lière et assez allongée, elle mesure 0m, 132 doutO”, 115 pour la région cérébrale frontale. Ses bosses
latérales haut placées sont assez bien limitées en dehors et s’étalent tout doucement en dedans, au moins
la gauche. La droite est en partie supprimée par une perte de substance qu’on ne saurait attribuer qu’à
une cause traumatique (1).
La voussure médiane des crânes masculins est représentée par une très-légère élévation du plan médian
antéro-postérieur. La portion temporale du frontal est moins bombée que sur les nos 1 et 3. La
suture fronto-pariétale est encore visible dans toute son étendue, mais elle se montre plus serrée que
les sutures lambdoïdes. L’amplitude du front n’est pas moins remarquable que son développement,
dans le sens antéro-postérieur. Le diamètre frontal minimum égale 0“,098, et le maximum atteint
0“, 119. Tous ces chiffres sont supérieurs à ceux que fournissent les crânes de nos cimetières parisiens.
Et cette supériorité est d’autant plus remarquable que dans les séries modernes étudiées par MM. Broca,
Bertillon et par nous-mêmes, il y a ordinairement bien plus d’hommes que de femmes. La femme de
Cro-Magnon reste généralement supérieure aux moyennes de la population française moderne dans ses
dimensions. Ses pariétaux qui ne diffèrent de ceux des hommes, ses contemporains, que par une moindre
saillie des bosses et une forme pentagonale moins marquée, sont plus allongés (courbe pariétale 0“, 130)
et aussi larges (D. Fr. max. 140?) que ceux de la population actuelle. Le méplat postérieur moins
accusé que sur les crânes masculins, encore sensible néanmoins, se continue sur l’angle supérieur de
l’écaille occipitale. Ce qu’il reste de ce dernier os indique une projection en arrière moins accusée. Les
autres caractères tirés de l’examen de la région postérieure font défaut. Nous ne connaissons de la base
que l’apophyse mastoïde beaucoup plus courte que celle des sujets mâles de la.même race.
Au-dessous de ce crâne volumineux, dont il est malheureusement impossible de déterminer la capacité
(-2) s’étale en largeur une face qui reproduit, mais avec des atténuations très-grandes, celle du crâne
type masculin que nous connaissons. La dépression de la racine du nez est encore assez notable, mais
l’écartement des pommettes est moins fort; l’indice facial est indéterminable attendu que le diamètre
bizygomatique ne peut pas se mesurer, mais les orbites ont la forme indiquée plus haut, ils sont toutefois
moins larges (0“,040) et un peu plus élevés (0m,029), ce qui fait monter l’indice orbitaire à 72,50. '
L’indice nasal est aussi bien plus élevé et vient se placer entre_ceiui de Menton et celui de Solutré, n° 5.
Enfin la partie supérieure de la face est orthognathe, et les alvéoles sont un peu prognathes, moins sans
doute que sur le vieillard de Cro-Magnon, mais plus que sur les autres individus décrits ci-dessus.
Crâne de Laugerié-Basse , n ° 2 (fig. 82), — M. Elie Massénat a bien voulu nous communiquer le moulage
d’un crâne de femme trouvé dans ses fouilles si fructueuses de Laugerie-Basse. Ce crâne, réduit à sa
voûte, composée du frontal et des pariétaux à peu près complets et de l’écaille occipitale presque entière
ne diffère un peu du précédent que par ses dimensions sensiblement amoindries. On se rendra un
compte exact de l’étendue de cette réduction en comparant les chiffres des deux premières colonnes de
notre tableau VII (p. 88).
