et qu’on les croyait isolés, elle n'a plus la moindre râleur aujourd’hui que l’on sait quelles différences
profondes séparent les Négritos des Nègres d’Angola- on des Cafres, dont on les disait issus, et qu’on n 1-
gnore plus les liens qui rattachent les unes aux autres leurs tribus, dispersées.
Les Négritos ne diffèrent pas moins des Papouas proprement dits, arec lesquels on n’a pu les confondre
que tant qu’on n’a pas eu des connaissances étendues sur chacun de cés deux grands groupes ethniques.
La distinctàh proposée entre eux par Crawfurd,9 et à laquel|?îaboutiésait, de son côté, l’un des ’
auteurs de ce livre, dès 18S8, ne trouve presque plus de contradicteurs, aujourd’hui que l’on possède sur
l’anatomie des nègres d’Océanie des
’ renseignements nombreux et détaillés.
La théorie Papuane de Earl n’est donc
plus professée que par un petit nombre
de personnes demeurées étrangères aux
progrès réalisés depuis vingt ans dans le
domaine de l’anthropologie descriptive.
Mais on n'a renoncé à rapprocher les
Négritos des Nègres proprement dits et
des Nègres Papouas, que pour aller
chercher chez d’autres populations plus
ou moins éloignées les termes de comparaison
qui s’obstinaient à faire défaut.
Lorsque M. R. Owen a publié, en 1861,
sa dissertation sur les Mincopies, fréquemment
citée dans le paragraphe précédent,
il a cru pouvoir assimiler le
crâne qui lui venait des îles Andaman
non-seulement à celui des aborigènes de
Luçon, mais encore au crâne des Ved-
dahs de Ceylan (1). M. Busk (2) a démon-
Pig. 214.— Superposition des contours antéro-postérieurs d’un Négrito et d’un Australien.
Le Négrito dessiné au trait fort est l’Aeta de Binangonan {Mus. Hist. Nat. >/* gr.). i
tré sans peine que, sauf pour^.f-plume, « des différences très-considérableS »Existent entre les Veddahs
et les Andamans. Dans le tableau de mensuration, dont nous avons pins haut présenté quelques extraits,
treize crânes de Veddahs sôht juxtaposés aux trois crânes Mincopies du British Muséum h t. du MMlesex
Hospital. Les chiffres qui,y sont condensés montrent que si la capacité crânienne des Veddahs différé peq.
de celle des Andamans, l’indice des premiers est des plus dolichocéphaliques (72,7), tan îs que ce ui
des seconds est sous-brachyç|phalique (82,1). Les Veddahs sont sensiblement moins hauts moins
prognathes,- etc.,; etc., et,font assurément partie d’un autre groupe que celui où M. R. Owen, négligeant çs
données ethnologiques assez précises que l’on possède sur ces sauvages de Ceylan, avait cru evoir
placer. , ,
On a aussi rapproché les' Négritos des Australiens. Cette èonfusion, dont M. HSckel semble s être ie
premier rendu coupable, a été aussi commise par M. Virohow dans son premier travail sur les crânes des
Philippines (3i, malgré l’opinion!|n tra ire de M. Semper (4), fondée, sur de nombreuses observations
personnelles.
(1) R. Owen. öjp. cit.,p. 7. •
(2) G. Busk. Description of two Andamanese Skulls (Transact. of the Ethnol. Soc. of London. New senes, vo . , p. ’
(3) Semper. Die Philippinen und ihre Bewohner. "Würzbourg, in-8°, 1869, p. 137.
(41 R. VibchUv. Op. M. (ZeiMir./Ur Ethml. Bd.-IbjiP®- A .M * » •
Les Négritos auraient, suivant M. V i r c h o w ,« d e s rapports avec les Nègres australiens, d’après ce qu’on
connaît du moins,, Nègres qui se distinguent tous par le peu de largeur comparée â la longueur
relativement considérable de leur crâne. » t
Les critiques de M. B. Davis (1), et l’examen des pièces recueillies à Luçon par M. Schetelig n ont pas
tardé à modifier cette opinion émise un peu à la légère, et dans la séance du 10 décembre 1870, de la
Société- de Berlin, M. Virchow a bien voulu (reconnaître qu’il, est impossibleggde conserver un rap-
port entre les-Noirs des Philippines et ceux d’Australie, »
puisque « leurs crânes sont tout à fait différents les uns des
autres » (2).
