rapproche du crâne du Nègre Africain plus que celui des Papous dont il était question plus haut. Martin (1),
au contraire, décrivait assez longuement la même année une autre tête du collège des chirurgiens de
Londres, mais n’en montrait qu’une petite figure reproduite plus loin.
En 1853 M. R. Owen a dit quelques mots des neuf crânes plus ou moins complets faisant partie des
collections du collége des chirurgiens; chacun d’eux a été l’objet de courtes remarques, mais l’illustre
anatomiste n’a pas abordé la question anthropologique (2); .
M. Williamson, en 1857 (3), M. Barkow, en 1862 (4), ont donné quelques indications fort courtes, le
premier sur deux têtes du Musée de l’armée anglaise, le second sur une troisième qui se conserve à
Breslau.
Enfin M. B. Davis, dans son Thesaurus, a brièvement fait connaître les crânes tasmaniens de sa
riche collection en accompagnant les mesures qu’il en donne de quelques remarques intéressantes.(§)...-.
Citons encore, pour être complet, un mémoire de M. Topinard sur les crânes tasmaniens du Muséum de
Paris, lu en 1869 a la Société d Anthropologie de Paris (6ÿ;vun petit travail critique du même auteur (7)
dans lequel il institue un parallèle entre les résultats de ses propres recherches et ceux que M. B. Davis
avait précédemment obtenus ; les monographies déjà mentionnées de MM. Bonwick (8) et Giglioli (9) ;
une nouvelle étude de M. B. Davis sur le squelette des Tasmaniens où se trouve une belle planche
représentant en grandeur naturelle le profil d’un crâne de cette race (10) ; enfin la description toute
récente par M. Paul Gervais (H) de la tête d’un Tasmanien de Hobart-Town dont Dumoutier (12) avait fait
connaître les caractères extérieurs dans une note retrouvée par l’un de nous et insérée dans les Bulletins
de la Société d'Anthropologie de Paris pour 1874.
§ 2. — Description.
Cette tête et deux autres de la même provenance recueillies par Eydoux, les quatre crânes venant dû
voyage en Tasmanie de 1 Astrolabe et de la Zélée, et faisant partie des collections de Dumont d’Urville et
de Dumoutier, deux crânes enfin rapportés par Jules Yerreaux : tels ont été les matériaux dont noué -
avons pu disposer. On trouvera a la suite de leur description un exposé de tous les renseignements fournis
à 1 étranger sur la crâniologie de cette race que son anéantissement a rendue si particulièrement intéressante.
Crânes de Tasmaniens du Sud (fig, 228, 229, 231 à 233, et pl. XVIII, fig. 3 et 4f*j— Nous distinguons
comme Tasmaniens du Sud tous ceux qui peuplaient autrefois les bassins de la Derwent, du Huon, etc. 1 2 3 4 5 6 *8 9 10 (I)12
(1) W .-L. Martin. A general Introduction to the Nalural History of Mamiferotis Animais with a particular view of the Physical Uistory
of Man... London, 1841, in-8°, p. 310.
(2) Descriptive Catalogue of the Osteological Series contained in Museum of the Royal College of Surgeons of England. London, 1853
p. 826, n° 5320-5328.
(3) G. Williamson. Observations on theHuman Crania contained in the Museum of the Army Medical Department. Dublin, 1857 in-8°
p. 52.
(4) H.-C.-L. Barkow. Comparative Morphologie des Menschenund der menschenähnlichen Affen, 2 lh . Breslau, 1862, in-f°, taf. X et XI.
(5) B. Davis. Thesaurus Craniorum, p. 267-272.
(6) P. T opinard. Etude sur les Tasmaniens (Mém. Soc. d’Anthrop.de Paris, t. III, p. 307-328 e t p l. I-II1, 1872).
(I) Id. Examen des mesurés craniométriques adoptées par le Thesaurus craniorum de M. Barnard Davis, et en particulier de celles de la
série des Tasmaniens (Revue d’Anthrop., t. II, p. 99-1.05,1873).
(8) J. Bonwick. The last of the Tasmanians, London, 1870, in-8°. —Cf, Id. Daily life and origin of the Tasmanians. London, 1870, in-8°.
(9) H.-E. Giglioli. I Tasmaniani. Cenni stond ed etnologici di un popolo estinto (Archivio per l’antropoloqia et la elnoloaia t I
p. 85-130,385-456 et pï. I-ÜÏ). ' • : • : • *' ™
(10) B. Davis. On the osteology and peculiarities of the Tasmanians, a Race of Men recently become exlinst (Natuurkundige Verhandelingen
der Hollandsche Maatschapÿ der Wetenschappen 3 de Verr. D. Il, n° 4). Haarlem, 1874, in-4°.
(II) P. Gervais, Zoologie et paléontologie générales, 2e série, p. 1, et pl. I à III, Paris, 1876, in-4°.
(12) Dumoutier. Le Tasmanien de Eydoux. Description d’une tête de Tasmanien'conservée dans l'alcool (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris
2e série, t. IX, p. 808-813, 1874). ;
Ces Tasmaniens, dont nous avons cinq crânes sous les yeux, trois crânes d’hommes et deux de femmes,
offrent des diamètres antéro-postérieurs relativement un peu plus courts (ind. céph. 77,10) que ceux du
nord (ind. céph. 76,34) et du nord-ouest (ind. céph. 76,16) dont il sera question plus loin, et c’est ce qui
justifie la place que nous leur assignons en tête de ce chapitre, conformément à la règle que nous nous
sommes précédemment imposée.
Nos trois crânes, d’hommes proviennent d’une tribu qui vivait sur les rives de la basse Derwent. Le
premier, le plus complet et le plus intéressant, est celui qui a été l’occasion du travail cité plus haut de
M. le professeur Gervais.
Il se distingue, au premier coup d’çeil, de ceux que nous avons jusqu’à présent fait connaître par l’ensemble
de ses caractères crâniens, et surtout faciaux. Ce qui frappe surtout au crâne, c’est ce que l’on a
• Fig, 228. — Crâne d’un Tasmanien de Hobart- . ;, F|g. 229. — Le même crâne (tnt de profil). (Mus. Hist.
Town (vu de face, >/* g r a n d .) ................................. Nat., Coll.. Eydopic, n» 2.).
crû devoir appeler la disposition en carène de la voûte, disposition toute spéciale et qui paraît avoir été *
constante chez le Tasmanien adulte.
Le frontal, plus allongé encore que celui des Papous de Rawak (courbe front, tôt. 0m,i 38), qu’il rappelle
cependant à certains égards, plus oblique et plus déprimé, puisqu’il aboutit à un bregma situé à 0”,131
au-dessus du bord antérieur du trou occipital, est seulement un peu moins étroit en bas (d. fr. inin. 0m,097)
et de même largeur en haut (fr. max. 0m, 118) que celui de ce dernier groupe. Il présente dés arcs surci-
liers, aux bourrelets d’autant plus volumineux en apparence, que la face qu'ils surplombent est plus profondément
creusée dans son tiers supérieur (1). Les bosses frontales sont assez nettement distinctes ; la
médiane s’étalant largement en une surface convexe de forme ovale qui dépasse le bregma pour aller se
confondre avec une sorte de crête pariétale dont il sera question plus bas, les latérales séparées des sourcils
par une légère dépression et de la bosse médiane par un méplat qui se continue avec celui qui limite
(1) Cf. Dumoutier. Le Tasmanien de Eydoux. Description d'une tête de Tasmanien conservée dans l’alcool (Bull. Soc. d'Anthrop. de
Paris, t. IX, p. 809, 1874).