il groupait les populations montagnardes dont nous venons de faire connaître l’indice céphalique relativement
abaissé (1). '
Les crânes Guaranis qu’il a décrits dans son mémoire de 1849 avaient appartenu à des Tapuios ou
Tupaias de la province de Bahia (2), dolichocéphales à 70' (3). Aucune des rares séries brésiliennes publiées
depuis lors n’a atteint ce degré d’allongement et d’étroitesse (4). Les six Brésiliens, Puri, Atu-
rie, etc., du Musée de Goettingue, ont pour indice moyen 77,29; les trois Brésiliennes, Coroatas, etc.,
de la même collection ont 76 pour le même rapport. Le Caygoua et le Goytacaze de Berlin donnent en
moyenne 76,83 (5); la femme Coroado, de Fribourg, présente le rapport 76,3 (6). Chez les neuf hommes
Guaranis du Muséum de Paris l’indice égale juste 75 ; chez quatre femmes de la même collection il s’élève
à 78,82 (7). Nous donnons, dans les colonnes 4 et 5 du tableau qui suit, les mesures détaillées de ces treize
sujets qui appartiennent aux tribus des Puris, des Càygoüas, des Coropos, des Goytacazes, des Aturies,
et des Orejones du Rio Iça. Cette précieuse série a été donnée au Muséum de Paris par Humboldt, par
l’empereur don Pedro II et par le docteur Crevaux (8).
Crânes de Botocudos (PL LXXIV, fig. 3 et 4 et, dans le texte, fig. 431). — La transition se fait du Guarani
au Botocudo dans notre collection par un crâne qu-Auguste de Saint-Hilaire a jadis rapporté de
Minas Geraës sous le nom d’Aymore ou Botocudo. Cette pièce dont M. Philippe Rey vient de publier lés
mesures dans sa thèse inaugurale (9) faite au laboratoire d’anthropologie du Muséum, est plus voisiné, par
l’ensemble des traits, de celles qui proviennent des contrées guaranies, que celles qu’on a recueillies chez
les vrais Botocudos (10).
Cependant par l’exagération de sa dolichocéphalie (ind. céph. 71,05), par son développement vertical
qui l’emporte de onze millimètres sur le transverse, par quelques autres caractères encore de moindre
importance, il me semble tendre vers les Botocudos plus que M. Ph. Rey ne l’admet dans son travail.
Ceux-ci, dont Blumenbach^ Retzius, J. Wyman, MM. Davis, Virchow, Canestrini et Moschen, Lacerda
et Peixoto, Philippe Rey, etc., ont publié des crânes, sont remarquables par leur développement en longueur
et en hauteur, la saillie des arcs sourciliers, le peu d’élévation et la forme rectangulaire des orbites,
la mésorhinie, etc., etc. Nous donnons ci-dessous, d’après M. Philippe Rey, les principales mesures des
’(1) A. Retziüs. E t h n o l o g . S c h r i f t . , p. 38.
(2) Id. B e m e r k u n g e n ù b e r S c h à d e l v o n G u a r a n i - I n d i a n e m a u s B r a s i l i e n ( I b i d . , s. 112-117).
(3) Principales mesures de cinq Tupaias du musée de l’Institut Carolin, d’après Retzius : cire, horiz. 535mm ; d. a. p. 190 ; d. tr. max.
133; ind. céph. 70, 00; vertical max (?) 130; front, min. 93.;^îifygom. 135; orbit. haut. 36 ; larg. '42. (Retzius. E t h n o l . S c h r i f t . , p. 118.)
(4) Cette dolichocéphalie exagérée serait-elle plus spëciâlejiieht l’attribut dès Tupaias? Le crâne de cette tribu que possède le musée
Davis a l’indice 1 0 (T h é s '. c r a n . , r ,p . 253).
(5) VircHow. B r a s i l i a n i s c h e n I n d i a n e r s c h ü d e l (V e r h a n d i . d . B e r l i n . G e s e l ls c h . f ü r A n t h r o p . Jahrg. 1875. s. 180).,
(6) Ecker. C à t. cit., p. 45. '
(7) Nous ne comptons point dans cette série les têtes préparées dont nos collections possèdent 4 exemplaires, provenant des tribus
des Gajas, des Mundurucus, des Gentios Bravos et des Parintintins. Il existe dans beaucoup de musées, et notamment dans ceux de
Philadelphie, de Goettingue, etc., des spécimens tout semblables. Toutes les têtes préparées du Muséum sont dolicho- ou sous-
dolichocéphales.
(8) Nos collections ne renferment pour le moment aucun crâne Caraïbe normal des Antilles, mais M. Le Dentu a offert à M. Broca
une tête provenant de l’ile de la Dominique, et qu’il attribue à un chef de cette île.- Ce crâne est sous-dolichocéphale à 77,77 et
relativement aplati (d. a. p. 180mm ; d. tr. 140 ; d. bas.-bregm. 129). Un crâne recueilli dans une caverne de la Guyane brésilienne et que
le Muséum doit à S. M. Don Pedro II, empereur du Brésil, est plus allongé (d. a. p. 179mm; d. tr. max. 135; ind. céph. 75, 41) hypsi-
sténocéphale (d. bas.-bregm. 141mm), ce qui peut donner des doutes sur la place à lui assigner dans la classification.
