l’indice égale 82,77. La face est sub-losàngique, étroite en haut (diam. front, min. 0m,092), relativement
assez large au milieu (dist. des pommettes, 0m,108) et présente un prognathisme alvéolaire bien accusé.
- 3. — Comparaisons.
On a VU,, par ce qui précède, que-le crâne des petits Noirs de la Nouvelle-Guinée''èt des iles:voisineé
diffère de celui des véritables Négritos par des proportions un peu plus allongées. L’indice céphalique de
tous les crânes Négritos non déformés publiés jusqu'ici égale 81,79, celui des Négritos Papous non déformés
est de 80,15 ; mais, outre que l’écart est faible entre les'indices moyens des uns et des autres la
morphologie crânienne varie trop peu pour qu’on puisse fonder sur son seul examen dés distinctions
bien accusées: Il n’en est point de même dé la face qui présente chez les Négritos Papous un aspect
différent de celui qu’elle offre chez les Aëtas, les Mincopies, etc. Nous avons déjà fait observer ci-deSsu's
que la ifaeêiiest relativement plus courte efrplus étroite! ce qui correspond d’ailleurs1 à 'I ’impression
plusieurs fois exprimée des voyageurs qui ont visité les archipels.au nord-ouest de la Nouvelle-Guinée.
Ajoutons que: Cette face présente une physionomie générale assez différente pour motiver la formation
d’un petit groupe ethnique séparé. <
Lrun de nous, commentant les descriptions et les dessins de Crawfurd, de Earl, de Pickering, avait déjà
distingué, à l’aide des caractères faciaux, le type oriental que ces voyageurs avaient eu sous lés ÿeux du
type occidental dont il a été question plus haut. « Il y a, disait-il, dans ces archipels de la mer des Indes
deux types de Nègres ayant en commun une petite taille..., etc., mais différant par les caractères de la face{\).
L’examen des pièces que nous venons dépasser en revue et qui étaient encore en grande partie inédites
lorsqu’à paru le travail auquel nous faisons allusion, a confirmé cette distinction, tout en permettant de
la préciser davantage, et de circonscrire plus nettement les deux groupes dont les limites restaient en partie
indéterminées (2).
Cette étude facilite de même la séparation des deux éléments plus ou moins brachycéphales qui sont
en contactavec les dolichocéphales de la Mélanésie occidentale. Ce qui a été dit des différences qui existent
entre les Négritos proprement dits et les Malais s’applique en effet àfortiori aux Négritos Papous non déformés,
comparés à ces-derniers,'dont leur crâne relativement plus allongé," et leur figure moins développée
en largeur, pour ne citer que des traits essentiels, les distinguent plus nettement encore que ces
mêmes caractères étudiés chez lés Aëtas, par exemple.
Mais si nous sommes maintenant en mesure de reconnaître plus aisément l’une de l’autre les races
brachycéphales placées au contact des Papouas dans le nord-ouest de la Mélanésie , la décomposition des populations
métisses de cette région en leurs éléments formateurs est toujours fort épineuse, en l'absence des
matériaux suffisamment nombreux et bien choisis. Le type intermédiaire au Négrito Papou et au Papoua
n est pas encore connu, quoique M. Meyer ait probablement en main les matériaux nécessaires à son étude
dans sa grande collection de Kordo (3). Nous ne conttâissons pas non plus d’une manière absolument
certaine lé produit du croisement entre le Papoua et le Malais, car les métissages observés à Waigiou et sur
les îles voisines, et les pièces qui les représentent dans les collections juxtaposent des caractères qui ne
sont pas exclusivement empruntés aux races Malaise et Papoua ; mais dont quelques-uns au moins rappellent
le type des Négritos Papous. Cependant comme les différences qui s’accusent nettement entre les
Négritos Papous-non déformés et les Malais semblent s’atténuer quand ôn compare à ces derniers les Papous
proprement dits, on est en droit de penser que l’élément malais joue un rôle d’une certaine
importance dans la formation du type que nous avons décrit en terminant le précédent paragraphe.
(1) A. de Qdatrefaces. Op. cit. (Rev. d’Anthrop., 1.1, p. 230).
(2) Id. Ib id ., p. 245.
(3) Voy. plus haut, p 205.
