publié une carte qui contient, il est vrai, un oertain nombre d’erreurs, mais dans laquelle les deux groupes
de têtes longues et courtes, sont distingués aveo beaucoup de netteté (1).
Si nous laissons de côté les Eskimos'et les Koloches, réunis aux raoes mongoliques dans l’avant-
dernier chapitre, il nous restera, t parmi le§ jbdichocéphales de Retzius, un certain nombre de tribus
Peaux-Rouges, les Caraïbes et les Guaranis; les Rotocudes, les Aymaras, les Huanchas et certains Pata-
gons ; parmi ses brachycéphales, les Euchee-Seminoles, les Pnelches, Charruas et Arauoans, enfin une
partie dèshabitants du Pérou.
Nos recherches modifient quelque peu cette classification, en complétant sur un certain nombre de
points. Les Peaux-Rouges dés prairies, par exemple, tendent à se décomposer, d’après nos résultats, en
groupes assez nettement séparés. Les nations civilisées du Mexique, de l’Amérique Centrale et du Pérou,
abstraction faite des déformations crâniennes trop fréquemment usitées dans leur sein, se rapprochent au
contraire de plus en plus les unes des autres, et si l’on tente de les décomposer en leurs éléments formateurs,
.on constate que ces élémente.so.ut, sinon identiques, du moins extrêmement voisins, quoiqu’ils ne
se superposent pas dans le même ordre sur les divers points de l’habitat historique des peuples qu’ils
ont contribué à former.
C’est Ainsi que les dolichocépliales, qui composent au Mexique la dernière couche ethnique antérieure
à l’invasion espagnole, semblent correspondre aux abords du lac Titica à une immigration bien antérieure
à la venue des Aymaras brachycéphales qui habitent actuellement la Bolivie.
Les Guaranis et les Botocudos, d’une part, les Araucans et les Puelches, de l’autre, voient se resserrer
les liens qui les unissent, etc., etc
Les comparaisons anthropologiques préparent, on le voit, dans un avenir peu éloigné une classification
naturelle des races du Nouveau Monde, fondée sur les caractères physiques.
Il n’est point malheureusement possible de leur demander plus dans l’état actuel de la science, et
Retzius a été beaucoup trop loin lorsqu’il a cherché à établir que les tribus de l’Est du continent américain
tendaient vers les Guanches de Ténériffe et les Atlantes Africains, tandis que la majorité des Américains
occidentaux se rapprocheraient plutôt des Mongols et des Malais.
On ne saurait méconnaître cependant les affinités asiatiques d’un certain nombre de groupes américains
et la qualification de mongoloïdes que leur applique M. Canestrini (2) est en somme bien moins
extraordinaire que celle d'Aryas donnée à certains Péruviens par M. Lopez de Lima (3).
Quant aux liens plus ou moins étroits qui rattacheraient aux Polynésiens les' tribus californiennes, les
observations nous ont fait défaut jusqu’au dernier moment pour leur étude ; les grandes collections tout
récemment rapportées au Muséum parM. Léon de Cessac permettront, sans nul doute, de se faire une
idée exacte des1 2 3 relations ethniques qui ont pu exister entre les archipels du Pacifique et la côte californienne.
Le temps et l’espace nous manquent pour aborder ici ce grand problème.
(1) M. Broca avait certainement perdu de vue cette carte et les notices qui s’y rapportent, lorsqu’il a attribué à Retzius l’opinion
que les peuples des deux Amériques seraient brachycéphales { B u l l . S o c . d ’A n t h r o p . , 2e sér., t. XI, p. 365).
(2) MM. de Castelnau, "Vavasseur, etc., ont poussé jusqu’à l’exagération les rapprochements qu’ils avaient cru reconnaître entre
certaines populations de l’Amérique et de l’Asie (Cf. A. de Quatrefages. L ’E s p è c e H u m a i n e , p. 149).
(3) M. Serres avait imaginé.une classification des races d’Amérique, fondée sur le parallélisme qu’il croyait trouver entre les peuples
de l’Ancien et du Nouveau Monde. Dans cette classification, chacune des trois grandes races de Cuvier trouvait un équivalent
de l’autre côté de l’Atlantique, les crânes déformés et supposés Aymaras se trouvaient, par exemple, représenter les nègres
d’Amérique, etc.
§ 1. —Historique.
Notre but principal en poursuivant la publication de cet ouvrage était de réunir, aussi nombreux et
aussi exacts que possible, les documents relatifs aux races humaines les plus accentuées dans leur morphologie
céphalique.
Nous, avons achevé l’examen des pièces anatomiques qui se rapportent à l’anthropologie des groupes
humains les plus caractéristiques. Les, races noires d’abord, les jauûes ensuite, ont les unes après les
autres défilé sous-nos yeux, et grâce à la richesse des collections que nous avons pu étudier, de celles en
particulier que le Muséum de Paris réunit dans ses galeries anthropologiques,; nous avons pu presque
toujours donner sur chacune d’elles des renseighements précis, autour desquels nous avons essayé de
grouper en les résumant les données acquises à la science avant la publication de nos recherches^
Faire pour les Blancs ce que nous avons fait pour les Nègres et pour les Jaunes serait inexécutable dans
l’état présent de la science. Non seulement, en effet, les matériaux rassemblés sur les races blanches dans
les collections publiques et privées sont peu abondants, et font même parfois presque complètement défaut,
mais en outre ils révèlent très fréquemment, chez les populations qu’ils représentent, des variations désordonnées
qui se prêtent difficilement à l’analyse, sous quelque forme qu’on la tente. Dans les cas, malheureusement
peu communs, où les séries se présentent relativement homogènes, les
caractères différentiels que leur étude fait ressortir se montrent bien moins accentués
que nous venons de les voir. Pour les mettre en lumière, il faudrait allonger les
descriptions et multiplier les comparaisons dans une mesure considérable, et nous
n’avons ni le temps ni l’espace nécessaires à cette oeuvre toute de détail. Nous nous
bornerons donc, dans, les pages qui suivent, à résumer brièvement les caractères
généraux des races que nous continuerons à appeler blanches, quoiqu’une partie
d’entre elles (Lapons, Abyssins, etc.) ne méritent rien moins que ce qualificatif.
Fig. 438. — Crâne Grec,
d’àprès Blumenbach.
Les races blanches, que l’on nomme aussi caucasiquesi quoique l’on sache fort
bien que le Caucase n’est pas leur berceau, sont les plus anciennement connues des races humaines. Les
livres de Moïse, qui ne parlent pas des autres groupes, sont exclusivement consacrés à leur genèse, et
leur iconographie se montre infiniment plus développée que toute autre dans les monuments de l’Égypte,
de l’Assyrie, de l’Inde, etc. L’histoire des études anthropologiques auxquelles ces races ont donné lieu a
donc été déjà retracée dans le premier chapitre de cette seconde partie. Aussi croyons-nous devoir nous
borner à rappeler les noms de Blumenbach, de Retzius, de Morton, de Guyon, dè Davis et Thurnam,
de Bogdanow, Malieff, Khanikoff, Broca, Prüner-Bey, Ecker, Virchow, Weisbach, Lenhossék, Koper-
niçki, His et Rütimeyer, Nicolucci, Flower, etc., aux importants travaux desquels nous allons fair.e de
fréquents emprunts dans ce dernier chapitre.
§ 2. — Description.
Le premier groupe ethnique qui se présente, dans l’ordre des indices céphaliques que nous conti-
Quatrefages et Haut.