tices descriptives consacrées à des crânes de race Papoua plus pu moins pure, telles que celles de Vi-
mont (1), de Martin (2) et deM. Lucæ (3), ou encore les catalogues de MM. Bleeker(4) et R. Owen (5), auquel
est venu presque aussitôt se joindre celui de J. Van der Hoeven (6).
Les mémoires des médecins de la marine française sur la Nouvelle-Calédonie et les archipels voisins
ont également suivi de près ceux de M. de Baër. MM. V. de Rochas, Bourgarel, Vieillard et Deplanche
avaient rapporté de leur séjour en Mélanésie d’abondants matériaux d’étude. Les deux premiers (7) ont
presque simultanément fait connaître les résultats de leurs recherches dès 1860. Deplanche, miné par le
mal qui devait l’emporter quelques années plus tard, n’a donné qu’un résumé de ses études (8), mais
M. Bertillon, autorisé par lui à publier une partie de ses pièces déposées au musée de Caen, a enrichi la
Revue d?Anthropologie d’un mémoire important sur la crâniologie de la Nouvelle-Calédonie et de l’archipel
Loyalty (9).
Le nombre des publications sur les crânes mélanésiens s’est considérablement augmenté depuis quelque
temps. Vrolik, dans la description de son musée, publiée par M. Dussaux, a fait connaître une dizaine de,
têtes de provenances diverses et accompagné leur description d’intéressants commentaires (ÎO).M.J.-B. Davis,
dans un mémoire spécial, puis dans son Thesaurus, a fourni de précieuses indications sur les quarante
et une pièces des archipels mélanésiens qu’il possède dans sa riche collection (11). M. Prüner-Bey a
mesuré les crânes papouas du Muséum de Paris (12). M. Swaving a pratiqué la même opération dans les
collections coloniales Hollandaises et a donné les chiffres des crânes de Wandessa, Dorei, Salwatti,
Guébé, etc. (13) qu’il y avait étudiés, M. Spenge la publié les crânes fidjiens du Muséum Godeffroy de Hambourg
(14). M. Meyer a fait paraître un premier mémoire, déjà cité précédemment, sur les cent trente-cinq
têtes de Mysore et de la baie du Geelvink qu’il a déposées au Musée de Dresde (15), et M. Beccari (16) a mis au
jour quelques fragments de valeur fort inégale, sur les voyages dans lesquels il a formé l’immense collection
qui est venue donner un nouvel-éclat au Musée anthropologique de Florence. Mentionnons enfin
les notices de MM. Huxley, Virchow, Miklucho-Maclay, Incoronato, Tocco, Hamy, Zückerkandl, et
_(t) Vimont. Op. cit. T. i l , p. 519.
(2) W. C. L. Martin. Op. cit., p . 310-312.
(3) J. C. G. L ucæ. Zur organischen Formenlehre. Frankfurt a. M. 1845, in-4°, Taf. X, XI, S. 45-47.
- (4) .Bleeker. Afmelinger van Schedels van Inboorlingen, etc. (Natuurk. Tijdschr. voor Nederlandsch. Indie, D. Il, 1851, p. 498).
. (51 Descriptive Catalogue of the Osteological Sériés contained in the Museum of the Royal College of Surgeons of England. Vol. II, p. 830-
832. London, 1853.
(6) J. Van der Hoeven. Catalogue craniorum diversarum gentium. Lugd. Bat., 1860.
(7) V. de Rochas. Sur les Mo-Calédoniens [Bull. Soc. d’Anthrop. de Paris. T. I, p. 389-400, 1860.) — A. Bourgarel. Sur les crânes
des Néo-Calédoniens et des Polynésiens (ibid., p. 441-450 et pl. IV à XI). — Id. Des Races de VOcéanie française, de celles de la Nouvelle-
Calédonie en particulier [Mém. Soc. d’Anthrop. de Paris. T. I, p. 251-291. T. Il, p. 375-416. — Ces deux mémoires ont été communiqués
à la Société l'un en 1860, l'autre en 1861).