• Nous avons déjà dit que Quoy et Gaimard, distinguant ces Papous des autres Néo-Guinéens, avaient
émis une opinion beaucoup plus arrêtée (1). : Pour ces naturalistes, les insulaires de Waigfou, etc.,
tiendraient le milieu entre les Malais et des Nègres qu’ils ne déterminent pas, mais qui devaient être les
Papouas, dont ils avaient des crânes sous les yeux.
: Quelques-unes des figures de l’atlas de Y Uranie^) ou de cëlui de l’ouvrage d’Arago (3) et les descriptions
de Freycinet et de Pellion qui les accompagnent (4) ont été invoquées à l'appui de cette manière de
voir. Mais l’ensemble des dessins recueillis par l’expédition démontre bien plutôt l’existence dans ces’îles
situées sur la limite d’habitat de quatre ou cinq races différentes des variations désordonnées qui
se manifestent chaque fois que le métissage intervient. Plusieurs des portraits que nous avons vus,
joignent au teint foncé des Noirs Océaniens les cheveux raides des Malais. Il en est d’autres qui associent
à un teint beaucoup plus clair la chevelure ébouriffée et le grand nez que A. R. Wallace considère comme
caractéristique des Papouas. Puis ce sont des physionomies malaises avec des cheveux plus ou moins crépus,
puis de vraies têtes de Malais et de Papouas. Nous ne parlons que pour mémoire de l’élément arabe
dont la présence parait être assez manifeste. L’on ne saurait douter enfin que chez un certain nombre de
ces insulaires, l’élément Négrito-Papou ne fasse sentir son influence d’une laçon bien accusée.
En s’en tenant aux composantes ethniques principales, l’examen des caractères extérieurs aussi bien que
celui des crânes, montre bien qu’elles sont loin de
a eu grand tort de considérer comme démontrée
l’existence de ce qu’il appelle une espèce hybride
provenant sans aucun doute des Papouas et des Malais
qui se sont établis sur ces terres (5).
L’étude ostéologique montre toutefois sur les
pièces ci-dessus décrites (6) assez de caractères
communs au milieu de nombreuses variations de
détail, pour qu’il soit permis de croire qu’il se .
forme à Waigiou une race mixte, qui rappelle
par plusieurs traits les Négritos-Papous de la
grande terre, qui offre aussi des analogies avec
les Malais, mais qui est, en somme, moins
malaise que Quoy et Gaimard ne l'ont dit à une
époque où l’étude crâniologique des races de la
Nous reviendrons sur le parallèle de cette race et de la race malaise, quand nous aurons étudié
cette dernière. Nous ferons cependant observer, dès aujourd’hui, que les déformations céphaliques
(4) Quoy et G-abiard. Op. cil., p. 3 et 4.
- (2) L. de Freycinet. Voy. cit. Atlas historique, pl. 41, 42, 43.
(3) J. A raqo. 'Promenade autour du monde pendant les années 4817, 1818, 1819 et 1820 sur les corvettes du Roi 1 Uranie et la Physicienne.
Atlas historique et pittoi'esque. Paris, 1822, in-£°, pi. XI.
' (4) L. de F reycinet. Voy. cit. Ilist., t. II, p. 47.
(5) R. Lesson. Races humaines, t. II, p. 113. Complément des OEuvres de Buffon. Paris, 1828, in-8°. — Le môme écrivain a signalé
ailleurs les différences qu’il avait reconnues entre les Malais, « d’ailleurs très-mélangés, de file de Waigiou » et les Papouas, des
environs de la baie d’Offack, « véritables Métis des Alfouroùs (voy. plus haut la note 1 dè la pagè 205) et des Malais, » qui ont, suivant
lui « retenu'des traits assez, nombreux de la physionomie des Papous » (Lesson. Op. cit., t. III, p. 19). Domeny de Rienzy
(l’Océanie, t. III, p. 303) a aussi tenté de séparer des Papou-Malais, variété hybride et mulâtre provenant du mélange des Malais
avec les Papouas, » les Pou-Endamènes « hybrides qui résultent du mélange des Papouas et des Endamènes. » Tout cet imbroglio
ethnologique démontre bien la juxtaposition et la fusion dans cés régions de races nombreuses et l’apparition sous l’influence du
métissage dè types fort variés. "
(6) Voy. plus haut, p. 210 à 215..
(7) Quoy et Gaimard. Op. cit., p. 4. —- Il n*est pas sans intérêt dé rappeler que le' produit du métissage Malayo-Papoua diffère-*
Quatrefages et Hamy . '
comporter d’une manière uniforme, et que Lesson
laisie n’était pas même ébauchée (7).