osseuses sont peu apparentes, les empreintes musculaires peu marquées, les arcades surcilières .peu
saillantes, les arcades zygomatiques peu volumineuses, les fosses canines peu profondes. » La face est
proportionnellement large et courte, le squelette du nez est étroit et saillant; les sutures sont
Fig. 84.— Crâne de Lafaye
(Bruniquel) ( Vu de face V*
gr.) (Ann. Nat.); ;
presque complètement oblitérées, toutes les
dents sont tombées sauf une molaire, une
prémolaire, une canine et deux incisives, et
leurs alvéoles sont résorbés. Les cinq dents
demeurées en place « sont usées très-obliquement
».
Bref, le second crâne de Lafaye a appartenu
à un vieillard du sexe féminin, dont on
Fig. 85. — Le môme crâne ( Vu de profil -
V* gr. d’après une photographie.) (Mus. a négligé de compléter 1 étude a cause de cer-
dHist. Nat. de Montauban). taines circonstances de sa trouvaille qui ont
donné prise à des doutes. Il gisait isolé sous la stalagmite, accompagné du seul morceau de poterie
découvert dans ces fouillés, et les silex taillés qui l’environnaient étaient décomposés et blanchis, ce que
l’on n’avait pas ailleurs. » M. Prüner-Bey contesta l’ancienneté de la pièce, que M. Broca ne défendit
pas, et il la rattacha, en raison de la dolichocéphalie qu’il ne pouvait pas consentir à attribuer à une
race paléolithique, aux pièces de la grotte de Lombrive qui sont, comme nous le verrons plus tard, de
l’époque néolithique.
Les.derniers renseignements que nous nous sommes procurés sur le crâne n° 2 de Lafaye, tendent à
confirmer , l’impression que nous avait produite l’examen des premières épreuves photographiques
envoyées à Paris par M. Brun. Cette tête ressemble beaucoup à celles du même sexe que nous venons
d’examiner, et à côté desquelles nous la plaçons, en regrettant que les craintes peu fondées de ses
détenteurs actuels aient privé notre ouvrage d’une description plus précise et plus détaillée.
Fragments des Forges (Bruniquel) . — L’administration de Toulouse s’est montrée plus libérale que
celle de Montauban. Nous avons eu communication des pièces originales extraites, en 1863, par MM. F. Gar-
rigou, L. Martin et Trutat, de cette même grotte des Forges de Bruniquel dont nous avons déjà parlé,
et données par eux au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse. Ces pièces se composent d’un fragment
de frontal horizontalement brisé au-dessus des arcs surciliers, et comprenant avec l’angle interne
et supérieur des orbites, le haut des os propres du nez et de deux mandibules fort incomplètes, dont une
description a paru dans les comptes rendus de l’Académie des sciences (1). L’aspect du premier de ces
os est décidément féminin. On doit se montrer réservé dans la détermination sexuelle des d eu \ autres.
Les auteurs de la notice que nous venons de citer, influencés par la récente trouvaille de Moulin-
Quignon, ont cru pouvoir rattacher les os de la grotte des Forges à la race dont la mâchoire d’Abbeville
était alors considérée comme le type. Ils ont conclu de leur examen comparatif que les détails anatomiques
fournis par les maxillaires des Forges se rapportent plutôt au « type brachycéphale » restitué par
M. Prüner-Bey àil’aide dés pièces de Moulin-Quignon, etc.
Mais les os que nous avons sous les yeux, ne nous offrent pas, dans leur état de mutilation, de telles
caractéristiques. M. Prüner-Bey (2) se montrait frappé de la largeur et de l’aplatissement du fragment
de frontal des Forges. Le diamètre interorbitaire ne dépasse cependant pas 0m,26, et le peu que l’on voit
des os nasaux fait déjà une saillie bien accusée.
Ce frontal dont les arcs surciliers, à peine visibles, ont des caractères tout à fait féminins, est accompa- 1 2
(1) F. Garrigou, L. Martin et Trutat. Note sur deux fragments de mâchoires humaines trouvées dans la caverne de Bruniquel (Tarn-
el-Garonné). (Comp. rend. Acad. 5c.; t. LVTI, p. 4009.21 décembre 1863.)
(2) Prüner-Bey. Op. cit. (Gongr. Internat. d'Anthrop., etc., 2e sess., 4867, p. 350.)