Quant à sa morphologie, il n’offre’rien à signaler que nous n’ayons fait observer déjà dans les pages
qui précèdent. Au-dessus d’arcs surciliers à peine visibles, le front monte verticalement jusqu’au niveau
de bosses frontales latérales bien marquées, comme il arrive souvent chez les femmes. La bosse
frontale moyenne se continue par une sorte de voussure’ rudimentaire qui se prolonge jusque sur
(1) M: Broca croit que cette perte de substance oblique longue de 0™, 033, large de 0m, 012 à sa partie moyenne et terminée en
pointe à ses deux extrémités, aurait été produite « par un coup porté par une petite hache en silex. Cette plaie de l’os frontal pénètre
dans le crâne. Elle a été faite pendant la vie et a probablement déterminé la mort, mais non une mort immédiate, ni même une
mort rapide, car on aperçoit à la face interne du frontal, autour de la perte de substance une vascularisation de l’os et un dépôt
de matière osseuse finement poreuse, indice d'une ostéite dont les lésions n’ont pu se produire en moins de quinze à vingt jours. »
(P. B roca. Op. cit. Bull. Soc. d'Anthrop. de Paris, 2® série, t. III, p. 356.1868).
(2) M. Broca d’après les mesures extérieures, l’évaluerait par comparaison à 1450 c. c. (Loc. cit. p. 372*:)
■ #
le voisinage de la sagittale. Les bosses pariétales sont moins saillantes et moins dilatées que dans les
crânes masculins. Le méplat postérieur et inférieur se voit peu, et l’occipital ne présente qu’un léger
relèvement en arrière. La conservation de l’écaille occipitale presque entière permet d’ajouter aux
Fig. 82. — Norma verticalis du crâne de Laugerie-Basse, n° 2 Fig. 83. — Norma verticalis du crâne de Laugerie-Basse, n° 3
iQolil. Massénat. i 2/s grand.). ■ Collecl. Massénat. Va grand.).
caractères que Fon vient de faire connaître ceux que fournit l’étude d’une protubérance peu ou point
marquée, de lignes courbes très-douces et d’un plan cérébelleux fort oblique. Ces derniers traits, comme
tous les autres, rappellént, avec des atténuations, ceux que nous avons signalés en parlant des crânes
masculins dans notre précédent paragraphe.
Crâne de Laugerie-B a s se , n° 3 (fig. 83). — La figure 83 montre, vu d’en haut, un autre crâne
d ’aspect féminin, comme le précédent, mais beaucoup plus jeune, dont M. Massénat nous a adressé un
moulage. Il porte le n° 3 de sa précieuse collection.
Ce crâne réduit à sa voûte, à laquelle tient cependant encore l’os malaire du côté droit, présente un
aspect infantile, bien manifeste, qui dissimule en partie ses caractères ethniques. Il est franchement
dolichocéphale (D. a. p. 172, tr. max. 126, ind. céph. 73,25) et porte un grand wormien au-dessus du
lambda.
Crâne de Lafaye (Bruniquel), n° 2 (fig. 84 et 85). — Le second crâne de l’abri sous roche de
Lafaye, découvert par M. Brun dans ses fouilles de 1866 (1), ne nous est connu que par quelques lignes
de description de MM. Broca, Prüner-Bey et Brun (2) et par des photographies de ce dernier dont nous
reproduisons ci-contre les deux principales.
Tout ce qu’ont dit de ce crâne les auteurs que nous venons de nommer, c’est qu’il est dolichocéphale,
avec un indice voisin de 74, et que sa forme est « d’un bel ovale remarquable par la pureté de
ses contours, par la douceur de ses lignes. » Nous sommes en mesure d’ajouter que sa dolichocéphalie
est subpentagonale et que le diamètre transverse maximum est assez reculé en arrière. « Les crêtes
(1) V. B run. Notice 'sur les fouilles paléontologiques de l'âge dé pierre exécutées à Bruniquel et à Saint-Anlonin. Montauban, 1867,
pl. VI, fig. 8 et 9.
(2) B roca. Sur les fouilles pratiquées par M. Brun dans la caverne-abri de Lafaye. (Bull. Soc. d'Anthrop. de Paris, 2e série, t. I,
p. 48-52. 1866.) — Pruner-B ey. Discours sur la question anthropologique. (Gongr. Internat. d'Anthrop. et d'Arch. préhistoriques,
2° sess. Paris, 1867, p. 349.);— Cf. E.-T. H amy. Précis de paléontologie humaine, p. 332-333.
~w