suture lambdoïde est en partie située à la face supérieure du crâne, lorsque celui-ci; prend l’attitude
horizontale précédemment indiquée (fig. 5). •
Cette portion supérieure ou cérébrale de F os mesure 0m,051 seulement; elle est. limitée par les deux
lignes occipitales supérieures, formant un bourrelet saillant et si voisines de la direction horizontale,
qu’elles ne méritent plus l’épithète de courbes qu’on leur donne habituellement en anatomie descriptive.
Ces lignes d’insertion se rejoignent ou bien peu s’en faut sur la ligne médiane qui ne porte pas de protubérance
bien marquée. Au-dessous du bourrelet gauche indiqué ci-dessus, l’os offre une petite surface
obliquement dirigée en avant, en bas et en dehors.- M. Huxley fait observer avec raison.(1) que c’est là
« une particularité intéressante, car elle établit que, malgré l’aplatissement de l’occiput, les dobes postérieurs
du cerveau s’avançaient notablement au-delà du cervelet ». Ce caractère auquel on attache, à bon
droit, une importance réelle, a donné lieu, comme on sait, en Angleterre a une discussion scientifique
très-remarquable dans les années 1860,1861 et 1862(2).
L’écaille occipitale est limitéè en haut par une suture dont le contour, est non pas anguleux, mais
arrondi (3), et dont les denticulations assez fines sont bien apparentes (4). Nous avons dit précédemment
qu’il restait à peine des traces de la suture fronto-pariétale. La siîture sagittale est complètement oblitérée.
Mais la lambdoïde reste parfaitement ouverte en dedans (fig. 9)comme en dehors. Gratiolet a
insisté à plusieurs reprises sur cette tendance à l’oblitération des sutures en avant chez les races humaines
inférieures (6). Nous aurons fréquemment l'occasion, dans le cours de cet ouvrage, de discuter lés conclusions
de ce regretté savant. Pour le présent, nous nous contentons de constater que le seul individu
masculin de la race primitive dont nous1 connaissions-la voûte crânienne complète, obéit à la .loi synosto-
tique de Gratiolet.
Il reste à dire quelques mots de la face interne de ce remarquable crâne.
L’étude que nous avons faite du moulage déposé dans nos collections nous amène à des conclusions
identiques à celles des nombreux écrivains qui ont abordé ce sujet. Cette face nous a paru présenter
des dépressions nombreuses et profondes en rapport avec des glandes de Pacchioni fort développées, et
les empreintes vasculaires y sont très-marquées. On a particulièrement indiqué un sillon vasculaire anormal
en arrière de la suture coronale et qui contenait sans doute une veine émissaire. Nous notons avec
MM. Schaaffhausen (6), Vogt et Huxley (7), que les circonvolutions principales sont assez nettement visibles,
comme en général sur les moulages de cavités crâniennes des races inférieures. Les principaux
groupes de plis cérébraux s’y montrent distinctement dessinés; sur les^ lobes frontaux, larges de 0m, H 6
et séparés des lobes pariétaux par un profond sillon qui semble correspondre à une dépression observée
quelquefois à quelques centimètres en avant de la scissure de Rolando, on voit distinctement les
masses des trois circonvolutions ; les deux circonvolutions pariétales et la temporo-sphénoïdale supérieure
y sont également bien empreintes. Enfin les lobes occipitaux pourvus de quelques grossiers replis
sont si complètement séparés des pariétaux qu’on pourrait presque croire à l’existence d une scissure
occipitale transverse, plus ou moins complète, qui ne se voit que très-rarement chez l’homme.
L’allongement du front aussi bien que la projection en arrière de la région postérieure faisaient pressentir
pour le crâné de Neanderthal ùn diamètre antéro-postérieur considérable. Cette dimension s’élève,
(1) Th. Huxley. De la place de l'homme dans la nature, trad. cit., p. 287.
(2) Idem, ibid., p. 250 et suiv. — Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris. 2e série, t. IV, p. 374 et suiv., t. V, p. 587 et suiv., 592, etc.
4869-1870.
(3) King. Op. cit., p. 95 et pl. H.
(4) B. Davis, hoc. cit., p. 171.
(5) Gratiolet. Mém. sur le développement de là forme du crâne de l'homme et sur quelques variations qu'on observe dans la marche de
l'ossification de ses sutures (Compt. Rend. Acad. Sc., t. XLIÎï, p. 428. 4856.)
(6) S chaaffhausen. Sur le crâne de Neanderthal. (Bull. Soc. d'Anthrop. de Paris, t. IV, p. 316. 4863.)
