
 
		plus haut. Il insiste par exemple, sur les différences dans la capacité qui peut quelquefois être considérable,  
 comme nous 1 avons vu chez notre homme de Launceston,  sur le peu de  développement relatif du  crâne en  
 hauteur, 1 étroitesse du frontal, la dépression de la moitié supérieure et antérieure des pariétaux qu’il signale  
 une  fois  comme  très-profonde,  la brièveté  des  grandes  ailes  du  sphénoïde  qu’il voit sur trois pièces  
 au moins ,s articuler à peine avec le  pariétal,  sur  une quatrième ne toucher cet os qu’à gauche,tandis qu’à  
 droite un wormien l’en  sépare, sur une cinquième enfin  reproduire  des  deux côtés  cette dernière  disposition. 
  Quelques-uns des traits de la face sur lesquels nous avons appelé l’attention sont incidemment mentionnés, 
  comme la  saillie des arcs surciliers, la profonde  dépression  de  la racine  du nez,  la brièveté  et la  
 récurvation  des os nasaux,  etc., et surtout le volume des  dents qui,  en  haut,  sur quatre des  sujets décrits  
 paraît être  considérable.  Une autre observation  d’un caractère assez  général  concerne  l’épaisseur des  os,  
 leur densité et leur  poids.  La mâchoire inférieure est particulièrement  signalée  comme fort dense et  fort  
 lourde. 
 Le Musée médical de 1 armée Anglaise à Nettley possède  actuellement quatre  crânes Tasmaniens  (1).  Il  
 n en  avait que  deux quand M. Williamson en a publié le catalogue (2). Cet anatomiste nous décrit le crâne  
 d adulte (n° 445) qu il avait sous les yeux comme petit et ovale, .p.esant pour son  volume grâce à l’épaisseur  
 de ses os, avec un front relativement large, mais bas et fuyant, des bosses pariétales proéminentes, le vertex  
 élargi,  les  insertions des  muscles  temporaux peu étendues,  les  arcs  surciliers  saillants,  l’espace  interorbitaire  
 peu développé, les os propres du nez légèrement arqués, les molaires ne faisant aucune saillie bien  
 accusée, les alvéoles enfin courts et projetés en avant.  L’ouverture nasale est large et piriforme, les  orbites  
 sont petits et contractés, les dents sont saines,  et non usées. 
 Le crâne de jeune garçon (n° 446) est, dit M. Williamson,de forme ovale |  « le front est droit, étroit et arqué,  
 mais petit quand  on le compare à  la partie postérieure  du  crâne,  les protubérances pariétales sont très-  
 proéminentes, et le vertex  est très-large; l’occiput est aussi proéminent; la base du crâne n’est pas symétrique, 
   l’apophyse mastoïde droite et  le  côté  correspondant  de  l’occipital  sont  plus  proéminents que  les  
 parties" similaires gauches ; les insertions musculaires sont peu marquées ; la largeur entre les yeux est considérable; 
  les os nasaux sont oblongs et légèrement arqués  dans leur partie inférieure, avec une dépression  
 en forme de sillon sur leur racine ; les  os malaires ne  se projettent ni  en avant ni  en dehors;  l’ouverture  
 nasale antérieure est de forme nègre ;  les processus alvéolaires sont courts  et fortement projetés; les dents  
 sont fortes  et saines (3). »  . 
 Il resterait, pour avoir épuisé  les collections  anglaises,  à dire  quelque  chose  du Muséum de’la   Société  
 Royale de Tasmanie à  Hobart-Town. Nous n’avons malheureusement qu'un inventaire très-sommaire des  
 pièces anatomiques  qu il renferme (4). M. B. Davis cite encore un crâne  de Tasmanien qui  serait à Berlin ;  
 un  autre existerait  à  Vienne.  Aucun  renseignement précis  n’a été  fourni jusqu’à  présent sur  ces  deux  
 pièces ; mais M. H. C. L. Barkow a donné dans sa Morphologie comparcUme quelques renseignements sur un  
 autre crâne de ces insulaires conservé au Musée de Breslau (S). On trouve dans l’explication des planches X  
 et XI  une brève  description de la  disposition  eh  carène  de  la moitié  antérieure "äh la  voûte,  disposition  
 surtout accusée à droite  et l’indication  d’une légère asymétrie de l’écaille  occipitale  quelque peu refoulée 
 (1)  J.-B. Davis. On the Osteology Peculiarilies ofthe Tasmaniars,  p.  5.  
 p  «  G’ W,LL1“ 'S0S-  f i  Human Crama conlamcd in lhe Muséum ofthe Arma Medical Department. Dublin,  1857,  in-S", 
 (3) Id. Ibid.,  p. 53. 
 (4) Une enquête, exécutée  sur la  demande de M. J.-B. Davis, a fait savoir qu’il existait dans le Muséum de  la Société  Royale de  
 Tasmanie  deux  squelettes  et neuf crânes, sur l’authenticité desquels il ne saurait y  avoir aucun doute, et sept autres  crânes  également  
 intitulés Tasmaniens, mais dont plusieurs .ont certainement une  toute autre origine (J.-B. Davis. Op. oit., p., 5, n° 2). 
 (5) H.-C.-L. B arkow. Comparative Morphologie des Menschen und der menschenähnlichen  Thiere.  I,  25-  X  5 - XI  4  Breslau  1862 
 in-folio.  ’  ’  ‘  ’  ’  » 
 vers l'angle mastoïdien  du  côté droit.  M. Barkow  donne la  longueur et la  largeur de  cette  écaille,  qu’il  
 estime à 3 pouces 8 lignes et 4 pouces  1  ligne,  en mesures françaises 0m,104 et 0m,107  (1). 
