« Cette mâchoire inférieure, qui a appartenu à un homme adulte, se compose de l’une des branches
horizontales avec la symphyse et la plus grande partie de la branche montante correspondante, à laquelle
il manque toutefois le condyle et la portion adjacente du bord postérieur de l’os. Trois dents seulement,
les trois grosses molaires, sont restées implantées dans leurs alvéoles; toutes les autres sont absentes;
mais il est certain que, sauf la deuxième prémolaire dont la cavité est presque entièrement résorbée, elles
Fig. 78. — Superposition des maxillaires inférieurs d’Engihoul,
de Grç-Magnon et de Lafaye.
étaient encore en place au moment de la mort. Il est vrai qu elles commençaient à subir ce travail d’élimination
lente propre à l’individu qui a dépassé l'âge mûr. Des trois molaires en place, les deux premières,
robustes, sont approximativement égales en largeur >||une, la première, a cinq tubercules; l’autre * la
deuxième, en porte quatre; la troisième, un peu plus étroite, a cinq tubercules; elle est cariée à sa
partie antérieure et un peu moins usée que les deux autres dents, dont l’antérieure surtout présente une
couronne aplatie, un peu inclinée en arrière et en dehors.
« Comme ceux des molaires, les alvéoles canins et incisifs~sont d’ouverture médiocre par rapport au
volume de lJos dans lequel ils sont creusés. La branche horizontale de cette mandibule est, en effet,
d’une grande solidité; son épaisseur, qui dépasse 0m, 017 à la symphyse, en atteint 18 au niveau de la
deuxième molaire. Les insertions des muscles y sont bien dessinées, et le trou dentaire inférieur, unique,
s’ouvre largement au-dessous de l’intervalle qui sépare les deux prémolaires.
« La symphyse(1) est haute(0m,031), le menton est triangulaire et pointu, et son profil forme avec l'horizon
un angle de 62 à 64 degrés. L’angle maxillaire inférieur se chiffre par 115 degrés. La branche,
montante, dont le bord postérieur se continue par une courbe régulière avec lé bord inférieur de la
branche horizontale, est surtout remarquable par ses dimensions en largeur. Elle mesure transversalement,
au niveau des alvéoles, 0“,043, et le compas, porté pbliquement du même point du bord antérieur
de la branche vers l’angle postérieur inférieur, donne un écartement de 0”,038. »
La seconde mandibule, que nous désignons sous le n° 2, et qui paraît avoir appartenu à un homme
âgé (c’est celle que M. Malaise a numérotée 2a et 2b sur la planche citée plus haut), cette seconde mandibule
exagère tous les caractères de la première. « Sa branche horizontale est, malheureusement, cassée
un peu en dehors de la symphyse, ce qui empêche d’indiquer avec sûreté quelques-uns des caractères
du menton, dont on peut néanmoins croire qu’il était, comme dans l’observation précédente, triangulaire
et pointu. Les alvéoles incisifs et canins, l’alvéole incisif externe en particulier, se résorbent; ils ressem(
1) La hauteur de la branche horizontale au niveau de la 2e molaire est de 0m, 029.
