bitaire assez large (0“, 024 à 0", 025 en bas) deux orbites énormes et de cette forme presque ronde que
nous faisaient précédemment soupçonner les voûtes en plein cintre de nos crâne fossiles. La largeur de
ces orbites est de 0", 066 (l)„Ieur hauteur de 0“, 039, leur profondeur de 0", 051. Cette largeur est la
grande que M. Broca ait trouvée.jusqu'à présent sur un crâne humain (2). La hauteur est,encore plus
exagérée., de sorte que Yindice orbitaire, c'est-à-dire le rapport de la hauteur de l’orbite à sa largeur
supposée égale à 100, atteint le chiffre de 88( 63, supérfeur de près de 4 p. 100 au maximum rencontré
chez l’adulte par cet infatigable observateur. L’espace interprbitaire, relativement large, concourt avec
le,développement considérable des cavités oculaires en travers à, dilater énormément la partie supérieure
du visage. Aussi sur la photographie qui a fourni la vue de face ci-jointe comme sur celle du Néander
figurée précédemment, la région temporale est-elle entièrement masquée par les bords externes des orbites.
Au-dessous des apophyses orbitaires externes, fortes et saillantes, les, os 'malaires déprimés à leur angle
supérieur descendent presque verticalement, de sorte que les pommettes sont, peu aocusées, quoique le
diamètre bimalaire soit fort considérable. L’orifice antérieur des fosses nasales est largement' ouvert.. Les
branches montantes des maxillaires supérieurs s’arrondissent en présentant une forme presque .convexe
au-dessus de cette.ouverture et sur ses côtés; la dépression habituelle à la branche montante est donc
presque comblée, et la fosse canine est.seulement indiquée.. L’arcade dentaire robuste est très-allongée
dans le sens antéro-postérieur, et dessine un fer à cheval qui :se rétrécit notablement en arrière. Ce caractère
.sur la valeur duquel MM. Huxley,. Broca, Alix ont four à tour insisté, parait: spécial à la race dont
l’individu de Forbes’Quarry semble être le plus complet représentant connu. Enfin la face est prognathe;
l’angle facial de Camper,très difficile à déterminer, à cause du développement des sinus frontaux, parait
être de 75’; l’angle faoial alvéolaire serait réduit à 70°.
A un tel prognathisme de la mâchoire supérieure correspondait vraisemblablement un certain degré
de projection dé jà portion moyenne de l’arcade dentaire inférieure, d’où résultait l’insertion oblique des
incisives signalée par Spring.
Fragments des cavernes du Larzac. — M. Prüner-Bey a présenté, au mois de janvier 1864, à la
Société d’Anthropologie de Paris (3) une face d’enfant presque complète trouvée par M. de Sambucy dans
une grotte du Larzac et paraissant remonter à l’âge de la pierre ; quelques-uns des caractères de la tête de
Forbes’Quarry se montrent sur cette pièce. Le front est lisse, en raison de l’âge du sujet qui commençait
sa seconde dentition, mais son espace interorbitaire est large, ses apophyses orbitaires externes sont relativement
épaisses et solides, et la direction presque verticale des os malaires produit cet effacement des pommettes
que nous avons précédemment indiqué. Si la concavité de la branche montante est bien marquée,
la fosse canine se creuse à peine. Enfin les orbites, larges et hauts tout à la fois et d ouverture presque circulaire
donnent l’indice 91, qui n’a jamais été atteint à notre connaissance par aucune autre face européenne.
L’orifice antérieur des fosses nasales est détérioré, et la voûte palatine, étroite, profonde et allongée, est
malheureusement incomplète.
Il D’est pas sans intérêt de rappeler que cette face a été découverte en compagnie d'une tête d’adulte
dont la partie crânienne rappelle d’une manière frappante le type masculin de la race de Canstadt. Elle
en a la saillie glabellaire et su-rcilière, ^dépression transversale au-dessus des arcs surciliers, le volume
considérable des apophyses orbitaires externes ; mais elle en diffère par quelques caractères faciaux, ce
qui pourrait indiquer un croisement avec une autre race. C’est ainsi qu’à là direction verticale des os
malaires, à l’épaississement de la racine nasale, au nez relativement court et long et au prognathisme
assez fort, elle associe des orbites carrés et peu élevés, des fosses canines assez profondes et des bran- 1 2 3
(1) Broca. Op. cit., p. 155.
(2) Idem. Ibid, p. 156. — Cf. Bull. Soc. d'Anthrop. de Paris, 2« série, t. II, p. 379. 1868.
(3) Prüner-Bey. Types crâniens des cavernes du Larzac (Aveyron). {Bull. Soc. d'Anthrop. de Paris, t. VI, p. 30. 1.865.)
ches montantes maxillaires excavées. Notons, eu terminant, un léger rétrécissement postérieur de la
voûte palatine, rétrécissement dont nous avons parlé plus haut à propos du crâne de Forbes’Quarry.