Il existe dans le Musée du Collège des Chirurgiens et dans la collection Davis 10 crânes de divers tribus Caraïbes de la Guyane anglaise
; Macusis, Arawaks, Wapisis, Tarumas. L’indice céphalique moyen de cette série égale 76, 94 chez les hommes, 81,00 chez les
femmes. Deux seulement de ces pièces ont été mesurées rigoureusement dans leurs dimensions verticales qui sont sensiblement inférieures
aux transverses.
(9) P h. Rey. E t u d e a n t h r o p o lo g i q u e s u r l e s B o t o c u d o s . Paris, 1880, in 8°.
(10) Principales mesures du Botocudo (?) d’Aug. de S‘-Hilaire. Cap. crân. 1650" ; cire, horz, 520mm ; d. a. p. 190; d. tr. 135 ; d. bas.-
bregm. 146 ; front, max. 107 ; min. 86; biorb. ext. 101 ; bizyg. 141 ; haut. fac. 101 ; nez, long. 57 ; larg. 24; orb. haut. 37; larg. 40.'
quatre crânes d’hommes et des deux crânes de femmes Botocudos, déposés dans les galeries du Muséum
de Paris et de la Société d’Anthropologie.
La plus remarquable de ces pièces est" figurée dans notre Atlas ; on -en trouvera deux autres représentées
de profil, de face et d’en haut dans le fort-bon mémoire de M. Philippe Rey (1), auquel nous renvoyons
pour l’étude détaillée
de ce groupe ethnique intéressant
(2)v ■ •
Crânes de Paraguayos.^ ^ *
A. D’Orbigny avait rattaché,
dans; sa carte ethnographique
de l’Amérique méridionale,
les habitants de toute
la rive droite du Parana à
la race Pampéenne. A en juger
par deux pièces du Musée Davis
(3) èt une troisième donnée
au Muséum de Paris en 1867
par M. Cochelet, ces indigènes
devraient être, au contraire,
rapprochés de ceux dont nous
venons d’examiner les crânes.
Ils sont franchement dolichocéphales,
l’ind. céph. des trois
sujets égale 71,65 ; deux d’entre
eux sont hypsisténocépha-
les, le troisième présente des
dimensions égales en hauteur
'e t en largeur. La face est large
et haute tout ensemble et les
proportions du nez et des orbites
varient peu par rapport à
. celles des sujets que nous
avons ci-dessus étudiés (4).
Fig. 434 à 437. — Crâne d’insulaire de la Terr
profil, de face, d’en haut et par der
Crânes de Téhuelches (PI.
LXXV, fig. 1 et 2 et, dans le texte, fig. 432).
Fig. 437.
de Feu (Mus. Chir. d'Angl. Coll. Fitz-Roy), vu de
1/3 gr. (d’après M. Huxley).
La vallée du Rio Negro où vivent aujourd’hui les
(!) Principales mesures de quatre crânes d’hommes Botocudos. des collections Don Pedro II et Ph. Rey. Cap. crân. 4470°° ; cire,
horiz. 510mm ;d. a. p. 186; d. tr. 136; d. bas.-bregm. 140; front, max. 101, min. 91 ; biorb. ext. 107 ; bizyg. 138; haut, face, 97; nez,
long. 52; larg. 26; orb. haut. 32, larg. 40. Mêmes mesures chez deux femmes de là collection Ph. Rey. 138500; 495mm; 179 ; 126; 135;
101 ; 90 ; 99 ; 125:;• 87 ; 50 ; 24; 32 ; 38. : i .aum . . . .Cî, ,. . __ ;
(2) Nous ne voulons pas quitter le Brésil sans donner quelques ^indications précises sur la célèbre pièce recueillie dans le gisement
quaternaire de Lagoa Santa par le Dr Lund, et qu’ont récemment publiée MM. Lacerda et Peixoto dans leur monographie
intitulée: C o n t r i b u t e s p a r a o e s t u d o d a s r a ç a s i n d i g e n a s d e B r a z i l . Rio de Janeiro, 1876, in-4°, p. 63, est. III. Voici les principales
mesures de cette tête. Cap. crân. 138500 ; cire, horiz. 515mm; d. a.-p. 185; d. tr. 129 ; d. bas.-bregm. 145 ; front, max. 107, min. 92,
biorb. ext. 105 ; bizygom. 130 ; haut, face » ; nez, long. 45; larg. 24 ; orb. haut. 33; larg. 41. Ces mesures semblent autoriser à
la placer à proximité de celles des Botocudos dont il vient d’être question.
(3) ; Cf. T h é s . C r a n . , p. 252.
(4) Principales mesures d’un crâne d’Indien du Paraguay. Cap. crân. 1520c#; cire, horiz. 833mm ; d. a.-p. 191 ; d. tr. 138 , d. bas.-