RACES HUMAINES ACTUELLES,
très-vague, et comme aucun observateur moderne n’avait confirmé son assertion, la plupart des ethnologues
ont adopté, jusqu’à ces derniers tempsB’ppinipn toute négative formulée en 1868, par
M. Vivien de Saint-Martin (1). M. Swinhoe avait cependant redécouvert, en 1866, les Nègres de Formose,
qu’il représentait comme des sauvages « de taille naine' i>'j alliés aux Négritos (2). M. Scheteligip) a pu
deux ans plus tard s’en procurer deux crânes qu’il a montrés à la Société ethnologique de Londres,
et qui ont fourni la démonstration de l’exactitude du rapprochement proposé par M. Swinhoe.
Ces deux têtes brisées à la base sont cependant enoore assez complètes pour qu'il soit possible d'y
reconnaître un certain nombre de traits manifestement négritos. M. Schetelig :relève sur ces pièces tout
l’ensemble des formes que -nous avons précédemment détaillées; il mentionne le frontal relativement
droit, les arcs surciliers très-peu proéminents, quoique sur Uun dessujets les sinus frontaux soient bien
développés, l’occipital d’une courbure 'si régulière qu’elle est à peine interrompue par la protubérance,
les bosses pariétales bien marquées, îès os de même nom décomposés suivant les plans spéoiaux sur
lesquels on a précédemment appelé l’attention (4).
La forme; est celle d’un ovale. raccourci, la longueur atteint 0",180 et 0",172, la largeur 0e, 143 cl
0-,144, l’indicé céphalique est de 82,72 et de 79,44, en moyenne dé 81,68 (2), fort peu différent par
conséquent de l’indice commun 'de hos.Aëtàs (81,89). La hauteur atteignant sur l’un dëecrânès 0“,13cf
et sur l’autre 0“,138, l ’indice vertical est pour le premier 75,58, pour le second 76,22,..pour-les deux
ensemble 75,90, le même indice pour les Aëtas égale 75,67(8* Ce que M. Schetelig nous dit des circonférences,
des longueurs dés divers prés, frontal, pariétM, é tc^|i|^rd e:-b è s= b ien avec ce-que mous
avons pu mesurer s u t nos.orânes négritos, Les rapports de largeur du crâneét de la face (indioefmalaire
de l’auteur) sont presque les mêmes sur les Fçrmosanç èt sur les Négritos de Luçon'. Le prognathisme-
est peu sensible et presque exclusivement alvéolaire.
La mâchoire inférieure rappelle beaucoup celle de notre sujet n° 3 de Binangonan.
Cr â n e d e N égr ito - J a p o n a is (pl. Xyi, fig. 3 et 4). — Formose n’est pas la seule' terre au nord des
Philippines, où 14 race .négrito ait eu desi établissements:. Une page souvent mentionnéedu voyage de
Siebold permet d’indiquer un élément nigritique parmi les composantes ethniques de la population de
Kiou-siou, l’upe dés îles Japonaises (6)'; Prichard, Hombron, Latham- (7) ont fait desidnsuiair'es décrits'
(4) Vivien de Saint-Martin. Aperçu général de Vile de Formose [Bull. Soc. géogr., 5® série, t. XY, p. 533, 4868. —.Cf. Guérin et
B ernard. Les Aborigènes de Vile de Formose [ibid., p. 553).
(2) Swinhoe. Notes on the Aborigines ofFormosa (Brit. Associât., 4866, sect., p. 429).
. (3) Schetelig. On the natives ofFormosa (Transact. oftheEthn. Soc. of London new ser., t. YII, p. 224, 4869.
(4) Voyez plus haut, p. 172.
(5) . Dans le mémoire dont ceci est tiré (E. T. Hamy. Les Négritos à Formose, etc., loc. cit.), il s’est glissé deux fautes d’impression
qui se trouvent rectifiées ici. Un des diamètres antéro-postérieurs s’y lisait 179, et l’un des diamètres transverses 142.
Mais les indices étaient exacts.
(6) Entre Formose et Kiou-siou, les récits de voyages ne permettent pas de supposer qu’aucune île ait conservé des vestiges d’un
ancien peuple noir. L’arch ipelLieou kieou, par exemple, a été de 1758 à 1827. l’objet des descriptions plus ou moins étendues du
P. Gaubil (Mémoires sur les isles que les Chinois, appellent isles Lieou-kieou (Lettres édifiantes, XXVIII« Recueil, 1758, in-42, p; 335), de
La Pérouse (Voy. au tour du Monde. Paris, 1797, in-4°, t. II, p . 380), de Mac-Leod (Voy. ofH.-M. Ship Alceste, along.ihe coast of
Coreato Island of Lew-Chew withan àccount of her subséquent shipwreck. London, 4818, in-8®, p. 120), de Beechey {Narrative of a
voyage to the Pacific and Beering’s Slrait, Part. II. London, 4831, in-4®, chap. XVU). Plus récemment l’escadre américaine a recueilli
sur les îles de ce nom des documents plus détaillés. Mais dans les récits de M. Hawks [Narrative of the'Expédition of a n
American squadron to the China seas and Japanperformed in the years 1852, 1853 and 1854, under the command o f commodore M. C.