(8) E. Deplanche. Ethnologie calédonienne [Bull. Soc. Linn. de Normandie, 2° s., t. IV, 1870).
(9) Bertillon. Forme et grandeur des divers groupes de crânes Néo-Calédoniens d’après une collection inédite du Musée de Caen [Rev.
d’Anthrop. T. I, p. 250,1872). — Toutes les pièces dont il est question dans ce mémoire ont été données au Musée de Caen après la
mort de Deplanche par M. E. Deslongchamps auquel ce médecin les avait léguées. Le reste de la collection Deplanche est au Muséum
de Paris dont elle forme une des séries les plus intéressantes.
. (10) Musée Vrolik, p. 65-79.
(11) J.-B. Davis. On the peculiar crania of the Inhabilants of certain groups of Islands in the Western Pacific [Natuurk. Verhandel.
D. XXIV. Haarlem, 1866).^— Id. Thesaurus Craniorum, p. 303-315. Suppl., p. 74-75.
(12) Pruner-Bey. Résultats de crâniométrie [Mém. Soc. d’Anthrop. de Paris. T. II, tabl. 2, 1865).
(13) C. Swaving. Beschrijving van Schedels van Inboorlingen uit de Bovenlanden van Palembang [Zuid-Sumatra) [Natuurk. Tijdschr.voor
Nederlandsch. Indie. D. XXXI, tab. VII, 1870).
(14) J.-W. Spengel. Beiträge zur Kenntniss der Fidschi-Insulaner [Journ. du Museum Godeffroy, Hf. IV, 8. 63-75, u. Taf. 5-10, 1873).
— Id. Nachtrag züu den Beiträge zr Kenntniss der Fidschi-Insulaner [ibid., Hf. VI, S. 117-118, 1874),
(15) A.-ß. Meyer. Heber hundert fünf und dreissig Papua-Scliädel von Neu-Guineaund der Insel Mysore [Milth. aus dem Kgl. Zoolog.
Museum zu Dresden, in- 4°, 1873.
(16) O. Beccari. Appunti etnografici sur Papua [Cosmos de G. Cora. T. II, p. 400, 1875).
Comrie sur divers crânes Papouas, recueillis pour la plupart à la Nouvelle-Guinée, pendant de récents
voyages
§ 2. — Description.
Crânes de Papouas de la Nouvelle-G uinée. — La grande terre qui porte le nom dé Nouvelle-Guinée
et dont nous allons d’abord étudier, autant que faire se peut dans l’état actuel de la science, les populations
maritimes et montagnardes, paraît être le principal centre d’habitat des Papouas, qui en possèdent
presque seuls toutes les côtes, sauf au Sud-Est, et semblent, excepté dans la péninsule dii Nord-Ouést et
en quelques points de la grande terre, en occuper également l’intérieur.
Nous diviserons ces Papouas Néo-Guinéens en trois grands groupes, du Nord-Ouest, du Sud-Est et
du Centre, dont nous déterminerons successivement les caractères crâniologiques.
C rânes de Papouas Néo-G uinéens du Nord-O ue st. — M. Beccari, dont les notes anthropologiques sont
les plus récentes que nous possédions sur le Nord-Ouest de la Nouvelle-Guinée, a cru pouvoir diviser en
deux grands groupes les Papouas qui habitent ses rivages. Ce sont les Onims et les Mafors.
Les Onims, Onins ou Wonims, comme les nomment les récits et les cartes des Hollandais (2), sont, aux
yeux de M. Beccari (3), les plus purs des Papouas. Ils habitent la côte occidentale des deux presqu’îles
Néo-guinéennes du Nord et principalement le pourtour de l’entrée de Macluer (4), et se divisent, suivant les
Hollandais, en Onims du haut et Onims du bas, Wonim di Atas, Wonim di Bawa(5), comme les appellent
les Malais. M. Beccari l'es distingue principalement des Mafors par le nez, qui n’a presque jamais, dit-il, la
forme aquiline propre à ces derniers, forme qu’il suppose, très-gratuitement d’ailleurs, provenir d’un
mélange avec les Indous (6). Il se tait sur les autres traits de leur face et sur leurs caractères crâniens qui
n ont encore été étudiés sérieusement par personne. Les Mafors sont mieux connus.
