étudié attentivement les crânes de Tchoudis extraits des tumuli de l’âge du fer des monts Tourynia par
Meynier et M. L. d’Eichthal, et donnés au Muséum par le dernier de ces courageux explorateurs, et nous
regrettons de ne point pouvoir adopter l’opinion de M. Prüner-Bey. Pour nous, comme pour ce savant •
collègue, l’homme de la Truchèrè rappelle,
par sa conformation* d’une manière générale,
le grand groupe Mongolique. L’ensemble
des traits que nous avons détaillés plus
haut le démontre surabondamment à nos
yeux. Mais il nous paraît impossible de décider',
quant à présent, quelle est la racé de ce
groupe à laquelle il peut appartenir. Les études
scientifiques, de plus en plus approfondies
dont l’Asie centrale est devenue l’objet,
fourniront peut-être d’ici à peu les termes de
comparaison qui nous font encore’ défaut.
Tout ce quê nous pouvons assurer, c’est
Fig. 164. — Crâne Basque deZaraus Gui-
puzcoa (eu de profil, */* gr. nat.).
Fig. 165. — Le même crâne, vu
d’en haut. (Mus. Soc. d'An-
Ihrop. de Paris.) .
quaucun des groupes brachycéphales, jusqu’à présent étudiés dans la Haute-Asie, n’offrent réunis
les caractères que nous avons fait connaître (1).
Nous avons terminé l’examen des documents susceptibles d’éclairer l’histoire des races mésaticéphales
et brachycéphales antérieures à la période géologique actuelle. Avec ceS études comparatives finit la
première partie de notre ouvrage.
Nous laissons obscurs encore bien des points. Bien des problèmes* quelques-uns d’une certaine importance,
restent à résoudre ; bien des opinions contraires sont encore à Concilier* et il y a certainement
des lacunes à combler Nous espérons cependant que le nombre relativement considérable de matériaux
que nous avons étudiés et classés dans ces quatre chapitres, nous aura mis à l’abri des plus graves
erreurs que l’on est exposé à commettre au début d’une science nouvelle. Les lecteurs ont maintenant
entre les mains l’ensemble anatomique le plus considérable qui ait été jusqu’ici rassemblé sur la paléontologie
de l’homme. Ils pourront, avec ces matéraux mêmes* compléter notre travail et le Corriger
au besoin.
j (1) Voyez plus haut, p. 128-129.
SECONDE PARTIE
RACES HUMAINES ACTUELLES
Les races dont nous venons de faire connaître la morphologie céphalique sont dites fossiles, parce
que leur existence, pendant la période géologique antérieure à la nôtre, est suffisamment démontrée.
Nous comprenons sous le titre de Races humaines actuelles toutes les autres races, quelles qu’elles soient,
qui ne remplissent pas aujourd’hui cette condition. De ces races actuelles, les unes, quoique fort
anciennes, sont encore dans toute leur vigueur, d’autres se sont éteintes à une époque déjà reculée,
comme les premiers habitants du Mexique, ou récemment comme les .Tasmaniens ou les Attapakas. Elles
auront toutes leur place dans l’ensemble de recherches qui forment la seconde partie de cet ouvrage, où
nous les avons distribuées, suivant une classification dont nous allons faire connaître les bases, après
avoir toutefois exposé rapidement l’histoire de la crâniologie ethnique.
CHAPITRE i" . . j - RECHERCHES HISTORIQUES SIJR LA CRANIOLOGIE ETHNIQUE.
§ I. — La crâniologie dans les oeuvres de l’antiquité.
L’antiquité classique ne s’est jamais fait une idée bien nette de ce que nous appelons race, et le terme
éôvoç que nous lui avons emprunté (1) pour en former les mots ethnologie, ethnique, ethnographie, etc., était
toujours pris par les Grecs dans le sens de peuple, nation. On a, dans les temps modernes, volontairement
détourné ce mot de son véritable sens pour l’appliquer, par une convention tacite, à une idée
pour laquelle il n’avait pas été fait. Et il est entendu aujourd’hui que, quand nous parlons de crâniologie
ethnique, nous voulons désigner cette partie de la crâniologie qui s’occupe de décrire et de comparer les
différents types céphaliques réputés particuliers à telle ou telle race humaine.
La Grèce ignorait complètement les recherches de ce genre (2). Nous n’avons par conséquent rien ou
presque rien à trouver dans les textes de ses philosophes, de ses historiens ou de ses naturalistes. Quand
les premiers s’occupent de la tête, c’est pour formuler des théories étranges sur le rapport de sa forme
avec celle de la voûte céleste. Tout au plus trouverait-on chez les seconds quelques rares indications
sur l’épaisseur et la dureté relatives des os de la tête chez les Persans et chez les Égyptiens (3) ou sur
l’absence de sutures des crânes Éthiopiens (4). Hippocrate n’a parlé avec quelques détails que de la tête
des macrooéphales (5), et Galien, qui a repris, en la développant, la doctrine hippocratique sur les formes
(1) Campe, Balbi, Niebuhr ont été les premiers à se servir du mot ethnographie ; le mot ethnologie a été créé par W. Edwards en
1839 (Hunt., Anniversary Adrèss delivered before the Anthrop. Soc. of London. Jan., 3 rd. 1865, Joum. of the Anthrop. Soc. of London,
vol. n i , p. 92, 95, 1865)/— "Voy. sur les différentes acceptions du mot ethnologie : —Logan, The Ethnology of the Indian Archipelago.
(Joum. of the Indian Archipelago and Eastem Asia, vol. IV, p. 262, n. Singapore, 1850).
(2) Ce qui suit est la reproduction, quelque peu modifiée, de la leçon d’ouverture du cours de crâniologie professé à la salle Gerson
par l’un des auteurs de ce livre, M. Hamy, en 1869.
(3) Hérodote, m , 12.
(4) Id., IX, 83. — Cf. Arrien, Anabasis.
(5) Hippocrate, Des airs, des eaux et des lieux, ap. OEuvres, Ed. Littré, t. H, p. 59, 184U.