
 
		Nous avons déjà dit que.cet angle est  fortement introversé. La torsion  du  condyle en  dedans  et en bas est  
 portée à son maximum,  aussi bien que  son refoulement en arrière,  qui coïncide avec une pbliquité considérable  
 du bord  postérieur  de  la  branche montante,  ^ ’échancrure  sigmoïde est  très-allongée  et l’apophyse  
 coronoïde,  éloignée  du  condyle,  est  relativement  très-courte. 
 Le  bord alvéolaire  qui commence à se résorber en quelques points,  porte une  seule dent,  la deuxième  
 grosse molaire,  un peu inclinée en avant en raison  de la  chute prématurée de la première dent  de  môme:  
 nom,  et profondément  cariée  dans la moitié antérieure  et interne. 
 Maxillaire  inférieur de Moulin-Q uignon,  N°  2 (pl. XII,  fig. 2,  et dans le texte fig.  H 5  et 1 16).  rr-Tout  
 cet ensemble anatomique qui  avait vivement frappé les naturalistes les moins habitués à l’étude  des détails  
 de l’ossature humaine,  tend,  on le  voit,  à  rapprocher  la pièce  de  Moulin-Quignon  de  ses  homologues,  
 de  Furfooz,  à lui  rendre  par  conséquent une  part du  crédit  qui  lui  avait  été plus  ou  moins  justement 
 contesté.  La  répétition  de  ces  caractères  
 sur  une seconde mâchoire  
 découverte  à 4m,40  de  profondeur  
 dans  la  même  localité  le  11  juin  
 1864 (.1),  et dont nous avons pu les  
 premiers  pratiquer  l’examen  intégral, 
   est  de  nature  à  compléter  
 cette réhabilitation. 
 La seconde mâchoire de Moulin-  
 Quignon ,  quoique  déformée  par,  
 la  vieillesse  avancée,,du  sujet  auquel  
 elle  a  appartenu,  reproduit,  
 en  effet,  la  plupart  des  caractères  
 énumérés  ci-dessus. M.  J.  Dubois 
  114. — Maxillaire inférieur de Moulin-Quignön n"l'(»udé profil, grand,  nat. Mus.  
 Hist. Nat.) 
 avait  le premier  deviné  sous la gangue cette analogie  devenue manifeste  depuis que la pièce a été  dégaFig. 
 Fig.  115. •— Maxillaire inférieur de Moulin-Quignon n° 2  (vu  de profil, face  
 .  externe, grand,  nat. Mus. Hist. Nat.). 
 - Le môme os (vu  de profil,  face intern<  
 ,  _  grand, nat.) 
 gée par nos mains  de l’argile  qui dissimulait ses formes (2). Nous y retrouvons les formes  symphysaires 
 (1) Boucher  dePerthes. Nouvelles découvertes Vos humains dans le diluvium en 1863 et  1864. (Anliq.Celt.et Anlèdiluv.,  t. III, p. 215  
 et suiv.) — Cf. A. de Quatrefages. Nouveaux-ossements humains découverts par M. Boucher de Perthes à  Moulin-Quignon.  (Cùmpl. Rend.  
 Acad. Sc.,  t. L1X, p. 107, 1864, et Bull. Soc.  d’Anthrop.  de Paris,  t. V, p. 730  à 760). 
 (2) Cette pièce était si fortement empâtée avant cette opération, qu’on distinguait à peine ses contours. On ne s’étonnera donc pas 
 que plusieurs anatomistes aient méconnu les affinités que nous indiquons ici; L’un des auteurs de cet ouvrage s’est associé à cette  
 er«ur.  .  ;  -  ..  V  !  ,  ,  (E. H.) 
 de  la  descriptioo  précédente,  légèrement  modifiées  par  l’élimination  fort  avancée des  incisives  et des  
 canines,  qui  fait  retomber à  70°  l’angle  alvéolo-mentonnier.  La branche  horizontale  a  conservé jusqu’à  
 un certain point  l’aspect de la même région dans la pièce n° 1,  quoique  la chute des molaires et l’atrophie  
 sénile  de l’os aient bien  modifié ses  deux  bords. La branche montante est inclinée  à  118°:  l’angle postérieur, 
  un  peu moins  arrondi peut-être,  est fortement incurvé en dedans,  ainsi  qu’on peut  le  voir  sur la  
 figure 116 ;  le condyle  est encore tordu, mais à un moindre degré,  et si l’apophyse  coronoïde est  plus  allongée  
 et plus relevée,  cela tient à l’âge avancé  du sujet.  Il  est,  en  effet,  démontré aujourd’hui  que cette  
 partie  de  la  mâchoire  inférieure  subit  dans  la vieillesse  des  déformations  qui  ont  pour  résultat  de  la  
 rendre à la fin plus longue  et plus  étroite (1). 