DEUXIÈME RACE HUMAINE FOSSILE OU RACE DE CRO-MAGNON.
gné de la moitié droite d’un maxillaire inférieur ayant probablement appartenu au même sujet, et dans la
morphologie duquel nous retrouvons bien plus la race de Cro-Magnon que celle dont MM. Garrigou, Martin
et Trutat l’avaient rapprochée. Ses contours généraux, loin de ressembler à ceux des fossiles de la vallée de
la Somme, dont nous parlerons plus loin, sont voisins de ceux de la femme de Grenelle représentée dans
nos planches VI et VII. Le menton est presque semblable, l’arcade dentaire a une courbe analogue, la
branche horizontale est seulement un peu plus longue, et ce qui reste de la branche montante est un peu
plus étroit. L’angle maxillaire reste aü-dessous de 110°. L’usure de la première grosse molaire encore
en place est très-avancée, mais la mandibule n’a pas le caractère de la sénilité.
La seconde mâchoire qui porte le n° 3 de la série, provient d’un sujet plus avancé en âge. Elle paraît
être du même type, mais son état de conservation ne permet de tirer de son étude presque aucune indication
utile.
Fragments de Montréjeau. — Le frontal féminin de Montréjeau (n° 5 de la collection de M. Piette),
moins mutilé que celui des Forges, lui ressemble d’ailleurs beaucoup. Et les rapprochements auxquels se
prête cette nouvelle pièce, ajoutent au degré de vraisemblance du diagnostic que nous avons porté sur la
précédente. En effet, elle présente bien nettement l’atténuation féminine de tous les traits que nous avons
relevés sur le frontal masculin du même gisement (1), frontal qui, comme nous l’avons vu, montre les
affinités les plus étroites avec ceux de la Madelaine, de Langerie-Basse, etc.
La pièee n° 5 de M. Piette, malheureusement très-incomplète, puisqu’elle ne comprend qu’une petite
partie de l’écaille frontale entre les bosses et la racine du nez, ne diffère extérieurement de la pièce
n° 9 décrite ci-dessus que par une texture moins grossière, des arcs surciliers moins saillants et une
courbe plus relevée. Les deux pièces offrent à la face interne les mêmes dispositions générales, avec cette
différence toutefois que les empreintes de circonvolutions cérébrales sont beaucoup plus distinctes sur le
frontal féminin que sur le masculin. Cette vue plus nette des saillies onduleuses correspondant aux plis
cérébraux est en rapport, comme l’a montré Gratiolet (2), avec un moindre développement des circonvolutions
qui, moins étroitement pressées les unes contre les autres, peuvent soulever isolément les membranes
et creuser sur les os des empreintes particulières, dont le moulage permet d’étudier les reliefs. On
sait que chez la femme les plis cérébraux sont généralement moins riches que ceux de l’homme. Cette
infériorité sexuelle explique les différences que montrent les deux moules intra-crâniens que nous avons
pu mettre en présence (3).
Crâne de Grenelle, n° 2 (pl. VI et VII et dans le texte fig. 80, 81). — En poursuivant l’étude de la trop
courte série de crânes féminins appartenant à la seconde race dolichocéphale quaternaire, nous sommes
frappés de la remarquable homogénéité que cette série présente. M. Weisbach a émis l’opinion que la
variabilité des proportions du crâne féminin serait bien moins considérable que celle du crâne masculin (4).
Pour la race de Cro-Magnon, cette proposition nous paraît incontestable. Il y a bien moins d’écart, en
effet, entre les crânes féminins que nous connaissons de cette race et les crânes masculins comparés entre
eux dans les pages qui précèdent.
Comme le crâne mâle de la même station de Grenelle, le crâne féminin figuré dans les planches VI et
VII de notre Atlas, est sensiblement plus petit que le crâne correspondant de la série de Cro-Magnon. Mais
il en reproduit fidèlement toutes les courbes, et il est très-facile, en rapprochant les figures 80 et 81 de
(4) Voyez plus haut, p. 60.
(2) Gratiolet. (Bull. Soc. d'Anthrop., t. II, p. 67. 1864.)
(3) M. Piette nous a mis sous les yeux un autre frontal ayant appartenu à un jeune sujet. Cet os qui porte le n° 2 de sa collection,
ne présente de spécial que la voussure du plan médian antéro-postérieur signalée plusieurs fois dans le cours de cette étude. Voici
les dimensions de ce frontal : courbe frontale totale 0m,118, cérébrale 406, diam. front, min. 403, interorbit. 26, biorbit. ext. 110 ?
(4) W eisbach. Ber Deutsche Weiberschædel. (Archiv. filr Anthrop. Bd. III. s, 59. 186.) -