des collections de Paris sont dans ce cas, et nous en connaissons bien d’autres dans les collections
étrangères (4).
La plus célèbre de ces pièces est celle que W. Buchanan offrit autrefois à Cuvier, et dont Vimont (5), puis
l’un des auteurs de ce livre (6) ont donné des représentations. Ce crâne, sur lequel nous rencontrons de
nouveau l’ablation d’une incisive supérieure, la moyenne droite, arrachée pendant la jeunesse, est un excellent
exemple des formes spéciales souvent décrites dans les pages qui précèdent (cap. crân. l,355cc, cire,
horiz. 0m,515;transv. 0m,434;méd. ant.-post. 0m,521; d.a.-p. 0“,192; d. tr. 0”,136;d. bas.-bregm. 0ra,137 ;
ind. céph. 70,83 ; 71,35 et 100,73). La face n’est pas moins bien caractérisée que le crâne (d. biorb. ext.
O'VU»; bizyg. 0“, 136; haut. tôt. 0m,093, etc.)* Elle nous a surtout frappé par la disproportion tout à fait
exagérée entre ses deux mâchoires, l’inférieure étant relativement maigre et ne différant pas moins, par
l’inclinaison que par la gracilité de la branche montante, du même os étudié dans les groupes Papouas.
Nous mentionnerons encore le crâne figuré comme Tasmanien par Dumoutier (7), à titre de sauvage
mort à Hobart-Town, et qui a assurément appartenu à l’un de ces chasseurs des Nouvelles-Galles du Sud,
mandés en Tasmanie pour aider les colons à traquer les indigènes. La résorption partielle de son alvéole
moyen gauche montre qu’il a été mutilé à la façon du précédent. C’est le crâne d’un homme dans la force
de l’âge, la synostose commence seulement sur sa voûte, et l’action s’en répartit irrégulièrement en divers
figuré dans le mémoire bien connu : On synostotic Cranta among Aboriginal Races of man, imprimé dans les Transactions de la Société
des sciences deHaarlem pour 1865 (PI. 1,11,111). — Cf. Thés. Cran., p. 262-465.
•- (1) fl. G. Atkinson. On two Australian Skulls (Journ. of the Anthrop. Soc. of London, vol. IV, p. xxxi, 1865). — M. Atkinson
parle en outre dans cette courte note d’un squelette entier qui ferait partie de la collection du capt. Marriott et sur lequel il n’a rien
été écrit jusqu’à présent.
(2) Carter Blake. Ibid., vol. VTH, p. xxxn, 1870.
(3) Un crâne de la baie de Hunter, qui fait partie du Musée de Sydney, est dolichocéphale à 68,34 (d. a.-p. O“,199 ; d. tr. max. 0m,l 36,
et son diamètre basilo-bregmatique montant à 0m,142, il présente les indices de haut.-long. ■== 71,73, et de haut.-larg. = 104,41.
(4) Pour les collections anciennes, cette indication de Nouvelles-Galles duSud ne peut guère s’appliquer qu’à des pièces recueillies comme
celles de Blumenbach et de Brugmans, aux environs de Sydney et de Botany Bay. Mais il ne faut pas oublier que depuis lors on
a compris sous le nom de New South Wales toute l’Australie orientale. Victoria ne s’est séparée qu’en 1851, et ce n’est qu’en 1859 que
Queensland s’est fait une existence indépendante.
(5) Vimont. Op. cit., pl. CXIX.
‘(6) A. de Quatrefaoes. Op. cit. (Beu. d’Anthrop., 1.1, p. 224-225. 1872).
(7) Dumont d’Urville. Voy. au pôle Sud et Anthrop. Atl., pl. XXXVI, fig. 1 et 2.
petits points séparés sur les lignes articulaires. Il n’offre d’ailleurs pas plus d’anomalies quê celui de
Buchanan, et ses mâchoires prêteraient aux mêmes considérations.
L’Australien de Brugmans décrit par Sandifort (1) fit qui présente tous les traits de ceux dont il vient
d’être question, venait aussi des Nouvelles-Galles du Sud, et avait été recueilli comme ceux de Blumenbach,
dont nous avons parlé précédemment, par le célèbre Joseph Banks, au voisinage de Botany Bay. C est ce
même crâne qui reparaît dans le mémoire de S. Müller plusieurs fois cité précédemment.
