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Garnol avaient rencontré d’autres noirs se rapprochant, à des degrés divers, de la race Papoua (1).
Nous avons sous les yeux trois crânes du groupe de Waigiou, dont le type diffère sensiblement
de celui que nous avons précédemment décrit. Les variations étendues qu’ils présentent confirment d’ailleurs
ce que nous avons dit du peu d’homogénéité de la population dont ils proviennent; il leur reste cependant
un assez grand nombre de caractères empruntés à la race papoua pour que leur parenté avec les
habitants de la grande terre voisine, signalée déjà par Lesson, ne puisse être contestée.
Les deux premiers de ces crânes ont été trouvés à Rawak, avec ceux dont il a été question au chapitre
IV (2); l’un est d’un Papoua pur, Quoy et Gaimard le regardaient comme un bon type de la race (3).
Relativement allongé (d. a.-p. 0m,179, d. tr. 0m,127, ind. céph. 70,94) et un peu plus haut que large
(d. bas.-breg. 0”, 130, ind. haut.-long. 72,62, haut.-larg. 102,36), il se montre généralement atténué
dans sa morphologie spéciale. L’autre tête, un peu plus longue, mais surtout beaucoup plus large
(d. a.-p. 0“,187, d. tr. 0m,136) et plus haute (0m,137), offre de tels rapports que l’indice céphalique monte
à 74,72 et l’indice de hauteur-longueur à 75,27, tandis que l’indice de hauteur-largeur descend à 100,70.
Le crâne surmonte une face, dont les dimensions en largeur (biorb. ext. 0 m, 1 1 0 , biorb. int. 0 m, 0 9 9 , bizy-
gom. max. 0m,134, larg. max. du nez 0m,Q28, etc.) rappellent celles
des autres individus de la même île que nous avons étudiés (4), mais
dont les mesures de hauteur, très-réduites (haut. tôt. de la face,
0“,081; orbit. alv., 0m,032; pommette, 0“,019; nez, 0“,049, etc.),
se rapprochent au contraire de celles que nous ont données les
Négritos Papous.
La troisième pièce (fig. 253), recueillie par Lesson près de la baie
d’Offak, tend plutôt vers les races jaunes par la face, qui, à quelques
caractères près, comme l’étroitesse (larg. max. 0 m, 0 2 3 ) et la hauteur
relative du nez (0m,051), se rapproche considérablement de celle
des habitants des Moluques. Le crâne est volumineux (cap. crân.
4 525cc, cire, horiz. 0m,507), long et large tout ensemble (d. a .-
p. 0™, 181, d. transv. max. 0“‘,142), assez large même pour que l’indice s’élève jusqu’à la mésati-
céphalie (78,45), Il est. aussi un peu moins développé verticalement que transversalement (d. bas.-
breg. 0“, 1 3 8 ) , de telle façon que les indices de hauteur deviennent 76,24 et 97,18.
On trouvera les mesures moyennes, des trois têtes qui viennent d’être examinées dans la première
colonne du tableau XXVI, et en comparant ces divers chiffres avec ceux des tableaux XXIV et XXV, on
pourra prendre une idée fort exacte des variations imposées à la race Papoua par les mélanges qui ont
altéré sa pureté dans le nord-ouest de l’archipel Néo-Guinéen (5).
Le crâne de Waigiou de la collection B. Davis, dont nous reproduisons ci-contre le profil réduit au
quart (fig. 254), a presque exactement les mêmes proportions que celui dont nous venons de parler.
Son volume est seulement un peu moindre (1450cc). La courbe antéro-postérieure et les diamètres longitudinal
et transverse (d. a.-p. 0m,182, d. tr. 0m,142, ind. céph. 78,02) sont identiques à ceux de la pièce
de Lesson, et si la circonférence horizontale est un peu plus grande (0m,518), une base plus rétrécie vient
compenser ce léger avantage. M. B. Davis appelle l’attention sur le prognathisme de ce sujet, sur ses os 1 2 3 4 5
(1) L esson. 0p. cit. T. III, p . 19, — etc.
(2) Voir plus haut, p. 210-213.
(3) Les mots bon type sont inscrits sur le crâne, de la main d’un de ces deux voyageurs.
(4) Voyez, plus haut tabl. XX, col. 5.
(5) Mesures de la mâch. inf. de l’homme d’Offak : diam. bicondy.l 104 ; biangul. 99 ; écart, des 2e mol. 41 ; des can. 20 ; dist. angul.
symph. 83 ; branche mont. : haut. 47; larg. transv. 38; obliq. 37 ; branche horizont. : haut, symph. 30, 2° mol.24, épaiss. symph. 16;
2e mol. 19; angle mand. 107°; alv.-ment. 75°.
du nez proéminents, son arcade alvéolaire spacieuse, ses dents, enfin, que le bétel n’a point altérées, et
qui sont d’un volume remarquable. La mâchoire inférieure rappelle assez bien celles que nous avons
décrites chez les Papouas de la Nouvelle-Guinée.