 F ragments  de  crâne  de Moulin-Q uignon.  —  Cinq  ou  six  fragments  de  crâne ont  été  exhumés  de  la  
 carrière de Moulin-Quignon  pendant les fouilles qui ont fait découvrir  la mâchoire  n° 2 que nous venons  
 de  décrire. Un  seul  de  ces  débris  est assez  bien conservé  pour servir à nos études. C’est  la moitié  antérieure  
 d’une voûte comprenant le frontal entier avec une partie des deux pariétaux. Cette pièce  dont  nous  
 donnons les mesures dans notre tableau XIII,  offre  de grandes analogies  avec l’une  des  têtes  de  Solutré  
 supérieur que nous allons faire connaître. C’est ce  qui nous a  engagé à la mentionner ici. 
 Fa ce  de  Mesnières.  — Sir  Ch.  Lyell  raconte,  dans  l’appendice  à  son  ouvrage  sur  Y Ancienneté  de  
 1 homme {2), que plusieurs détracteurs de la découverte de  la mâchoire de  Moulin-Quignon s’étaient imaginé  
 que cet os, auquel  ils  étaient  forcés  de  reconnaître des  caractères rares et spéciaux,  avait bien  pu  
 être tiré  d’une localité  voisine, où des parties de  deux squelettes anciens s’étaient trouvées enfouies  dans  
 ce qu’ils appelaient une tranchée celtique?  « Ces squelettes,  dit  Sir  Ch.  Lyell,  sont  venus en  la possession  
 de M.  Boucher de  Perthes,  et ce qui  en restait a été examiné  rapidément  dans son  musée par M.  Busk.  
 Un  de ces squelettes appartenait à un homme adulte, et l’autre à un  individu jeune,  ayant peut-être onze  
 à douze ans.  Une portion considérable  du  crâne de  ce  dernier,  comprenant la face entière,  était  conservée. 
  Lorsque  la terre dont les os étaient  recouverts a été enlevée partiellement, M. Busk et les personnes  
 présentes ont observé que  l’os maxillaire  inférieur  présentait une ressemblance tout à "fait frappante avec  
 celui de Moulin-Quignon.  Les différences existant entre eux ont paru  à M. Busk  ne pas  être plus grandes  
 que celles  qui pouvaient  être attribuées à la grande différence  des  âges des  individus.  » M. Evans a suggéré, 
  d’après  cette ressemblance,  que  l’auteur de la découverte  de Mesnières  a pu  procurer à quelqu’un  
 des prétendus  faussaires  de Moulin-Quignon la  pièce  rencontrée  le  28 mai  1863.  Nous  ne pouvons pas  
 discuter ici cette interprétation, absolument invraisemblable,  et qui prête d’ailleurs à des objections très-  
 fortes  tirées  des caractères physico-chimiques  de  ces  os,  de leur gisement,  etc.  Nous nous bornerons à  
 observer que les  ossements  de Mesnières,  qui  sont actuellement entre nos mains,  étaient enfouis dans  un  
 véritable loessqui les enchâsse encore, et sont bien antérieurs,par conséquent, à ce que l’on a appelé époque  
 celtique.  Si  ces os  sont quaternaires  comme  lé  terrain  où  on  les  a  trouvés,  les  arguments  que  l’on  tire  
 de leur ressemblance avec la mâchoire  de  Moulin-Quignon  contre  l’ancienneté de  cette  dernière perdent  
 de là toute leur force ;  cette découverte prouve au  contraire,  une  fois de  plus,  l’existence  dans  la  vallée  
 de la Somme, en ces temps reculés, de  la race que les trouvailles déjà faites aux environs d’Abbeville nous  
 y avaient  fait placer. 
 La petite mâchoire de Mesnières, ainsi que M. Busk l’avait remarqué,  est bien du même type que  celles  
 de Moulin-Quignon.  Les différences qui  s’observent entre les  deux symphyses sont dues exclusivement à  
 l’âge. On a vu par le texte cité plus haut que la face de Mesnières appartient à un sujet de onze à douze ans :  
 en  effet, les  premières prémolaires inférieures se préparent à sortir, les canines affleurent,  les  deuxièmes 
 (1) E. T. Hamy. Be l'apophyse coronoïde  du maxillaire inférieur chez le vieillard.  (Bull.  Soc. Anat.  de Paris, 2* série,  t. XVI,  p. 173-  
 178,1869, et Archive per l'Antrop.,  t. II, fasc. 2, pl. I.) 
 (2) Ch. Lyell.  L’Ancienneté de  l’homme,  etc. Appendice,  p. 18, Paris, 1864, in-8°. 
 Quatrefages  et Hamy.  15