 §  3. — Comparaisons. 
 La race Tasmanienne,  à quelque point de vue qu’on l’examine,  se présente avec des caractères tellement  
 spéciaux qu’il est impossible  de lui  trouver  dès  affinités étroites avec aucune autre race humaine  actuellement  
 existante. Intermédiaire,  à certains égards,entre les groupes étudiés plus hautetceux dontl’examen  
 va suivre, elle  se détache  nettement  des uns et des autres,  et l’anthropologiste qui  l’étudie avec attention  
 se convainc: bien vite qu’elle  forme à elle seule  dans  Tensemble  des  races nègres une  subdivision  tout  à  
 fait à part. 
 Elle est  cependant moins éloignée des  races que nous  venons  d’étudier  que  de  celles  qu’il reste à ’dé^  
 crire.  Earl,  qui avait saisi le;premier  ce  rapprochement,  s’était seulement donné  le tort d’en exagérer  la  
 valeur (2).  S’il  y a,  en  effet,  certaines analogies entre  les Tasmaniens et divers indigènes de la péninsule  
 Malaise ou du détroit deTorrès dont les portraits  ont été dessinés par Logan(3),  Dumoutier, etc.,  on n’est  
 point autorisé pour cela à dire que  la ressemblance est assez étroite entre Négritos'et Tasmaniens  « pour  
 exciter la surprise »  et surtout pour ajouter que les deux groupes  «se distinguent précisément par les mêmes  
 caractéristiques» ; caries «caractéristiques communes »  relevées par Earl,de nouveau  signalées depuis par  
 bien d’autres auteurs,  sont avant tout de l’ordre  ethnographique.  La lëctüre de nos chapitres III,  IY et Y  
 montre à quoi se bornent des ressemblances que nous ne voulons point négliger, mais qui se réduisent,  en  
 somme,  à un petit nombre de traits communs dans la morphologie du front  et du haut  de  la face. 
 On sait d’ailleurs que Earl confondait dans un seul  ensemble toutes les races nègres Océaniennes. Aussi  
 a-t-il,  ailleurs,  dans  le même mémoire (4),  appuyé sur la pureté des  caractères Papouans  des insulaires de  
 Van-Diémen. 
 Des confusions de même nature avaient été commises d’ailleurs par Desmoulins et Bory-Saint-Vincent (5)  
 qui,  tout  en séparant des autres Nègres orientaux les Australiens et les Papous de Quoy et de Gaimard, mêlaient  
 encore ensemble les Négritos, les Tasmaniens et les vrais Papouas;par Prichard (6) qui faisait entrer  
 ces  trois groupes dans sa  Keloenonesia,  en  distinguant  à peine  le  premier  des  deux  autres  réunis sous  
 une  désignation  commune,  par Holman  (7),  enfin,  qui supposait une  origine commune  aux Tasmaniens'  
 et aux Néo-Guinéens. 
 Lesson et Garnot, en juxtaposant les Tasmaniens aux Papouas, avaient cependant admis que les premiers '  
 forment une variété de ce qu’ils appelaient leur rameau Cafro-Madécasse (8). Latham a aussi reconnu depuis  
 une branche Tasmanienne dans le stock Keloenonésien  (9). On verra plus tard que l’écart est bien plus considérable  
 entre les Papouas et les  insulaires  de Van-Diémen que ne le pensaient les  auteurs que  l’on vient  
 de nommer,  et que la dernière de ces races  est profondément distincte de celle  que nous venons d’étudier. 
 ’■  ■(1) Morton mentionne  dans son catalogne, mais avec doute,  sous  le n°  1343, ,1^ crâne  d’un Tasmanien  de  trente-cinq ans  dont il ne  
 donne  d’ailleurs aucune autre mesure que  la capacilé qu’il  estime à 76 pouces anglais  ou  1,243 centimètres-cubes (Catalogue of Hu-  
 man Crania in  the Collection of the Acad,  of Nat.  Sc. of Philadelphia, by J. Aitken Meigs.  Philadelphia,  1857,  in-8°, p.  97). 
 (2) G.-W. E arl. On  the  leading  Charactenstics  ofthe Papuan,  Auslralian and Malayu-Polynesian  Nations,  ch.  I l (the  Journal  of the  
 Ind.  Arch. and East.  A sia,  vol.  IY, p. 9, n., c,  1850).  • 
 (3) Loqan. Journ.  cit.,  1.1, passim. 
 (4) G.-W. Earl. Op.  cit.,  p.  4. 
 (5) Desmoulins. Tableau général physique et géographique  des espèces et des  races  du  genre humain (op.  cit. in fine). —  Bory-St-Vi.\-  
 cent. L’homme. T.  Il, p.  106-113. 
 (6) Prichard.  Op.  cit., vol. Y, p. 215  et suiv. 
 (7) Holman. A  Voyage round the World. London; 1835,  in-S°,  vol. IV, p.  404. 
 (8) Lesson et Garnot. Mémoire sur les Tasmaniens, sur les Alfourous et sur les  Australiens (Ann. Sc. Nat., t. X, p. 149,1827). 
 (9) Latham.  The natural history  of the  Varieties of Man. London,  1850, in-8°, p. 245.