et Kudala) et les îles adjacentes, la tribu des Miriam occupe les îles situées plus au nord dans le détroit
et en particulier les îles Darnley (Erroub) et Murray (Maer, Dowar, Wayer)f $ enfin celle des Gamlelegas,
peuple Ourid, Sirreb et les autres petits groupes au centre du détroit.
Ces derniers sont les mieux connus. L’une de leurs îles, Toud (Warrior des cartes anglaises), dont il a été
déjà question plus haut (1), a été, en effet, étudiée en détail lors du passage de Y Astrolabe et de la Zélée
et plusieurs fois revisée depuis.
On possède aussi quelques renseignements précis sur les Miriams et les Kowraregas.
Crânes de Gamlelegas de l’ile de T oud (pl. XIX, fig. 1 et 2, et dans le texte fig. 242 247 et 248). —
L’élément Papoua de Toud, qu’il ne faut point confondre avec celui que nous avons fait connaître dans
notre chapitre IV, est représenté dans les collections du
Muséum de Paris par dix crânes, dont un crâne d’enfant
de sept ans environ, et dont les formes exagèrent
encore, en raison de son âge, celles que les chiffres
de M. Meyer assignent en bloc aux jeunes sujets de
cette race (2)» *'«•;
Des neuf crânes d’adultes, huit ont appartenu à
des hommes. L’un de ces huit crânes^ celui que
nous avons représenté dans notre planche XIX
et dont nous donnons ci-contre la norma verticalis,
s’écarte considérablement des autres par un grand
Fig. 247. et 248. — Crânes de Gamlelegas de l’ile déToud, tvDe Dur i -, .
et type métis (Mus. Hist. Nat., Coll. Dumont d'Urville, n» 40 et noml)re Caractères, et nOUS n avons pas Cru devoir
Dumouher, n» 9). le comprendre dans les moyennes que nous avons
formées. 1 2 3 4
Son crâne dont les courbes longitudinales rappellent celles des Papouas proprement dits, se rapproche!
bien plus, au contraire, par ses courbes transversales du crâne des insulaires de Rawak, etc., décrits et
mesurés plus haut. Avec un diamètre antéro-postérieur de 0m,187, un diamètre iniaque de 0“, 179, on
voit coexister des dimensions en travers, qui s’élèvent à 0m,151 pour le transverse maximum, à 0m,143
pour le bitemporal, à 0m,133 pour le biauriculaire. Le frontal maximum monte à 0“, 121, le frontal minimum
atteint 0% 101 et l’occipital maximum 0m,118. Il en est de même à la face où les pommettes
s’écartent de 0",119, les arcs zygomatiques, de 0m, 143, etc. Comme la hauteur (0m, 88) n’augmente point en
proportion de la largeur, le type losangique s’accuse de la façon la plus manifeste. Les autres dimensions
verticales conservent avec les dimensions d’avant en arrière les relations quelles ont habituellement dans
le type Papoua; ainsi, par exemple, le diamètre basilo-bregmatique mesurant 0“ ,136, l’indice de hauteur-
longueur se chiffre par 72,72. Mais on comprend asiément qu’en raison du développement que prennent
les mesures de largeur,-l’indice de hauteur-largeur descende à 90,06.
> ^ nous Para*t, en somme, que cette curieuse pièce pourrait être considérée comme offrant les caractères
d un type mixte dans lequel les caractères des Papouas et des Négritos-Papous se seraient juxtaposés, et
tantôt fusionnés. L étude détaillée de la face confirmerait cette manière de voir, en nous montrant, au-
dessous d un front de Papoua aux arcs surciliers saillants, des branches montantes convexes, etc. (3).
Les huit autres crânes de la même série (4) sont Papouas purs. Les mesures auxquelles ils se prêtent ont
(1) Voyez pins haut p. 207.
(2) "Voyez la huitième colonne du tableau XXIV. — Voici les principales dimensions de ce petit crâne. D. a.,p. max., 158 transv
max., 133, cire, hofiz.,460, d. hizyg., 98. Son indice céphalique monte à 84,17. • ' ’ ’
(3) A. de Quatrefages, Étude sur les Mincopies, etc. (Idc. cil., p. 232).
(4) Deux des mieux conservées de ces pièces, un crâne d’homme et un crâne de femme, ont été lithographiées dans l’Atlas 'du
été consignées au tableau XXY ci-après. En rapprochant les chiffres des troisième et quatrième colonnes de
ce tableau consacrées aux têtes de File Toud (1) de ceux des colonnes 1 et 2 qui concernent celles de Doréi,
Mansinam et Lobo, on constatera que, des unes aux autres, il y a pas de différence importante. Les dimensions
absolues des insulaires du détroit de Torrès sont un peu plus considérables dans tous les sens ; mais
les rapports demeurent généralement presque les mêmes. Ces différences s’atténueraient d’ailleurs encore
si, au lieu de ne comparer aux crânes de Toud que ceux de Doréi, Mausinam et Lobo, dont nous avons léâ
mesures complètes, nous mettions en parallèle tous les crânes Néo-Guinéens du nord-oiiest et du sud
sur lesquels il existe dans la science des données positives (2|wp ^
Crânes de Miriams d’Erroub et de Maer. |§§Les tribus miriames sont représentées dans les collections'
européennes par un certain nombre de têtes recueillies à Erroub et à Maer. Un crâne de la première de
ces îles est déposé au Musée Yrolik à Amsterdam, les autres sont dans les galeries du British Muséum (3)
et du Collège royal des chirurgiens d’Angleterre.