Fercy. Washington, 1856, in-4°, vol. I, p. 220) non plus que dans les notes fournies par M. Bettelheim [ibid., vol. I, p. 222), on ne
peut découvrir d’allusion à des caractères négroïdes. Et si M. Fahs (Report onthe Botany, Ethnography, etc. of Lew-Chew (ibid., vol. II,
p. 45 et suiv.) croit pouvoir distinguer deux races à Lieou-kieou, ni l’une ni l'autre ne présente d’affinités avec celle des: montagnes
des Philippines ou de Formose. La même observation générale s’applique aux autres petites îles au sud du Japoh (E. T. Hamy. Les
Négritos à Formose et dans l’archipel Japonais (Bull. Soc.d’Anthrop., 2« série, t. YII, 1872, p. 850-854). r,
(7) P richard. Besearches into the Physical History of Mankind. London, in-8», 1844. vol. IV, p.'494. — H ombron, op. cü., 1.1, p. 262-
263. — L atham, The natural history of the Varieties of Man. London, 1850, in-8°, p. 279,
rapidement par ce célèbre voyageur des Nègre? oujdes mulâtres; l’un de nous, commentant le;texte §e
son récit croit avoir montré qu’ifne peut s’appliquer qu’à des Négritos plus ou moins purs. La découverte
d’un crâne.-du cimetière des suppliciés d’Yokohama portant les traces manifestes d’un mélange où la race
négrito a la prépondérance vient très-fortement appuyer cette manière de voir, en même temps qu elle
fournit l’explication des légendes sur les Noirs; de Niphon recueillies par Prichard (1).
ce crâne Négrito-Japonais recueilli wecàm antre par un médecin de la marine, M. Noury, a été offert
à M. Broca qui a bien voulu le mettre gracieusement à notre disposition. Ces deux têtes s éloignent au
moins autant l’une dé l’autre que s’écartaient celles que Siebold a autrefois recueillis èt sur lesquels J. Van
der Hoeven (2) et G. Sandifort (3) ont donné des renseignements. La plupart des caractères qui différencient
la Seconde de la première/la rapprochent des Négritos dont il v iè ||d ’être question.
Ses principales lignes suivent celles de l’Aëta, le front est; seu!emen|;;1|n p’eü ptgS fuyant dans son tiers
moyen ; une insignifiante protubérance occipitale interrompt à peine une courbe postérieure fort régulière ;
les bosses pariétales sont saillantes ; nous retrouvons sur les os de même nom les divers plans de
M. Schetelig, quoique cependant la S r b u r e spéciale au niveau de l’angle postérieur inférieur se montre
beaucoup moins accusée.
La voûte, tout eh affectant la même forme générale, est sensiblement plus élevée (d. bas. bregm. 0“,144)
et iiiorâne s’allongeant un peu (l6 a. p. 0“,178)fsahs augmenter proportionnellement en largeur |l.; tr.
max. 0,142)semble présenter tout ensembi!e%a compression latérale et le développement en hauteur que
M. de Baër a signalés chez le Chinois comparé au Kalmouk'MSp
L’indioe Céphalique est 79,77, peu inférieur à?ç|lui des Aëtas, mais l’indfoe'VértïSal monte à 80,89, et
l’indicé de hauteur-largeur |Üvient inverse, la première de1 cés ,dimensionSl’empbrtant un peu sur la
seconde ; il se ohiffre par1101,40.
Le développement vertical dont/nbué constatons'Tèé’ effets sur le crâne est plus remarquable enoore
à la face, qui augmente en tous sens, mais en s*®toUgêaHt plus sensiblement qu'elle nfé se dilate. Le
diàmètré’frontal minimum, lés distances biôrbitaires interne et externe, bimalaire inférieure, bimalaire
ïàhima, Sont un peu plus'grandes que dans la moyenne des Aëtas purs, mais l’augmentation de hauteur
dès’orbites et du nez, l ’allongement de la ligné naso-basilaire',' ètb., sont plus notables. 11 reste du Négrito
la partie moyenne de la face, la racine du nez est sans doute un peu plus enfoncée, mais sa forme générale
et ceïïe de la mâchoire supérieure, à la hauteur près, sont très-semblable ©l'apophyse montante est'légèrement
convexe cômme chez l’Aëta. Le relief du nez est le même que chez lui, ïst fosse canine est peu profonde
et le prognathisme exclusivement alvéolaire affecte une forme à peu près identique.
Crânes DE mincopies des îles andaman (pl. XVI, fig*'. 1 et 2, et dans le texte, lig. 200, 203, e t c g .S 'Hom-
brpn croyait que les races nègres forment partout la couche la plus ancienne déS’populations humaines,
et il a émis l’opinion que des Noirs voisins de ceux Hes Philippines dont nous venons de faire odri-
haître nlicrâniologie avaient jadis habité une partie de l’Asie'Orientale en-particulier (5f. 1
Les recherches les plus attentives n’ont permis de retrouver nulle part dans l’Empire du Milieu le substratum.
nigritique dont une théorie au moins prématurée semblait indiquer l’existence. Il n en est pas de
même pour les Indes, où de véritables Négritos forment encore aujourd'hui un certain nombre de petits
(4) P richard. Loc. cit., p. 492.
(2) J. Van der Hoeven. Bijdragen tôt de Naturlijke Geschie dénis van d e n Mensch, V, Jets over Sinezen en Japanners als ooor beelden
van den Mongoolschen Menschenstam (Tijdschrift voor naluurlijke Geschiedenis en Physiologie, III D, Amsterdam, 4836, p. 443-462 et
pl. IV, V, VI).
(3) G. Sandifort. Tabules craniorumdiversanimgentium. Cranium. Japonensis. Lugd. Baiav., 4838, in-P.,
(4) G. E. de B aer. Crania selecla, p. 24.
(5) Hombron. L'homme dans ses rapports avec la création, p. 407.