LUI et qui a appartenu à un Tagal exécuté à Manille pendant-le séjour qu’y faisait La Gironière, est sans
contredit fortement altéré par un croisement malais ,(d. a. p. 0m,189; d. tr. max. 0m,154; d. bas
bregm. 0m,141 ; ind. céph. 81,48; 74,60; 91,36); mais celui qui le surmonte donné à Liotaud par le curé
du petit village de Lilio, province de S. Pablo, où la population est exclusivement Tagaloc depuis un
temps immémorial, est au contraire hypsisténocéphale (d. a. p. 0m,182; d. tr. max. 0m,131; d. bas
breg. 0“,138; ind. céph. 71,97; 75,82; 105,34).
Les trois autres crânes deTagels que le Muséum de .Paris a reçus de Dumont-d’Urville et du duc de
Luynes proviennent de la tribu des Batanyas dont le type physique est fort altéré. L’un est mésaticé-
phale, les deux autres sont brachycéphales vrais. On trouvera les moyennes de ces cinq pièces dans la
colonne 1 du tableau ci-joint.
Les crânes de Tagals ne sont point communs dans les collections ; nous n’en connaissons guère que
quatre, en dehors des nôtres, ils prêtent à des considérations semblables. Celui du Musée de Vienne,
publié par M. Zückerkandl (1) se rapproche de notre pièce de Lilio; celui dont on doit la connaissance
à Meyen, et qui est d'ailleurs jeune et féminin(2), se présente, au contraire, avec les attributs delà bra-
chycéphalie la mieux accentuée. Le crâne de Bulakan du musée de Dresde rentre dans ce dernier type.
Nous ne savons rien de précis sur celui de la collection Morton (3).
Crânes d Igorroteç et de Tinguiane. — L’hypsisténocéphalie, dont le crâne de Lilio vient de nous
présenter un si remarquable exemple, et vers laquelle tendait déjà le crâne d’Illa-
noun, que nous examinions plus haut, paraît être un des attributs les plus constants
des populations sauvages des Philippines, désignées par les voyageurs sous les
noms d’Igorrotes, Tinguianes, etc.
Sur sept crânes d’Igorrotes rapportés en Allemagne, et déposés dans les collections
de Berlin et de Dresde, six sonthypsisténocéphales (4). Le même caractère
s’accusé très nettement sur le Tinguiane de la collection Semper au Musée de
Dresde (5).
Crânes de Bisàyas. — Cinq crânes Bisayas du pueblo de Camando, dans
1 île de Panay, ont été mesurés par M. J.-B. Davis et se sont montrés sous-bra-
chycéphales, un seul excepté qui est sous-dolicho'céphale avec l’indice- 75,71. Des
trois crânes du pueblo de Miago, qui font partie de la même collection, un est
artificiellement déformé et son indice dépasse 88 ; les deux autres sont sous-do- -
lichocéphales à 79 et 78, et leurs dimensions verticales atteignent ou peu s’en
Fig. 403— Crâne de Dayak
(1/4 g r a n d , n a t . T h é s . C r a n . p. 296).
faut les dimensions en travers (6).
Crânes de Bicols. -— Les Bicols, autant que nous en pouvons juger par les deux crânes recueillis pour
le Muséum par MM. Montano et Rey à Daraga, dans la province d’Albay, ne diffèrent des Mindanais que
(1) Zückerkandl. O p . c i l . , taf. l u. II.
(2) F. J. F. Meyen. lieber d i e . T a g a l e r a u f d e n P h i l i p p e n (N o v . A c t . A c a d . C oe s . L e o p . C a r o l l C u r io s . N a t . Bd. XXVI. Suppl. 3. 53,
p. taf. Y.
(3) Principales mesures de trois mandibules de Tagals, D. biangul. 400; bicondyl. 103; écart. 2° mol. 46; can. 21 ; dist. ang. symph.
88; br. mont. haut. 50; larg. transv. 35; obliq. 37 ; br. horiz. haut, symph. 23; 2® mol. 25; épaiss. symph. 15; 2° mol. 15; angl.
mandib. 108°; alv. ment. 71°.
(4) Cette morphologié est, on le 'voit, bien différente de celle des deux sujets de Samar, décrits précédemment (Voir plus haut, p.
171). Ces derniers, que nous avons placés à côté des Aetas dont ils ont les caractères, ont été présentés sous le nom d ’I g o r r o t e s , au
Musée du Collège Royal des chirurgiens de Londres (Flower. C a t . c i t . , p. 126).
(5) Cf. A. B. Meyer u E. T üngel. V e r z e i c h n i s s d e r R a c e S k e l e t u n d S c h ä d e l d e s D r e s d n e r A n t h r o p . M u s . (M i t t h . d . K ö n . z o o l . M u s .
Hf. III. s. 338-339, 348, 18i8. — R. Virchow. l i e b e r a l t e u n d n e u e S c h ä d e l v o n d e n P h i l i p p i n e n , a p . J agor. Op. c i t . , i n f i n e . — Un
crâne de Cimarrone dont il est question p. 360 de ce volume, a pour capacité 1315“, est dolichocéphale, a 76,9 et un peu moins développé
en largeur qu’en hauteur (98, 09).
'(6) J.-B. Davis. T h é s . C r a n . , p. 299-300.
par un peu plus de développement du crâne dans le sens vertical et l’épanouissement plus considérable
de leurs arcs zygomatiques. Par ces deux caractères ils se rapprochent des Tagals, au voisinage duquel
nous les plaçons ici (1 ).