Les affinités entrevues entre les Négritos et les Tasma-
niens par Earl (3) sont plus réelles ; on s’en rendra compte
par les comparaisons qui seront instituées à la suite de l’étude
de ces derniers.
Quant aux analogies qu'ils présenteraient avec certains
Malais, il nous semble démontré que, sauf quelques cas exceptionnels,
qui peuvent s'expliquer par la permanence en
divers points de la Malaisie d’un élément négrito plus ou
moins altéré, elles se bornent à assez peu de chose. Les
Malais, que nous décrirons plus tard en détail, diffèrent
sensiblement par le crâne et par la face des petits Noirs
avec lesquels on les met en présence.'
Les mêmes exceptions que nous venons de signaler, en
Malaisie se retrouvent dans les deux presqu’îles indiennes.
L’un de nous a fait connaître (4) un crâne figuré pl. XY1I de
notre atlas, et que le Muséum doit à M. Mouatt, de Calcutta,
crâne qui offre avec ceux de la collection Tytler des analogies
qui s’expliqueraient par l’infusion d’une certaine quantité
Fig. 215-. ^ Norma verticalis des deux mêmes crânes
! (Va grand.).
de sang B.négrito chez la femme paria à laquelle il a ap-
partenu Nomi avons déjà ' remarqué que-vies^ observatioùs de M. Moudière, dans toj Coehmchine
(1) B. Davis. The négritos of the Philippines (Joum. of Anthropolog. London, 1870-71, p. 143). WÊÊtKËt
(2) B. Yirgiiow. über den Schüdelbau der Bewohner der Philippines insbesondere der Négritos (Verhandl. der Berlmer Gesellschaft fui
Anthrop. Eihnolog. und Urgesch. Berlin, 1871, S. 36). I RRH nf lh„ r„.,
(3^ g. -w. Earl. On the leading Oharacteristics of the Papuan, Auslralian and Malayu-Polynesian a ion (
Archip: vol. IV, p. 9, 1850).
(4) A. de Quatrefaqes. Op. cit.. p. 239. . , .
(5) Cette tête est celle d’une femme paria du Bengale, âgée de trente-cinq ans. . Elle est entière et pos e sa m c 1
presque intacte......la ressemblance avec les têtes et les ■ H H K B B B » ; « * “ * B Q est * lutant | l § | § j H |H B
pénétré davanlagedansles détails. L’indice est deSOO; laconrbe dufrentà la nuquereprodmtcelledenotro j j j l B I I i f i f f l
graphii Sv.ru, ftmm. Mincopie medeprofil. t a . SAnthrop.. t. I, pl. M frontal a conservé sa suture
n- 2 (le crâne n* 2 de l’envoi de M. Tytler, ci-dessus p. 209). Nous savons aujourd’hu. que les deux têtes, de femmes M,ncop.es de
M B Davis, et celle de la négrita dé Bornéo sont dans le même cas. Toutes les autres sutures sont également ouvertes qcoique
généralement fort Staples. En outre, les bosses surcilières qui accusent le développement E 9 H — H | H | H
rien d’étonnan. chez une femme. A cela près,-c’est surtout I la tête u- -1 (de la coll. Tytler «-dessus p 87 et %. ^ ) due - -
semble celle-ci. L’ensemble en est presque-aussi rude; la forme et la proportion dés os son es m m , .
repris leur direction en arrière ; l’intervalle entre les bords orbitaires est un peu plus gran , tou e concavi a ’epnru
montante du maxillaire; la’ fosse canine est au moins aussi peu-accusée, le siUou latéral est aussi
l’épine nasale au bord alvéolaire est plus grand ; la saillie causée par l’insertion des canines, p us proiwnc e , a os^e P ®IV mnnlonte
siblement plus large et plus évasée. La mâchoire inférieure seule est assez différente de ce qu a gur „wen./ .a r , ,
en est moins large; l’apophyse coronoïde présente à peu près la direction ordinaire, d où il r su te que a pom e en es u
par l’arcade zygomatique, et que la fosse sigmoïde est moins large et plus profonde ; l’angle formé par les deux branches est aussi plus