blent à ceux de la mâchoire n° 1 ; un fragment de racine dissimule le fond du premier alvéole prémolaire
; le second, vide comme les autres, se comble également. Quant aux trois grosses molaires, encore
placées dans leurs cavités, elles sont extrêmement usées, et, comme sur le premier sujet de la même caverne,
leur surface commune d’usure est oblique en bas, en dehors et en arrière d’abord, pour devenir
ensuite sur la dent de sagesse, cette fois presque aussi profondément entamée que les autres, légèrement
oblique en avant et en dedans. Les deux premières de ces grosses molaires, à couronne carrée, paraissent
de même taille, quoique le dessin publié attribue à la première un volume un peu plus considérable
qu’à la seconde. La troisième, qui a eu cinq tubercules dont il reste des traces, offre des dimensions
légèrement différentes de celles des deux dents qui 1$ précèdent. Elles ont, comme celles de notre premier
individu,1 ides dimensions moyennes; mais, en raison de la force de l’arc dentaire qu’elles surmontent, elles
ne paraissent pas aussi grosses qu’elles le sont réellement. C’est que l’arcade dentaire est, comme dans le
cas précédent, épaisse (au niveau de la deuxième molaire, 0m, 015) et haute (0m, 027 au même niveau),
et que les insertions qu’elle présente sur ses deux faces y sont profondément empreintes. La ligne myloï-
dienne d’une part, de l’autre le bord inférieur de l'insertion massétérine sont dessinés avec vigueur. La
branche montante est, malheureusement, brisée verticalement vers la moitié de sa largeur, de sorte qu’on
ne peut se faire aucune idée exacte de son étendue. On est, toutefois, autorisé, par l’examen de ce qui en
reste, à supposer qu’elle devait atteindre, surtout en largeur, des dimensions considérables. La face externe
présente des surfaces mouvementées pour les insertions des divers tendons du muscle masséter (1). »
C râne de F urfooz n° 3. — Nous aurons à nous étendre assez longuement dans le prochain chapitre, sur
les crânes de la caverne sépulcrale de Furfooz, dans la vallée de la Lesse, que L’on considère généralement
comme appartenant à la fin des âges paléontologiques. Au milieu de crânes sous-brachycéphales,
appartenant à une race dont nous aborderons bientôt l’histoire, il s’en est rencontré un franchement
dolichocéphale que MM. Broca, Lagneau et nous-mêmes avons cru pouvoir rapporter à la race de la
Vézère (2). Cè crâne est si malheureusement brisé qu’il ne se prête guère à des mensurations utiles.
Maxillaires inférieurs du T roü- L a-M ar tina . — La grotte de ce nom à Pont-à-Lesse, fouillée par
M. Ed. Dupont, lui a fourni dans une couche remontant, comme celles d’Engis et d’Engihoul, à l’âge des
animaux éteints, des parties de maxillaire inférieur qui appartiendraient, suivant ce naturaliste, au type
actuellement à l’étude. Nous n’insistons pas sur leur description, les recherches pratiquées à la Martina
laissant, de l’aveu même de M. Dupont, bien des prises à la critique.
Maxillaire inférieur n° 2 de Goyet B g — Nous terminons l'énumération des débris de notre seconde
race quaternaire trouvés en Belgique, par quelques mots sur une portion de mandibule rencontrée à Goyet
dans le niveau ossifère qui a déjà fourni la pièce décrite à la page 26 du présent ouvrage.
Le second maxillaire inférieur de Goyet rappelle par ses formes et par sa vigueur ceux d’Engis et
d’Engihoul. Il est grand, (hauteur à la deuxième molaire 0“, 033) et épais (symph. 0“, 015; deuxième
molaire 0“, 016), ses insertions musculaires sont robustes, et il se prolonge en un menton massif, saillant,
triangulaire. Le seul fragment de dent molaire qu’on y voie est profondément usé à plat (3).
Maxillaire inférieur de Smeermass. — La race de Cro-Magnon s’est-elle étendue jusqu’en Hollande ?
Le seul document paléontologique qui nous soit parvenu de ce pays, laisse encore la question douteuse.
On ne s’en étonnera point si l’on songe que l’unique fossile humain, qui ait été découvert dans la vallée
de la Meuse, se compose d’un maxillaire inférieur. Les études qui précèdent nous ont montré combien
(1) E.-T. Hamy. Note sur les ossements humains de la seconde caverne d’Engihoul, près Liège. (Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris. 2® série,
t. IV, p. 376-379. 1871.) ,
. (2) Gongr. Internat. d’Anthrop. et d’Arch. préhistoriques. 6® session, Bruxelles, 1872, p. 551, 554, 559.
(3) E.-T. Hamy. Note sur quelques ossements humains découverts dans la troisième caverne de Goyet, près Namèche (Belgique). (Bull.
Soc. d’Anthrop. de Paris, 2® série, t. VIH, p. 425-435. 1873.)