La collection du Larzac comprend encore une. face qui doit nous arrêter quelques instants. C’est celle
d’un jeune sujet d’un prognathisme (1) « tout aussi prononcé, dit M. Prünet-Bey, que chez le chimpanzé
« à l’époque où il change de dents (2). Les alvéoles des incisives et de la canine sont très-larges et très-
« profonds ; celui de la dernière fait une saillie considérable à la face antérieure......La longueur des
| alvéoles est aussi considérable que chez le nègre adulte le plus prognathe; mais leur inclinaison en
« avant dépasse de beaucoup celle qu'on observe chez ce dernier......» Le nez est relativement large
pour sa longueur (0m, 021), la fosse canine bien marquée, surtout à gauche; les branches montantes étroites
et excavées; la voûte palatine longue et étroite, se rétrécit notablement en arrière et porte une crête
médiane, large et saillante. Cettjp juxtaposition de caractères est comparable à celle de la pièce précédente
et peut être, comme chez celle-ci, mise sur le compte d’un métissage avec une autre race dont nous
esquisserons plus loin les principaux traits.
Maxillaire inférieur de la Naulettê (pl. II, fig. 1 et 2 et dans le texte fig. 20, 23). — Le prognathisme
dont nous venons de donner les caractères, et qui paraît constant dans la race qui nous occupe,
est généralement si prononcé, du moins en ce qui concerne le bord dentaire, qu’il doit nécessairement
entraîner une projection considérable des alvéoles-incisifs du maxillaire inférieur.
Toutes les mandibules que nous connaissons, et qui peuvent être, à coup sûr, attribuées à l’homme
des premiers temps quaternaires, présentent, en effet, un certain degré de projection alvéolaire, joint à
d’autres caractères anatomiques, que la célèbre mâchoire de la Naulette nous montre portés à leur
maximum.
Gette piècej. dont l’âge géologique correspond à peu près à celui des débris crâniens dont nous avons
fait précédemment Thiétoir'e:, a été trouvée par M. Dupont dans une vaste caverne de la rive gauche de
la Lesse, associée aux ossements du mammouth, du rhinocéros, du renne, etc. (3). Elle est malheureusement
incomplète : il n’en reste qu’un fragment composé de la moitié gauche du corps et d’une partie de
la moitié droite. Elle est de plus tout à fait édentée, mais comme la chute des dents a été posthume,
l’inspection de leurs alvéoles peut donner une idée exacte de la disposition et du volume des organes
qui y étaient implantés.
Courbée suivant une parabole très-allongée qui tend vers le parallélogramme, la branche horizontale
de cette mandibule est remarquable tout d'abord par son épaisseur exceptionnelle. Cette épaisseur atteint
0“, 015 au menton et en dépasse 0m,0I6 vers la seconde grosse molaire. La hauteur de l’arc est, au contraire,
peu considérable et va en diminuant d’avant en arrière, de sorte que de 0m,031 à la symphyse,
elle s’abaisse à 0m,022 au niveau de la deuxième molaire.
La face externe de l’os est tout à fait lisse, percée d’un large trou dentaire inférieur, en arrière duquel
s’en voit un second plus petit. On n'y distingue presque pas d’empreintes musculaires; il n’y a pas de
fossettes mentonnières, et la ligne maxillaire externe est à peine marquée.
(1) Mesures de la tête du Larzac prises sur l’original donné au Muséum par M. Prüner-Bey.
Crâne. — Diamètres : transv. max. 142 (?), bitemp. 138 (?), biauricul. 132 (?), front, max. 122, front, min. 96. — Courbes : front,
céréb. 100, sous-céréb. 27, totale 127, pariétale 120 (?) — Angles : coronal 109° (?).
Face. —Diamètres .-biorbit. ext. 110,5, interne 99,5; distance interorb. 26, des deux trous sous-orb. 47,5, bimalaire 92 (?), bizygom.
max. 136, bimaxill. max. de l’arcade 59. — Orbites : largeur 38, hauteur 30,5, indice 80,26. — Nez : largeur max. 25,5, hauteur 45,
indice 57, haut, sous-cérébr. du front 27,5, de l’intermaxillaire 19,5, totale de la face 92, haut, de la pommette 23, hauteur orbito-
alvéolaire 41. — Voûte palatine : largeur, aux canines 25, aux premières grosses molaires 37, postérieure 35.
(2) Pruner-Bey. Sur une face très-prognathe d'un crâne de l'âge de pierre. {Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris, t. V, p. 893, 1864).
(3) Ep. Dupont. Etude sur les fouilles scientifiques exécutées pendant l'hiver de 1865-1866, dans les cavernes des bords de la Lesse. (Extr.
du Bull. Acad. Roy. de Belgique, 2« série, t. XXII. 1866.)