Les quatre crânes de Faté du Muséum de Paris, rapportés par M. le commandant Vignes et le docteur
V. dè Rochas, et celui de la même provenance que la Société d’anthropologie doit à ce chirurgien de
marine (pl. XX et XXI) ne diffèrent des précédents que par des détails tout à fait secondaires. On trouvera
les chiffres moyens de ces cinq pièces dans la première colonne de notre tableau XXVII. La seconde
colonne donne les dimensions correspondantes d’un crâne de femme de la même île, qui fait partie de
la collection Deplanche au musée de Caen, et dont, en raison de son sexe, nous avons cru devoir publier
le détail, quoique lé sujet dont il provient, massacré par les Néo-Calédoniens au camp Bérard, n’ait
pas encore complètement terminé son évolution (1).
Cr â n es d e Ma llicolo. — Cook rapproche les habitants de Mallicolo, quôiiha visités le premier en 1774,
de ceux d’Api dont il vient d’être question (2). Il appuie cependant sur un caractère qui manque absolument
au naturel d’Api publié par M. Davis. Le front serait très-court chez les Mallicolos et extrêmement
comprimé. Ils auraient en même temps une tête longue, un visage plat, les os des joues proéminents,
etc., (3). Cette conformation spéciale de la moitié antérieure de la tête, sur laquelle Forster.a insisté (4)ÿ
mais dont il ne lui a point été possible de déterminer'rigoureusement l’origine, qu’il pressentait cependant;
est absolument artificielle. Elle n’est point d’ailleurs aussi générale que le donneraient à
croire les descriptions que nous venons de citer.
M. G. Busk a récemment publié lés résultats dé l’examen de huit crânes rapportés de Mallicolo par
Goodenough et M. Comrie; et dont deux seulement ont subi une déformation, ayant pour résultât d’aplatir
considérablement le frontal en bas et en arrière comme Fôrstèr et Cook l’avaient remarqué. Déformés
ou non, tous ces crânes sont du resté franchement Papouas. Leur diamètre antéro-postérieur moyen est
de 0m,181 ; leur diamètre transverse maximum est de 0m,130, et leur indice céphaliqué égale .71,56.
Leur hauteur dépasse sensiblement leur largeur. Leur capacité moyenne est de 1243ee, leur circonférence
diorizontale mesure Les diamètres frontaux ne dépassent pas 0ra,096 et 0“,109, le diamètre occipital
égale 0m,108; enfin les courbés frontale (0“, 123), pariétale (0m,136) et occipitale (0“,l i l ) , affectent
des rapports de mêine ordre que la plupart de celles que nous venons d’étudier (5);
Cr â n e s d ’E rromango, d e T a n n a e t d ’A n n a tom . — Les deux seuls crânes que l’on connaisse ayant appartenu
a des Erromangos ressemblent à peu près complètement à ceux de Fàté, d’Api, etc., et vont, par
■conséquent, à rencontre des opinions des naturalistes américains rappélées précédemment (6). Us sont,
un effet, très-dolichocéphales (d. a.-p. 0m,176; d. tr. màx. 0“,126; ind. céph. 71,59) et leur hauteur l’emporte
' sensiblement éur leur largeur. Leur capacité est de 1395“ environ, leur circonférence horizontale
atteint 0”,501; leurs courbes frontale; pariétale et occipitale mesurent 0m, 120, 0m,130 et 0m, 118; les
diamètres frontal maximum et occipital s'arrêtent à 0m,110 et 0™, 102; enfin le bizygomatique se chiffre
par 0m,129'. Un crâne d’Annatom qui fait partie, comme les précédents; du musée Davis, présente des
et 0m, 139. Ses courbes frontale, pariétale et occipitale se chiffrent par Om,444,0m,H 0 et enfin la largeur de la face monte à 0™, 1.32.
(1) Le sphénoïde n’est pas encore soudé à l’occipital et les dents de sagesse ne sont pas encore sorties, quoique leurs alvéoles soient
largement ouverts.
(2) J. Cook. Voy. dans l’hémisphère austral et autour.du monde. Trad. fr., Paris, 1778, in-4°, T. III, p. 90.
(3) 1d. ibid., p. 59, ,6Q. 77.
(4) Forster. Observations sur l’espèce humaine (Observations faites pendant-le second voyage de M. Cook. tràd. fr. Paris, 477 ,m-4°,
p. 220 et 239).
(5) G. Busk. Op. cil. (The Juurn. of the Anlhrop. Instit. of Great Britain and Iretand. Vol. VI, p. 2.00 et pl. IX et X, 1877). — Cette
description de M. Busk montre que nous nous étions trompés en rapprochant les têtes déformées de Mallicolp dè celles des Négritos
Papous. Pour Erromango la question reste en suspens, mais pour Tanna le problème semble devoir se résoudre dans le sens d’un.e
parenté avec les insulaires de l’Échiquier, de Garret-Denis, etc., qui sont de petits Noirs brachycéphales sans affinités avec les Malais.
(Voy,. plus haut, p. 209, 210, etc.) r ;
(?),y °y* plus haut, p. 21,0. — Si les comparaisons instituées par Pickering sont exactes, il faudrait admettre que l’ilé d’Erromango
juxtapose des indigènes de deux races bien différentes.
proportions plus accusées encore, au moins quant a 1 indice .céphalique qui descend .4 68,98, ou à la
prépondérance de la courbe pariétale qui monte a 0m, 137 ; le frontal restant a 0 ,119. Il est plus volumineux
(cap. crân. 1550“, circonf. horiz. 0m.520), plus large (d. tr. 0m,129, d. bizyg. 0 ,139), etsurtout
plus long (d. a.-p. 0“,187).
