et surmontant une racine du nez assez déprimé; un troisième morceau du même os offrant ces deux traits
atténués, mais en même temps la projection de l’apophyse orbitaire externe en dehors et en bas, qui nous
frappait tout à l’heure ; une autre apophyse orbitaire externe isolée et conformée de même ; un premier
fragment de pariétal épais d’un centimètre, un second qui atteint 0“, 009, et dont les sutures sont bien
denticulées; deux parties postérieures de voûtes brisées avec les protubérances occipitales très-épaisses,
et des détails d’insertions musculaires fort accusés; enfin deux-fragments de rochers aux puissants reliefs,
.sont les débris de crânes d’adultes qui offrent le plus d’intérêt dans là collection Schmerling. Il est bon
d’observer que sur le seul fragment qui se prête à cette recherche, l’ossification marche très-franchement
d’avant en arrière.
Une mâchoire supérieure, réduite à sa portion palatine, avec trois dents, la première prémolaire droite *
et les deux premières grosses molaires, toutes trois très-usées, comme le sont toutes les dents d’Èngis,
montre une voûte allongée et assez profonde. Nous savons déjà que la voussure signalée par M. Broca sur
la voûte palatine du vieillard de Cro-Magnon, et que l’homme de Lafaÿe et l’un de ceux de Montréjeau montrent
encore bien prononcée, s’atténue souvent, peut faire complètement défaut, et même être remplacée
par une disposition inverse, comme nous l’avons plusieurs fois observé dans le cours de ce chapitre.
Une, seconde mâchoire supérieure, représentée par Schmerling (1), est réduite à un fragment portant
deux prémolaires très-usées. On a attribué ce morceau au crâne n° 2 décrit plus haut, et l’on- a tenté de
démontrer avec son aide l’orthognathisme de ce dernier.
Les maxillaires inférieurs adultes sont au nombre de deux, l’un d’Engis, l’autre d’Engihoul. Ce dernier
est figuré dans Y Atias de Schmerling, pl. I, fig. 6. Il est remarquable par sa force et ses dimensions en
tous sens. Sa symphyse est haute ( 0 ” , 0 3 $ ) et épaisse (0”,016), le menton pointu et triangulaire, l’angle*
alvéolo-mentonnier mesure 7 0 ° environ. La hauteur et l’épaissenr diminuent en ,arrière (haut. 2° mol. 29,
épaiss. 14, 5). Les lignes myloïdiennes sont très-saillantes et les apophyses géni énormes; les fossettes
mentonnières sont bien indiquées. Ce maxillaire inférieur porte une incisive énorme usée à plat.
Une seconde mandibule, celle-ci de la caverne d’Engis, présente les mêmes^traits que la précédente. Son
menton triangulaire et pointu porte de chaque côté deux fossettes très-marquées sous les dents c.anines
vers le milieu de la hauteur de la branche. Pour la troisième fois nous retrouvons dans la race actuellement à
l’étude le double trou dentaire inférieur que les mandibules de laNaulette et d’Arcy nous avaient montré,
et qui manquait d’ailleurs sur les pièces de Clichy et de Goyet. Suivant M. Daniel Mollière(2), cette disposition
se rencontrerait chez les Français actuels, 2 fois sur 38, un peu plus de 5/ pour 100. Nous avons pu
examiner environ vingt-cinq mandibules de la race de Cro-Magnon, et trois de ces pièces nous ont montré
le trou double (8 à 9 -70). En supposant que la proportion se maintienne, quand le nombre des observations
sera plus considérable, cette particularité anatomique qui reproduit une disposition qu’on observe
chez un grand nombre d’animaux, aurait donc été près de deux fois plus commune dans notre seconde
race quaternaire, que dans celles d’aujourd^ui. On sait déjà que dans la race de Canstadt, elle était
beaucoup plu» fréquente encore, puisque près de la moitié des sujets qui sont actuellement entre nos
mains la présentent.
F ragments de la seconde caverne d ’Engihoül. — Depuis la mort de Schmerling, on a découvert à
Engihoul une seconde caverne d’après les uns, suivant d’autres un second embranchement dans lequel
une première fouille dont Spring'a dit quelques mots dans son mémoire déjà cité (3), a fait découvrir un
maxillaire inférieur qui n’a été l’objet d’aucun examen scientifique. M. Malaise, en 1860, (4)y a trouvé
(1) .S chmerling. 0p . cil., pl. I , fig. 14.
(2) D. Mollière. Du nerf dentaire inférieur, anatomie et physiologie. Th. pour le doct. Paris, 1871, n° 131, p. 10.