(7) Ch. Vogt. Leçons sur Vhomme, p. 394-395.
en effet au chiffre de 0m,20, rarement atteint par un crâne d’homme. Mais nous avons en même temps
signalé un développement considérable en largeur des os pariétaux; le diamètre transverse maximum
a 0m 144 et Y indice céphalique, c’est-à-dire le rapport de,ce dernier diamètre au premier supposé égal
à 100 est de 72. Le crâne est donc dolichocéphale pur; mais comme la forme elliptique allongée qu’il
représente, vue d’en haut suivant la méthode de Blumenbach, se combine avec un grand aplatissement
(platycéphalie des auteurs anglais), il peut être classé avec ses congénères dans une catégorie à part sous
le nom de dolichoplatycèphale.
L’aplatissement dont' on vient de parler, est compensé en partie par l’étendue de la voûte crânienne
en longueur et en largeur, de sorte que la capacité crânienne qui paraît, au premier aspect, devoir être
très-minime, peut encore avoir dépassé le chiffre de 1200 c. cubes (1). La circonférence horizontale
est même en rapport avec un cubage plus élevé, puisqu’elle a atteint 590 c. (?). Mais ce périmètre
embrasse les sinus frontaux qui sont énormes. Il représente par conséquent un chiffre bien supérieur à
celui que l’on obtiendrait sur un crâne ordinaire. On se rendra compte de cette différence en comparant
les diamètres pris sur le crâne avec ceux du moulage cités plus haut.
Crâne ...............................
Moule intra-crânien. . .
D. A. P. D. Tr. Max. I D. Fr. Max. i D. Fr. Min.
200 144 422 406
473 1*36 I 146 | ' 102
Crânes de la Den ise. — Les fragments de crânes de la Denise reproduisent à peu près les caractères
que l’on vient de décrire. Le seul naturaliste qui les ait étudiés avec pleine connaissance de cause,
M. Sauvage nous apprend, en effet, que le frontal conservé au musée du Puy, et dont la découverte
remonte à 1844, a la racine du nez large, les arcades surcilières « saillantes en bourrelets épais » , la
glabelle proéminente et surmontée d’un front fuyant qu’en sépare une forte dépression (2).
Les mêmes traits se retrouvent sur la pièce de la collection Pichot, moins accusés cependant, le sujet
n’ayant pas encore atteint son entier développement. Incrusté à l’intérieur de couches de limonite stratifiées
sur une épaisseur assez forte, et qui rappellent très-exactement celles qu’on observe en place dans
les tufs de la Denise, ce frontal, dont l’authenticité est par là même en dehors de toute contestation, ne
petit être étudié que par sa face externe. Au-dessus d’un fragment de nez à base relativement large (0m, 022)
pour un jeune sujet, et de deux voûtes orbitaires assez régulièrement arrondies, se renflent brusquement
des arcs surciliers continus l’un à l’autre par une glabelle saillante, et limités en dehors par les trous
sus-orbitaires. Une dépression bien sensible, sépare sur le profil (fig. 10) ce relief des bosses frontales à
peine indiquées; la courbené l*os s’élève très-obliquement en arrière et ne tarde pas a s’aplatir.
Les sinus frontaux que logent les. arcades surcilières dont il vient d’être fait mention, sont séparés par
une cloison déviée dans le même sens que chez nos individus dé Canstadt et d’Eguisheim. Ils se composent
de quatre cavités distinctes qui sont, en allant de droite à gauche, une grande cellule d’abord, puis
trois autres moins volumineuses, et dont les rapports sont difficiles à établir.
Nous avons déjà dit qu’il paraît résulter des notes de M. Sauvage que le frontal de la collection Pichot
est celui d’un adolescent. Il est, en effet, réduit dans toutes ses dimensions; sa courbe totale est de
0m, 122 à 0“, 124; sa plus petite largeur (front, minim.) en mesure 0m, 090. Le frontal maximum n’a que
(■t) Huxley. Op. cit., éd. Daily, p. 283. — Dans l’appendice qu’il a fait à l’ouvrage de M. S. Laing (Prehistorie remains of Caithness.
London, 4866, in-8°), M. Huxley a reproduit les deux figures qu’il avait précédemment données du moule intra-crânien décrit ci-
dessus.(fig. 67 et 68, p. 455-456)’. Ces deux dessins seront reproduits plus.l.oin, lorsque, nous comparerons la race fossile ici décrite
avec celles de l’Australie, l’autëur, ayant superposé à cette belle figure du cerveau de l’homme du Neander l’esquisse -d’un moule
intra-crânien d’Australien (n° 5334) du musée du Collège Royal des chirurgiens. Huxley-, Remarks on ihe Neanderthal Skull. (Nat.
Hist. Rev:, n° 45,.p. 429 et suiv. London. 4864, in-8°.)
(2) Communication manuscrite. — Depuis la rédaction de ce paragraphe, M. Sauvage a fait paraître son travail sur l’homme fossile
de Denise dans la Revue d'Anthropologie (n°, 3, p. 289-297). 4872.