Il nous reste à dire quelques mots de trois crânes de Tanna, conservés dans la même collection.
Deux de ces pièces diffèrent à peine de celles d’Erromango pai* leur volume (cap. crân. 1402“, cire, horiz.
O",500), et par leurs courbes principales (front. 0m,l 18 ; par. 0m, 129; occ. 0m,l 16), mais si leur longueur
moyenne est absolument la même (d. a.-p. 0m, 176), leur largeur maxima augmente à la face (bizygom.
0”.134), comme au crâne (d. tr.-max. 0m,132), et l’indicé céphalique s’élève à 75. Un troisième crâne,
dont nous avons déjà dit quelques mots (1), modifié par une sorte d’aplatissement pariéto-occipital, s’écarte
de tous ceux dont il vient d’être question. Nous venons de recevoir, au Muséum, du docteur Ponty
une tète toute semblable, qui nous paraît, comme celle de M. B. Davis, offrir avec les têtes de l’Échiquier,
etc., une étroite ressemblance (2).
Crânes de Papouas de l’archipel Loyalty (pl. XXIV, fig. 3 et 4 et dans le texte fig. 260). — L’archipel
Loyalty, situé au sud-ouest des Nouvelles-Hébrides, se compose de trois îles principales, Ouvéa,
Lifou et Maré.
Crânes de Maré. — La population de cette dernière île, la plus méridionale et la moins explorée du
groupe, paraît être exclusivement Papoua. Deux crânes de Maré ont été rapportés en Europe, celui de la
femme Kué qui fait partie du musée Davis, et qui est caractérisé de la même façon que la plupart de ceux
qui viennent d’être étudiés (3), et un second crâne du même sexe, assez peu différent du premier, trouvé
par M. Dupouy à la baie du Nord et offert par lui à la Société d’anthropologie de Paris. La pièce de
M. Davis a pour indice céphalique 69,23; celle de la collection Dupouy, 69,06 (d. a.-p. 0“, 181 ; d. tr.
max. 0“,125; d. bas.-bregm. 0m,138; ind. haut.-long. 76,24; ind. haut.-larg. 110,40).
Crânes de Lifou. — La crâniologie de Lifou est bien mieux connue. Le musée de la Faculté; des
sciences de Caen ne possède pas moins de vingt-trois crânes de cette île : onze d’hommes, dix de-femmes
et deux de jeunes sujets, recueillis par Deplanche pendant son séjour aux Loyalty, et dont M. Bertillon
a fait l’étude en 1869 (4), étude reprise et complétée par nous quelques années plus tard (5). Si aux vingt
et un crânes adultes de cette remarquable collection on ajoute les deux pièces données au Muséum de
Paris par le même chirurgien de marine, deux autres rapportées au même établissement par M. Balansa
(4) Voy. plus haut, p. 240, n. 4.
(2) Cf. J.-B. Davis, Thés. Cran., p. 340-344.
(3) Principales mesures du crâne de Kué, femme de Maré (collection Davis) : cap. crân. 4395«; d. a.-p. 0m,182; d. tr. 0m,426; front,
max. Om,444; occ. max. 0m,404; vertical (max.) 0™,447; bizygom. 0m,439 ; courbe horiz. tôt. 0m,502; front, tôt. 0,n,426; par. 0m,126;
occ. 0m,424 (Thés. Cran., n° 844, p. 309).
(4) B ertillon. Forme et grandeur des divers groupes de crânes Néo-Calédoniens, d'après une collection inédite du musée de Caen (Rev.
d’Anthrop. T. I, p: 250-288, 4872)!l««**'
<5) Je saisis avec empressement l’occasion de remercier chaleureusement M. E. Eudes Deslongchamps, professeur à la Faculté des
sciences de Gaen et conservateur des collections zoologiques de cet établissement, de l’empressement qu’il a mis à me communiquer
les nombreuses pièces ostéologiques recueillies en Océanie par M. Deplanche. Ces matériaux d’étude, qui n’étaient qu’en dépôt au
musée de Caen au moment du passage de M. Bertillon, étaient devenus en 4875, par la mort de Deplanche, la propriété personnelle
de M. Deslongchamps, auquel le regretté voyageur les avait légués. Non-seulement M. Deslongchamps m’en a facilité l’examen; il a
encore voulu, à mon retour à Paris, m’offrir pour les collections nationales toute une série de pièces du plus haut intérêt, en réservant
pour le musée, dont elles sont aujourd’hui la propriété, les têtes osseuses dont le mémoire de M. Bertillon avait en quelque sorte
consacré la présence dans les collections de la Faculté de Caen. Les vingt-trois crânes de Lifous, dix crânes de Poebo, douze de
Kanala, et d’autres encore des Nouvelles-Hébrides, de Taïti, etc., forment avec quelques pièces intéressantes léguées par Dumont
d’Urville, Rayer, etc., le musée anthropologique de Caen dont j’ai fait le classement en 4876. Tout le reste de la collection Deplanche
est venu au Muséum de Paris rejoindre celles déjà fort importantes que ce voyageur avait données à l’État il y a plusieurs ahnéès.'
È. Hamy.
Quatrefaoes et Hamv. 36