Leur principal centre d’habitat est l’îlè de ce nom, dans le golfe du Geelvink, d’où seraient sorties, paraît
il, de nombreuses colonies répandues sur un très-grand nombre de points et parmi lesquelles M. Beccari
cite celles deMysol, Salwatti, Sorong, etc. Les habitants de Doréi et de Mansinam sont presque tous
de vrais Mafors sans mélange ; aussi est-ce au premier de ces établissements que nous avons emprunté la
pièce qui va nous servir à établir la description crâniologique du groupe (7).
Crânes de Mafors du Port Doréi e t de Mansinam (pl. XVIII, fig. 3 et 4, et dans le texte fig. 243). —
Cette pièce a été recueillie au port Doréi par Quoy et Gaimard (8) pendant le voyage de circumnavigation
(1) Th. Huxley. On two widely contrasted Forms of the human Cranium [The Journ of Amt. and Physiol. Vol. I, p. 60, 1867)..—
R. Virchow. Ueber Schädel von Neu-Guinea [Verhandl. der Berliner Gesellsch. für Anthrop. Ethnolog. und Urgesch,, 1873, S. 65,175).
~ N. yon Miklucho-Maclay. Schädel und Nasen der Eingeborenen Neu-Guinea’s [Ibid., S. 188).. — Id. Anthropologische Bemerkungen
über, die Papuas der Maclay-Küste in Neu-Guinea [Natuurk. Tijdschr. voor Nederlandsch. Indie. D. XXXIII, z. 238-240, 1873); —
A. ÜNcobONÀTo. Op. cit. [Archivio per Vantropologia. Vol, IV, p. 270, 1874). — Tocco. Op. cit. [Boll, della Soc. Geograf. Italiana.
Anno VIII, p. 137-147, 1874). — E. T. Hamy. Documents pour servir à l’anthropologie de Vile de Timor [Noùv. Arch, du Mils. d'Histoire
nat. de Paris, t. X , p. 255,1874. Id. Les Papouas Massini. [Biill. Soc. d’Anthrop. de Paris., 2e sér., t. XII, 1877).—Z ückerkandl. Cranter der
Novara-Sammlung [Reise der Oesterreichischen Fregatte Novara um die Erde. Anthropologischer Theil. Abth.I), S. 113, Wien, 1875,in-4°.
—Comme. Anthropological Notes on New-Guinea [The Journ. of the Anthrop. Inst, of Great-Britain and Ireland. Vol. VI, p. 102, 187,6)
(2) Melyill van Garndee. Kaart van het eiland Nieuw-Guinea [Atlas van Nederlandsch. Indie, n° 27).—Cf. Forrest. Trad, cit., p. 169.
— G.-W. Earl. Op. cit., p. 57, 59.’
(3) O. Beccari. Op. cit. [Cosmos de G. Cora, t. II, p. 401-403, 1875).
(4) G. W. Earl. Op. cit., p. 57.
(5) Cette interprétation nous est fournie par M. Favre, ancien missionnaire, professeur de malais à l’Ecole des langues orientales,
dont nous avons cité dans un précédent chapitre les intéressantes études ethnologiques sur Malacca, etc.
(6) On verra plus loin que cette hypothèse n’est pas soutenable.
(7) G.-W. Earl. Op. cit., p. 68. — O. Beccari. Op. cit., p.'401. — Dumont d’Urville croyait reconnaître à Doréi trois types distincts.
Deux de ces types semblenfr-pouvoir être rapportés à nos Négritos Papous et à nos Papouas, le troisième résulterait du métis-.
sage des uns ou des autres, ou des deux ensemble peut-être, avec les Malais. (Dumont d’Urville. Op. cit., t. IV, p. 603).
(8) L’explication des planches porte par erreur : Collection Lesson et Gomot. C’est collection Quoy et Gaimard qu’il faut lire. Le
sexe est également mal indiqué dans cette légende (Explication des planches, p. 7, lignes 1 et 6)