‘ (3) Sprino. Loù. cit., p. 487.
(4) C. Malaise. Note sur quelques ossements humains fossiles et sur quelques silex taillés. (Bull. Acad. Roy. de Belgique. 2« série, t. X
p. 542:1860.)- •
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associés aux restes quaternaires de grands carnassiers, de grands pachydermes et de ruminants, divers débris
de crânes et deux mandibules incomplètes que l’un de nous a déjà décrites ailleurs (1).
« Les fragments de crânes au nombre de trois, proviennent, comme les mâchoires inférieures, de
deux individus ayant dépassé l’état adulte, et dont l’un était certainement dans un âge avancé.
« Les deux premiers de ces os* qui n’avaient pas été rapprochés par M. Spring, n’en forment en réalité
qu’un seul. Le premier, en effet, répondant à la moitié postérieure du pariétal gauche et à une portion de
l’écaille occipitale dur m êm e c ô té , se continue avec le second, formé de la protubérance. Ces os sont d’un
tissu compacte et assez résistant, et d’une épaisseur notable; le pariétal dépasse 0“, 008, et la protubérance
occipitale atteint 0“, 016 ou 0“ , 017.
« La suture lambdoïde est presque complètement oblitérée en dehors et en dedans, et une dépression
sensible correspond à l’angle inférieur et postérieur du pariétal. Les lignes demi-circulaires supérieures,
quoique bien apparentes, sont mousses et sans arêtes, et viennent se réunir, sans presque s’incurver, vers
une protubérance qui ne forme pas“ de saillie spéciale.
« Les empreintes musculaires sont médiocres: [une petite crête verticale, à 0m,02 au-dessous de cette
protubérance', limite en dedans les deux fossettes ovales creusées au-dessous d’une ligne courbe inférieure
bien dessinée vers sa partie moyenne. »
Le troisième fragment crânien d’Engihoul comprend une partie des deux pariétaux et quelque chose
du frontal. « L’épaisseur en est extraordinaire, puisqu’elle dépasse 0“, OU aux pariétaux, et que sur le
frontal elle est seulement un peu moindre. Ces trois os sont d’ailleurs intimement soudés; à peine reste-t-il
des traces de sutures visibles au voisinage du bregma et le long de la sagittale, qui est un peu enfoncée
par places et surtout au niveau des trous pariétaux. De ces trous, le seul, qui existe sur notre pièce (la partie
correspondante au trou gauche est disparue), est largement ouvert. Le pariétal droit, quiV arrête à son
niveau, mesure à peu près, du bregma à ce point anatomique, 0m,08; cette longueur est en rapport,
semble-t-il, avec une étendue assez considérable de la courbe pariétale, et indiquerait une tête bien développée
dans le sens antéro-postérieur. La courbe transversale est d’un, rayon assez court et indique un
développement transversal relativement médiocre. Ce renseignement, combiné avec le précédent, conduirait
à supposer, avec une grande apparence de raison, que l’individu d’Engihoul,-comme celui d’Engis,
présentait une dolichocéphalie accusée. »
Dans cette pièce comme dans la précédente « les vaisseaux ont marqué à la face interne du crâne des
traces fort nettes; la branche antérieure de l’artère méningée moyenne a surtout gravé profondément son
sillon. A la face externe du crâne se voient deux enfoncements d’origine traumatique : l’un sur le fragment
du frontal, à gauche et un peu au-dessous du bregma ; l’autre sur le pariétal gauche, à 6 centimètres
environ en arrière et au-dessous du même point singulier. »
La dolichocéphalie présumée de ce second crâne, les caractères tirés de la forme générale des pariétaux
ou de la disposition des lignes courbes demi-circulaires et des insertions de l’occipital, portent déjà
à rapprocher les fossiles d’Engihoul de ceux que l’on vient d’étudier. Les présomptions se changent en
certitude quand oh passe à l’examen des mâchoires inférieures.
Ces deux os avaient été figurés à la suite du mémoire de M. Malaise, et il avait été possible à l’un de
nous, à l’aide de ces figures et de quelques mensurations fournies par ce naturaliste, d’établir un rapprochement
frappant entre celle des mâchoires inférieures qui est représentée sous le numéro 3a (2) et le
maxillaire du vieillard de Cro-Magnon. La ressemblance est même si grande, que les profils de ces deux
os se superposent, ou peu s’en faut (fig. 78). '
(1) E.-T. Hamy. Note sur les ossements humains fossiles de la seconde caverne d'Engihoul, près Liège. (Bull. Soc. d'Anthrop. de Pans,
2» série, t. VI, p: 370. 1871.)