Dans ie Musée de Nettley sont déposés cinq crânes des Nouvelles-Galles du Sud, dont deux sont présentés
comme venant de Sydney même (2). La description de ces cinq têtes, faite avec soin, mais sans
rigueur, est l’énoncé des caractères spéciaux que nous avons trop souvent énumérés dans les pages qui
précèdent, pour qu’il soit nécessaire d’y revenir. La collection Davis comprend deux crânes de même
provenance et de même type, l’un desquels est celui de Malgoey Bob, sauvage bien connu dans la colonie,
et dont nous ne reproduirons ni les descriptions
ni les mesures. Il existe enfin, au Musée
de Sydney, quelques crânes des Nouvelles-
Galles du Sud, dont un, moulé pour nous par
l’administration de cet établissement, vient
de nous parvenir. Il répète, sur une échelle
plus considérable, toute la morphologie spéciale
dont le détail est maintenant bien connu
de nos lecteurs (3).
C râne de Bondi (fig. 290). — Les crânes
dont il vient d’être question ont très-vraisemblablement
appartenu à des tribus peu éloignées
du premier centre de la colonisation
anglo-australienne (4). Il en est de même
d’une importante pièce dont M. G. Krefft
a multiplié entre les mains des anthropologistes
européens les épreuves photographiques.
Nous voulons parler de la tête, à peu
l-'ig. 290. - Crâne d'Australien de Bondi (vude profil, '/a 9r ->
de Sydney).
près complète,, trouvée au bord de la mer à
Bondi, près Port-Jackson, et dont nous reproduisons ci-joint le profil réduit de moitié. Ce crâne est
surtout remarquable, comme l’ont observé MM. Krefft et Giglioli (5), par son épaisseur, la saillie
énorme de ses arcs surciliers « qui dépasse celle du Neanderthal, » 1 par la projection en avant et
(1) G. Sandifort. T a b . C ra n ., tab. X II.— Cf. B lumenbach. D e c ., III, ta b . XXVII; Dec . IV., td b . XL.
(2) G. "Williamson. Op. cit.', p. 50-51.
(3) Principales mesures de l’Australien de New South Wales, du Muséum de Sydney : d. a.-p. O®,197 ; d. tr. max. 0“,140 ; d. bas.-
bregm. O”,142; ind. 71,06; 72,08; 101,42; front, max. 0“,116, min. 0“,0931; occip. max. 0“,115; bizyg. 0“ ,138; haut. fac. 0“,097 ;
coürb. horiz. tôt. 0“,550; front, tôt. 0ro,l35; par. 0m,134; occ. 0“ ,120, etc. — L’incisive médiane droite de cette tête a été prématurément
enlevée. - .
(4) Il est extrêmement probable que les deux crânes de la collection Hodgkin, dont nous avons les moulages sous les yeux, sont dans
le même cas que ceux dont il est ici question. Nous n’en dirons que quelques mots. Le crâne masculin est surtout remarquable par
l'exagération de la disharmonie que nous avons relevée entre le crâne et la face, celle-ci s’étalant considérablement eh largeur, tandis
que sa hauteur est relativement faible ; et le crâne qui la surmonte étant long, étroit et èlévé, principalement en avant, entre la bosse
frontale médiane et le bregma (d. a.-p. 0“,180; d. tr. max. 0m,126; ind. céph. 70,00; cire, horiz. 0m,503 ; d. bizyg. 0“ ,130, etc.). Lé
crâne féminin, moins accusé dans ses formes spéciales, se rapproche bien davantage des autres du même sexe, dont il a été parlé ci-
dessus. Les atténuations de caractères, qui sont habituellement le fait du sexe, sont fort remarquables (d. a.-p. 0“,170 ; d.-tr. max. 0ro,133 ;
ind. céph. 78,23; cire, horiz. 0m,482 ; d. bizyg. 0m,115, etc.).
(5) G. K refft. N o te s M sste s. — Giglioli. V o y . c i l ., p. 805.