Le crâne du Musée Vrolik, curieux trophée tout barbouillé de craie rouge avec un nez postiche et les
.orbites remplis de terre glaise, dans laquelle on a imité les yeux par des plaques de nacre (4), rappelle
par la plupart de ses traits ceux dont il vient d’être question. Il est seulement bien moins volumineux.
Sa circonférence horizontale atteint 0’1’,480, son diamètre antéro-postérieur est de 0m,170, son diamètre
transverse de 0m,122, et l’indro-céphalique égale 71, 76. La hauteur s’élève à 0m,130 et les indices de
hauteur-longueur et de hauteur-largeur sont représentés par 76, 47 et 106, 55.
Le Collège royal des chirurgiens de Londres possède quatre têtes d’Erroub, l’une de ces pièces (n° 5351)
est préparée de la même façon que celle de la collection Vrolik, longue (diam. ant. post., 0“,185), dé
moyenne largeur (diam. tr. max., 0”,137) et une plus haute que large (diam. bas.-bregm., 0“,138), elle a
pour indices 74,05, 74,59 et 100,72. Son front est oblique et contracté, mais ses saillies pariétales s’ac-j
cusent nettement. Le visage est étroit, le nez aquilin, la mâchoire est forte, massive et prognathe et
tout l'ensemble rappelle, suivant l’expression de M. Virchow, « le tableau que R. Wallace a tracé des
Papouas (5). »
voyage de V Astrolabe et delà Zélée, ainsi que le crâne d’enfant de la même provenance mentionné ci-dessus (Dumont d’Urville, Yoy. au
Pôle Sud, etc., Anthrop. Atlas, pl. 34). Toutes ces têtes sont aujourd’hui au Muséum de Paris. L’une d’entre elles, absolument Papoua
par tous ses caractères, n’a point pu entrer en ligne de compte pour les mensurations faciales, elle présente en effet une malformation
des plus rares autrefois décrite par Anders Retzius, une double méningo-encéphalocèle nasale.
(I) La colonne 4 est le produit des moyennes du crâne féminin de Toud et (l’un crâne du même type de Muju dont il sera question
piusTdin.
(2j Nous donnons ici en note les mensurations moyennes de sept maxillaires inférieurs de Toud qui n’ont pas pu prendre place dans
le tableau XXV. Mesures des mandibules des hommes de Toud : diam. bicondyl. 106,5 ; biangul. 99; écartement des 20s mol. 48,
des canines, 23 ; dist. angulo-symph. 91 ; branche mont., haut. 53; larg. transv. 40, obliq. 37 ; branche |horizont., haut, symph.
32, 2® moi. 28; épais, symph. 16; 2° mol. 44,5; angle mandibul, 105° ; angle alv. ment. 84°.
Mesures des mandibules de trois femmes de Toud : diam. bicondyl. 96; biangul. 92; écartement des 2® mol. 46, des canines, 19 ;
dist. angulo-symph. 80 ; branche mont., haut. 48 ; larg. transv. 36 obliq. 34; branche horizont., haut, symph, 26 ; 2° mol., 24,
épais, symph. 16, 21 mol. 15; angle mandibul, 106° angle alvéolo-ment. 83°.
(3) Le British Muséum possède cinq crânes d’Erroub (Darnley) offerts par M. Stanley et le comte de Derby, et sur lesquels il
n’existe d’ailleurs aucun renseignement imprimé (Catalogue of the Bones of Mammalia in the Collection oftlie British Muséum, London
1862, in-8®, p. 1-2). Nous savons seulement qu’une de ces têtes est donnée comme provenant d’un idiot.
(4) Musée Vrolik, p. 77. — Voici en quels termes Vrolik décrit cette pièce. « Le front est très-fuyant dans ce crâne, et très-étroit au
dessus dès orbites. La ligne semi-circulaire pour l’attache du temporal se relève subitement, dès les apophyses orbitair.es externes
du frontal, sous la forme d’une crête, qui monte vers le sommet de la tête ; chaque crête temporale a un petit enfoncement, descendant
sous la forme d’une pointe, un peu au-dessus de l’endroit où la suture coronale se réunit à la suture squammeuse du temporal qui
va en ligne droite. Le sommet de la tête se relève en dos d’âne. Les parois latérales du crâne sont bombées, la crête occipitale est
fortement prononcée, la ligne occipitale supérieure a la forme d’un sommet de quinconce, au-dessous d’elle le méplat occipital commence
par être enfoncé, et se bombe un peu vers le trou occipital; lés os jugaux sont convexes en avant, les arcades zygomatiques
sont fort écartées, la surface faciale des os maxillaires supérieurs est un peu arrondie et fort large, le menton est peu proéminent, et
descend en ligne droite, la surface pour l’attache du raasséter à la mâchoire inférieure est peu marquée. »
(5) Cat.cit.,p. 834. — Cf. Verhandl. der Berlin. Gesellsch. fur Anthrop. Ethn. und Urgesch. Jahrg., 4873, s. 475-476.