Crânes de Dayaks (pl. LIV, fig. 1 et 2 et dans le texte fig. 400, 403, 404.) — Bornéo, où Rienzi plaçait
le berceau des migrations malaises (2) est en effet habité sur ses côtes et à une certaine distance le long
des bords de ses fleuves par des populations malaises, mais les indigènes du centre de l’île offrent
des caractères physiques bien différents de ceux des Malais proprement dits.
La tête de ces Dayaks — c’est le nom que. portent ces peuples — devient plus ou moins allongée, plus ou
moinsacuminée, et présente, quand ils sont purs de mélange malais, des analogies frappantes avec celles
du Tagal de Lilio, des Igorrotes, etc., dont il vient d’être question.
Sur 44 crânes de Bornéones des musées d’Europe dont la provenance spéciale est exactement connue,
28 viennent des régions de l’île signalées par les voyageurs comme plus particulièrement
habitées par des Dayaks, c’est-à-dire des districts désignés sur les cartes
hollandaises (3), sous les noms de Bandjermasin, Doesoen, Groote en Kleine
Dayak, Zuider Afdeling. De ces 28 crânes, 16 sont dolichocéphales et leurs indices
s’échelonnent sans interruption de 69 à 76, avec une moyenne de72 environ
(4); les douze autres offrent des indices s’élevant régulièrement de 78 à 83
et dont la moyenne serait de 80 à peu près.
Le Muséum de Paris possède huit crânes des mêmes régions recueillis par Bus-
seuil et par M. Riedel. La Société d’Anthropologie en a reçu de M. Mugnier un
neuvième. Sept de ces pièces peuvent fournir des mesures précises, quatre sont
dolichocéphales ou sous-dolichocéphales, avec des indices échelonnés de 74,85
à 72,45 (5) . Les rapports de la hauteur à la largeur donnent sur ces quatre sujets un
indice supérieur à 100 (102,27), hypsisténocéphale par conséquent ; leur visage se rétrécit, en même temps
que leur crâne, leur profil se redresse, etc., etc.
Ces diverses modifications sont d ailleurs en partie masquées dans nos moyennes par les dispositions
inverses des autres crânes sous—brachycéphales ou brachycéphales , aux traits plus ou moins malayoùs,
que nous 'avons dû juxtaposer *aux premiers. Ces moyennes sont formées des sept crânes du Sud de Bornéo
Fig. 404. — Crâne de Dayak
(1/4 g r . n a t . T h é s . C r a n .
. pi 290).
sus-mentionnes, d un huitième mesuré a 1 Institut Carolin de Stockholm, de trois autres enfin de provenance
indéterminée, rapportés par Quoy et Gaimard, MM. de Luynes (6) et Steenstra-Toussaint (7). Un
:ffc) Cf. Tabl. XLV, col. 3.
(2) D. de Rienzi. L 'O c é a n i e , t. I, p. 18, etc.
(3) W. F. Versteeg. A l g o e m e n e K a a r t v a n h e t N e d e r l a n d s c h G e b ie t o f h e t e i l a n d B o r n é o , Gouda, 1859, 4°.
(4) Les sujets que forme le premier de ces groupes ont appartenu à des tribus échelonnées sur le Barito, le Bakau ou Bandjar,
un de ses affluents de gauche, le Polo Petak, bras qui unit son cours inférieur à celui de la petite rivière des Dayaks, le Kahayan ou
grande rivière des Dayaks, enfin le Katingan.
(5) Les trois autres sont sous brachycéphales, leurs indices vont de 80, 21 à 84, 26. Ils sont, en outre, sensiblement moins hauts
(0“,135) que larges (0”1,146).
(6) Le crâne de la collection de Luynes porte une grande croix peinte en rouge sur le vertex ; deux des crânes de la collection Riedel
combinent au limage transversal l’implantation de petites chevilles de cuivre dans les incisives .médianes supérieures seules, chez
l’une, dans toutes les incisives et les canines supérieures chez l’autre. La pièce de la collection Davis représentée ci-dessus (fig. 402),
présente très manifeste une mutilation toute semblable. Nous avons juxtaposé à sa représentation celle d’une autre.tête de la même
collection qui présent» dans toute leur exagération les ornementations caractéristiques des trophées crâniens dayaks. Les principaux
musées ethnographiques d’Europe, ceux d’Amsterdam, de Berlin, de Dresde, en particulier, possèdent des pièces de ce genre.
(7) M. Montano n est arrivé au chiffre de douze crânes dans sa notice qu’en ajoutant aux mesures des six pièces de la collection Riedel
fies deux têtes de Busseuil, de celles de Quoy et Gaimard, du duc de Luynes, et de M. Steenstra-Toussaint, les mesures doublées d’un
demi-crâne ciselé et travaillé en fçrme de coupe provenant de la collection des Murs. Notre collection comprend en outre une deuxième
moitié de crâne du même travail que la précédente, reçue de M. A. B. Meyer et trois moulages des musées de Lyon, de Stockholm
(fig. 398) et de Florence (Montano. É t u d e s u r l e s C r â n e s B o u g h i s e t D a y a k s d u M u s é u m d 'H i s t o i r e N a t u r e l l e . P a r i s , 1874, in-8).