Crâne de Papoua de Guébé. — Le peu que l’on sait des habitants de Guébé se borne à peu près à
ce qu’en ont dit les rédacteurs du voyage de Y Uranie et de la Physicignne. Sonnerat, qui avait visité
çette île (1) avec l’expédition de Coëtivy, ne s’était que médiocrement occupé des habitants, dont il
n’a rien dit de bien précis dans son célèbre Voyage. Freycinet et ses collaborateurs, quoique se contentant
encore de formules descriptives assez vagues, se sont montrés plus explicites, et l’on peut démêler
parmi leurs récits, et grâce aux figures qui en accompagnent le texte, trois types de Guébéens, L’un des
éléments ethniques serait Malais, un second tendrait vers l’Arabe, le troisième enfin offrirait les traits de
la race Papoua, plus ou moins altérés par le mélange des deux autres (2).
Le crâne dont M. Swaving a donné les mesures (3) semble appartenir à ce dernier type. Il est peu volumineux
(cap. crân. 1220“) sous-dolichocéphale (d. a.-p. 0m, 173, d. transv. max. 0m,129, ind. céph.
74,56) et la hauteur en égale à peu près la largeur (d. bas.-bregm. 0m,130 (4), ind. haut.-larg. 75,14,
haut.-larg. 100,77). Par les dimensions de ses courbes antéro-postérieure (front, tôt. 0m,127, pariét. 0m130,
occipit. tôt. 0“,108, ligne nas.-bas. 0m,098) et horizontale (0m,490) et par presque toutes les mesures de
sa face (d. biorb. ext. 0m,098, int. 0m,091, interorbit. 0“’,024, bizyg. 0m,120; orbite : larg. 0m,035, haut.
0m,034; larg. max. du nez, 0m,025), il se maintient à peu de distance des autres Papouas mesurés par
M. Swaving, mais en leur demeurant inférieur à ces divers, points de vue, comme il l’était déjà par la
capacité et la plupart des mesures crâniennes.
Crânes de Papouas des Moluques. — Trois régions dans les Moluques. sont réputées contenir plus
particulièrement des populations nigritiques. Ce sont l’archipel de Gilolo, Céram et Bouro, enfin les îles
Arrou et Key.
Crânes de Papouas de Gilolo, Ternate, etc. E Le seul crâne de Gilolp que l’on ait décrit jusqu’ici (5)
semble appartenir à la race Malaise. On sait cependant que dans le nord de cette terre, et principalement
vers Sahoë, vit une population que M. R. Wallace considère comme intermédiaire aux Malais et aux
Papouas (6), et dont quelques individus se voient quelquefois à Ternate. Il existe aussi, dans cette petite
île, des Papouas importés de la Nouvelle-Guinée. Ces deux types sont représentés dans les collections
du Muséum par deux crânes recueillis pendant le! séjour de Y Astrolabe et de la Zélée, assez différents
l’un de l’autre, quoique présentant en commun un certain nombre de caractères.
Le premier, un petit crâne de femme (cap. crân. 1185 “), pourrait être pris pour celui d’une Papoua de
la côte nord-ouest. Il est sous-dolichocéphale (d. a.-p. 0m,169, d. tr. 0m,127, ind. céph. 75,14) et un peu
moins haut que large (d. bas.-bregm. 0m,124; ind. : haut.-long. 73,37, haut.-larg. 97,63), et l’ensemble
de ses mesures de tout ordre autorise à le juxtaposer aux crânes du même sexe décrits précédemment.
Le second, que nous considérons comme masculin, et qui présente un faciès assez particulier, diffère
par un certain nombre de traits des têtes de vrais Papouas. Étroit pour sa longueur et un peu plus haut
que large (d. a.-p. 0m,180, d. tr. max. 0m, 129, d. bas.-bregm. 0m,130), commençant à se souder au lieu
d’élection de la première synostose, fort simple de sutures, présentant enfin à droite et à gauche un
(1) Sonnerat. Voyage à la Nouvelle-Guinée. Paris, 1776, in-4° p. 153. — Ce n’est pas Jobie, comme le veut Temminck (Coup d'oeil
général sur les possessions Néerlandaises dans l’Inde archipélagique, t. III, p. 351. Leyde, 1849, in-8°), mais bien Guébé, qui a été le
théâtre de l’exploration de Sonnerat (Freycinet. Voy. cit. Hist., t. Il, p. 26, n. 1). '/■>
. (2) F reycinet. Voy. cit. Hist., t. II p. 7-9.
■ (3) Swaving. Loc. cit., tab. VII. — Ce crâne est dans la collection du Dr Van Renesse Van Duivenbode, de Ternate.
(4) On n’oubliera pas que cette hauteur est un maximum, ce qui altère quelque peu ce chiffre et ses rapports.
> (5) G.-E.'de B aer. Grania Selecta, p. II.
(6) A.-R. W allace. Op. cit., p. 316. — E. T. Hamÿ. Les Alfourous de Gilolo (loc. cit., p. 485). .